Défait au dernier match lors des tournois d’Apertura 2015 et 2016, Bolívar a su reconstruire une équipe très compétitive qui lui a permis de remporter cette édition d’Apertura 2017 avec brio. Retour sur cette 27ème couronne de l’Academia et conseil de classe de l’Apertura bolivien.

Bilan par équipe

1. Bolívar

Fidèle à son 4-3-3, l’espagnol Beñat San Jose a parfaitement réussi son recrutement en se renforçant dans tous les secteurs du jeu avec l’arrivée défensive de l’expérimenté Ronald Raldes. Devant, le mercato a aussi été plus que satisfaisant. Gaston Sirino a fini meilleur buteur du club avec 12 buts et Ronnie Fernández a été l’un des joueurs le plus décisif de ce championnat. Finissant de loin la meilleure attaque et meilleure défense, le club de La Paz n’a jamais quitté les deux premières positions au classement et, un temps chatouillé par la surprise Guabirá (lire Retrouvailles réussies à l'Hernando Siles), la Academia a pu profiter de n’avoir que deux rencontres de Copa Sudamericana a jouer en 5 mois. Ainsi, Beñat San José s’est appuyé sur un groupe d’une quinzaine de joueurs se concentrant uniquement sur le championnat (en Bolivie il n’existe pas de coupe nationale). La Celeste termine tranquillement avec 9 points d’avance sur son éternel rival, The Strongest. Elle assure ainsi une qualification à la Copa Libertadores 2018.

DSC06377

2. The Strongest 

Champion au bout du suspense le 24 décembre dernier, le défi était trop grand pour The Strongest. Après un démarrage difficile en raison d’une campagne de qualification éprouvante en Copa Libertadores, les Tigres ont su se replacer malgré deux défaites cinglantes lors du derby pacenos face à Bolívar (1-4 et 1-3 à revivre en inside). L’effectif des atigrados n’étaient pas assez étoffé pour pouvoir prétendre à jouer le titre national tout en voulant sortir des phases de poules de la Copa Libertadores. Le second objectif est quand même atteint puisque The Strongest est sorti de son groupe derrière Santos, mais devant Sante Fe et le Sporting Cristal. En 8ème de finale, l’obstacle argentin Lanús ne semble pas infranchissable et tout reste jouable après le 1-1 obtenu à l’aller. Pour cela, elle pourra compter sur son leader Pablo Escobar mais aussi sur Alejandro Chumacero qui a décidé de rester au club pour le moment, même si un départ vers l’Independiente semble de plus en plus vraisemblable. A contrario, le club se club se retrouve face à une situation difficile avec la suspension de 2 ans de Cesar Farias qui avait bousculé un dirigeant de l’Oriente Petrolero en octobre dernier.

3. Guabirá

Révélation de ce championnat pour sa deuxième année consécutive dans l’élite, la formation basée à Montero a démarrée le championnat en trombe en restant invaincue lors des 5 premières journées. La deuxième phase du championnat a été plus difficile mais les hommes de Victor Hugo Antelo finissent à une troisième place prometteuse. Le grand acteur de ce succès est évidemment Carlos Saucedo, meilleur buteur du championnat à 37 ans avec 17 buts. Loin d’être une révélation, l’attaquant bolivien avait fait énormément parler de lui en inscrivant un triplé face à l’Uruguay en 2012. A ses côtés, Saucedo a pu compter sur le jeune Juan Carlos Montenegro. Agé de 20 ans, Montenegro a réussi à se faire une place dans l’équipe au fil des matchs et fait partie des révélations de ce championnat. Au total, Guabirá compte 10 victoires et 1 nul à domicile en 12 journées. Pour aller chercher encore plus haut le club de Montero devra se montrer plus performant à l’extérieur où elle a connu la défaite à 7 reprises.

alimeza

4. Oriente Petrolero

Malgré une quatrième place finale décevante, le club de Santa Cruz a montré qu’il pouvait lutter avec les meilleurs. Prétendant au titre ou à une place de dauphin, son irrégularité lui a couté cher dans les dernières journées. Le club de Santa Cruz a laissé filer trop de points en perdant ses trois derniers matchs à l’extérieur au mois de juin. Malgré cela, sa 3ème place actuelle au cumul des 2 championnats peut lui ouvrir les portes des tours de qualification à la Copa Libertadores 2018. Toujours en course en Copa Sudamericana, la tâche s’annonce difficile après une défaite 3-2 à domicile face à Tucuman. En plus de cela, l’Oriente vient de perdre son attaquant vedette Pedro Azogue. Agé de 22 ans, il a décidé de s’engager chez le champion Bolívar. Justement, c’est à La Paz face à la Céleste que l’Oriente ouvrira le Clausura 2017 le 23 juillet prochain.

5. Blooming 

En pleine crise économique et judiciaire, l’autre équipe de Santa Cruz a commencé ce championnat avec 1 point en moins car elle n’avait pas payé son ancien entraineur...  Au vu de sa situation extra-sportive le club termine à une encourageante 5ème place et va chercher à conserver une place qualificative pour la Copa Libertadores 2018. Pour cela, elle pourra compter sur son buteur argentin César Emanuel Pereyra auteur de 14 buts. Habituée à changer souvent d’entraineur (4 fois l’an dernier !), la direction vient de nommer le costaricain Jeaustin Campos à la tête d’une l’équipe en totale reconstruction. Les nouveaux dirigeants devront être adroits sur le recrutement s’ils veulent aller chercher un podium lors du prochain tournoi.

6. National Potosí

Le Nacional fini logiquement devant son rival historique du Real Potosí. Bien classé jusqu’à la mi-juin, le club s’est écroulé lors des 4 dernières journées en n’empochant qu’un seul point. Une qualification en tour préliminaire de Copa Libertadores reste encore jouable pour la banda roja. Pour cela, elle pourra s’appuyer sur leur avant-centre Cristian Alessandrini qui sort de deux saisons pleines. Qualifiés aux dépends des péruviens de Huancayo au 1er tour de la Copa Sudamericana, les Potosínos ont perdu le match aller du 2ème tour dans la Ville Impériale face à l’Estudiantes (1-0). Ce résultat compromet fortement l’avenir de leur parenthèse continentale.

7. San José

L’arrivée d’un nouveau président ambitieux puis de l’ancien sélectionneur du Pérou Julio César Uribe n’aura pas eu l’effet attendu. Le club termine à la 7ème place mais l’objectif est fixé : retrouver la Copa Libertadores au plus vite. Pour cela, le club d’Oruro n’hésite pas à sortir le chéquier et le président Martinez enchaîne les primes de matchs généreuses (voir l’inside face à Bolívar) . Le club a déjà enrôlé une dizaine de recrues pour le tournoi de Clausura. Parmis eux l’ancien international vénézuélien Maldonado qui épaulera un Jair Renoso trop esseulé sur le front de l’attaque. De quoi en faire la surprise de ce prochain championnat ? A suivre…

8. Sport Boys Warnes

Très loin de son niveau affiché lors de son sacre surprise lors de l’Apertura 2015/2016, le club basé à Warnes, non loin de Santa Cruz, termine pour la deuxième fois consécutive à la 8ème place. Logique dernier de son groupe de Copa Libertadores avec 2 points, l’avenir du club ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices : fin juin, avant la dernière journée de championnat, les joueurs avaient décidé de ne plus s’entraîner car ils n’avaient pas perçu leur salaire depuis 3 mois… la situation semble s’être réglée en interne mais difficile d’attirer des nouveaux joueurs dans un tel climat. Le club a quand même enregistré le retour de deux des principaux acteurs du titre de l’Apertura 2015/2016 : Mario Cuellar et Yasmani Duk.

9. Real Potosí

L’autre club Potosíno n’a pas confirmé son précédent tournoi où il avait terminé à une prometteuse 4ème place. Depuis, beaucoup de choses ont changé et l’effectif remanié qui n’a pas pris. L’arrivée de l’entraineur paraguayen Adonis Troche en cours de championnat n’a pas eu l’effet escompté. Les joueurs ont même fait grève au mois de mai car ils attendaient en vain leur salaire du mois de février… Une saison à revoir pour el equipo Lila qui a même perdu les 2 derbys face à son rival du Nacional (3-0 et 2-1). Il faudra se remobiliser au plus vite si le club veut éviter le pire.

10. Jorge Wilstermann

La grosse déception de ce tournoi. L’équipe de Cochabamba n’avait pas un effectif assez étoffé pour espérer jouer les premiers rôles en championnat tout en restant compétitif en Copa Libertadores. Pire, les aviateurs n’ont remporté aucune victoire à l’extérieur toutes compétitions confondues cette saison… On attend forcement mieux des cochabambinos lors du tournoi de Clausura car pour le moment le club n’est même pas qualifié en Copa Sudamericana. Une performance qui contraste avec les ambitions du club et leur beau parcours actuel en Copa Libertadores.

DSC06385

11. Petrolero de Yacuiba

Le petit poucet de ce championnat termine à l’avant dernière place, comme lors du tournoi précédent. Malgré l’inauguration d’un nouveau stade pouvant accueillir jusqu’à 25 000 personnes, les joueurs de Yacuiba n’ont remporté que 3 petits matchs à domicile. La pire défense du championnat (51 buts encaissés) doit beaucoup à son attaquant vedette, l’argentin Maidana, auteur de 16 buts et longtemps en tête au classement des buteurs. Son éventuel départ serait un coup dur pour les Petroleros d’autant plus que le gardien-buteur Ivan Brun a annoncé son transfert pour la U de Sucre. Le club a également joué le 1er tour de la Copa Sudamericana profitant du refus des clubs mexicains de participer aux compétitions de la CONMEBOL. Après une défaite 3-1 à domicile face à l’Universidad Catolica les dirigeants ont décidé de faire des économies et seul 13 joueurs, sans entraîneur, ce sont déplacés en Equateur pour le match retour ! La défaite 3-0 fut anecdotique et les supporters ont encore du mal à digérer la manière avec laquelle le club a géré cette rencontre (vol mal réservé, problèmes de passeport). Cette histoire nous rappelle qu’une qualification en coupe continentale n’est pas toujours un cadeau, surtout lorsqu’il faut exploser son budget pour réserver des billets pour tous les joueurs.

12. Universitario de Sucre

Avec Jorge Wilstermann, la U de Sucre est l’énorme déception de ce championnat. Ecartée par les Montevideo Wanderers au 1er tour préliminaire de Copa Libertadores, le club de Sucre a complétement craqué et n’a obtenu que trois petits matchs nuls à l’extérieur. De loin la pire attaque du championnat (21 buts inscrits), la U vient de perdre son maître à jouer Quintana qui vient de signer du côté de Blooming. Le nouvel entraineur Edgardo Malvestitti a donc du pain sur la planche…

Par chance, cette année de transition ne débouche pas sur une descente automatique en seconde division. Dans la mesure où le championnat passera à 14 équipes en 2018, les deux derniers joueront un match de barrages face aux deux finalistes de la Copa Simon Bolívar, équivalent de la deuxième division.

ronnie

Le joueur : Ronnie Fernández

Le chilien ne présente pas des stats impressionnantes mais sa qualité technique et son jeu aérien on fait de lui l’homme du titre. Arrivé pour remplacer le départ de Callejon, le natif de Vina del Mar a parfaitement trouvé sa place sur le côté gauche pour le plus grand bonheur de ses coéquipiers. Malheureusement, après avoir fait entrer un peu de Chili dans le cœur des hinchas Bolívaristes, lui aussi n’a pas résisté aux tentations du golfe et à signé chez le club saoudien d’Al-Feiha. Pour palier son départ Marcelo Claure n’a pas hésité à recruter l’argentin Marcos Riquelme qui devient le joueur le mieux payé de la LIGA.

La révélation : Jorge Flores

Arrivé il y a un an au club après avoir effectué ses débuts pros à 17 ans du côté de Sucre, le latéral droit de 23 ans a confirmé tous les espoirs placés en lui. Son placement défensif et sa capacité à participer aux phases offensives n’ont pas échappé à l’œil du sélectionneur qui a fait de lui un élément incontournable de la sélection. A surveiller de très près.

Le Onze du tournoi

Qui d’autre que Matias Dituro pour garder les cages de cette équipe type ? Le gardien de Bolívar n’a encaissé que 15 buts en 21 matchs joués et c’est même mué en buteur. Devant lui, on retrouve son coéquipier et capitaine de la sélection Ronald Raldes ainsi que Alex de Jorge Wilstermann. L’ancien international brésilien passé par le Stade Rennais a été très solide et fut l’homme fort des aviateurs sur ce tournoi. A gauche on retrouve la révélation Jorge Flores et sur le flanc droit Diego Bejarano que Cesar Farias a fait reculer d’un cran, cela ne l’a pas empêché de marquer 5 buts et d’être le défenseur le plus prolifique du championnat. Le champion Justiniano, le vénézuélien Ali Meza de l’Oriente Petrolero et l’inoxydable Alejandro Chumacero se partagent l’entre jeu. Pour marquer, l’équipe s’appuyer sur un trio offensif équilibré avec Ronnie Fernández à gauche, Enzo Maidana à droite et l’éternel Carlos Saucedo seul en pointe. Pour diriger le tout LO choisi Beñat San José qui a ramené le trophée à l’autre bout de la ville de La Paz et cela sans contestation. 6 Boliviens, 2 Argentins, 1 Brésilien, 1 Vénézuélien et 1 Chilien pour cette équipe dirigée par un jeune espagnol prometteur.

onzebolap17

L’anecdote

La LIGA bolivienne est entré dans l’histoire à l’occasion de ce tournoi Apertura 2017. Lors des 12, 13 et 14 ème journées un gardien du but différent a trouvé le chemin des filets, c’est la première fois que cela arrive lors de 3 journées consécutives dans un tournoi professionnel. Le gardien du Bolívar Matias Dituro avait ouvert la voie le 23 avril en inscrivant un but de sa propre surface à la dernière minute du match face à San José (voir notre inside). Une semaine plus tard, le 30 avril, Ivan Brun portier des Petroleros de Yacuiba sauvait l’honneur en inscrivant un magnifique coup-franc à l’Hernando Siles face au Strongest (défaite 5-1). Enfin le 6 mai, à l’occasion de la 14ème journée, Olivares transformait un penalty lors d’une défaite de 2-1 de Jorge Wilstermann face aux Sport Boys Warnes.

Thomas Allain
Thomas Allain
Breton exilé à La Paz. Correspondant en Bolivie pour Lucarne Opposée