Nacional et River s’imposent et prennent le large au classement annuel et du clausura. Derrière, un gros ventre bien mou s’est formé dans lequel apparaît un Peñarol qui définitivement ne se sortira pas du bourbier de cette année 2022.

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Nacional recevait tout d’abord Wanderers au Gran Parque Central dans le choc de cette journée. Le club bolso, leader du classement annuel, est sur une série de match comprenant, sur quatre rencontres, Liverpool, Wanderers puis, après Torque, Peñarol. Une série de tous les dangers après avoir été éliminé abruptement en Copa Sudamericana. Heureusement pour Pablo Repetto et, après déjà une première victoire convaincante contre Liverpool, Nacional s’est imposé logiquement contre l’équipe dirigée par l’ex-lensois Daniel Carreño, sur le score de deux buts à rien. Nacional a dominé le match et aurait même pu s’en sortir plus vite et plus tôt. Le premier but est le plus intéressant, puisqu’il vient sur un corner de Wanderers. Le ballon est renvoyé par la défense et revient sur la ligne du milieu de terrain à Ocampo. Ce dernier déboule sur son aile et effectue un amour de passe entre deux défenseurs pour Felipe Carballo qui trompe le gardien bohemio d’une petite balle piquée. Le deuxième but, sur un ballon repoussé, est également l’œuvre de Carballo. On a longtemps parlé durant le mercato d’un départ de Carballo, cela aurait été une grande perte, tant ce joueur est une clef du jeu de Nacional, très mobile et très bon passeur. Wanderers n’a pas montré grand-chose et semble avoir perdu beaucoup avec les départs de nombreux joueurs comme Quagliatta ou le meilleur buteur du championnat jusqu’à son départ, Mendez.  Il ne reste plus à Carreño qu’à reconstruire… à dix journées de la fin du championnat. Côté Nacional, Suárez est bon mais ne se met pas particulièrement en avant. C’est bon signe pour l’équipe, qui a intégré le joueur sans soucis et sans que cela ne perturbe un jeu bien huilé. Mais cela tend à rappeler à trois mois de la Coupe du Monde que Luis Suárez est un assez bon joueur de Nacional… Et les Uruguayens sont assez lucides sur leur championnat pour savoir ce que cela veut dire.

La bonne surprise de ce début de Clausura vient de la série de River Plate qui vient d’enchaîner quatre victoires en quatre matchs. L’équipe est la quintessence du football uruguayen, de ce qu’il est possible d’y faire et de préférence de bien faire. L’équipe est composée de vieux briscards (Maxi Pereira – joueur le plus capé de l’histoire de la sélection, excusez du peu – mais aussi du Chory Castro, de Salvador Ichazo…) et de jeunes fous talentueux comme Thiago Borbas dont on parle depuis quelques temps déjà. Ce dernier a ouvert le score contre Fénix, avant de voir les violets revenir au score sur un penalty tiré par Gonzalo Vega. L’équipe a su garder son calme et a arraché la victoire en toute fin de match au Capurro sur un contre bien mené et conclu par De los Santos. River a un calendrier « facile » avec Cerro Largo, Cerrito, puis Defensor et a donc de quoi espérer pourquoi pas de jouer le Clausura. Les deux grands viendront en fin de tournoi. Ce serait mérité pour cette équipe qui joue bien depuis déjà quelques temps.

Derrière, c’est la catastrophe côté Peñarol. L’équipe a encore perdu des points, contre le Deportivo Maldonado cette fois. Et le problème n’est pas tant de perdre des points contre Maldonado à Paysandú, dans un petit stade champêtre parfaitement aux normes de la Copa América 1995 pour laquelle il avait été aménagé… Le problème est que, comme lors du premier match du Clausura qui avait signé le départ de Larriera, comme contre Albion qui avait vu la victoire très difficile de Peñarol malgré un match à onze contre dix, Peñarol ne domine pas son sujet. Au milieu de terrain, l’équipe de Paladino a baladé Peñarol dominant clairement le duo Gargano – Cristoforo. Il faut dire que Maldonado a aussi du joli monde avec Píriz, Ángel Rodríguez voire même Maxi Cantera en attaquant décroché… mais quand même. Peñarol a un problème au milieu, un problème qu’il va devoir résoudre rapidement, s’il veut réussir ce qui est presque déjà son unique objectif restant de la saison : embêter Nacional en gagnant le clásico pour, qui sait, s’offrir une chance au Clausura. Contre Maldonado, Peñarol a ouvert le score par Rak sur coup de pied arrêté, avant de concéder une égalisation plus que logique au vu de la domination de l’adversaire, sur un but de Viatri contre son camp sur corner. L’équipe fait peur et en même temps, est-ce vraiment une leçon que de se dire qu’une équipe ne se construit pas en trois jours, à mi-saison, avec sept recrues ? C’est aussi ça, la beauté du football. Être terriblement illogique à un instant T et en même temps, qu’au final, tout a du sens.

Résultats et classement

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Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba