Suite de notre guide spécial Copa Libertadores 2019. On y aborde les Groupes E, F, G et H.

banlomag

Première partie : Groupes A, B, C et D

grE

Deuxième et dernier représentant uruguayen engagé dans cette phase de groupes, Nacional vit dans le même monde que son plus grand rival, Peñarol, celui des souvenirs. Cela fait désormais trente-et-un an qu’il attend de retrouver une finale de Libertadores, plus de trois décennies donc qu’il cherche à véritablement exister sur le continent. Le groupe offert au Bolso peut permettre de nourrir quelques espoirs tant il est homogène en termes de niveau. Reste qu’après l’arrivée de José Decurnex à la présidence, le club a surtout procédé à un vaste ménage, se séparant d’une quinzaine de joueurs dont certains avec une expérience et un apport qui n’auraient pas été négligeables pour aborder la Libertadores. Fucile, Romero, Espino, Barcia, Viudez, Aguiar, Tata González (même si ce dernier jouait peu) sont autant de noms sur cette liste, tous ayant vu leur contrat non renouvelé. Eduardo Domínguez peut compter sur quelques arrivées pour compenser cette vague de départs, de l'excellent Mathías Cardacio au précieux Gustavo Lorenzetti au milieu en passant par l’immortel Palito Perreira qui rentre auprès de son club formateur en provenance du Cerro Porteño. Reste que tout cela risque de demander du temps à se mettre à place, les trois premières sorties en championnat n’incitant pas à de grandes espérances (deux nuls et un carton pris face aux Wanderers). Et le temps pourrait rapidement manquer tant la concurrence dans le groupe est rude.

À commencer par celle venue du Paraguay. Dans l’ombre d’Olimpia la saison dernière, le Cerro Porteño sauce Fernando Jubero a réalisé une belle temporada, terminant six points devant Libertad le troisième sur l’année. Le Ciclón de Barrio Obrero entend bien rattraper son grand rival national et a donc surtout cherché à se renforcer derrière. C’est ainsi que Juan Pablo Carrizo est arrivé dans les buts, que Fernando Amorebieta et Salustiano Candia ont renforcé l’arrière garde. Devant, le duo Jorge Benítez- Diego Churín, la légende Nelson Haedo Valdez, alimentés notamment par Óscar Ruiz et l’excellent Marcelo Palau, ont de quoi faire trembler des défenses. Le tout dans une Nueva Olla toujours aussi bouillante, le Cerro Porteño a clairement sa chance à jouer. Surtout que le Brésilien du groupe est le roi de l’irrégularité. Si l’Atlético Mineiro avait souvent réussi l’impossible en 2013 lorsqu’emmené par Ronaldinho il avait accompli bien des miracles pour décrocher la Libertadores, il est souvent depuis catalogué dans la rubrique des équipes intéressantes sur le papier mais totalement imprévisibles sur le terrain. Là encore, la qualité ne manque pas à tous les postes. L’expérience de Victor dans les buts, celle de Réver, de Fábio Santos ou de Léo Silva derrière, le génie balle au pied de Juanito Cazares, celui de David Terans qui vient offrir d’autres possibilités dans le onze, la percussion de Yimmi Chará, l’engagement de Luan et l’efficacité de la légende Ricardo Oliveira, ce Galo a de solides arguments à faire valoir. À Levir Culpi d’arriver à lui donner de la régularité, seule condition pour viser haut.

Reste un dernier membre qu’il ne faudra pas sous-estimer, surtout quand il faudra se déplacer à Barinas. Les deux derniers passages de Zamora en Libertadores n’ont pas été des plus réussis (le club reste sur douze défaites consécutives (treize si on ajoute celle clôturant l’édition 2014), mais les conditions au pays sont telles qu’il est désormais très compliqué pour une équipe visiteuse de venir jouer au Venezuela. Sur le strict plan sportif, la Furia Llanera d’Alí Cañas a quelques éléments à faire valoir. Champion du Venezuela 2018 après avoir écrasé Lara en finale (4-0), à commencer par un entraîneur ancien directeur sportif du club qu’il a totalement réorganiser jusqu’aux équipes de jeunes et a totalement reconstruit une équipe qui, ces dernières années, a perdu des joueurs tels que Richard Blanco, Pedro Ramírez, Gabriel Torres, Richard Clark, Anthony Blondell et Yeferson Soteldo. On y suivra avec attention la nouvelle pépite, Antonio Romero, l’homme du triplé en finale du championnat et sur qui Zamora compte bien s’appuyer pour jouer quelques mauvais tours dans un groupe constitué d’équipes à la problématique similaire : celle de la quête de la régularité.

grF

S’il est un groupe duquel deux équipes sont assez facilement détachable des deux autres, c’est bien le groupe F. Avec Palmeiras et Junior, on tient probablement non seulement deux candidats à la qualification mais surtout deux candidats au titre. Du côté de Verdão, champion du Brésil, le retour de Scolari a été un immense succès. Et avec l’homme qui a conduit le club au titre en 1999, tout est redevenu possible. Sur le terrain, le Porco est un monstre. Entre Weverton et Fernando Prass dans les buts, Edu Dracena, Marcos Rocha, Gustavo Gómez, Mayke, derrière, Felipe Melo à la récupération, Dudu, Raphael Vega, Moises, Lucas Silva, Alejandro Guerra, Bruno Henrique au milieu, l’arrivée de Ricardo Goulart qui s’ajoute à Deyverson et Miguel Borja devant, l’effectif est pléthorique, immense. Demi-finaliste l’an passé, Palmeiras ne cherche qu’une seule chose vingt ans après son unique titre, décrocher une deuxième étoile.

À ses côtés, Junior est le parfait outsider que nombre de non-initiés ne voient pas forcément venir alors qu’il possède lui aussi bien des qualités à faire valoir. Finaliste malheureux de la Sudamericana l’an passé (défaite aux tirs au but après un penalty manqué par Jarlan durant le match), Junior a réussi un premier tour de force, celui de ne pas s’appauvrir. Si Jarlan Barrera, magnifique meneur de jeu du Tiburón est parti, tout comme le puissant Yony González, pour le reste, c’est quasiment la même équipe qui aborder la Libertadores. On va donc y retrouver le duo Teó-Luis Díaz devant, l’excellent Víctor Cantillo au milieu, et quelques apports offensifs de taille, à commencer par Matías Fernández qui viendra jouer ce rôle de 10. Coaché par Luis Fernando Suárez, ce Junior est un réel danger pour celui qui n’y prendra pas garde, tout autre résultat qu’une qualification pour les huitièmes de finale serait un échec tant cette équipe possède bien des certitudes et des forces à chaque ligne.

Pour les deux autres membres du groupe, la principale lutte qui semble promise est celle pour la troisième place. Pour San Lorenzo, ce serait presque une réussite tant le Ciclón est à la dérive totale. Il faut en effet remonter au 23 octobre dernier pour trouver trace d’une victoire du vainqueur de l’édition 2014. Depuis, même après l’arrivée de Jorge Almirón, la mayonnaise ne prend pas. L’ancien du Granate a bien cherché à ramener quelques-uns de ses anciens joueurs, Fernando Monetti dans les buts, Román Martínez au milieu, rien n’y fait. San Lorenzo ne cesse de couler et on voit mal comment cette équipe pourrait venir lutter droit dans les yeux avec les deux géants du groupe. À moins d’un miracle. Reste que l’on saura vite de quel bois ce San Lorenzo est fait puisqu’il va débuter à Arequipa, au pied du Volcan Misti, à 2 300 mètres d’altitude. Un match qui conditionnera tout d’autant qu’il va l’opposer à l’autre prétendant à la troisième place voire mieux si possible, Melgar. El Dominó a déjà réussi un joli coup, en s’offrant la U en phase préliminaire, et a confirmé qu’il pouvait se montrer dangereux même après les départs importants que sont ceux de Diego Penny dans les buts ou Cristofer Gonzales au milieu. Mais le club réalise quelques jolis coups en attirant des internationaux, Carlos Cáceda prend place dans les buts, Christian Ramos arrive pour jouer la Libertadores, ou en signant Nicolás Freitas, finaliste 2011 avec Peñarol, pour équilibrer le milieu. Avec un Bernardo Cuesta toujours aussi présent devant, le Dominó peut bien venir bousculer la hiérarchie.

grG

Courir après la gloire éternelle, voilà donc désormais ce à quoi Boca est condamné. Tombé à Madrid en décembre dernier, les Xeneizes ont ainsi vécu dans la douleur la fin du cycle Barros Schelotto et se retrouvent désormais à devoir tout reconstruire. Gustavo Alfaro est arrivé sur le banc, fort d’un excellent début de saison avec le Globo, son travail consiste à devoir rapidement remettre Boca dans le bon sens tout en apposant sa patte. Une mission délicate, qui pour l’instant n’a aucun impact négatif en termes de résultats (bien au contraire), mais qui va prendre du temps avant que ce nouveau Boca tourne à plein régime. Sur le terrain, le trio clé du milieu Nández-Pérez-Barrios n’existe plus. Pablo Pérez est parti chez les rouges d’Independiente, Wilmar Barrios chez les bleus de Zenit. Derrière, le club envoie Rossi au Chili, se sépare de Jara, envoie Olaza en Espagne, perd Magallán, alors que Fernando Gago, que l’on pouvait espérer voir prendre place au milieu une fois sa blessure oubliée, a dit stop. Tout est à reconstruire donc et un nouvel équilibre est à trouver. Cela passe désormais par un système en pyramide, moins d’importance donnée aux couloirs, Mas et Buffarini n’étant pas de grandes forces de percussion, un milieu à trouver avec notamment la question de savoir comment intégrer Carlitos Tevez quand Mauro Zárate se montre plus convaincant. Bref, un chantier qui peut amener bien des dangers dans un groupe plus délicat qu’il n’y parait.

Car si le début d’année de l’Athletico Paranaense est loin d’être convaincant (avant dernier de son groupe de la Taça Barcímio Sicupira Júnior, première phase du championnat paranaense), l’effectif vainqueur de la dernière Sudamericana est en grande partie le même, renforcé d’éléments solides. On retrouvera donc Lucho González, les fusées Cirino et Nikão sur les ailes, quand Marco Ruben cherchera à faire oublier l’important Pablo devant. Tiago Nunes toujours aux commandes, il faudra donc s’attendre à retrouver un Furação toujours aussi plaisant à voir jouer et qui a clairement les moyens de venir perturber l’hégémonie annoncée de Boca dans ce groupe. Un rôle que le Deportes Tolima peut également envisager. Là encore, on a misé sur la continuité. Alberto Gamero a résisté aux appels d’autres clubs pour rester à la tête de ses Pijaos, Marco Pérez, 19 buts la saison dernière, est resté, il est rejoint par le Paraguayen Luis Caballero qui a déjà pris ses marques, et par deux anciens de Santa Fe, vainqueurs de la Sudamericana en 2015, Leyvin Balanta derrière, Yeison Gordillo au milieu. Cela devrait donner un peu plus d’équilibre et d’expérience à une équipe qui n’est finalement que peu habituée des joutes continentales (ce sera sa septième participation) mais qui pourra ajouter à son effectif de qualité, la chaleur d’Ibagué lorsqu’il accueillera ses adversaires.

Attention enfin au quatrième membre du groupe, Jorge Wilstermann. Car si nombreux sont ceux qui se souviennent de l’incroyable 0-8 pris au Monumental en Copa Libertadores 2017, il faut aussi et surtout ne pas oublier que l’Aviador n’avait pas perdu chez lui lors de cette folle campagne, écrasant au passage Peñarol (6-2), River (3-0) s’offrant Palmeiras (3-2) et l’Atlético Mineiro. Simple, le club de Cochabamba n’a plus perdu chez lui en compétitions continentales depuis 2014 (défaite 4-0 en Sudamericana face à Peñarol). Wilster installe Miguel Ángel Portugal sur le banc, rapatrie Gilbert Álvarez qu’il va pouvoir associer à Serginho devant avec en réserve l’excellent Ariel Núñez. L’effectif de Wilster est réellement compétitif, si le club parvient à faire comme en 2017, se montrer imprenable chez lui, il peut être générateur de bien des accidents.

grH

Vainqueur 2017, tombé en demi-finale au terme de cinq minutes totalement incroyables l’an passé, dire que Grêmio revient affamé est un euphémisme. Et cela tombe bien pour le Tricolor Gaúcho, le groupe qui lui est proposé est largement à sa portée même s’il va devoir faire attention à quelques pièges. Mais ce Grêmio est une machine, à l’image du Gaúcho qu’il réalise (six victoires, deux nuls, vingt-trois buts inscrits, un seul encaissé). L’effectif est riche : Luan est toujours là devant aux côtés d’Everton, le duo Geromel-Kanemann continue de protéger les cages désormais privées de Marcelo Grohe, parti dans le Golfe. À cela, le Tricolor ajoute deux renforts offensives, Diego Tardelli et Felipe Vizeu. Renato Gaúcho dispose ainsi d’une solide armada que l’on attend de voir tranquillement gérer sa phase de groupe avant de se lancer à la conquête du titre perdu l’an passé.

Reste que les dangers existent, ils sont deux principaux. Premier d’entre eux, le champion en titre au Chili, l’Universidad Católica. Formidable machine à efficacité la saison passée, les Cruzados ont perdu leur entraîneur, l’excellent Beñat San José, et ont dû en partie reconstruire. En partie seulement car si Gustavo Quinteros, auteur de passages très réussis en Bolivie et en Équateur (du côté d’Emelec et de la sélection), prend place sur le banc et devrait quelque peu entraîner des changements dans la philosophie de la Católica, côté effectif, au-delà des fins de prêt, peu de départs importants sont à noter, mise à part sans doute celui de David Llanos, auteur d’une bonne saison. Côté arrivées en revanche, la Católica a réussi plusieurs coups intéressants : elle rapatrie sa pépite Jeisson Vargas, auteur d’une saison moyenne du côté de Montréal, ramène au pays l’international Edson Puch, qui n’aura finalement brillé qu’à Necaxa en Liga MX (sans que ses performances soient finalement très décevantes à Querétaro), récupère César Pinares, venu libre, et conserve ses cadres. De quoi ainsi envisager être compétitive et viser la deuxième place derrière Grêmio.

Pour cela, il faudra apprendre à contrôler Libertad. Le Guma paraguayen est l’autre équipe capable de causer des accidents, l’Atlético Nacional, sorti dès le tour préliminaire pouvant en attester. Car le groupe de Leonel Álvarez possède de nombreuses qualités : un grand gardien, Martín Silva, de l’expérience derrière, avec Ivan Piris et      Paulo Da Silva, un excitant duo colombien Alexander Mejia – Macnelly Torres au milieu, le précieux Ayrton Cougo sur son aile gauche, un potentiel offensif monstrueux peuplé de légendes, la première d’entre toutes restant Óscar Cardozo. Simple, Libertad a tout du candidat à la deuxième place dans ce groupe, avec donc la Católica.

Reste un candidat dans ce groupe, sans doute le plus imprévisible de tous. Sur le papier, tirer Rosario Central dans son groupe signifie aller devoir vivre dans l’enfer du Gigante de Arroyito, devoir affronter un adversaire redoutable, sa dernière présence en Libertadores s’étant soldée par un quart de finale et une élimination à la 95e minute face au futur champion l’Atlético Nacional. Mais depuis bien des choses ont changé, surtout cette saison. Après avoir décroché la Copa Argentina, Rosario Central n’a cessé de glisser. Dix-septièmes de Superliga, les Canallas n’ont pas encore remporté le moindre match en 2019, poussant le vice jusqu’à se faire sortir d’entrée de Copa Argentina 2019 par Sol de Mayo, petite équipe de troisième division. Paulo Ferrari a été nommé entraîneur à quelques jours du début de la Libertadores, les certitudes, Rosario Central n’en a aucune. Surtout à l’heure d’accueillir l’ogre du groupe qu’est Grêmio.

Programme de la semaine

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.