Quarante jours après la honte offerte en mondovision, on commence à en savoir plus quant aux éléments qui ont conduit au caillassage du car de Boca. Et comme par hasard, aucun responsable ne semble émerger.

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Quarante jours après le scandale que fut l’annulation de la finale retour de la Libertadores entre River Plate et Boca Juniors suite aux débordements des barras de River, la justice continue d’avancer et de faire des découvertes. De là à penser qu’on en saura plus quant aux responsables directs dont les actions ont conduit à permette ces événements, il y a un pas qu’il ne faut pas franchir. Pourtant, le visionnage de caméras de surveillance et l’écoute de près de trois heures de communications entre la direction des opérations de sécurité et le personnel sur place permettent de faire émerger des ordres donnés des plus incompréhensibles.

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Le plus fou reste celui donné aux forces policières présentes dans l’angle de Lidoro Quinteros et Libertador, lieu du drame, de quitter les lieux près de quinze minutes avant le passage du car. Ces forces étaient alors composées de quatre groupes policiers accompagnés de personnel de la préfecture spécialement formé pour contenir les foules. Ces troupes ont été déplacées laissant libre la zone la plus chaude du quartier. La grande question est de savoir pourquoi une telle consigne a été donnée. Selon les investigations, ce serait en raison d’incidents qui se seraient produits au portail d’accès du car, même si rien n’indique que ces « incidents » étaient d’une magnitude telle qu’il fallait déplacer les troupes. Pire, il y a bien évidemment eu des incidents entre barras et police dans cette zone, mais les rapports indiquent que ceux-ci se sont déroulés plus d’une heure avant l’arrivée des joueurs de Boca. Au même moment que l’ordre de déplacement est donné, un autre ordre a été transmis par la police aux forces de la préfecture afin de fermer l’accès à la zone en raison de l’approche du car des joueurs, une zone qui était alors totalement surpeuplée. La logique aurait donc voulu qu’il aurait fallu envoyer des renforts plutôt que de déplacer les troupes déjà présentes sur place. Une source policière indique que l’hypothèse était qu'il était envisagé que la barra génèrerait des troubles mais qu’aucun membre de Los Borrachos del Tablón n’était visible sur les images reçues alors de Quinteros y Libertador, les autres factions n’étant pas non plus à proximité. Ainsi, personne ne pouvait imaginer qu’un supporter lambda pourrait générer de tels débordements. Une version retenue par le fait, toujours selon la police et les enquêteurs, que les objets qui ont servi sont des objets « ramassés » dans la rue, ce qui suppose aucune préparation préalable et donc juste un simple pétage de plomb de monsieur tout le monde.

Une conclusion à mettre en perspective avec les déclarations de Horacio Rodríguez Larreta qui avait immédiatement accusé les barras, avec les perquisitions au domicile d’Héctor Caverna Godoy, chef de la barra de River la veille, ou encore à relier avec le fait que finalement, à l’exception de Matías Firpo condamné à deux ans de suspension et quatre mois de prison, aucun autre « coupable » n’a été inculpé, aucune autre arrestation effectuée, faute de parvenir à identifier les personnes impliquées avec les vidéos (alors qu’il était donc possible de savoir qu’aucun membre de Los Borrachos del Tablón n’était sur place). Pas de coupable, donc pas de responsable, pas de liens. Si le club de River Plate est blanchi de toute implication et responsabilité dans les faits, si Martín Ocampo, Ministre de la sécurité, a joué le rôle du fusible, la conclusion semble donc être que c’était un peu la faute à pas de chance. Et l’affaire semble surtout étouffée. Comme d’habitude en Argentine…

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.