Une petite pause et ça repart en Uruguay ! Le championnat reprend ses droits ce week-end avec la première journée du tournoi Apertura. Peñarol va t'il enfin passer la phase de poule en Libertadores ? Nacional va t’il se réveiller ? Defensor conserver son équilibre et titiller les grands ? Les outsiders seront ils meilleurs qu'en 2017 ? On n'en sait rien, mais voici, au moins, la présentation du meilleur championnat du monde. Alors on retourne une dernière fois le Chorizo sur le grill (si, si, je t'assure, quand il est noir, c’est qu’il est cuit), on remet de l’eau à bouillir, et on profite.

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Le format

Trois tournois donc, un Apertura qui commence en ce début février et qui devrait se terminer en avril. De mai à début juin nous aurons le tournoi intermédiaire, regroupant en deux poules toutes les équipes du championnat. Les vainqueurs de chaque poule joueront une finale pour désigner le vainqueur. Et enfin un tournoi Clausura de mi-juillet à fin novembre, avec finales possibles en décembre, si besoin. Le tout étant évidemment interrompu, entre l'Intermedio et le Clausura, par la victoire de l'Uruguay à la Coupe du Monde. Autre nouveauté : les Clásicos se joueront dans les stades respectifs des grands. La possibilité d’une fête. Les deux premiers sont qualifiés directement pour la Libertadores, les 3ème et 4ème pour les barrages, et de la 5ème à la 8ème place pour la Sudamericana. Seulement deux équipes devraient descendre, avec une moyenne faite sur deux saisons.

Le trio de champions

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Nom complet : Club Atlético Peñarol

Surnom : Manyas, Carboneros, Aurinegros…

Stade : Campeón Del Siglo, très joli stade pouvant accueillir 43 000 personnes, situés dans les limbes de Montevideo. Plutôt que la voiture, privilégiez le bus depuis Tres Cruces.

Coach : Leo Ramos         

Peñarol, sujet de conversation préféré des supporters du Nacional, est le club le plus titré d’Uruguay. Un long débat existe sur sa date de création, débat dont l’objet est de définir quel est le club le plus ancien. En effet, le Club Atlético Peñarol est la suite (ou pas, selon les théories nacionalophile) du C.U.R.C.C pour Central Uruguay Railway Cricket Club, fondé en 1891, la transition entre les deux ayant eu lieu en 1913 (pour en savoir plus, lire 15 juillet 1900 : Nacional – Peñarol, la naissance du clásico total). Dans tous les cas, Peñarol a remporté cinq Libertadores dans son histoire, deux de plus que son rival, et a remporté deux quinqueños (quintuplés) sur le plan national. Attention cela dit, depuis le début des années 2000, Nacional s’impose beaucoup plus fréquemment en championnat.

Le dernier exercice a été excellent pour Peñarol. Il a en effet commencé dans la difficulté, dans la foulée d'un tournoi spécial complètement raté, avec de nombreux matchs nuls et une équipe dans le doute, et s'est terminé avec une équipe championne, une nouvelle ossature, des référents, des jeunes stars, un coach confirmé qui va entamer sa troisième saison si on prend le bout de 2016 qu'il a fait. Bref, une équipe sérieuse, sachant ou elle va, vendant avec parcimonie pour se faire de l'argent (Diego Rossi) mais conservant ses piliers. Peñarol ressemble au Nacional d'il y a deux ans. L'objectif maintenant sera simple : évidemment faire bonne figure en championnat, mais surtout passer la phase de poule en Libertadores. Ce sera une véritable obsession pour tous les joueurs, dont certains qui ne sont plus très jeunes et qui voudront y briller et pourquoi pas viser le titre. On rêve ? Oui, un peu, mais c'est le principe. La poule est composée de Libertad du Paraguay, du plus fort (mais à domicile) de Bolivie et de l'Atlético Tucumán, et ça ne commencera que vers la mi-mars. L'équipe a donc la même ossature que l'année dernière. Niveau départ, le seul titulaire est Diego Rossi, qui s'est envolé vers Hollywood pour beaucoup d'argent (un peu plus de trois millions de dollars selon les rumeurs), mais également Yefferson Quintana également parti aux USA, ou Guruceaga, qui essayera de s'imposer au Paraguay à Guaraní. Viatri est toujours sous contrat mais souffre de l’œil depuis un accident de pétard le soir de noël… Il est indisponible pour une durée indéterminée.

Objectif : Libertadores

Le pilier de l’équipe

Le pilier de l'équipe, c'est Walter Rodríguez, ou Cristian Gargano. Avec Gargano (beau-frère de Marek Hamšík) et Cebolla, le milieu de terrain a été le pilier de la réussite carbonero lors de la deuxième partie de saison. Tout passe par eux, tout part d'eux. Gargano gratte un nombre incalculable de ballon en vrai milieu récupérateur, et Rodríguez bonifie le tout, par sa vision du jeu. C'est une idée de Léo Ramos que de le mettre au milieu du terrain et non plus sur son côté gauche ou il ne peut plus apporter autant de vitesse au vu de son âge. Ce fut un choix judicieux. Les deux compères s'éclatent, et ça se voit.

Le jeune espoir qui sera revendu l'été prochain

Agustin Canobbio a été recruté à Fénix pour suppléer le départ de Diego Rossi et l’international uruguayen dans les catégories de jeune a fait les choses à merveille lors des Clásicos d'été. Alors qu'on cherchait peut-être un changement de dispositif pour inclure la recrue Fidel Martínez avec Maxi Rodríguez et Cristian Palacios en mettant Maxi sur le côté en remplacement de Rossi, Canobbio a pris la place et n'a pas laissé passer sa chance, permettant à Léo Ramos de conserver son dispositif. Le petit milieu/ailier droit n'est pas très épais comme son prédécesseur, mais possède des qualités techniques qui vont lui permettre de se révéler.

Le meilleur joueur étranger du championnat

Maxi Rodríguez poursuit donc l'aventure, alors que les médias l'avaient annoncé un temps « malheureux » à Peñarol. Que neni, à son poste de numéro 10, il nous régale chaque week-end de ses gestes et de sa technique et il a rempilé pour six mois chez les manyas. Un crack, un vrai.

Defensor

defensorNom complet : Defensor Sporting Club

Surnom : Viola ou Violeta

Stade Franzini, 18 000 places, avec une magnifique vue sur la Rambla, idéal en été mais avec un vent meurtrier en hiver. Stade le plus « accessible » après le Centenario si vous n'avez qu'une journée à Montevideo.

Coach : Eduardo Acevedo

Club du centre-ville de Montevideo, considéré comme « huppé », également un historique du championnat avec 4 titres, dont le premier du football professionnel d’une équipe hors Peñarol et Nacional en 1976 (titre dont vous pouvez retrouver l’histoire dans le numéro 1 du magazine Lucarne Opposée). Il a formé de grands joueurs comme Sebastián Abreu, Diego Godín ou Maxi Olivera. Comme d'habitude, le club a été pillé durant le mercato avec les départs de Lamas ou de Carneiro. Moins que prévu cela dit car les transferts de Benavidez et de Castro semblent avoir capoté. L'équipe devrait donc garder une structure assez semblable à l'année dernière pour la Libertadores, enchantant notamment avec son milieu à cinq : Cougo, Benavidez Cardacio, Cabrera, Suarez.

Objectif : Confirmer la saison précédente, et bien figurer en championnat en lançant une nouvelle génération qui sera vendu dans six mois.

L'espoir qui sera vendu dans six mois

Rigolo mes petits guides. En 2016, j'avais indiqué dans cette rubrique Arrambari et Lozano, vendu six mois plus tard. En 2017, j'avais indiqué Maxi Gomez. Vendu six mois plus tard. La, j'allais mettre Carneiro, mais il vient d'être vendu. Il ne me reste plus qu'une solution : indiquer les joueurs de moins de 18 ans non-encore vendu par le club : Juan Manuel Boselli et Facundo Milan. Les deux vont avoir du temps de jeu cette année avec la Libertadores, Boselli en tant que deuxième attaquant/numéro 10, déjà appelé chez les espoirs, très technique mais un peu frêle. Facundo Milan a lui commencé à 16 ans l'année dernière en marquant déjà des buts. Attaquant de pointe, il a l'air pour le moment plus rustre que ses prédécesseurs Gomez ou Carneiro, mais le Defensor fait toujours des miracles.

Les joueurs qui restent

En défense, le club a Nicolas Correa, pilier chauve comme on les aime en rugby, qui va stabiliser une défense ayant beaucoup souffert l’année dernière. Au milieu, Matías Cardacio est resté malgré la possibilité de jouer dans le golfe, et ça, c'est un vrai régal, Cardacio étant le métronome du milieu de terrain. C'est aussi le cas de Cougo qui est parti pour rester et qui enchantera la Libertadores sur son couloir gauche.

Nacional

nacionalNom complet : Club Nacional de Futbol

Surnom : Bolsos, Tricolores, Albos…

Stade : Gran Parque Central avec une capacité pour 26 500 places. En cours d'agrandissement.

Entraîneur : Alexandre « Cacique » Medina (suis-je le seul à trouver que ce mec dégage une classe incroyable?)

Deuxième grand club d'Uruguay, avec à son palmarès trois Libertadores, et 45 titres en championnat. Les idoles locales s'appellent Hector Scarone, Atilio Garcia et Alvaro Recoba. C'est historiquement le club national, par opposition aux clubs formés par des anglais comme Peñarol. Aujourd'hui, cet aspect « politique » a disparu, laissant la place à une simple opposition de clubs. Le club a étrangement raté sa saison 2017. L'équipe était bonne, l'entraîneur était bon, et sur quelques matchs du Clausura contre des équipes de bas de classement (El Tanque, Sud América), l'équipe a tout perdu. À trois points prés, l'équipe aurait joué les finales. Elle se retrouve à jouer le barrage de Libertadores, zone très inconfortable, face à un Chapecoense lancé. L'équipe vient, en plus, de perdre assez salement les deux Clásicos d'été. Attention au démarrage... À noter les départs d'Aguirre (Botafogo) et de Ramirez, mais les arrivés de Bergessio et les retours de De Pena et Santiago Romero. Au vu de l'équipe et des matchs amicaux, attention surtout à la défense côté Bolso.

Objectif : La Libertadores d'abord, le titre ensuite. Mais surtout, se remettre à l'endroit.

L’espoir qui sera vendu dans un an 

Une équipe italienne aurait vraiment fait une proposition de 2 millions de dollars pour Rogel ? Hihihi.

La gloire du quartier

Malgré ses 25 ans, Diego Polenta est le leader naturel de cette équipe. Et, le fait qu’il reste à Nacional est la principale nouvelle pour les Bolsos. Polenta n’est pas seulement le capitaine de l’équipe mais aussi l’un des joueurs les plus importants. L’équipe est différente lorsqu’il n’est pas sur le terrain. Il devrait déjà ne plus être au club, mais c'est le joueur le mieux payé du championnat, et il a trop tendance à rompre une durite lors des matchs importants, cela nuit à sa carrière. Il devait aller jouer en Italie, mais a perdu son passeport (!), il repart donc pour six mois.

Le pseudo-traitre

Bon, on l'appelle traître, mais ce n'est pas vrai. Un nombre incalculable de joueurs ont joué au Nacional et à Peñarol dans leur carrière, et ça ne pose réellement de problème que depuis quelques temps, depuis que les cons semblent être majoritaires. La vérité : c'est un plaisir de revoir Luis Aguiar sur un terrain de foot en Uruguay. C'est un très bon milieu, et avec Rodríguez et Zunino, ça devrait envoyer du jeu quand tout cela sera mis en place. Un très bon recrutement donc, et merde aux cons.

Le jeune vendu dans six mois

L’un des meilleurs achats du mercato côté bolso a été le jeune Facundo Waller, acheté à la fin du mercato. Nacional n’en a acheté que 10 % le reste étant toujours propriété de Plaza Colonia et de son nébuleux président Carlos Manta, mais on va enfin voir de quel bois se chauffe ce jeune, excellent avec Colonia lors du titre du Clausura 2016, très bon avec l’Uruguay U20, mais ayant souffert d’une rupture des ligaments alors qu’il était en pleine ascension. À suivre.

Les autres équipes

Atenas

atenasNom complet : Atenas de San Carlos

Surnom: Azulgrana        

Stade : Stade Ateniense, à San Carlos directement, ou le Burgueno de Maldonado pour jouer les grands.

Coach : Adolfo Baran

Mes favoris de cette saison. Seul club de l’intérieur suite aux descentes de Colonia et de Las Piedras (sauf à considérer que Torque vienne vraiment de quelque part), ils ont déjà eu plusieurs passages d’une seule saison en première division. La dernière fois, ils n’avaient pas terminé dans les trois derniers mais étaient descendu avec l’histoire de la moyenne sur deux saisons. Une injustice donc. Ils avaient également lutté à armes inégales contre El Tanque pour la montée il y a de cela 18 mois. Ils tiennent leur revanche. Que dire d’autre, sinon que Migliore ne s’y est pas adapté, que le gardien actuel fait une pause dans sa carrière pour participer au carnaval, que tout y est un peu plus difficile qu’ailleurs, mais que comme ils n’ont pas le choix, ils leur restent le cœur. 

L’objectif : se maintenir.

Le joueur belge

Simón Vanderhoegth a une histoire un peu spéciale si on le suit sur internet. Il est donc d’ascendance belge, ses ancêtres étant venus s’installer en Uruguay pour échapper à la guerre (en espérant que ce soit en 1939 et non en 1946, la signification n’en serait pas la même). Il a déjà joué en Belgique après avoir été pisté par les plus grands quand il était jeune. Il rejoue depuis 2015 dans son club formateur, malgré les difficultés, et est devenu un cadre de l’équipe.

Boston River

bostonriverNom complet : Club Atlético Boston River

Surnom : Rojiverde        

Stade : Stade Juan Lavalleja, 7000 places, mais joue beaucoup plus souvent à Montevideo dans le vieux stade Nasazzi de Bella Vista.

Coach : Alejandro Apud

L'équipe n'a joué que deux saisons en première division, les deux fois en se qualifiant pour la Sudamericana. Du solide donc, malgré l’absence de toute structure, de stade, de public... Beaucoup de mouvements durant ce mercato avec les départs de Cepellini et Fede Rodríguez vers Danubio, l'emblématique Berbia, gardien de 40 ans, n'a également pas été reconduit. On ne verra plus non plus les dribbles chaloupés de Dudu.

Objectif : Maintenir les bonnes performances de la saison précédente et battre le record en Sudamericana, c'est à dire aller au troisième tour.

Le jeune qui sera vendu dans un an

Guillermo Fratta, défenseur central de son métier, est une des clefs des succès de Boston River ces deux dernières années. Le joueur né à Rocha est formé au Defensor et est non seulement bon défenseur, mais dans un rôle de libero au cœur de la défense à trois, il est également très bon techniquement. Un plaisir à voir jouer.

Le pilier du coin

Carlos Valdez, la fourmi, va jouer sa deuxième saison au sein du club. A 35 ans, il peut être le référent, après avoir voyagé en Uruguay et en Italie, ayant notamment joué la finale de la Libertadores 2011.

Cerro

cerroNom complet : Club Atlético Cerro

Surnom : Albicelestes, Villeros

Stade : Stade Troccoli, capacité normale de 25 000 places.

Connu pour son environnement peu favorable à l’extérieur du stade et pour sa pelouse d’un genre nouveau, laissant découvrir toutes les palettes de couleur du jaune sable au marron terre en passant par le vert trèfle.

Coach : Fernando Correa

Club de la banlieue populaire de Montevideo, au pied du Cerro, le Fort de Montevideo. Son rival traditionnel est Rampla Juniors, club du même quartier, qui s’est maintenu en première division. Cela donnera un nouveau clásico de la Villa. C'est un historique, presque toujours présent en première division, mais qui n'a jamais rien gagné au plus haut niveau. Il sort d'une saison irrégulière, qui leur permet malgré tout de se qualifier en Sudamericana. La direction est connue pour être des affidés de Tenfield et de Paco Casal qui sponsorise le maillot.

L'objectif : battre Rampla et avancer en Sudamericana.

L'espoir qui sera vendu dans un an

Agustin Sant’Anna est un latéral gauche de 19 ans, grand espoir du club. Il vient de finir sa première saison comme titulaire et il a été bon, véloce sur le plan offensif, précis sur le plan défensif. Il a déclaré adorer son côté gauche car il n’y a rien qu’il aime plus que courir balle au pied.  International des moins de 20 ans.

La gloire du quartier

Richard Pellejero n’a que 41 ans. Il a commencé comme professionnel en 1995 déjà au sein du Cerro, et est connu pour son sens du sacrifice pour l’équipe. Il sera de nouveau capitaine cette année, et même quand il arrêtera, il restera capitaine éternel.           

Danubio

danubioNom complet : Danubio Futbol Club

Surnom : La Franja

Stade : Jardines del Hipodromo, 15 000 places, et un palmier en haut de la tribune latérale. Un palmier quoi ! Cependant, le club n’a toujours pas mis en place de projecteur...

Coach : Pablo Peirano

L’un des éternels outsider du championnat, même si le club sort d'une saison décevante, avec beaucoup de mouvements dans l'effectif durant l'année. C'est encore le cas pour ce mercato avec notamment les départs de Malrechauffe ou Gravi. Les principales nouveautés devraient être en attaque avec les bostoniens Federico Rodríguez (revenu comme une balle de sa blessure) et son ami Pablo Cepellini. Les deux compères en sont à leur troisième club à deux, c’est mignon.

Objectif : Former à nouveau une équipe compétitive, après une décevante 8ème place l’année dernière.

L'espoir qui sera vendu dans un an

David Terans, 23 ans, n’est pas exactement un perdreau de l’année, mais c’est un excellent milieu gauche, très bonne patte.

La Gloire du Quartier

Pourvu que Michael Etulain soit encore là. Gardien remplaçant certes, mais l’un des piliers du mouvement de joueurs Mas Unidos Que Nunca. Il joue avec un pantalon de jogging ? Et Alors ?

Fénix

fenixNom complet : Centro Atlético Fénix

Surnom : Albivioletas

Stade : Stade du Parque Capurro, 6 500 spectateurs.

Coach : Nathaniel Revetria

Fenix est une des équipes les plus admirées de l’Uruguay et est connu par ce qui est pour ses supporteurs comme un cri de guerre : « El Fenix no baja ! » faisant allusion à l’époque ou le club se trouvait constamment entre la première et la deuxième division. La 115ème ne sera pas l’exception, l’équipe ayant encore de grosses difficultés financières et ayant perdu de nombreux piliers ces derniers temps, Pallas, Ligüera ou Estoyanoff. Les deux grands autres espoirs Canobbio et Mele étant parti, il ne reste plus au club qu’à se réinventer. Vite, de préférence, parce que le club a terminé 11ème l’année dernière et sera donc inquiété pour la descente.

Objectif : Faire une bonne saison, se maintenir, et assainir les finances.

La Gloire du Quartier

Juan Alvez est présent au club depuis 5 ans maintenant, et à 35 ans, il est toujours fidèle au poste, en défense ou en latéral gauche. Il n’est pas très physique, mais il est rarement dépassé par son adversaire. Il aura devant lui encore la carrure de Raul Ferro, el tito, même âge, quelques kilos en plus. Milieu récupérateur, il commence à souffrir dans le jeu mais sur certains matchs il tient la baraque à lui tout seul.

Liverpool

liverpoolNom complet : Liverpool Futbol Club

Surnom : Negriazules

Stade : Stade du Belvedere, environ 8000 personnes, un des stades les plus agréables de Montevideo, qui respire vraiment le football.

Coach : Pepe Pezzolano, ex de la maison, venant de faire monter Torque de deuxième division.

Pour l'histoire du nom du club, c'est ici !

Club formateur de Jorge Fucile ou Luis Aguiar. Il a également connu la fin de carrière un peu pathétique de Javier Chevanton l'année de la descente du club. Ils ont perdu pas mal de joueurs un peu rustres qu’ils avaient la saison dernière (Royon, Candia, Latorre…) et se sont bien renforcés, avec le bon Alaniz (qui a eu l’immense chance d’être mauvais à Chapecoense), ou Carlos Núñez, qui retrouve le pays.

Objectif : Bien figurer en championnat, viser haut, et continuer à faire pousser les jeunes.

L’espoir qui sera vendu dans un an

On commence déjà à parler de Gustavo Viera. Personnellement, je ne l’ai pas vu, il ne me semble pas qu’il ait déjà joué en pro, et je ne regarde pas les championnats U17 (j’ai eu ma croissance sur le tard, je trouve ça injuste). Mais à ce qu’il paraît, d’après France Foot qui a bien dû regarder une vidéo quelque part sur youtube, c’est un futur crack. Dont acte. En espérant que Discoteca Carlitos Núñez le prenne sous son aile et lui montre la vie le soir dans les bars.

Montevideo Wanderers

wanderersNom complet : Montevideo Wanderers Futbol Club

Surnom : Bohemios

Stade : Parque Alfredo Víctor Viera. L’une des plus belles « canchas chicas » (comment on appelle les stades des équipes qui ne sont ni Nacional ni Peñarol).

Coach : Eduardo Espinel, l’entraîneur champion avec Colonia

Bon bah, la Libertadores, c’est déjà fini suite à l’élimination au premier tour face aux Paraguayens d’Olimpia. On va pouvoir s’attaquer au championnat du côté des Bohemios. Après un exercice 2017 étrange durant lequel un bon Apertura, un très bon tournoi intermédiaire ont été suivi d’un nullissime clausura, l’équipe va devoir remettre les choses en place.

Objectif : éviter le barrage de Libertadores à l’avenir, donc deuxième ou cinquième.

Les joueurs francophones du championnat

Damian Macaluso, c’est toujours un plaisir de le retrouver. Il est de plus en plus lent, prend de plus en plus de carton, mais est toujours autoritaire dans sa surface. Il est passé par Nancy, pour rappel. Il est accompagné de Nacho Gonzalez devant lui, autre joueur ayant fait de nombreux clubs dont le Standard. En attaque, la star (qui n’est en rien francophone et qui n’a donc rien à faire là) est Chapita Blanco, meilleur marqueur de l’histoire du club. Attaquant au sens du placement, très beau à voir évoluer.

Progreso

progresoNom complet : Club Atletico Progreso

Surnom : Los Gauchos

Stade : Parque Paladino, 5400 places, dans l’ouest de Montevideo

Coach : Marcelo Mendez

Le club du président Tabaré Vázquez ! Car oui, comme en Argentine, le président de la république a été président de club. La comparaison s’arrête là, car en Uruguay, le président l’a été dans un club de quartier populaire, que son grand-père avait aidé à fonder y a 100 ans, sans trop de moyen, tourné vers les jeunes et la formation.  Sous la présidence de Vázquez, le club est champion en 1989 durant le quinquenio des petits clubs. Les couleurs du club proviennent du drapeau de la Catalogne, beaucoup d’anarchistes catalans ayant émigrés en Uruguay durant les années 40 des suites de la répression du franquisme et aussi un peu des soviétiques locaux. Le club a été le dernier a monté à l’issu de barrage l’année dernière, ayant terminé troisième du championnat. Le recrutement a été malin avec quelques bons joueurs qu’on va retrouver avec du temps de jeu comme Alex Silva, le latéral ex-Peñarol et Wanderers, Gaston Coleman, provenant de Sud América, ou Joel Burgueno, d’El Tanque. Il faut maintenant que la mayonnaise prenne.

L’objectif : se maintenir à tout prix.

Racing

racingNom complet : Racing Club de Montevideo

Surnom : Cerveceros

Stade : Stade Roberto, 8500 places.

Coach : Rodrigo Lopez

Club historique, fondé en 1919, dont le surnom est “les brasseurs”, et rien que pour ça, ils méritent tout notre soutien. Club du quartier de Sayago, dont le “derby” se joue contre Fénix. La saison dernière a été anonyme, terminant à une modeste 10ème place. Le club a perdu son attaque, avec le taureau Fernandez qui a été vendu aux carboneros, et Liber Quinones qui a été vendu à un club obscur d’Amérique central. Il reste donc à former de nouveau joueur pour le Racing, pour rapidement se maintenir.

Objectif : Il y a déjà plusieurs saisons que le Racing se cramponne au milieu du classement. Cette année ne devrait pas être l’exception. Ils essaieront donc de chercher une place pour la Copa Sudamericana.

Le Valbuena Oriental

El Nano Ramos, le nain Ramos donc, rejoint cette année l’équipe après un passage anonyme du côté de Fénix. Durant son passage au Nacional puis au Cerro, il savait toujours enchanter les matchs avec ses passes et sa technique. Un vrai beau numéro 10, qui fait parfois gagner son équipe, qui parfois la fait perdre, mais toujours esthétiquement.

La gloire du quartier

Jean Pierre (!) Barrientos revient pour un troisième passage du côté de son club formateur. Il n’a pourtant que 27 ans, mais est déjà passé par la Pologne, Portugal, l’Argentine et le Pérou, rien que ça. Milieu de terrain, également très élégant, c’est un plaisir de le voir revenir dans son équipe.

Rampla Juniors

ramplaNom complet : Rampla Juniors Futbol Club

Surnom : Picapiedras

Stade : Stade Olympique, 6000 places, Stade Olympique avec une magnifique vue sur la baie du cerro, quartier emblématique de Montevideo.

Coach : Luis Lopez

Club champion en 1927. Rampla s’est maintenu assez facilement la saison dernière, se qualifiant même pour la Sudamericana. On pourra donc assister de nouveau au « clásico de la villa » face à Cerro (du nom du quartier de la Villa del Cerro), et revoir dans ballons dégager dans le Rio de la Plata, voisin encombrant. La saison dernière, alors que Nacional gagnait 1 à 0, Polenta dégageait tout dans le fleuve jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de balles sur le terrain, étant toutes flottantes sur l’eau, nonchalantes.

Objectif : Jouer dans leur stade, faire vibrer le quartier des frigorifiques, comme dans les années 30.

Le jeune déjà vendu dans un an

Ils ont obtenu le prêt de Mauro Brasil pendant un an. Jeune défenseur central de 18 ans, qui jouait pour El Tanque jusqu’à ce que le Tanque explose, il va pouvoir montrer les capacités qu’on a déjà vu en lui lors des petites finales pour la descente. À suivre.         

River Plate

riverNom complet : Club Atlético River Plate

Surnom : Darseneros

Stade : Parque Saroldi, 5700 places, qui tire son nom du premier gardien de River, mort en 1932 des suites d'un coup reçu sur ce terrain. A part cette triste histoire, joli petit stade au milieu du parc du Prado, ou, durant l’automne, on peut voir les feuilles mortes sur le terrain.

Coach: Pablo Tiscornia

Club ayant formé de bons joueurs comme Urretaviscaya ou Michael Santos. Après les passages de JR Carrasco et de Guillermo Almada pendant quelques années, le club vit un passage de transition avec de bons joueurs mais aussi des passages à vide. Il reste sur un très bon tournoi de clôture qui a permis d’éloigner le club de la relégation.

Objectif : réussir à faire pousser de nouvelles perles.

Le joueur frère de

Matias Alonso revient au pays après avoir joué quelques saisons en Bolivie chez le plus fort. Frère d’Ivan, il réussit toujours à marquer des buts quand il revient au pays, la dernière fois du côté de la Juventud qu’il avait emmené en Sudamericana.

Les clubs dont on parlera moins

El Tanque ne jouera donc pas cette saison. L’équipe fusionné avait pourtant arraché le maintien lors de finales face à Sud América, mais les dettes envers les joueurs étaient trop importantes. Les joueurs ayant refusé de transformer la dette de salaire en simple dette, l’équipe n’avait pas le droit de continuer. Personne n’a pu aider, ni les carboneros eux-mêmes pas très au point niveau salaire, ni la mutuelle des joueurs qui ne prêtera plus comme à l’époque où Tenfield tirait les ficelles. El Tanque n’a survecu que parce que l’AUF est ainsi faite et que les présidents de club y ont un pouvoir démesuré et que donc certains avaient besoin d’idiots comme Fredy Varela. Finalement, ce système a coulé. C’est terrible pour les joueurs, pour les entraîneurs, qui se retrouvent piégés. C’est normal pour le reste.

Sinon le Manchester City Football Group a acheté un club en Uruguay, mais il ne me semble pas que ce soit pour du football. On en parlera donc un petit peu moins, chacun ayant le droit de vivre la vie qu’il veut vivre.

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba