Week-end de clásico en Bolivie et choc de leaders entre Bolívar et The Strongest. L’occasion pour LO de se rendre à l’Hernando Siles de La Paz.

Même si ses performances internationales ne le démontrent pas, la Bolivie est un pays totalement accroc au football. Les innombrables terrains de La Paz sont occupés tous les jours dès le lever du soleil et les rencontres s’y succèdent jusqu’à son coucher. Un match incarne cette passion et le jour-j arrivé le cœur des habitants de La Paz (les paceños) se met à battre comme jamais. Ce duel est le plus attendu du pays. Quatre fois par an à l’Estadio Hernando Siles, le club au maillot celeste du Bolívar et les Tigres du Strongest, qui arborent une tunique jaune et noire, se donnent coup pour coup dans des matchs qui présentent souvent un enjeu crucial. Pour la première manche de cette année 2017, Bolívar, alors en position de visiteur, avait écrasé les Tigres 4 à 1. Le titre semblait alors leur tendre les bras. Mais depuis le leader s’est totalement écrasé en perdant 3 fois lors de ses 4 derniers matchs. Malgré un match en moins, les Tigres ont pu revenir à 3 points de la Celeste avant cette rencontre.

Comme toujours lorsque les rencontres se jouent le week-end à La Paz, le match est prévu à 16h. Tous les taxis, trufis ou minis se dirigent vers le quartier de Miraflores où est situé l’Hernando Siles. Dans mon mini qui peut recevoir jusqu’à 14 personnes, j’aperçois des maillots celestes et atigrados. Pas de doutes, nous allons tous dans la même direction. A l’approche du stade il n’est plus possible d’avancer, je décide de descendre beaucoup plus tôt qu’à l’ordinaire pour finir le chemin menant jusqu’au stade à pied. Je reste flâner dans les rues ensoleillées aux abords de l’enceinte pour mieux apprécier l’ambiance familiale qui s’y dégage. Les supporters des deux clubs se partagent les alentours du stade dans la bonne humeur. On est bien loin des tensions vécues à l’issu du dernier match face à San José (voir Bolivie – Apertura 2017 : Victoire sous tension du Bolívar face à San José). La police bolivienne a su tirer les conséquences de ces précédents incidents : elle a décidé de déployer plus de 1 000 policiers pour assurer la sécurité de ce clásico n°205. Les 30 000 places mises en vente ont trouvé preneur et les billetteries habituellement ouvertes à la vente jusqu’à la mi-temps sont toutes fermées. Depuis peu, le club Bolívar propose d’acheter les billets sur internet à un prix réduit. Ainsi pour le match d’aujourd’hui, un billet acheté pour la Curva Norte coutait 60 bolivianos sur internet et 80 bolivianos à la billetterie qui n’est ouverte que le jour du match (soit environ 8 et 10 €). Pour avoir les meilleurs sièges il fallait débourser 200 ou 250 bolivianos (26 ou 33 €). Toujours dans un esprit marketing, il est désormais possible de suivre la rencontre en direct grâce au groupe Bolívar TV qui retransmet le match sur Youtube mais aussi sur la toute nouvelle application mobile du club. Lancée il y a moins d’une semaine, cette application gratuite est largement en tête des téléchargements effectués en Bolivie ces derniers jours.

Le match

A mon entrée dans le stade les hinchas de l’Academia me tendent une liasse de papier. Ce sont en fait des morceaux de vieux journaux qui ont été soigneusement découpé par milliers. Chaque supporter doit récupérer sa petite liasse et pour s’assurer de n’avoir oublié personne d’autres hinchas lancent ces paquets dans tous les recoins de la tribune. L’heure du coup d’envoi approche. Ici, les arbitres rentrent d’abord seuls sur le terrain avec le ballon. Une trentaine de secondes plus tard c’est au tour des joueurs. C’est alors le moment de lancer ces morceaux de papiers si bien conservés depuis mon arrivée dans les tribunes. Le spectacle et magnifique, une pluie de petits carrés blanc couvre le ciel. Devant moi, je ne vois même plus les joueurs entrer sur le terrain. Après cet agréable moment récréatif les supporters reprennent leur sérieux pour chanter à l’unisson l’hymne de La Paz qui est joué uniquement lors du clásico paceño.

L’arbitre donne enfin le coup d’envoi. Le début de match est très décevant. Bolívar laisse le ballon au Strongest qui choisit de faire tourner derrière, sans réelle créativité offensive. Les locaux sont retranchés derrière et cherchent comme toujours à jouer en contre. Malgré l’absence surprise de Pablo Escobar, meilleur buteur du championnat, les visiteurs d’un jour se procurent les meilleures occasions notamment par l’intenable Chumacero mais c’est le Bolívar qui ouvre la marque peu avant la mi-temps (Justiniano, 1-0). Dans la foulée Veizaga croit à l’égalisation mais son but sera injustement refusé par l’arbitre de touche. Bolívar mène à la mi-temps mais la partie affiche un niveau de jeu décevant.

La seconde période est bien meilleure en termes d’animation. Ronnie Fernandez envoi d’entrée de jeu un missile dans la lucarne opposée de Vaca (2-0). The Strongest n’a plus le choix : il doit à tout prix attaquer. L’espoir renaît pour les Tigres lorsque Chumacero devance Rodriguez de la tête (2-1). Bolívar recule de plus en plus et Benat San José choisit de faire des changements défensifs pour installer une défense à 5. Les locaux perdent leurs nerfs et Maygua Morales est tout proche de l’expulsion à plusieurs reprises. L’égalisation du Strongest se fait sentir et les altercations entre joueurs sont de plus en plus nombreuses. Les bancs de touche s’en mêlent et l’arbitre de champ commence à être dépassé. Ce dernier se fait invectiver par la Curva Norte lorsqu’il expulse Arce pour une agression sur Maldonado (85’). Le capitaine du Bolívar met un temps infini à sortir ce qui agasse le staff des Tigres. Les forces de police venues initialement pour éviter tout débordement de supporters changent de position et viennent se placer entre les deux bancs de touche. On sent que la fin de match va être difficile pour les locaux, réduits à 10 et en manque d’inspiration dans le jeu. Finalement à la surprise générale, Justiniano conclura un contre bien mené pour signer un doublé et assurer les trois points à son équipe. Ce fut difficile mais Bolívar assure l’essentiel et bat pour la deuxième fois en un mois les rivaux du Strongest (4-1 et 3-1), une forme de revanche après la finale perdue le 24 décembre dernier. Malgré un énorme Chumacero, les visiteurs auront souffert de l’absence de Pablo Escobar, leur meilleur joueur. Avant de quitter la pelouse les joueurs de Bolívar viennent fêter cette victoire devant la tribune de supporters. Chose peu commune en Bolivie, quelques un d’entre eux lancent leur maillot dans les tribunes. La sortie du stade se fera dans le calme, les forces de sécurité faisant barrage pour éviter toute rencontre entre les supporters des deux clans. Cette victoire conforte la première place du Bolívar qui devra se méfier de son dauphin, l’Oriente Petrolero. La Celeste a tout de même devant lui un calendrier favorable puisqu’elle doit encore recevoir à 4 reprises. The Strongest, qui réalise en parallèle une belle campagne en Copa Libertadores recevra dès ce mercredi les brésiliens de Santos, leader du groupe un point devant les Tigres.

Résumé du match

La 15ème journée en bref

Malgré la défaite de son équipe le gardien du Club Petrolero Ivan Brun a une nouvelle fois inscrit un joli coup-franc face à San José (3-1). Jorge Wilstermann freine Blooming et l’emporte 3 à 1 à l’Estadio Félix Capriles. Le National Potosí a écrasé Sport Boys 5-2 et l’Universitario de Sucre se rassure en disposant du promu Guabirá sur la plus petite des marges. Enfin, lundi soir, le Real Potosí a disposé de l’Oriente Petrolero 3-2 qui malgré cette défaite reste deuxième à 5 points de Bolívar.

Résultats

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Classement

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Thomas Allain
Thomas Allain
Breton exilé à La Paz. Correspondant en Bolivie pour Lucarne Opposée