A l’issue d’un Clausura parfait et de finales maitrisées, Peñarol remporte un nouveau titre national ! Defensor méritait sans doute mieux au vu de sa saison, mais les Carboneros étaient décidemment invincibles en cette fin 2017. Retour sur les finales.

banlomag

Peñarol cumulait respectivement 9 et 11 points de retard sur le Defensor et Nacional en début de ce tournoi de clôture. Avec le recrutement de grande classe du dernier mercato (Maxi Rodriguez, Walter Gargano, Guille Varela ou Lucas Viatri), on s’imaginait au mieux un Peñarol remportant le tournoi de clôture pour réussir à s’insérer dans une finale contre le vainqueur du classement annuel. Las, après quatorze victoires en quinze matchs, dont un clasico remporté de main de maître contre Nacional, Peñarol a réussi à gagner le clausura et à terminer à égalité de point au classement annuel avec le Defensor. Cette égalité a entraîné un premier match mercredi dernier pour déterminer le vainqueur du classement annuel.

Ce match s’est révélé clef dans le duel entre les deux équipes. Un Defensor sans Correa ni Carneiro mais dans son 3-5-2 traditionnel affrontait un Peñarol sans Varela dans son 4-4-2 traditionnel avec les deux excentrés (Rossi et Estoyanoff) très offensifs. Il faut tout d’abord rappeler à quel point cette équipe du Defensor a été séduisante tout au long de la saison. Avec 86 points sur 37 matchs, seulement trois défaites, 2017 restera une année record pour le club violet. Des joueurs que nous reverrons durant les années à venir ont explosés comme Maxi Gomez, Ayrton Cougo ou Gonzalo Carneiro. Le milieu à cinq d’Acevedo a régalé, avec des joueurs techniques et plaisants comme Benavidez ou Cardacio. Malheureusement, s’il est un leitmotiv à cette saison du Defensor, cela aura aussi été la difficulté à jouer contre les deux grands. Comme contre Nacional il y a dix jours, le milieu a eu mercredi du mal à se projeter et à créer le déséquilibre nécessaire dans le jeu pour ne pas que la stratégie d’équipe ne se résume qu’à surpeupler le milieu de terrain. C’est un peu ce qui s’est passé mercredi avec un choc assez destructeur au milieu, peu d’occasions donc dans ce match. Avant la mi-temps, Defensor a l’occasion de marquer sur un cafouillage dans la surface mais le ballon est sauvé de justesse par Dawson et Arias (le ballon aurait dépassé la ligne mais pas intégralement, c’est assez tendu au ralenti et il n’y a pas de Goal Line Technology au Centenario). Dawson a sauvé son équipe à quelques reprises durant ce match, il aurait pu être l’homme du match si, à la 94ème, et alors que les deux équipes semblaient s’acheminer vers le nul, Peñarol obtenait un corner suite à une erreur de concentration sur un dégagement de Reyes. Sur ce corner, ce même Reyes panique et s’élance vers le ballon alors que le centre est trop lointain. Cebolla Rodriguez coupe la trajectoire bien avant le gardien et permet à son équipe de battre Defensor presque contre le cours du jeu, à la dernière minute. À noter à la fin du match la simulation de l’entraîneur adjoint du Defensor, et également frère de l’entraîneur principal Acevedo, qui se tient la tête soi disant frappé par l’arbitre… alors que le ralenti montre clairement que rien ne s’est passé. Cette image fera le tour de l’Uruguay mais le classement annuel étant décidé, il ne reste plus qu’à jouer ce dimanche le match de barrage entre le vainqueur de l’Apertura et le vainqueur du Clausura. De nouveau : PeñarolDefensor.

Pour ce match, Peñarol est au grand complet, avec l’équipe type qui a survolé la deuxième partie de saison : Dawson – Hernandez, Arias, Formiliano, Varela – Cebolla, Gargano – Rossi, Estoyanoff – Maxi Rodriguez et Viatri. Par contre, côté Defensor, Carneiro n’est toujours pas de retour (quel vide en attaque en son absence), Cougo est suspendu, et Reyes est blessé. Benavidez, incertain, est quant à lui bien aligner mais se blesse dès la cinquième minute. Dans ce cadre, et dans un Centenario rempli de supporters de Peñarol n’attendant que le titre, le Defensor va plus souffrir que lors du match précédent. On voit beaucoup plus Rossi (qui se manque sur un un contre un) ou Estoyanoff. Le match reste malgré tout très serré et très disputé à cause de l’enjeu. Les fautes se multiplient, quelques joueurs comme Waterman sont très tendus et les contestations sont permanentes, comme Lamas, capitaine du Defensor, qui conteste au début de la prolongation le tosse de l’arbitre. Au final donc, peu d’occasions, un 0-0 de finale, et des tirs au but pour savoir si stop ou encore. À ce petit jeu, aucun des deux gardiens ne va toucher le cuir mais deux tireurs du Defensor vont voir leur frappe fuir le cadre. La première est celle de Piquerez, milieu gauche remplaçant de Cougo, qui aura pourtant été plutôt bon dans le match, et la deuxième est celle d’Hector « Romario » Acuña, dont la frappe s’envole très bizarrement dans cette soirée montévidéenne, frappe qui consacre Peñarol. Les joueurs peuvent soulever la coupe, en dehors du podium installé par l’AUF avec ses grands logos Coca-Cola, les joueurs s’étant rendu compte que Coca paie directement la société diffuseur et non l’AUF pour le sponsoring, comme cela devrait être fait. On assiste donc à cette scène un peu hallucinante des joueurs recevant le trophée, refusant toutes mentions du sponsor, et courant loin du podium comme on s’éloignerait de la peste. Dans tous les cas, les hommes de Leo Ramos peuvent savourer.

Côté Defensor, Acevedo a construit son équipe en jouant le rôle du « petit » contre les grands, de David contre Goliath. Au final, sur quelques matchs à enjeux, cela s’est retourné contre lui, son équipe n’ayant pas le naturel qui l’a porté jusqu’aux sommets. Lors de ces finales, l’équipe a bien tenu le coup, a rarement été mise en danger. Lamas notamment, a été un pilier extraordinaire pour cette équipe, mais Maulella ou Correa ont aussi été bien en place. dawsonLe milieu a bien fait son travail de contention mais moins de création. Benavidez avant sa blessure ou Cabrera ont été un peu en dedans. Waterman a manqué de précision au match aller, avant de sombrer dans la frustration au retour. Castro n’a pas été exceptionnel non plus en attaque. Que la finale aurait été différente avec Maxi Gomez ou Carneiro en pointe ! Côté Peñarol, Arias a été un vrai leader, au côté de Formiliano. Les latéraux ont moins montré que d’habitude, que ce soit Hernandez ou Corujo. Varela a été dynamique en début de match avant de baisser le pied petit à petit. Au milieu Gargano a tenu la maison, délivrant même quelques belles passes. Rossi a également été très en jambes. On a peu vu Viatri, avec trois défenseurs sur le dos, mais justement son travail a consisté à mobilier ces trois défenseurs. Travail bien fait. Quand Palacios est entré, il n’a pas réussi non plus à bouger la défense.

Joueur de ces finales : Kevin Dawson, invaincu.

Qui l’eut cru, que le petit gardien de Colonia, arrivé remplaçant sur la pointe des pieds pour faire éventuellement face au départ du grand Gaston Gurruceaga, immense espoir du club et champion 2015/2016, finirait par s’imposer titulaire et serait grand lors des finales ? En tout cas, il est là, précieux, Peñarol n’a pris que 7 buts sur ses 17 derniers matchs et c’est en grande partie grâce à lui. Il est fiable sur sa ligne mais aussi rapide et toujours bien placé sur ses sorties. Gurruceaga l’a chaudement indiqué sur tweeter, dans un tweet où il souligne les qualités de son collègue. Toujours propriété de Plaza Colonia, Peñarol dispose d’une option d’achat à 500 000$ qui sera surement levée.

Pour le reste

Finales pour la descente entre Sud America et El Tanque. El Tanque a gagné le match aller malgré la domination de Sud America. La IASA a remporté le retour. Il y aura donc un troisième match de Desampate.

Finales également entre Villa Teresa et Progreso pour la montée. A noter que Central Español, bien placé à la trêve, ne montera finalement pas suite à une deuxième partie de saison catastrophique après le départ du « loco » Abreu. De son côté, Torque a annoncé vouloir jouer en première division à Las Piedras, ville de la banlieue large de Montevideo. Pezzolano, qui avait fait un travail incroyable en deuxième division, a quitté Torque, remplacé un argentin globe-trotteur, Marini.

Peñarol a engrangé ce week-end un nouveau titre mais également un nouveau président. Suite aux élections de samedi, et pour la première fois depuis de très nombreuses années, un Damiani n’est plus président du club aurinegro. Pas de révolution car c’est le candidat choisi par Damiani qui a été élu, Jorge Barrera. Il a cela dit été élu en minorité, l’opposition étant divisée.

Côté Nacional, Lasarte a démissionné, remplacé par un homme du club, Medina, ancien joueur et entraîneur actuel de la réserve. Ligüera prend sa retraite sportive et remplace Medina à la tête de la réserve. Conde devrait partir, son contrat arrivant à échéance (on parle du FC Bruges), et des joueurs comme Porras ou Espino ne seraient pas retenus.

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba