Peñarol remporte l’Apertura assez facilement grâce à une demi-saison durant laquelle le club est toujours invaincu en championnat. Avec en plus la qualification « exceptionnelle » en Copa Libertadores, le club aurinegro réalise une demi-saison de haute volée de la main de Diego Aguirre.

Peñarol avait la main après dix journées grâce à un début de tournoi sans défaite, avec seulement deux nuls depuis le début de la saison. Depuis, le club a enchaîné les victoires en championnat et en Libertadores, s’imposant contre Caracas, l’Atlético Mineiro, Defensor, Progreso et Rosario Central. En compétition continentale, ces trois victoires ont permis une qualification que le club n’avait pas réussie depuis longtemps et qui efface des tablettes, à défaut des mémoires, quelques frustrations comme celle de l’élimination par Flamengo il y a de cela quelques années. Il suffit de voir la joie de tout le peuple carbonero à la fin du match pour comprendre ce que cela signifie pour ce club, quintuple vainqueur de la compétition.

Pour ce qui est du championnat, Peñarol avait un calendrier objectivement plus compliqué que son adversaire de toujours pour les dernières journées, avec des adversaires du haut de tableau comme Defensor ou Progreso. Ce calendrier a été rendu beaucoup plus facile par un « événement » exceptionnel, un cygne noir, la déroute 4-1 de Nacional contre l’équipe qui était à l’époque dernier du championnat, Fénix. Ce match de la douzième journée a été marqué par les quatre buts marqués durant la première demi-heure de jeu par Fénix, dans une partie de match où l’équipe semblait inarrêtable, marquant au passage de très jolis buts. Après le penalty marqué par Juambeltz à la 32e (4-0), il fallait voir l’équipe bolso se regrouper au milieu du terrain pour serrer la défense, pour comprendre que quelque chose ne tournait pas rond. Pourtant Recoba n’avait pas fait tourner tant que cela, mais les latéraux notamment n’y était pas. Finalement, Fénix l’a emporté 4-1 et a commencé une série de trois victoires rendant possible son maintien. Nacional a perdu trois nouveaux points sur Peñarol perdant tout espoir pour ce qui est de l’Apertura. Côté Nacional, la demi-saison n’en reste pas moins assez bonne avec une qualification en Libertadores et une course poursuite toujours en cours (et de première importance au vu du très gros chèque à la clé) pour une potentielle qualification au grand championnat du monde des clubs organisé par la Fédération Internationale de Football Association.

Peñarol en a donc profité, avec deux victoires poussives contre le Wanderers du Tony Pacheco et contre le Defensor, avant de battre plus largement Progreso avec une équipe bis. Après une fin de saison 2023 compliquée, Diego Aguirre a réussi à modeler une équipe à sa main avec un attaquant pivot (le plus souvent Maxi Silvera) marquant assez peu mais occupant l’espace et, derrière, trois joueurs très mobiles devenant parfois des attaquants comme Leonardo Sequeira. L’Argentin réussit, du haut de ses vingt-neuf ans, la meilleure saison de sa carrière en termes de but et de temps de jeu. Omniprésent au milieu, on retrouve aussi Leo Fernández qui réussit exactement la saison que les supporters attendaient, ce qui est une grande satisfaction et un réel plaisir, car le petit milieu de terrain fait partie des joueurs qui sont agréables à voir jouer et capables de frapper de loin et de marquer. Si on rajoute à tout cela du Lucas Hernández, du Maxi Olivera et même du Léo Coelho qui se met dans le rythme en cette fin de saison… De quoi nourrir tout un tas de rêves et d’espoirs… Il faudra voir si l’équipe est maintenue lors de la deuxième partie de saison (notamment Léo Fernández). En championnat, il y a une sorte de malédiction ces derniers temps qui fait que les équipes remportant l’Apertura ne remportent pas le championnat, ce n’est plus arrivé depuis… Peñarol en 2015/16. En Libertadores, il y a un tel écart de budget avec les Brésiliens que tout est impossible. Il n’en reste pas moins que parfois, rarement pour être honnête, ce club a la capacité de faire vriller le domaine des possibles.

Pour le reste, derrière les deux « grands » qui semblent intouchables, un trio de trois équipes jouant bien s’est constitué avec Boston River, Progreso et Defensor. Progreso a marqué un peu le pas avec quatre défaites en quatre matchs, l’équipe de Canobbio n’a plus la même chance qu’en début de saison quand tout rentré. Boston River et Defensor sont les deux bonnes équipes à voir jouer, la saison des violets est en plus déjà agrémenté du titre de la Copa Uruguay… 2023, remporté en toute logique le 23 mai 2024 dans un Centenario bien vide contre Torque.

Les buts

Résultats et classement

 

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba