Le football équatorien féminin est secoué par une grave affaire de harcèlement sexuel à l’encontre du staff de la sélection nationale. Une affaire qui a poussé la fédération à réagir.

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Le 18 avril dernier, María Anthonella Guerrero dépose une plainte pour harcèlement sexuel contre l’encadrement de la Tri féminine dirigée par Luis Pesacarolo. Dans celle-ci, l’internationale équatorienne dénonce des avances faites par le sélectionneur, l’envoi de photos dénudées et le fait qu’il avait notamment exigé qu’elle en fasse de même lui indiquant que si elle ne le faisait pas, elle ne serait plus sélectionnée, et dénonce des abus commis par d’autres membres de l’encadrement à son encontre. La jeune joueuse (19 ans) a ainsi demandé que le sélectionneur et son staff soient démis de leurs fonctions.

La réponse de la fédération équatorienne de football (FEF) n’a ainsi pas tardé. D’abord par l’intermédiaire de son président, Francisco Egas : « Nous connaissons ses faits depuis quelques semaines et nous avions déjà commencé à mener notre enquête afin de vérifier les dires de la joueuse. La semaine dernière, la personne en charge de Talento Humano auprès de la FEF s’est réunie avec l’encadrement de la sélection féminine afin de demander sa démission, mais cela ne s’est pas fait. Nous pensons cependant que, sans porter atteinte à la présomption d’innocence, la FEF ne peut compter dans ses rangs des professionnels impliqués dans ce types d’affaires. Si ce sera au Bureau du Procureur d’établir la culpabilité des personnes impliquées, la FEF ne peut avoir des professionnels dont l’implication peut laisser des doutes quant à leur intégrité. Elle agira immédiatement en se séparant de ces professionnels et en soutenant toutes les enquêtes menées dans ce dossier afin de déterminer les responsabilités et voir s’il y a d’autres membres de la sélection qui sont impliqués. Nous avons déjà enquêté et avons trouvé des lettres dans lesquelles des personnels féminins s’étaient déjà plaintes auprès du conseil d’administration de traitements inadéquats. Nous cherchons à savoir pourquoi malgré ces alertes, rien n’a été fait ». Depuis, d’autres documents sortent et font état de plusieurs affaires de mauvais traitements vécus par plusieurs filles des sélections nationales, comme par exemple des plaintes écrites par des parents des u18 et envoyées à la fédération en août dernier.

Luis Perscarolo s’est ensuite exprimé dans les médias locaux et notamment la radio Radio CRE Satelital, affirmant que « personne n’a demandé notre démission, nous avons nous-même demandé cette réunion », démentant ainsi les propos du président de la fédération avant de poursuivre : « la plaignante est utilisée par des ennemis de la FEF. Pourquoi ces plaintes apparaissent maintenant alors que les faits remonteraient à mai 2018 ? Les filles qui composent la sélection croient en notre travail. Le docteur Karina Aguirre a été écartée de la sélection car elle est la fille de Franco Aguirre, principal opposant à la direction actuelle de la FEF, la plaignante est parrainée par ce médecin. Il ne s’agit pas d’une attaque contre l’encadrement de la sélection, c’est une attaque contre la FEF. Nous demandons les détails sur le financement de la plaignante qui vient d’Esmeraldas et vient déposer plainte à Quito et est encadrée par trois avocats. Comment finance-t-elle les voyages et tout cela ? ».

Reste que quelques heures plus tard, la fédération publiait un communiqué officiel dans lequel elle annonçait la fin de sa collaboration avec l’ensemble de l’encadrement technique de Pescarolo. L’affaire se poursuivra désormais devant les tribunaux.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.