On fait le Bilan, calmement, en se remémorant chaque instant, on parle des vieilles histoires de cette année en écoutant le Lolo chanter.
Le championnat : La remontée fantastique de Peñarol
Le championnat a été marqué par un retour au calendrier sud-américain, avec Apertura jusqu’à mai, intermedio pendant l’hiver, puis Clausura d’août à décembre, changement accompagné d'un accroissement du nombre de matchs dans l’année (47 au total pour le classement annuel). Il a aussi été marqué par une augmentation des normes de sécurité avec la mise en place de caméra de reconnaissance faciale, l’interruption des matchs au moindre incident ou la réduction des parcages visiteurs. Dans l’ensemble, c’est un incontestable succès, pas de grandes batailles de rue comme lors des derniers championnats, pas de bombonnes de gaz balancé sur les forces de l’ordre, pas de tirs dans les toilettes du Centenario. Tout cela a eu un prix, la baisse de l’affluence dans les stades, mais y a-t-il vraiment une autre manière de faire, débat interminable. En tout cas, on a eu cette année droit à plusieurs clasicos sans incident, et cela faisait de nombreuses années que ce n’était pas arrivé, il n’y a eu que deux suspensions du championnat dont une suite à l’agression d’un arbitre, mais dans les divisions de jeune. L’Apertura a été marqué par le duel entre Defensor et Nacional. Après un nul lors du clasico entre Peñarol et Nacional, à saveur de victoire pour le bolso, les deux leaders Defensor et Nacional pour un match qui restera comme celui de l’apothéose de l’ère Acevedo avec une victoire claire et contondante, Maxi Gómez et Bueno éclairant la rencontre de leur classe, profitant à fond du travail de leurs coéquipiers. Score final 3-2, le Defensor ira valider définitivement son titre lors de la dernière journée au Capurro, face à Fénix, grâce encore une fois au meilleur joueur de cette première partie de saison, le grand Maxi Gómez. Durant cet Apertura, il faut noter aussi que Peñarol est très décevant, inefficace en attaque, les hommes de Leo Ramos concèdent trop de matchs nuls pour inquiéter les leaders. L’Apertura est suivi d’une compétition toute neuve, divisant le championnat en deux poules ou le vainqueur de chaque poule s’affronte en finale. De nouveau, Defensor et Nacional survolent les débats. La finale entre les deux est remportée par le Nacional 1 à 0 au terme d’un match beaucoup plus terne annonçant la fin des festivités pour les deux équipes. A la fin de ce match, et à 14 journées de la fin, les deux possèdent respectivement 9 et 11 points d’avance sur Peñarol.

Et pourtant, ce sont bien les carboneros qui, au terme de quatre mois de toute beauté, vont arracher le championnat. Après un mercato très mouvementé, avec le départ de Nandez, de Junior Arias ou de Cavallini, mais les arrivés de grands noms comme Maxi Rodríguez, Walter Gargano, Lucas Viatri ou Guillermo Varela, Peñarol attaque le Clausura avec un seul objectif : gagner ce tournoi pour accéder aux finales. Mais après série de douze matchs sans défaite dont une belle victoire lors du clasico 2 à 0, Peñarol arrive à être premier du classement annuel ex-aequo avec le Defensor. Malgré une bonne saison, Nacional perd tout sur la fin, ne prenant (comme le Defensor d’ailleurs) qu’un point lors des deux derniers matchs. Les finales se jouent donc entre Peñarol et Defensor, et à ce petit jeu, lors de matchs âpres, Peñarol arrache le titre sur un but de la tête de Cebolla lors du premier match et aux tirs aux buts lors du deuxième. En un an, de la main de Léo Ramos et grâce aux dirigeants, Peñarol s’est reconstruit et a conquis un titre, une ligne de plus à son palmarès. Au classement annuel, un gouffre sépare les trois clubs des autres, Wanderers arrivant quatrième 28 points derrière le Nacional troisième.
En bas de tableau, descendent finalement Plaza Colonia, Juventud de Las Piedras et Sud America. Grande tristesse pour Colonia, club attachant. Moins de sentiments pour Juventud et Sud America, pour diverses raisons.
Équipe de la saison

Remplaçants qui auraient été titulaires s’ils avaient fait toute l’année
Dawson / Varela / Formiliano / Zunino / Gargano / Maxi Gómez
On retrouve dans l’équipe type un gardien surprise, puisque Denis n’est pas une tête d’affiche du championnat, mais il a fait quelques matchs extraordinaires. Il prive le Defensor du classement annuel à lui tout seul lors de la dernière journée. Au niveau des défenseurs, on retrouve un trio avec du capitaine comme Lamas et Polenta, leaders de leur équipe, et le pilier Ramon Arias. Polenta n’est honnêtement pas mon joueur préféré mais il garde une côte élevée et a marqué quelques buts clefs pour son équipe. Un milieu à cinq avec Cougo côté gauche, véritable mobylette, Arismendi, Cardacio et Cebolla dans l’axe, expérience et technicité, et Suarez côté droit, moins bon que Cougo mais tout aussi efficace même si parfois ses dribbles donnent envie de l’emplafonner. En attaque, l’inusable Maureen Franco a régalé du côté du Cerro, alors que Palacios a réussi une saison historique avec Peñarol mais aussi et surtout avec les Wanderers en première partie de saison. Le coach de l’année, cela est clair au niveau de l’organisation, est le brave Eduardo Acevedo.
Au niveau continental : Personne n’a survécu à l’hiver
Côté Libertadores, ça s’est mal passé dès les phases préliminaires. Cerro perd 5-2 au total contre l’Union Española chilienne et les Wanderers 6-0 en cumulé contre les Boliviens du Strongest. Même pas de troisième tour donc, les petits uruguayens sont vites balayés. La phase de poule sera une lente agonie pour Peñarol, avec notamment un 6-2 retentissant en Bolivie lors du match aller contre The Strongest, et une défaite 2-3 contre Palmeiras au Campeon del Siglo avec bataille générale en fin de match. Beaucoup de frustration, mais Peñarol n’était vraiment pas en forme en ce premier semestre.

Pour Nacional, les choses se passent un petit peu mieux, mais en trompe l’œil. Le Bolso profite du mauvais allumage des clubs argentins pour battre Lanus, futur finaliste, en Argentine. L’équipe gère ensuite mais assez mal, perdant notamment contre Zulia FC, et se fait peur jusqu’à la fin. Au final, le Bolso se qualifie avec seulement 8 points, grâce à la perte des points de Chapecoense ayant aligné un joueur suspendu… En huitième, malgré un bon match aller perdu injustement 1 à 0 face à Botafogo,Nacional perd également le retour et s’arrête là.
Côté Sudamericana, rien à dire. Boston River est la seule équipe ayant passé un tour face aux Commerciantes Unidos. Logique donc. Les autres ont fait parfois des beaux matchs comme Danubio face à Recife ou Liverpool face à Fluminense, mais n’ont pas réussi à passer.
La Celeste : à 7 matchs officiels du titre
Le début d’année a été compliqué pour l’Uruguay. Deux défaites ont failli enrayer la belle mécanique en route depuis le début des éliminatoires : une logique contre le Brésil, 4-1 à domicile, et une autre plus dure à avaler contre le Pérou à Lima. Heureusement, le processus est solide, et l’équipe savait ce qu’elle avait à faire. Cela commence par un match nul bien joué contre l’Argentine, puis une victoire contre le Paraguay à Asuncion. Avec ces quatre points dans la besace, la Celeste n’avait plus qu’à laisser ses adversaires s’écharper, et à contempler le spectacle de la dernière journée.
Au final, l’Uruguay termine deuxième, qualifié directement pour la première fois depuis la mise en place du système à une poule. Mais la fin de ces éliminatoires a vu une autre révolution pour l’Uruguay, moins perceptible mais qui aura ses conséquences en juin : un profond renouvellement du milieu. En effet, la structure défensive Muslera / Godin / Gimenez / Caceres et la structure offensive Suarez / Cavani restent en place mais, au milieu, exit Arevalo Rios, Nicolas Lodeiro ou Carlos Sanchez. A leur place, les jeunes Bentancur, Valverde ou De Arrascaeta s’imposent. Tout cela va s’organiser, en fonction de la stratégie et des présents, mais l’Uruguay devrait avoir un profil plus joueur. Attention cela dit à ne pas vouloir trop en faire, comme on l’a vu lors des matchs amicaux contre la Pologne ou l’Autriche.
A l’AUF, le goût de la grève
Au niveau institutionnel, le printemps a été marqué par la grève des footballeurs, se battant pour leur droit à l’image, à la suite des joueurs de la sélection. Au final, un an après le début des revendications, le ministère est intervenu et a redonné les clefs du syndicat des joueurs aux joueurs. Les joueurs de Peñarol ont fêté leur titre dans une atmosphère étrange, refusant de monter sur le podium installé par l’AUF comprenant des pubs Coca Cola un peu partout. La lutte devrait continuer l’année prochaine, des joueurs comme Lugano, très impliqué, devrait profiter du retour au pays pour assécher le marécage.



