Jorge Vergara, propriétaire et président des Chivas Guadalajara, homme d'affaires à succès, grande gueule et homme charismatique, est décédé. Amaury Vergara a confirmé que son père avait perdu la vie à la suite d'un arrêt cardiorespiratoire, à 64 ans.
On n’entendra plus sa voix rauque ni ses sorties médiatiques sur les plateaux télés du foot mexicain. Depuis l’obtention du dernier titre des Chivas, en mai 2017, nombreux étaient d’ailleurs les supporters du Rebaño sagrado à souhaiter son départ à la tête du club, tant les résultats n’atteignaient pas la grandeur du club. Mais Jorge Vergara est parti de lui-même, sans demander l’avis des fans de Guadalajara. Comme souvent. Mort ce vendredi 15 novembre d’une crise cardiaque. Avec lui, c’est une partie l’âme de la Liga MX qui s’envole. Car Vergara restera comme l’un des plus grands présidents de club mexicain. Pas pour sa capacité à remplir l’armoire à trophées, mais pour sa vision futuriste et son bagou légendaire, qui fera de lui l’un des plus charismatiques.
Pour faire simple, c’est le Jean-Michel Aulas mexicain, qui vient de quitter ce monde. Un homme qui a bâti un empire autour d’un club, Guadalajara, et qui lui a donné une autonomie financière en construisant son propre stade, le sublime Estadio Chivas. Un président qui traitait ses joueurs comme ses fils, mais qui n’hésitait pas à s’en débarrasser au club le plus offrant lors de la draft mexicaine. Un président aux nombreux coups de sangs, aux déclarations fracassantes et aux rivalités ancrées dans le football mexicain, notamment avec le grand rival le Club América. Un football mexicain dans lequel il ne trouve pas d’égal en termes d’adulation. Ni de haine. Tout comme le boss de l’Olympique lyonnais.
L’héritage de Jorge Vergara est donc conséquent en terme économique et identitaire – il a maintenu pendant 20 ans la tradition de n’aligner que des joueurs mexicains au Club Guadalajara – mais pour le ballon, son héritage restera minime. En 2014, il frôle la relégation, et il n’aura apporté que deux trophées de champion, l’Apertura 2006 et le Clausura 2017. Très peu, pour un club qui a longtemps tutoyé les sommets, et qui compte aujourd’hui douze titres de champion du Mexique, juste derrière l’América avec 13. En 2009, les Chivas manquent de devenir le premier club mexicain à remporter la Copa Libertadores, mais tombe face à l’Internacional brésilien.
L’avenir du club n’est finalement pas très flou. Amaury Vergara, son fils, avait pris les rênes de la direction en juin 2019 : Jorge Vergara avait donc déjà commencé à lâcher du lest. Avait-il compris qu’être un excellent entrepreneur ne suffisait pas ? Que le football était un milieu spécial ? Avait-il la volonté de continuer à dilapider son énergie dans une activité qui lui transformait le sang en encre ?
Beaucoup se sont demandés de quelle manière son histoire avec Guadalajara allait se terminer. Par un départ en trombe ? Après un titre ou un nouveau tournoi à ne pas se qualifier pour les play-offs du championnat mexicain, comme c’est le cas dans cet Apertura 2019 ? Finalement, c’est peut-être de la plus belle des manières qu’il s’en est allé. Comme Molière sur scène. Attention Jean-Michel… Peut-être que le décès de Vergara est un signe du destin et qu’il faudra se ménager. Ou peut-être bien que ce soit ce que vous souhaitiez aussi, qui sait… ?


