Sept journées et trois équipes surprises mènent la danse. Si le troisième, le Deportes Tolima est le champion en titre, l'Once Caldas et surtout La Equidad occupent la tête de cette Liga Águila. Loin devant les gros de ce championnat.
On attendait l'Atlético Nacional. On attendait Junior. On attendait une réaction des deux clubs de Bogotá après que les deux clubs ont raté la qualification lors du dernier tournoi court. On pensait que Tolima allait s'écrouler, après le départ de ses deux meilleurs armes offensives. Pour le moment rien de tout ça. Les trois premières équipes actuellement en tête de la Liga Águila cumulent six titres de champion, dont quatre pour le seul Once Caldas. C'est à dire moins que les gros de ce championnat. Leur point commun ? Elles sont dirigées par trois entraineurs colombiens qui, sans faire de bruit font un boulot exceptionnel. La plus grosse surprise est évidemment La Equidad. Sept matches et sept victoires. Carton plein avec en prime des records dans les tournois courts de l'histoire du football colombien : les Aseguradores sont la première équipe à commencer par sept victoires. C'est aussi la première équipe en terme d'invincibilité. Personne pour le moment n'a trouvé la faille contre cet adversaire. Ce week-end, Boyacá Chicó s'est à son tour cassé les dents. Avec un scénario vu et revu. Un but en début de match et puis circulez il n'y a rien à voir. Pour le rôle du buteur c'est Juan Mahecha, un ancien de Boyacá Chicó, qui s'y est collé cette fois-ci, un but bien moisi après un cafouillage dans la surface, comme un symbole. On l'a dit et redit cette équipe n'a aucune individualité qui fait la différence à l’exception peut-être de sa plaque tournante Stalin Motta, international colombien (3 sélections) et ses 34 ans. Journée après journée, cette équipe dégage une force collective de plus en plus impressionnante. Contre Boyacá Chicó, elle a subi en deuxième période sans trembler. Évidemment l'architecte de ce projet Luis Fernando Suárez est la pièce maitresse. Arrivé en cours d'année 2017, son parcours a pourtant été chaotique. Plus en réussite avec les sélections qu'il a dirigées (l'Équateur et le Honduras) et qualifiées pour la Coupe du monde, il a beaucoup plus galéré en club. Son seul titre de champion date du XXe siècle avec l'Atlético Nacional. Avec ce petit club sans pression, il a déjà réussi l'exploit de qualifier l'équipe pour les quarts de finale dès son arrivée. Et si elle a raté la qualification au premier semestre pour deux points, elle a quasiment son billet en poche pour ce semestre et la qualification pour les quarts de finale de la Copa.
Derrière la surprise on a l'Once Caldas. Si elle est passée limite lors du premier semestre, dernier qualifié et éliminé en quart contre Tolima, elle devrait avoir moins de problème cette fois. On retrouve beaucoup de similitudes avec La Equidad. Le club de Manizales a certes plus d'individualités avec notamment celui qui a été troisième gardien lors de la dernière Coupe du monde, José Cuadrado. Juan Pablo Nieto et Diego Arias sont aussi des valeurs sûres de Liga Águila. Mais l'arrivée d'Hubert Bodhert a changé le visage de cette équipe. Renforcée par son mercato réussi (aidé par la vente de Sinisterra au Feyenoord) l'équipe de Manizales est plus forte, plus solide que lors du premier semestre de cette année. Offensivement, c'est la meilleure attaque de la Liga, avec Tolima, mais David Lemos le meilleur buteur n'a inscrit « que » quatre buts en sept matches. C'est dire qu'il n'est pas le seul atout offensif de cette équipe. En déplacement sur la pelouse du DIM elle serait partie avec les trois points sans un grand match de David Gonzalez et de German Cano, même si l'égalisation a été arrachée dans les derniers instants par ce même Lemos. L'argentin Cano, capitaine du DIM a marqué sept des neuf buts du club paisa, dire qu'il est important pour son équipe serait un euphémisme. À la tête de l'Once Caldas depuis le début de cette année, Bodhert avait qualifié Jaguares pour la Sudamericana et pour les quarts de finale de la Liga l'année dernière. Il est parti pour refaire la même chose et c'est tout sauf un hasard. Son jeu est un des plus séduisant du pays. La Equidad et Once Caldas sont les deux équipes encore invaincue ce semestre et ce n'est pas une surprise.
Ce qui l'est plus en revanche c'est de trouver Tolima troisième de cette Liga. Et avec la co-meilleure attaque. On pensait qu'elle allait marquer le coup au soir de la quatrième journée. Le champion en titre est reparti de plus belle. Troisième victoire consécutive en Liga, dont deux à l'extérieur, pour se replacer. Angelo Rodríguez parti en MLS, c'est Marcos Pérez qui endosse le costume de sérial buteur. Déjà six buts pour lui après son doublé de ce week-end sur la pelouse d'Envigado. Ultra efficace, cette équipe doit aussi son salut au travail d'Alberto Gamero qui a depuis qu'il a repris les choses en main cette équipe dégage aussi une force collective de très haut niveau. Champion avec le Boyacá Chicó (seul titre de champion de son histoire), avec le Deportes Tolima il a gagné la Copa, le titre le semestre précédent, il a aussi fait une finale de Liga en 2016. Billet pour la Libertadores 2019 en poche, il sera intéressant de voir cette équipe se frotter au très haut niveau l'année prochaine.
Le très haut niveau l'Atlético Nacional l'a quitté cette semaine. L'élimination en Libertadores a fait beaucoup de mal au club et a surtout fait une première victime. En grande partie responsable après ses erreurs du match aller, Jorge Almirón a démissionné de son poste en milieu de semaine. Sa situation était devenue très compliquée. Dès le coup de sifflet final contre Tucuman le public lâchait des «ya se acabó, ya se acabó, se acabó el tiempo de Almirón » (il s'est terminé, il s'est terminé, il s'est terminé, le temps d'Almirón). Résultat, Hernán Herrera a fait l'intérim pour le déplacement sur la pelouse de Jaguares et s'est contenté de limiter la casse. Menée après un CSC de Duarte, l'équipe verdolaga a arraché l'égalisation à dix minutes de la fin grâce à une boulette du gardien adversaire. Si ce point n'a pas été volé, il l'empêche d'avancer au classement. Déjà trois matches nuls en sept sorties, soit presque autant que lors du premier semestre (cinq). La fin de saison de cet Atlético Nacional risque d'être bien terne, au moins jusque novembre et la fin de saison régulière. Le nouveau coach sera nommé cette semaine (Leonel Álvarez? Luis Fernando Suárez de retour ?) et il aura de toute façon deux mois pour mettre en place son projet et remettre à l'endroit les têtes. Notamment celles de ses cadres qui semblaient totalement coupées avec le désormais ancien entraineur.
Niveau match nul, les spécialistes ont encore frappé. Millonarios et Santa Fe ont été incapables de prendre les trois points alors qu'ils avaient des matches à leur portée. Millos recevait Rionegro. Après un but limite et assez confus, marqué par Cadavid à une demi-heure on pensait que le plus dur était fait. Au forcing, Rionegro est revenu dans le dernier quart d'heure. Frustrant mais mérité tant la copie est encore nettement insuffisante. L'absence de David Mackallister Silva s'est clairement sentie. Un chiffre fait mal, avec trois points en quatre matches à domicile c'est le pire départ du club au Campin de la décennie. Résultat une bien pâle neuvième place au classement. À quatre reprises en sept matches, le club capitalino a dû partager les points. Une seule équipe a fait pire … Santa Fe. Une nouvelle fois l'équipe cardinale a rendu une triste copie. Et pourtant il y avait tout décoller. Un but rapide sur coup-franc, un adversaire qui a changé de coach récemment et qui a la tête dans le seau, le Deportivo Pasto, mais pourtant ça ne le fait pas. Une défense absente a permis au club volcanico d'égaliser. Rien de nouveau à l'horizon, le jeu est toujours aussi pauvre. Dans ces conditions il est évidemment impossible d'espérer quelque chose. Être dans les places qualificatives serait déjà un immense exploit dans ces conditions. Surtout quand la réussite n'est pas au rendez-vous. Wilson Morelo, le buteur du club, a raté un pénalty à vingt minutes de la fin. Santa Fe est malade, Win Sports la chaine qui diffuse le championnat local a baptisé sa maladie « empatitis » (fièvre du match nul). Avec cinq en sept journées difficile de contredire ça.
Le gros match de la journée était le déplacement de Junior sur la pelouse du Deportivo Cali. Éliminée en Copa Águila l'équipe vallecaucana devait se reprendre. C'est chose faite et avec la manière malgré un début de match assez compliqué. Bien aidée par l'expulsion de Luis Diaz, qui a eu un geste d'énervement après une faute, peu après la pause elle a fait la différence dans les dix dernières minutes. Une frappe de Nicolas Benedetti mal repoussée par Vieira et Miguel Murillo en a profité. Cali a rendu sa meilleure copie depuis bien longtemps. Tout n'a pas été parfait mais à la maison cette équipe se montre intraitable. Avec cette victoire, l'équipe azucarera se replace dans la course à la qualification. Seule ombre au tableau, l'expulsion de Juan Camilo Angulo, lui aussi coupable d'un mauvais geste dans une fin de match houleuse. Côté Junior cette défaite, la deuxième de cette phase régulière, n'a pas de conséquences dramatiques mais elle devra se montrer plus mature. Notamment ses deux créateurs Jarlan Barrera et Luis Diaz qui ont montré quelques signes d'agacement et d'individualisme qui au final auront coûté cher parce qu'il y avait la place de ramener un point.
À noter que la Colombie ne prend pas de repos durant la trêve internationale. Et histoire de bien faire les choses, elle place deux journées de championnat sur ces dates FIFA. Une injustice donc pour certains clubs comme Millonarios ou son gardien international vénézuélien Wuilker Faríñez ne sera pas là, ou pour l'Atlético Nacional qui a trois joueurs qui vont partir en sélection, Junior et le Deportivo Cali en possédant un aussi. Pour finir, la plus belle nouvelle et la plus belle victoire du week-end n'a rien à voir avec le terrain. Quatorze ans après avoir été victime d'une attaque par balle pour défendre son épouse, attaque qui l'a laissé tétraplégique, Luis Fernando Montoya a pu sortir quelques heures de la chaise roulante dans laquelle il était. Un inventeur colombien, Fredy Luna, lui a dessiné un exosquelette pour qu'il puisse tenir sur des deux jambes. L'ancien entraineur de l'Once Caldas, vainqueur de la Copa Libertadores en 2004 est devenu « campeón de la vida ».
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