Il y a un peu moins d’un mois, le Slovène Srečko Katanec quittait son poste de sélectionneur irakien après six mois de salaires impayés et de conflits avec la fédération. Un véritable crève-cœur pour les fans, tant l’ex de la Sampdoria avait refait de l’Irak l’équipe redoutable qu’elle était dans le passé. En trente-huit matchs avec les Lions, il en aura gagné vingt et aura permis un bond de vingt-et-une places au classement FIFA (de la 89e à la 68e).

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S’il n’a pas gagné de breloque dorée, il aura imprimé un style combattif qui sied parfaitement aux nerveux Irakiens et se sera offert quelques parcours intéressants. Pour sa première compétition, il atteint les huitièmes de la Coupe d’Asie, seulement éliminés par le futur champion qatari suite à un coup-franc marqué par Bassem Rawi…d’origine irakienne. Il atteindra également la finale du WAFF Championship à domicile mais s’inclinera face à Bahreïn, avant que ce même Bahreïn ne l’élimine lors de la demi-finale de la Coupe du Golfe également en 2019. Et pour finir, il aura permis à l’Irak de se qualifier pour le dernier tour des qualifs mondialistes alors qu’il était versé dans le groupe de la mort avec l’Iran et Bahreïn. Il aura surtout permis l’exposition et l’explosion de plusieurs joueurs tel que Mohanad Ali, Alaa Abbas, Maythm Jabbar, Hussein Ali et Safaa Hadi, certains en profitant pour décrocher un transfert lucratif à l’étranger.

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Photo : imago/Eibner Europa

Le départ de Katanec acté, la fédération avait pensé à Queiroz, celui qui avait transformé le voisin iranien en machine de guerre. S’il était intéressé, il a par la suite préféré couper tout contact, laissant la fédération s’attaquer aux plans B : Advocaat, Hernán Gómez et Winfried Schäfer. Et ce n’est pas peu dire que les fans ont exprimé leur mécontentement lors de la signature de l’Oranje. Connu pour son appât du gain comme son compère Hiddink, il arrive à moins d’un mois du dernier tour qualificatif avec un déplacement en Corée du Sud puis la réception du voisin iranien. Les luttes intestines et la corruption qui émaillent le football irakien auront eu raison de sa stabilité, sinon comment expliquer la radinerie envers Katanec alors qu’un pont d’or attend probablement un Advocaat proche de la retraite et largué depuis quelques années ?

La fédération irakienne continue ses manœuvres d’autodestruction et risque de voir tout le bon travail effectué par le Slovène réduit en poussières en quelques mois. À moins que le Hollandais ne nous fasse mentir une dernière fois ?

Crédit photo : imago images/ANP

Boris Ghanem
Boris Ghanem
Chroniques d'un ballon rond au Moyen-Orient, de Beyrouth à Baghdad, de Manama à Sanaa, football sous 40 degrés à l'ombre d'un palmier.