Après un intermède de quatre tournois totalement écrasés par Olimpia, le Cerro Porteño s’est appuyé sur une série historique depuis le retour du football pour décrocher sa trente-troisième étoile.

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Comme plus d’un siècle plus tôt, l’histoire s’est donc répétée. En 1918, la grippe espagnole se répand au Paraguay, met en pause les compétitions sportives. Cent-deux ans plus tard, la COVID-19 en fait de même. Et dans les deux cas, lorsque le football est revenu, le Cerro Porteño a été sacré. Depuis le retour du championnat, la bande au Chiqui Arce était inarrêtable. Sur les quatorze matchs disputés lors du sprint massif que fut cette fin d’Apertura, le Ciclón n’a laissé que quatre points sur le bord de sa route, dont les deux du dernier nul lors de l’ultime journée face au Sportivo San Lorenzo, avec au cœur de cette série, onze victoires consécutives. Ce sont ces victoires, notamment face à Libertad, Olimpia et Guaraní qui ont permis au club de Barrio Obrero de creuser l’écart et filer vers le titre quand le multiple tenant du titre, Olimpia peinait à reprendre sa marche et devait surtout gérer sa crise en interne avec un président condamné pour matchs truqués par la FIFA (et depuis remplacé) et que Libertad craquait complètement.

Il ne faut surtout donc pas voir le triomphe du Cerro Porteño comme un profit tiré des malheurs des autres. On l’a dit, avec douze victoires sur les quatorze matchs disputés depuis la reprise, le succès est incontestable et a permis au Ciclón de transformer un retard de sept points sur le leader en avance de cinq points. Pour cela, Francisco Arce a imposé un jeu fait de transition rapide avec une parfaite occupation des espaces et surtout s’est appuyé sur ce que le Cerro a de mieux, sa cantera. Les piliers du titre se nomment ainsi Mathías Villasanti, le capitaine de vingt-trois ans, essentiel au milieu et qui a pris part à douze des treize derniers matchs, ou encore Alexis Duarte, vingt ans, dont l’association avec Juan Patiño dans l’axe de la défense s’est rapidement transformée en muraille infranchissable.

Derrière, le fauteuil du dauphin revient à Olimpia qui, avec sa nouvelle commission de direction, va devoir reprendre sa marche en avant et devrait surtout se focaliser dans les semaines qui vient sur ses rêves de Libertadores avec une qualification à aller chercher à distance avec Defensa y Justicia. Même son de cloche côté Libertad, qui a mis fin à l’ère Ramón Díaz, et va devoir désormais reconstruire avec Gustavo Morínigo pour oublier une reprise du football qui lui aura finalement coûté un titre qui semblait lui tendre les bras. Reste que le temps est compté, le Clausura qui débute dans deux semaines s’annonce encore plus dense. Et pour cause, le Torneo Cristóbal Maldonado (nom officiel de ce tournoi de clôture) va être raccourci : les douze équipes s’affrontent une seule fois (onze journées donc), à l’issue de cette phase, les huit meilleurs se retrouvent ensuite engagés dans une formule type play-offs sur match sec (avec tirs au but direct en cas de match nul). Chaque équipe jouera donc cinq matchs à domicile, cinq à l’extérieur, un sur terrain neutre et l’on évoque la possibilité d’un retour progressif du public. Le mercato paraguayen vient d’ouvrir ses portes, il se ferme à la fin du mois, le championnat quant à lui prendra fin en décembre prochain. Le tout alors que pendant ce temps, les divisions inférieures n’ont toujours pas reçu le feu vert pour taper de nouveau dans le ballon. Elles ne devraient d’ailleurs pas reprendre en 2020…

Classement final de l’Apertura

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Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.