L’image a fait le tour du monde. Cinquième tireur de la série de tirs au but opposant La Equidad à son club, Independiente de Campo Grande, Bendrix Parra a tenté une panenka. Le geste est toujours aussi fou lorsque réussi qu’il est dramatique lorsque manqué. Parra a manqué et les conséquences sont bien plus terribles qu’une simple place dans le bêtisier de l’année.

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Car dans la foulée de l’élimination, le joueur a appris qu’il était viré du club : « la direction a pris la décision de licencier Parra à cause de la manière dont il a exécuté son tir au but face à La Equidad » a ainsi affirmé Heriberto Gamarra à Cardinal Deportivo, ajoutant « il a été irresponsable de tirer de telle manière. Si nous nous étions qualifiés, chaque joueur aurait reçu une belle petite prime. À cause de ce geste, le club subit également un préjudice économique, il perd 200 000 dollars. Cela nous coûte de le licencier mais il s’est trompé et nous ne pouvions pas laisser passer cela. Nous le licencions parce que nous aimerions oublier tout cela, nous avons un autre objectif, celui de l’Intermedia qui débute ce dimanche (NDLR : le club évolue en deuxième division et cherche à remonter). Nous sommes tous responsables de ne pas nous être qualifiés, mais il est certain qu’il y avait un malaise dans le groupe avec lui ».

Un malaise symbolisé par les déclarations de Claudio Vargas, l’un des cadres de l’équipe : « une telle irresponsabilité est impardonnable, car c’est irresponsable la façon dont Bendrix Parra a effectué son tir au but ». Une notion de la solidarité de groupe toute relative, rappelons que lors de cette séance, José Báez et Reinaldo Benítez ont envoyé leur tentative dans le ciel de Bogotá.

Désormais sans club, Parra a surtout montré une grande dignité lors d’une interview donnée à Cardinal Deportivo : « Cela fait partie de l’apprentissage de la vie, cela me servira. J’ai déjà tenté ce geste au cours de ma carrière, sans doute que la fatigue m’a fait le manquer. Je n’ai pas d’excuses, c’est une décision que j’ai prise sur l’instant et que je regrette. J’ai souffert de ce qu’il s’est passé, pour le club, pour les supporters. Ils ont le droit d’être blessés. Je souhaite le meilleur au club cette saison, j’espère qu’il pourra monter en première division. Le contrat que j’avais avec le club était pour deux ans, quand ils me l’ont annoncé, ce fut un coup de froid, je pensais utiliser le tournoi comme revanche. Ce lundi, l’accord a été scellé, ce sont des choses qui arrivent, je dois les assumer. Je n’ai pas de représentant, mon seul représentant est dieu. J’ai quelques offres mais je n’ai pas envie de rentrer au pays à cause de la situation dans laquelle il se trouve. Ici, j’ai ma famille, mon épouse enseigne dans une école. Je n’ai pas reçu de soutien des dirigeants, quelques coéquipiers m’ont soutenu mais pas tous. Augusto Ruiz Díaz et Víctor Hugo Mareco (NDLR : deux coéquipiers), m’ont parlé, ce sont de grandes personnes. Ce n’est pas une situation facile, le seul soutien dont je dispose est ma famille ».

Le Vénézuélien de 26 ans entend bien poursuivre sa carrière au pays après avoir notamment évolué à Caaguazú et à Resistencia. C’est tout le mal que l’on peut désormais lui souhaiter.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.