Au terme d’une interminable finale, l’Argentine est parvenue à écarter une décevante Colombie et décroche sa seizième Copa América. Elle s’installe ainsi seule au sommet du continent.
C’est l’histoire d’une dernière soirée qui aurait dû n’être qu’un long feu d’artifice mais qui s’est transformée en longue procession. Argentine – Colombie, le tenant du titre, champion du monde, face à la meilleure équipe de la Copa América, celle qui n’avait plus perdu depuis un soir de février 2022 face à cette même Albiceleste. Tout était réuni pour vivre une grande finale. Mais tout a rapidement basculé.
Avant même que le match ne débute, l’organisation a encore flanché. Submergés par une importante foule que le service de sécurité ne semblait pas capable de gérer, les portiques d’entrées du Hard Rock Stadium se sont transformés en vision d’horreur lorsque les masses se sont agglutinés au pied de grilles fermées, faisant jaillir quelques maudits fantômes du passé. Et pendant qu’à l’intérieur d’un stade vide, la musique battait son plein, que le président de la CONMEBOL se pavanait sur le terrain, à l’extérieur, la police frappait sur tout ce qui bougeait, supporters, journalistes, femmes et enfants. Un cauchemar qui a abouti à deux décisions totalement dingues : retarder le coup d’envoi (on n’annule pas un tel événement) alors que les joueurs avaient terminé leur échauffement ; laisser entrer tout le monde (de ceux qui n’ont rien payé à ceux qui avaient payé plus de 3000 USD pour voir la dernière de Messi en Copa América). C’est ainsi qu’une heure plus tard, les acteurs de la finale sortaient de nouveau s’échauffer devant un stade bien trop rempli, la foule se massant dans les escaliers, sur les parvis. Nouveau manquement d’un pays hôte qui passait un test pour 2026 et sort de cette compétition avec plus d’interrogations que de certitudes.
Il était donc plus de trois heures en France lorsque la finale pouvait démarrer. Et rapidement se posait la question de l’état psychologiques d’acteurs ayant patienté tout ce temps, en particulier côté Colombie dont la présence en finale est une rareté. Le début de match semblait laisser penser que personne n’avait été impacté. L’Argentine allumait la première mèche, la Colombie respirait un temps et mettait ensuite en place son jeu, s’installait dans le camp adverse, trouvait même le poteau de Dibu Martínez. Mais tout cela ne durait pas. Alors que les minutes défilaient, le jeu s’équilibrait, s’anesthésiait. Car l’Argentine a fini par poser sa main invisible sur la rencontre. De Paul et Mac Allister ont pris en charge la mission de bloquer la relation entre James et ses attaquants et priver Luis Díaz d’opportunité de faire mal. Le rythme tombait peu à peu, le contrôle avait pris le dessus sur la folie. La suite s’avérait interminable, à l’image de cet horrible spectacle de la mi-temps qui a allègrement dépassé les vingt minutes initialement prévues.
Au retour des vestiaires, l’Argentine avait la main sur le match, ne concédait rien de très inquiétant, mais générait peu. De Paul et Enzo bloquaient toute tentative de toque, de jeu combiné colombien, l’Argentine semblait attendre son heure. Elle arrivait avec les changements. Il y eu d’abord celui contraint d’un Lionel Messi un temps inconsolable sur le banc. L’entrée de Nico González faisait reculer un Santiago Arias souvent menacé et toute la Colombie. D’autant que dans le même temps, Ángel Di María prenait en charge le jeu offensif albiceleste. Nico González s’offrait plusieurs situations, Camilo Vargas était le gardien le plus en vue et, alors que la prolongation débutait et que la Colombie semblait se résigner à une séance de tirs au but, les derniers changements de Néstor Lorenzo allant dans ce sens, deux autres entrants faisaient basculer la rencontre. Magnifiquement Leandro Paredes trouvait Giovani Lo Celso qui lançait à merveille un Lautaro Martínez qui profitait de la seule erreur de marquage de la défense colombien pour ajuster Camilo Vargas. On jouait la 112e minute et l’Argentine venait de saisir le trophée. Qu’importait alors les quelques magnifiques arabesques de Juan Fernando Quintero, le piège s’était refermé. Insatiable, l’Argentine de Lionel Scaloni décroche un quatrième titre international en trois ans, offrant à ses deux légendes la plus belle des sorties.
Photo : CHARLY TRIBALLEAU/AFP via Getty Images