Quelques semaines après le sacre surprise de la U, le championnat chilien reprend du service ce week-end avec le coup d’envoi du Torneo de Transición 2017. L’heure du guide de la compétition est donc arrivée.
En mai dernier, l’Universidad de Chile surprenait son monde en décrochant un 18e titre au nez et à la barbe des équipes annoncées favorites. Deux mois plus tard, l’heure de la revanche a sonné pour les concurrents, l’heure de la confirmation est venue pour les hommes d’Ángel Guillermo Hoyos.
Le retour des géants
La base du succès de la U d’Hoyos avait été de miser sur une remise en question de l’ensemble d’un groupe qui avait été chahuté dans les médias mais conservé sur le papier. Le titre décroché, il ne fallait pas s’attendre à voir la stratégie changer. La U a donc conserver la grande majorité du groupe champion et a surtout parfaitement travaillé pour se renforcer. Certes, l’arme du titre, Felipe Mora n’a pu être conservée. Mais la liste des arrivées donne le tournis : Felipe Seymour et Rafael Caroca, deux joueurs essentiels au milieu arrivent en provenance d’Unión Española et Iquique respectivement, les belles promesses Felipe Saavedra, jeune latéral gauche de San Luis et Francisco Arancibia, milieu offensif de O’Higgins, arrivent au club. Mais l’arrivée du tournoi côté Chuncho, c’est bien évidemment celle de Mauricio Pinilla. L’homme de la barre transversale face au Brésil rentre enfin au pays après 10 ans d’exil et revient là où tout a commencé. Il sera à n’en point douter l’une des grandes attractions de la saison.

Si Pinilla n’est qu’une des attractions, c’est aussi parce que le retour le plus médiatique de l’année s’est effectué du côté de Colo-Colo. Echouant d’un tout petit point lors du dernier tournoi, le Cacique de Pablo Guede était forcément sous pression durant l’intersaison et l’opération grand ménage qui s’y est opérée n’est qu’un témoin des secousses qui ont agité le grand club chilien. Justo Villar, Paulo Garcés, Esteban Pavez, Pedro Morales et Mark González sont partis, la maison blanche et noire a fait dans le recrutement de haut niveau : l’expérimenté Agustín Orion s’installe dans les buts, l’excellent Óscar Opazo prend place en défense, le créatif Nicolás Maturana rentre du Mexique. Mais ces transferts ne sont rien comparés au retour de la légende, du plus grand magicien du Chili, Jorge Valdivia. El Mago a souvent été un fantôme hantant les travées du Monumental, la réalité a enfin rattrapé la fiction et 11 ans après son départ, Valdivia revient à Colo-Colo, ramenant avec lui tous les espoirs les plus fous. Ces espoirs ont largement été alimentés par la première sortie du magicien à l’Estadio Nacional lors de la Supercopa de Chile face à la Católica et un large succès 4-1 venu ramener le calme après la débâcle de La Serena quelques semaines plus tôt (défaite 4-1 en Copa Chile).
Chez les Cruzados, le recrutement est certes moins clinquant mais toujours aussi solide. Des arrivées des excellents Aued et Voboril à celui de Benjamín Vidal, auteur d’un très bon passage à Palestino et du retour de l’enfant prodige, Jeisson Vargas devant, le groupe de Mario Salas reste solide, d’autant qu’il peut toujours s’appuyer sur son Enano de génie, Diego Buonanotte. Reste cependant une crainte, celle provoquée par les départs de Ricardo Noir et Enzo Kalinski, hommes clés la saison passée et du duo défensif Alfonso Parot, Guillermo Maripán. Une certitude, après un Clausura raté, la Católica n’aura pas le droit à un nouvel échec, Mario Salas joue gros sur ce Transición.
Une vraie transition ?
La question est donc de savoir qui pourra venir se mêler à la lutte pour empêcher les géants d’en découvre entre eux. Les regards se tourneront bien évidemment vers le Deportes Iquique, longtemps en course pour le titre lors des deux derniers tournois. Malheureusement pour les Dragones Celeste ont été victimes de leur succès et les départs sont nombreux, surtout sur les lignes offensives. Mathías Riquero, Rafael Caroca, Felipe Reynero et surtout la machine à but Álvaro Ramos se sont envolés sous d’autres cieux, Jaime Vera va devoir reconstruire une équipe qui a aussi perdu l’excellent Tomás Charles derrière. On suivra donc avec attention Matías Blásquez, l’ancien d’Everton qui va s’installer derrière, mais aussi Gerson Acevedo qui rentre au pays après 7 années de voyage à l’Est, de la Russie au Kazakhstan, lui qui fut appelé en sélection sous Claudio Borghi, Johan el Mago Fuentes, champion avec Cobresal en 2015 et donc Leonardo Espinoza, lancé par un certain Juan Antonio Pizzi quand il n’avait que 17 ans, meilleur buteur de Santiago Morning en Primera B l’an passé.
Reste que le tournoi s’annonce comme un vrai tournoi de transition du côté d’Iquique, comme il le sera dans bien des clubs. C’est le cas d’Audax Italiano qui sort d’un bon Clausura (7e à hauteur d’Iquique à deux points de Concepción le troisième mais qui perd des joueurs comme Sebastián Vegas, César Cortés ou encore Marcos Riquelme et doit donc recomposer. Hugo Vilches pour ainsi compter sur le retour au bercail de Nicolás Crovetto après avoir été repéré par l’Udinese il y a près de 10 ans, sur l’arrivée des prometteurs Fernando Cornejo fils de l’ancien international décédé en 2008 et Ignacio Jeraldino, un temps passé par Parme mais aussi de l’arrivée de Juan Leiva qui n’a pas su véritablement saisir sa chance avec l’Universidad de Chile. C’est aussi le cas d’Everton. Après un excellent Clausura, les Ruleteros ont longtemps été dans la lutte pour le titre, le groupe de Pablo Vitamina Sánchez a encore énormément bougé avec 11 départs (pas tous de premier plan mais tout de même) pour sept arrivées. On notera cependant les recrutements de Patricio Rubio, de retour du Mexique, de l’ancien grand espoir Lucas Mugni, qui vient relancer sa carrière, d’Óscar Salinas ancien meilleur buteur de Tercera A et qui sort d’une saison en demi-teinte à Antofagasta, de Juan Cuevas, lui aussi de retour du Mexique et du prometteur Jaime Carreño en manque de temps de jeu du côté de la Católica. Si Vitamina Sánchez parvient à poursuivre sur la dynamique du dernier tournoi, Everton peut encore venir donner bien des maux de tête aux géants.

La reconstruction, c’est aussi le grand défi de Martín Palermo avec Unión Española. Les Hispanos perdent leur duo Carlos Salom – Diego Churín, l’un des plus prolifique au Chili si ce n’est sur le continent, et doit ainsi réarmer son attaque. Pour cela, le club fait appel à des valeurs sûres : la légende Gustavo Canales, qui revient dans le club où il a plus marqué (69 buts en 98 matchs, soit une moyenne de 0.7 but/match !) et Carlos Muñoz, toujours efficace devant le but et qui voudra oublier son passage raté à Talleres. On suivra avec attention l’évolution de l’ancien du Racing, Guillermo Hauché (à ne pas confondre avec Gabriel avec qui il n’a aucun lien de parenté) dont on attend avec impatience l’association au milieu avec la merveille Pablo Aránguiz qui, du haut de ses 20 ans, sera une fois encore le chef d’orchestre de ces Hispanos grâce à sa capacité à dicter le tempo et faire briller ses coéquipiers.
Comme avec Unión Española, on attend beaucoup du O’Higgins de Cristián Arán, l’une des équipes joueuses du championnat. Si l’immortel Pablo Calandria est toujours là pour occuper le front de l’attaque des Celestes de Rancagua, le départ de Cristian Insaurralde (et ses 15 buts en 17 matchs de championnat) risque de se voir. L’heure sera donc peut être venue pour le jeune Fabián Hormazábal de retour d’un prêt réussi à Curicó Unido avec qui il a été champion de Primera B. À moins que le Français, Richard Barroilhet, l’un des transferts surprises de l’année au Chili, ne vienne tirer son épingle du jeu devant. Reste que malgré les départs de joueurs comme Yerson Opazo ou Marco Medel, O’Higgins et son école de jeu reste une valeur sûre de la Primera chilienne et devrait une fois encore être placé à l’heure du décompte final (rappelons que la Celeste était 3e du Clausura 2016, 4e de l’Apertura 2016 et à deux points du podium lors du dernier Clausura).
Dans ce contexte, certains pourraient bien en tirer avantage. Ce sera le cas de l’Universidad de Concepción de Francisco Bozán. Sans faire de bruit, la U de Conce s’est hissée à la troisième place du dernier tournoi et procède à quelques retouches dans son effectif attirant par exemple l’immortel Hugo Droguett et en récupérant un ancien de la maison de retour de prêt, José Huentelaf auquel il adjoint des coups qui pourraient s’avérer intéressants comme l’arrivée de Cristian Amarilla, buteur du Deportivo Español en Primera B Metro argentine ou du jeune Waldo Ponce, 19 ans, passé par l’Espagne. Ce pourrait aussi être le cas de Huachipato et sa bande de gamins. L’ère Miguel Ponce est terminée, l’ancien sélectionneur u20 retourne s’occuper des jeunes à l’Unversidad de Chile, César Vigevani, ancien formateur à River Plate et qui fut notamment l’homme qui a fait monter Mushuc Runa en première division équatorienne, pose ses valises. L’Argentin va devoir composer sans Ángelo Sagal parti au Mexique, mais peut compter sur quelques piliers et des arrivées intéressantes. Les piliers, ce sont des joueurs comme Yeferson Soteldo, la pépite venue du Venezuela, ou encore les César Valenzuela, Claudio Sepúlveda et autres Valber Huerta. Les arrivées intéressantes, ce sont celles des Sebastián Martínez, ancienne grande promesse de la U ou celle de l’excellent Javier Parraguez, si performant la saison dernière avec les Wanderers mais aussi de deux joueurs à suivre avec attention, Mathías López et Matías Ramírez, 21 ans chacun (ou presque). Les Acereros devraient une fois encore être capables de venir en perturber plus d’un.

Grande déception du dernier tournoi, Palestino a décidé de repartir à zéro. 13 départs, donc ceux de Leo Valencia, Ezequiel Luna, Benjamin Vidal, Franco Mazurek, Agustín Farías pour n’en citer que quelques-uns, autant d’arrivées, notamment celles de Rodrigo Tapia, jeune défenseur central de 22 ans passé par San Lorenzo, qui devrait être associé à Sebastián Toro passé par Colo-Colo et ancien international et des offensifs Rodrigo Ureña, ancien de la U et Roberto el Pájaro Gutiérrez très peu utilisé par la Católica. Difficile d’y voir clair dans ce que sera la saison d’un Tino qui va jouer sa survie avec les Wanderers. Le destin est ainsi assez farceur puisque l’ancien coach de Palestino, l’excellent Nicolás Córdova a pris les commandes des Santiago Wanderers. Bons derniers sur la ligne de départ, les Caturros partent de zéro au niveau de l’effectif. De l’indispensable Javier Parraguez parti, comme l’excellent Luis Valenzuela et le maître à jouer David Terans, ils sont 15 à avoir quitté le navire Wanderers et l’inquiétude demeure à l’heure où le club va lutter pour sa survie. Les Caturros vont ainsi compter sur les anciens de Palestino Ezequiel Luna et César Cortés mais aussi espérer qu’Enzo Gutiérrez retrouve son efficacité de l’époque O’Higgins pour assurer leur maintien. La mission semble délicate. Ces deux équipes devraient lutter avec le promu Curicó Unido. La mission pour le champion de D2 sera d’éviter la dernière place et ainsi un nouveau match de barrage qui lui avait été fatal lors de son unique passage dans l’élite en 2009 (et une défaite face à San Luis de Quillota). Les Albirrojos ont survolé la Primera B 2016/2017 mais ont malheureusement perdu leur meilleur buteur, Leonardo Olivera. Un départ compensé par l’arrivée de Diego Alvarado, le buteur de Magallanes et de Gabriel Vargas, valeur sûre au pays malgré son passage raté à Patronato.
Enfin, on suivra avec intérêt l’évolution du Deportes Antofagasta qui, s’il va aussi chercher à rapidement sa sauver, pourrait profiter des belles arrivées que sont celles de Paulo Garcés dans les buts, du solide Bruno Romo en défense (trois fois champion avec Colo-Colo) et de l’excellent Luis Valenzuela, auteur d’un bon tournoi avec les Wanderers, pour jouer autre chose que le ventre mou. Mission identique du côté de Temuco où les arrivées de Mathías Riquero, de Kevin Harbottle et de Rubén Farfán vont donner un peu plus d’allant à l’attaque de l’équipe de Dalcio Giovagnoli qui va d’abord tenter de se mettre rapidement à l’abri au promedio avant d’espérer venir jouer les empêcheurs de tourner en rond. La bonne neuvième place acquise lors du Clausura permet de partir avec quelques certitudes et une certaine sérénité. Il devrait en être aussi de même du côté de San Luis. Les Canarios sortent d’un bon tournoi après un Apertura terminé à la huitième place et réalisent quelques jolis coups sur le marché comme le recrutement de Diego Cháves, qui avait réalisé un joli passage du côté de Palestino il y a quelques saisons, de Yerson Opazo, de l’ailier de poche Ronald González et surtout de l'ancienne icône de la U, Jorge Rojas, de retour au pays après un court passage en Argentine.
Programme de la 1e journée




