Une page se tourne dans l’histoire du foot jordanien, et même asiatique. Le gardien Amr Shafi, 176 sélections au compteur, tire sa révérence à l’aube de ses trente-neuf ans.
Si les jeunes Jordaniens n’ont d’yeux que pour Mousa Al-Ta’mari actuellement, c’est parce qu’ils savaient bien que dans leurs cages régnait un redoutable rempart. Pas très grand (1m83) mais agile, il a écœuré nombre d’attaquants asiatiques tout au long d’une carrière s’étalant sur plus de vingt ans grâce à son style spectaculaire qui lui valut un sobriquet pour le moins étonnant : la baleine d’Asie.
Originellement milieu de terrain, Amr recule jusqu’aux cages de son équipe d’Al-Yarmouk et fait ses débuts lors de la saison 99. Ses bonnes performances lui valent d’être appelé en équipe nationale dès 2002 et un prêt chez le géant local Al-Faisaly pour la saison 2004-2005. Après un nouveau prêt peu concluant chez les Égyptiens d’Ismaily, il pose ses valises à Al-Wehdat, l’autre grand club ammanien. Il y reste onze saisons, le temps de disputer plus de deux-cents matchs et de définitivement devenir une légende dans son pays. Son palmarès avec les « Palestiniens » est d’ailleurs éloquent : à part une FA Cup glanée avec Al-Faisaly en 2004, il pèse sept championnats, quatre FA Cup, quatre Super Coupes et trois FA Shield ! Un titan. Mais, le poids des années se faisant sentir, il tente de rebondir au Shabab al-Ordon, avant d’opter pour un dernier transfert lucratif chez les Saoudiens d’Al-Fayha.
Sous la vareuse des Nashama, il réalise également des prouesses, propulsant son équipe vers des sommets inégalés. En 2004, la Jordanie se qualifie pour sa première Asian Cup et le sort les verse avec la Corée du Sud, les Émirats et le Koweït. Verdict : trois matchs, zéro but encaissé et une victoire contre le Koweït, ce qui les propulse au tour suivant. Contre le Japon au tour suivant, il parvient à tenir le match nul, encaissant quand même un but de Suzuki, mais ne peut rien faire aux tirs au but alors que ses coéquipiers ratent leur quatre dernières tentatives (contre trois pour les Japonais). Cette même année voit la Jordanie décrocher le bronze au WAFF Championship disputé en Iran, où Shafi n’encaisse que trois buts. Mais c’est surtout l’année 2013 qui voit la Jordanie toucher le graal mondialiste du doigt. Malgré deux raclées au Japon (6-0) et en Australie (4-0), les Nashama parviennent aux barrages où ils éliminent l’Ouzbékistan aux tirs au but. Mais la dernière marche, l’Uruguay de Forlán, se révèlera trop conséquente.
Shafi est également de la partie pour les Asian Cup 2011 où ils s’extirpent d’un groupe Japon, Arabie saoudite et Syrie avant de chuter contre l’Ouzbékistan ; 2015 où ils ne passent pas les poules, et surtout 2019 où les trois clean-sheet en poules (et une victoire contre l’Australie s’il vous plait) les propulsent en huitièmes, où le Vietnam les élimine également aux tirs au but. Ses prouesses contre l’Australie restent les derniers faits d’armes internationaux d’un joueur attachant, qui aura contribué à mettre la Jordanie sur la carte du football asiatique.
Bonne retraite à lui !