Ce week-end marque l’ouverture du championnat de deuxième division bolivienne : la Copa Simon Bolivar, jouée dans un format unique en Amérique du Sud. Le vainqueur de ce tournoi sera connu le 8 décembre et obtiendra directement son billet en División Profesional, tandis que le second devra jouer un barrage face à l’avant dernier de l’étage supérieur. Mode d’emploi d’un tournoi amateur évoluant dans l’ombre du monde professionnel bolivien.

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En réalité, la course à la première division bolivienne a commencé lors du mois de mars 2018. Cent-sept clubs venant des quatre coins du pays étaient alors divisés en dix groupes en fonction de leur position géographique. Après une phase de championnat aller-retour qui s’est déroulée du mois de mars au mois de juin, chacun des dix groupes connaissait l’identité de son champion et vice-champion régional, qualifié automatiquement pour la Copa Simon Bolivar, nom donné à la seconde division bolivienne. En plus de ces vingt clubs qualifiés, il est ajouté l’équipe rétrogradée de première division l’année précédente, en l'occurrence le Club Petrolero de Yacuiba : ils seront donc au total vingt-et-un à rêver d’une accession en première division bolivienne.

Vingt-et-un clubs soit trois groupes de sept ? Trop simple !

Ce week-end, les vingt-et-un clubs qualifiés vont entamer la deuxième phase de ce long chemin les menant au professionnalisme. Pourtant, dans les faits, la Copa Simon Bolivar a commencé dès la connaissance de tous les qualifiés, lorsqu’il a fallu répartir les vingt-et-un équipes. En Bolivie, il serait impensable de voir s’affronter ces vingt-et-un équipes dans un championnat classique « tous contre tous », le coût des transports restant déjà un thème conversé en première division (pour le tournoi Apertura, les dirigeants avaient choisi de diviser la première division en deux groupes de sept). Pour cette Copa Simon Bolívar, le règlement stipule que les clubs doivent être répartis en trois groupes de sept équipes mais certains clubs se sentent toujours lésés et moins bien loti que leurs voisins. Ainsi si certaines équipes, comme celles des grandes villes, se retrouvent logiquement au carrefour géographique de leurs adversaires présents dans leur groupe, d’autres, comme celles des régions les plus isolées, bouchent les trous de manière plus ou moins compréhensibles en fonction de leur position géographique et de la facilité d’accès qu’ils pourraient avoir avec les grandes villes les plus proches. Quoi qu’il en soit, pour les organisateurs, la règle est simple : dans le groupe A doivent figurer les équipes de l’Occident bolivien, dans le B celles de l’Orient et dans le C celles du Sud. Cela n'empêche pas ceux qui se sentent mal loti de protester. Finalement, certains clubs ont obtenu gain de cause : le groupe B ne sera constitué que de six clubs tandis que le C comportera huit équipes. Voici la répartition finale des trois groupes :

  • Serie A (7 équipes): Always Ready et FATIC (La Paz), Sur Car et Club Empresa Minera Huanuni (Oruro), Enrique Happ, Universitario de Vinto et T.Bata (Cochabamba).
  • Serie B (6 équipes): Universidad Cruceña et Torre Fuerte (Santa Cruz), Libertad et Kivon (Beni), Gatty Ribeiro et Mariscal Sucre (région du Pando).
  • Serie C (8 équipes): Independiente Petrolero et C.D. Alemán (Chuquisaca), Ferrocarril Palmeiras et Rosario Central (Potosí), Atlético Bermejo, Industrial FC, Juventud Unida (Tarija) et les Petrolero de Yacuiba, relégué de la división professionelle l’an passé.

Ces vingt-et-une équipe représentent à merveille la diversité des noms de clubs qu’on peut trouver dans toute l'Amérique du Sud. Aucun d’entre eux ne porte le nom de la ville qu’il représente. On y retrouve des racines anglaises (Always Ready), le nom d’un ancien leader indépendantiste (Mariscal Sucre), ou même d’un ancien joueur international (Gatty Ribeiro). On peut également y trouver des noms d’universités (Universitario de Vinto ou Universidad Cruceña) et enfin, on retrouve des clubs historiques représentants différents secteurs d’activités de l’industrie du pays (automobile, rail, minier, pétrolier...). Pour ces clubs il est indispensable d'être soutenu par un gros investisseur. Cette saison en Liga le petit promu de l’année 2017, Royal Pari, tient la dragée haute aux meilleurs clubs de pays. Son capital est appuyé uniquement par l’entreprise Sion, présent mondialement dans le secteur de l’immobilier. Le soutien financier d’une grande compagnie est indispensable pour réussir dans le monde professionnel en Bolivie. Récemment, beaucoup d’équipes ayant réussi à accéder en première division se sont contentées de faire l’ascenseur : Petrolero de Yacuiba, Ciclon, Real Mamoré ou encore le F.C. La Paz, club disparu aujourd’hui. Cette année, le Club Always Ready basé à La Paz semble être le mieux armé. Auteur d’un recrutement impressionnant, le club a également réussi à attirer l’œil des investisseurs. Son objectif est clair : devenir le troisième grand club de La Paz derrière Bolívar et The Strongest.

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L'un des grand favori, le Club Always Ready de La Paz, est aussi une des clubs hitoriques en Bolivie, auteur d'une tournée européenne en 1961

La phase finale

Les deux premiers de chacun des trois groupes se retrouvent pour un quart de finale aller-retour ayant lieu dès la mi-octobre, soit à peine plus d’un mois après début du tournoi qui a lieu ce week-end. Les trois vainqueurs s’affronteront en demi-finale et le « meilleur » perdant des quarts de finale sera repêché pour jouer la demi-finale. La finale se jouera lors d’une confrontation aller-retour, avec une troisième match d’appui sur terrain neutre en cas d’égalité. Le lauréat sera connu le 8 décembre prochain, le finaliste jouera dans la foulée son match de barrage contre l’avant dernier de la División Profesional. Certaines règles particulières existent lors de ce tournoi, comme celle de la limite d'âge. Parmi le onze titulaire de chaque équipe, seul trois joueurs pourront être nés avant le 1er janvier 1990. Enfin, de la même manière qu'en première division, les clubs ne pourront jouer qu’avec un maximum de quatre joueurs étrangers ou naturalisés sur le terrain.

Les favoris de l’équipe de Lucarne Opposée

★★★★ Always Ready, Petrolero de Yacuiba

★★★ Enrique Happ, Atlético Bermejo

★★ Empresa Minera Huanuni, Universidad Cruceña, Ferrocarril Palmeiras, Independiente Petrolero et FATIC

Les favoris de Agustín Suárez Doreski (journaliste à Deporte Total Bolivia)

★★★★ Always Ready, Independiente Petrolero, Petrolero de Yacuiba

★★★ Universidad Cruceña, Sur Car, Atlético Bermejo

★★ FATIC, Torre Fuerte et Mariscal Sucre

Thomas Allain
Thomas Allain
Breton exilé à La Paz. Correspondant en Bolivie pour Lucarne Opposée