O'higgins champion ! 

Historique ! Souvent galvaudé, historique colle parfaitement à l’Apertura 2013 chilien : car un nouveau club est venu ajouter son nom au palmarès national. La Celeste d’Eduardo Berizzo aura mis 58 ans et la manière.

Pour la troisième fois consécutivement, le Chili aura donc sacré un champion qui n’appartient pas au top 3 du palmarès historique (comprendre Colo Colo, U Chile ou U Católica). Si l’évènement est assez rare pour être signalé (c’est la première fois depuis la fin des années 70), il aura pourtant été long à se décider.

Il y aura tout d’abord eu une phase régulière qui peut se résumer en un duel à distance entre Cruzados et Celeste. Meilleure attaque et meilleure défense, la Católica a longtemps écrasé l’Apertura (14 fois leader sur 17 journées) ne parvenant pourtant jamais à décrocher totalement O’Higgins. Tournant de l’Apertura : 15ème journée. Leader avec trois points d’avance, les Cruzados s’inclinent à la surprise générale face au Deportes Antofagasta, modeste 13e alors. La Celeste ne va pas manquer l’opportunité. Un but de Pablo Hernandez à cinq minutes de la fin et O’Higgins s’impose à la Calera pour revenir à hauteur de la Católica. Il reste deux journées, le suspense est à son comble. Le premier qui lâche perdra le titre. Mais personne ne lâchera. 17e et dernière journée, O’Higgins signe le match de l’année face aux Rangers. Menant 2-1 à la pause, la Celeste se retrouve menée 3-2. A dix minutes de la fin, Huerta égalise. Pression intense d’autant que dans le même temps, les Cruzados mènent tranquillement à La Calera et se voient déj champions. Il n’en sera rien. Un penalty de Calandria à la dernière minute, O’Higgins arrache un dernier succès 4-3 !  Católica et O’Higgins restent liés l’un à l’autre. Ex-aequo au soir de l’ultime journée, le règlement fait qu’il faudra un match d’appui pour les départager (la différence de but ne compte pas). Place donc à la « Súper Final ».

12 décembre 2013, Estadio Nacional. Ils sont 40 000 à garnir les tribunes pour la grande finale de l’Apertura. Outre une qualification pour la Libertadores, c’est l’occasion de décrocher un titre qui fuit les Cruzados depuis l’ère Pizzi (2010) et inscrire enfin son nom au palmarès pour la Celeste de Berizzo. Comme souvent, la partie démarrait tambours battants. Les deux équipes se répondaient coup pour coup faisant briller Toselli et Garces dans les buts. Deux équipes au jeu fluide et enthousiasmant : une finale à la chilienne. Puis vint la 34e minute. Coup franc d’Opazo, Pablo Hernández coupe. O’Higgins vire en tête. L’explosion en tribunes.

Le match prend alors une nouvelle dimension. La Católica ne veut pas tout perdre et va alors presser d’avantage. Début de second acte, lecoinsudam.fr/?p=91 Ribery Muñoz entre en scène. 10 minutes plus tard, c’est au tour de Nicolas Castillo. Mais rien n’y change. Malgré une pression qui s’intensifie, Garces tient le choc, rassure sa défense. La Celeste plie, ne rompt pas et s’offre même plusieurs balles de break. Sans succès. Ambiance étouffante, terrible suspense. 5 minutes d’arrêts de jeu pour combler 58 ans d’attente. Tension extrême puis explosion entre joie hystérique et larmes. O’Higgins inscrit enfin son nom au palmarès chilien, deux tournois après une terrible séance de tirs au but.

Bielsa encore et toujours

Le triomphe de la Celeste restera à jamais celui d’Eduardo Berizzo. Pour l’amateur de football français, il est ce défenseur dont la seule saison à l’OM sera à la mesure de ses déclarations homophobes venues justifier son passage : effroyable. Ces horreurs mises de côté, il reste l’un des nombreux enfants de Bielsa.

Assistant du Loco à la tête de la sélection chilienne après en avoir été l’un des joueurs (à Newell’s et en sélection), il effectue ses premiers pas seul sur un banc à Estudiantes où l’ombre de Sabella reste trop dure à porter. Le voici qui débarque ainsi à O’Higgins en 2012 alors que le club n’en finit plus de changer d’entraîneur (5 entre 2010 et 2011 !). Il applique alors la méthode Bielsa dont on retrouve le jeu, le plaisir et la discipline (il se murmure que Berizzo aura même eu el Profe au téléphone avant et après la finale). La mayonnaise prend immédiatement. O’Higgins passe à deux doigts du titre. Ce n’est que partie remise. Berizzo continue de construire : Uglessich, Leal, Calandria puis Garces, Hernandez. Renforcé derrière, en deux intersaisons, il a désormais le cœur de son 4-3-3. Le tout abouti à ce titre, premier de l’histoire d’un club qui retrouvera ainsi la Libertadores après 30 ans d’absence (déjà dans le groupe de la Católica, la Celeste de l’époque n’avait marqué qu’un point).

La chute de la Católica

La course à la Libertadores 2014 aura été quant à elle terrible pour les Cruzados. Battu en finale, la Católica devait donc passer par les play-offs pour décrocher le dernier billet chilien. Mais opposé à Iquique, les Cruzados ont flanché. Sur les deux rencontres, les hommes de Lasarte auront toujours mené au score. Mais toujours Iquique sera revenu pour s’imposer aux tirs au but. Destin cruel pour une Católica qui était clairement (avec O’Higgins donc), la plus belle formation de cet Apertura. Mais Iquique n’en gagnera rien non plus. Car le choc face à la Católica n’était qu’une demi-finale. Restait la finale face à une Universidad de Chile qui avait de son côté sorti Palestino. Victoire à l’aller, carton au retour, la ‘U’ signe son grand retour et décroche ainsi le dernier ticket pour la Libertadores.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.