La Paz, dimanche 27 mars 2017. Premier match de la phase retour de l’Apertura 2017 où le leader du championnat bolivien recevait l’un de ses plus proches voisins San José, l’équipe en forme du moment. Match avec de l’ambiance, des cartons de toutes les couleurs et même un but marqué par un gardien !
Avant match
C’est sous le soleil de La Paz que le Club Bolívar retrouvait son enceinte d’Hernando Siles deux semaines après sa victoire facile face à l’Universitario de Sucre 5 à 0. Depuis, le leader a marqué le pas en empochant seulement un point sur six après ses déplacements à Santa Cruz et Cochabamba (1-1 face à l’Oriente Petrolero et défaite 1-0 contre l’ancienne lanterne rouge Jorge Wilstermann).
La Celeste entame cette phase retour avec le « clásico national » et la réception de l’un de ses plus proches voisins : le club de San José représentant la ville d’Oruro située à 4h de route au sud de La Paz. A l’aller, Bolívar s’était imposé 4 à 1 et avait parfaitement lancé son championnat en occupant dès le 1er match la tête du classement. Actuellement dans une spirale positive, San José est classé 5ème grâce à une série toujours en cours de 5 matchs sans défaite, lors de laquelle ils ont empoché 13 points sur 15 possibles. Cette succession de bons résultats contraste totalement avec le début de saison catastrophique des joueurs d’Oruro qui ne comptaient que 4 points au compteur après 6 journées. Ces bonnes performances actuelles coïncident aussi avec deux changements majeurs au sein du club : la nomination d’un nouvel entraineur (Freddy Cossio assure pour l’instant l’intérim) et surtout l’arrivée d’un nouveau président, Wilson Martinez, qui doit remettre de l’ordre après la crise économique traversée par le club et qui rêve de faire revivre au club d’Oruro ses plus belles années. Étonnamment, dès son arrivée, Martinez avait promis à ses joueurs une alléchante prime de match en cas de succès à Cochabamba contre le club de Jorge Wilstermann. Ce fut chose faite grâce à une victoire 2 à 1 acquis avec brio. Pour la rencontre d’aujourd’hui face au Bolívar, il a récidivé en promettant qu’il verserait à ses joueurs une prime de 10 000 $. Le riche entrepreneur va même plus loin : il a loué à ses frais 10 bus pour permettre à ses supporters de soutenir leur équipe jusqu’à La Paz à moindre coût. A 1h du coup d’envoi, il est rare de voir autant de supporters adverses se balader aux alentours du stade Hernando Siles. Hormis lors du Super Clàsico face au Strongest, la curva sur qui accueille les visiteurs est habituellement peu garnie. Au total, près de 3 000 supporters d’Oruro garnissent la tribune réservée aux visiteurs. En face, pour assister au match dans la Curva Norte, il faut débourser quelques bolivianos en plus auprès d’un vendeur au marché noir. Au final, environ 20 000 spectateurs sont présents pour cette rencontre.
Le match
Le duel entre les deux clans de supporters est déjà lancé lorsque les joueurs entrent sur la pelouse. D’un côté, les pétards et les fumigènes des supporters d’Oruro rendent le ciel plus bleu qu’il ne l’est déjà. De l’autre, la Curva Norte réservée aux supporters du Bolívar a choisi de déployer un tifo géant pour soutenir ses joueurs. L’ambiance est au rendez-vous et la prime de 10 000 $ promise aux joueurs d’Oruro en cas de victoire a mis de l’huile sur le feu. D’ailleurs, pour répliquer à cette annonce, le principal groupe de supporters Bolívaristes « la Vieja Escuela » a promis d’offrir 10 000 bolivianos (1 500 $) à un orphelinat situé à… Oruro en cas de victoire des siens. Motivés par un public chaud bouillant, les joueurs au maillot scapulaire de San José se positionnent très haut dès le début du match et mettent la pression sur la défense du Bolívar qui parait en difficulté. Contrairement à la majorité des autres équipes de la Liga, venir jouer au stade Hernando Siles n’est pas un problème pour San José puisque leur stade Jésus Bermudez est perché à 3 700 m d’altitude, soit 100 m plus haut que le Hernando Siles. Les orureño se procurent des situations dangereuses, notamment par l’intermédiaire de leur attaquant de pointe Jair Renoso qui retrouve cette année le championnat bolivien de la plus belle des manières avec 7 buts en 9 matchs. Passé par le centre de formation de River Plate, l’avant-centre colombien avait effectué ses débuts en pro avec le Club Bolívar en 2008. Depuis, il est passé par Aurora puis The Strongest et a également effectué des piges en Chine (Shenzhen FC et Zhejiang Yiteng FC) et en Colombie (Once Caldas et Deportivo Cúcuta). Après un essai non concluant au FC Nantes en juillet 2011, il décide de signer dans le championnat chilien, au C.D. Cobreloa. Il s’est engagé à San José au mois de janvier dernier alors qu’il évoluait en NASL Américaine sous les couleurs de l’Indy Eleven, le nouveau club d’Indianapolis. Le globetrotter colombien est très actif sur le front de l’attaque, son jeu de tête et ses appels font souffrir la défense locale. Il faut attendre la demi-heure de jeu pour voir la Celeste se créer une occasion grâce à « Conejo » Arce. Quelques minutes plus tard Leandro Maygua sert parfaitement l’uruguayen Gaston Sirino qui croise sa frappe pour l’ouverture du score des locaux (1-0). Ce but est sévère pour le club de San José tant ils avaient la main mise sur le ballon. Leurs efforts sont tout de même récompensés dans la foulée. Après un contre bien mené, l’argentin Lisandro Alsugaray place une magnifique volée sous la barre de son compatriote Dituro (1-1).
A la pause le score est de un partout et les locaux peuvent s’estimer heureux au vue de leur prestation lors des 30 premières minutes du match. Un quart d’heure après le retour des vestiaires William Ferreira, l’autre uruguayen du Bolívar, place sa tête en pleine lucarne (2-1). Au club depuis 2009, il devient ainsi le second meilleur marqueur de l’histoire du club à égalité avec Joaquín Botero (147 buts chacun) mais loin derrière le recordman Fernando Salinas qui a lui inscrit 199 buts sous les couleurs de la Céleste dans les années 80. Après ce but, l’entraineur de la Celeste Beñat San José fait le choix de renforcer le secteur défensif laissant aux avant-postes l’excellent Ronnie Fernández et Juan Carlos Arce se procurer des situations de contre. Bolívar recule de plus en plus et Prieto se fait expulser après avoir reçu un second carton jaune. L’incroyable se produit alors dans les tout derniers instant du match. A la 94ème minute et n’ayant plus rien à perdre, le gardien d’Oruro décide d’apporter le surnombre dans la surface de réparation adverse. Cet ultime coup-franc est mal exploité par son équipe et le portier du Bolívar Matias Dituro se saisi du ballon et s’en débarrasse immédiatement en visant le but opposé. Son dégagement de 90m est suffisamment puissant pour que le ballon franchisse la ligne de but adverse. Le stade est en apothéose, pour la première fois de l’histoire un gardien marque en match de championnat dans le mythique Hernando Siles. L’arbitre siffle la fin de la rencontre sur ce but qui celle la victoire du Bolívar 3 à 1 et permet au club de conforter sa première place au classement.
Malheureusement les minutes suivant la rencontre ont donné lieu à des altercations entre les supporters des deux camps. La première mèche fut allumée par un ultra du Bolívar qui a traversé le terrain pour dérober un tifo du camp d’en face. Deux jeunes supporters de San José ont alors escaladé la grille et ont poursuivi, muni d’un siège à la main, le supporter Bolívariste pour récupérer leur bien. Une vingtaine de supporters du Bolívar ont ensuite franchi la grille pour courir droit sur le premier fan de San José, qu’ils ont passé à tabac pendant une dizaine de secondes sur la pelouse à proximité du poteau de corner. Il a fallu l’intervention, non pas de la police qui a mis très longtemps avant de réagir, mais de Ronnie Fernandez et d’un membre du staff du Bolívar pour libérer le jeune supporter orureño. Des sièges ont également été cassés par quelques supporters de San José qui ont été évacué le plus rapidement possible en direction des bus qui les ramenaient à Oruro. Le prochain clásico national promet d’être bouillant. En attendant, Bolívar pourrait être condamné d’une amende pour ces incidents.
En bref
Dans les autres rencontres de cette 12ème journée, The Strongest a encore perdu deux précieux points sur son terrain en se faisant rejoindre dans les dernières minutes par Guabira (3-3). L’ancien attaquant international bolivien Carlos Saucedo a inscrit un triplé. A 37 ans, il est accompagné de Gaston Sirino en tête du classement des buteurs. Avant son déplacement important mardi en Copa Libertadores contre l’Atlético Tucumán, Jorge Wilstermann a coulé sur la pelouse du Real Potosi (4-0). L’Oriente Petrolero a battu sur la plus petite des marges la nouvelle lanterne rouge, l’Universitario de Sucre. La Club Petrolero et le National Potosi se sont partagés les points (2-2) et les Sport Boys Warnes se sont fait surprendre à domicile face à Blooming (3-4) qui devient le nouveau dauphin du championnat à 6 points du Bolívar. Cette semaine en Copa Libertadores Jorge Wilstermann ira en Argentine pour affronter l’Atlético Tucumán tandis que les Sports Boys Warnes recevront jeudi une autre équipe du championnat d’argentine, le leader de leur poule Godoy Cruz.
Résultats
Classement
Photos et texte : Thomas Allain à La Paz pour Lucarne Opposée
