Septième journée de l’Apertura bolivien dominé par le choc au sommet entre la surprise du début de saison Guabirá et l’un des grands favoris, Bolívar. Ça tombe bien, car Lucarne Opposée y était.

La Paz, dimanche 12 mars 2017. Le soleil est au rendez-vous pour le choc de cette 7ème journée du championnat bolivien. Je me rends pour la première fois de l’année dans la plus grande enceinte de Bolivie : l’Estadio Hernando Siles, perché à plus de 3 600 m d’altitude. Aujourd’hui, les locaux du Bolívar reçoivent le leader surprise du championnat, le promu Guabirá qui représente la ville de Montero située à 50 km au nord de Santa Cruz. La Celeste, dauphin de son adversaire du jour, a pour le moment remporté ses deux parties jouées à La Paz contre les Petrolero 3-0  et face au Real Potosí 4-0. Ces rencontres étaient disputées sur son terrain d’entrainement au stade Simon Bolívar dans la zone de Tembladerani. Les travaux au stade olympique Hernando Siles étant terminés les Bolivaristes vont donc fouler pour la première fois sa nouvelle pelouse cette saison, deux mois et demi après cette terrible rencontre où ils avaient perdu la finale du championnat de Clausura 2016 face au Strongest (2-1).

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Moins d’une heure avant le coup d’envoi du match le taxi me dépose à quelques centaines de mètres du stade. Je décide de passer par la rue Carrasco qui présente la particularité d’avoir des plaques sur son sol rendant hommage ou saluant différents sportifs boliviens. D’ailleurs, l’une d’entre elle porte le nom de Ramiro Castillo. Cet ancien international bolivien a joué pour les deux grands rivaux de La Paz : Bolívar et The Strongest. Son destin fut tragique, alors qu’il marque le but du 2 à 1 face au Mexique en demi-finale de la Copa America 1997, il apprend quelques minutes avant le coup d’envoi de la finale face au Brésil que son fils doit être hospitalisé d’urgence en raison d’une hépatite foudroyante. Il manquera la finale et son fils décèdera 2 jours après. Castillo, lui, tombera dans une dépression et se suicidera trois mois plus tard…

20170312 145242Je progresse en direction de l’enceinte, sur ma route, impossible d’éviter les vendeurs et vendeuses de plastofon. Vendu à 1 boliviano, ce morceau de polystyrène fait partie du trousseau de tout supporter bolivien qui se respecte. En plus d’éviter de se salir les fesses, ce petit carré blanc permet d’être confortablement assis pendant tout le match. Au coup de sifflet final la tradition est de jeter le morceau de polystyrène dans les tribunes ce qui donne lieu à une scène assez savoureuse.

Je rentre enfin dans le stade, le coup d’envoi sera donné dans 30 minutes. En Bolivie, le football est l’unique sport collectif reconnu. Tout le monde a une équipe favorite et la passion pour un club se transmet de génération en génération. Dans les tribunes, on retrouve évidemment les fanatiques de tout âge portant le maillot ou le survêtement du Bolívar mais pas seulement. A mes côtés se trouve une cholita qui est rentrée dans le stade avec une énorme charge son dos qu’elle porte à l’aide de son aguayo, plus loin j’aperçois un nourrisson de quelques mois à peine. Une grosse partie du Kop du Bolívar est composée de femmes, les anciens eux, s’accrochent à leur radio pour ne rater aucune analyse technique. Bref, il est impossible de tirer un portrait type du supporter bolivien tant le public est issu de milieux variés. En plus de cela on est dimanche, une belle occasion pour les locaux de réaliser une grosse affluence. Pourtant, à mon arrivée le stade est quasiment vide, seuls les vendeurs déambulant proposant sandwichs, glaces ou boissons rendent le lieu vivant. Peu à peu l’affluence grimpe et ses même vendeurs peinent désormais à se frayer un chemin entre les rangées de spectateurs. Au final, la Curva Norte où je me trouve est totalement remplie lorsque l’arbitre siffle le coup d’envoi.

Le match

Pour tenter de battre la seule équipe encore invaincue dans ce championnat, l’entraineur espagnol du Bolívar Beñat San Jose a choisi une formation portée vers l’attaque. Longtemps incertain en raison d’un problème musculaire, l’Uruguayen Gaston Sirino (meilleur buteur actuel du championnat avec 6 buts) est bien là au coup d’envoi avec autour de lui trois autres joueurs à vocation offensive ; le Bolivien « Conejo » Arce, l’autre Uruguayen Wiliam Fereira et enfin la nouvelle recrue chilienne Ronnie Fernandez, censé remplacer Juanmi Callejón (frère jumeau du napolitain José Callejón). Meilleur buteur du championnat l’an passé, l’Espagnol n’a pas résisté à la tentation de poursuivre sa carrière en Arabie Saoudite. Un tel challenge sportif ne se refuse pas. En face, l’équipe de Victor Hugo Antelo (meilleur buteur du championnat bolivien en 84, 85, 89, 93, 97,98 et 99, excusez du peu) se présente en 4-4-2 avec comme principale interrogation le réel niveau de son gardien, un dénommé Yeri Leigue, 27 ans, qui va jouer son premier match en première division bolivienne suite au forfait du titulaire habituel, le paraguayen Roberto Acosta. Baptême professionnel dans le plus grand stade du pays et à 3 637 m d’altitude. On a connu pire.

Sur une magnifique pelouse, le début de la rencontre est haché par de nombreuses fautes mais les locaux ne tardent pas à faire briller le portier adverse. Après à une sortie autoritaire ce dernier se blesse légèrement et l’arbitre accorde une pause fraicheur aux joueurs. Suite à ce temps mort, la Celeste accélère : débordement de Rodriguez qui trouve la tête de Ferreira au centre. Le numéro 8 du Bolívar croise parfaitement son ballon et délivre le stade Hernando Siles (25’). La Academia semble avoir trouvé la solution et insiste sur les côtés ou les centres de Arce sont toujours dangereux. Peu avant le retour aux vestiaires le Bolívar aggrave le score grâce à un gros travail de Justiniano sur le côté droit. Le milieu de terrain sert d’une passe millimétrée son coéquipier Luis Gutierrez qui s’y reprend à deux fois pour tromper Yeri Leigue (2-0). Le chant préféré des supporters du Bolívar peut alors raisonner sur fond de pics enneigés. La Curva Norte amorce un BO BO BO suivi immédiatement d’un LI LI LI en tribune latérale puis d’un VAR VAR VAR en tribune préférentielle. Le tout est ponctué d’un « VI-VA  BO-LI-VAR » que les trois tribunes reprennent en cœur. En deuxième période, Guabirá affichera ses limites dans le jeu et Bolívar se contentera de gérer cette avance en se procurant même de nettes occasions en toute fin de partie. Au classement, la Academia qui compte un match en moins revient à 1 point de son adversaire du jour qui connaît là sa première défaite. Lors de la prochaine journée, la Celeste se déplacera au stade Felix Capriles de Cochabamba pour y affronter Wilstermann. Guabirá recevra les joueurs de l’Oriente Petrolero au stade Gilberto Parada de Montero.

Résumé vidéo

Résultats du week-end

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Classement

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Photos et texte : Thomas Allain à La Paz pour Lucarne Opposée

Thomas Allain
Thomas Allain
Breton exilé à La Paz. Correspondant en Bolivie pour Lucarne Opposée