Fort d’un avantage de deux buts, River Plate a résisté à son plus grand rival pour l’éliminer une cinquième fois de l’ère Gallardo. Un an après son titre, River retrouve une finale.

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S’il est une expression sur toutes les lèvres quelques heures après le coup de sifflet final de cette demie retour à la Bombonera, c’est bien « otra vez ». Encore une fois. Car oui, encore une fois, la cinquième en six ans, Marcelo Gallardo et son River ont sorti Boca. Avec, cette fois une approche plus défensive. El Muñeco avait annoncé que ses joueurs pouvaient s’adapter à toutes les situations, ils l’ont encore montré, oubliant leurs envies de flamboyance pour enfiler le bleu de chauffe et causer de nouveaux bleus à l'âme de Xeneizes pourtant valeureux. Car en face, Boca a fait du Boca sauce Alfaro : du cœur et de la sueur. Et beaucoup d’impact.

D’entrée de partie, les Xeneizes ont suivi la folie d’une Bombonera surchauffée et magnifique (même quand elle retarde le coup d’envoi de près de 20 minutes) et qui aura toujours poussé les siens, y croyant même alors que cela coutait à Boca d’être dangereux dans le jeu. Car le River mis en place par Gallardo a encore surpris tout le monde. Certes il a déçu nombre de ses sympathisants, mais il a eu l’intelligence de rapidement comprendre que la qualification ne passerait pas par le jeu mais pas une grande faculté à résister au combat imposé par un Boca qui a tout tenté avec les moyens dont il dispose. Alors les locaux n’ont eu essentiellement que les coups de pied arrêtés pour générer du danger mais en ont généré. De l’avertissement que fut le but refusé à Toto Salvio pour une main d’Emanuel Mas, au quasi contre son camp d’Enzo Pérez, les Xeneizes ont toujours fait passer quelques frissons sur ces phases arrêtées. Incapable de poser son jeu, avec un duo Pérez – Palacios souvent trop éloigné pour poser les fondations de la construction du jeu du Millo, et devant surtout faire son travail de l’ombre, River n’a pas été souvent très dangereux et s’est surtout appuyé sur un duo Milton Casco - Nicolás De La Cruz percutant. Le premier bloquant tout sur son couloir, le second se muant en principale force de percussion du Millo.

Le temps défilant, Alfaro a donc tout tenté, envoyant Zárate et Hurtado dans le combat à l’heure de jeu. Deux choix qui allaient s’avérer décisifs. Car d’entrée, Mauro Zárate a apporté du danger, a fait chauffer les gants d’un excellent et serein Armani. Puis Jan Hurtado était présent au second poteau sur la remise de Licha López pour raviver l’espoir au peuple xeneize. Il restait alors une grosse dizaine de minutes, que l’arbitre Wilton Sampaio allait transformer en gros quart d’heure, pour arracher une séance de tirs au but. Cela offrait surtout une fin de match sous tension. Car l’arbitre brésilien de la rencontre allait multiplier les coups de sifflet, les coups francs allaient se multiplier pour Boca, au grand désarroi du peuple millonario. Mais au bout de cette souffrance, River Plate se qualifie pour la finale, il défendra ainsi son titre. Marcelo Gallardo décroche sa quatrième finale continentale en six années passées sur le banc du Millo, il a déjà remporté les trois premières, et a sorti un nouveau River, moins flamboyant, moins sûr de lui, parfois fragile, mais toujours aussi redoutable. Un River qui a une fois encore sorti son rival préféré, laissant le peuple de Boca à une tristesse qui, il faut le souligner, fut sans doute la plus digne de toutes.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.