Ça y est, le deuxième tour des qualifications asiatiques a enfin rendu son verdict. Si la plupart des favoris ont répondu présent, d’autres équipes peuvent nourrir d’énormes regrets sur cette dernière journée.

Dans le groupe A, le Qatar avait validé son ticket depuis belle lurette. Seul restait à savoir qui accompagnerait les Annabi parmi la palanquée de médiocres poursuivants qui se tenaient tous en un point. L’Inde, qui se déplaçait au Qatar, devait impérativement s’imposer, en comptant que les hôtes alignaient leur équipe C. Et contre toute attente, les Blue Tigers ouvraient la marque par Chhangte en première mi-temps. Le Qatar, inexpérimenté, avait un mal fou à porter le danger, alors que les Indiens se faisaient plus menaçants. C’est alors que la machination qatarie s’est mise en marche. Alors que le ballon était largement sorti de l’aire de jeu après une attaque qatarie, il était remis en jeu ni vu ni connu, ce dont profitait Yousef Ayman en glissant le ballon dans le but vide. Un véritable scandale, auquel les protestations des joueurs indiens auprès du juge de touche ne changeaient rien. Les images vidéo sont formelles, dans aucun monde le but n’aurait dû être validé. Sonné par cette injustice, les Indiens encaissaient un deuxième but – licite cette fois – par Ahmad al-Rawi et disent adieu au troisième tour. Car dans le même temps, le Koweït est finalement venu à bout de l’Afghanistan en fin de match grâce à un but d’Al-Rashedi qui envoient les Azraq au tour suivant, une performance pas réalisée depuis belle lurette.

Dans le groupe B, il restait aussi un ticket à prendre. Derrière l’intouchable Japon, la Syrie et la Corée du Nord était au coude à coude. Mais avantage aux Chollima qui recevaient les faibles Birmans, tandis que la Syrie se déplaçait au Japon. Pas question pour les Nippons de lever le pied, et c’est une nouvelle manita que les Syriens ont subi. Ils ne restent qu’aux hommes de Cuper qu’à espérer une contre-performance des Nord-Coréens. Raté. Même en recevant au Laos, ils sont venus facilement à bout du Myanmar avec un 4-1 bien tassé et un triplé de Ri Jo-guk. Ils s’invitent donc au troisième tour, mais connaissant Kim et ses amis, rien ne nous dit qu’ils y soient présents… Les Syriens peuvent toujours espérer.

Le groupe C aurait pu être le théâtre de la plus belle histoire de ce tour, mais ce seront finalement des regrets qui accompagneront la Thaïlande. Le calcul était simple : espérer que la Chine soit défaite en Corée du Sud, si possible largement, et s’imposer sur un gros score en recevant un Singapour au 36e dessous. Déjà assurée d'être présent au tour suivant, la Corée du Sud accueillait donc une équipe chinoise sous pression car en quête de sa qualification. Ce n'était toutefois pas un match totalement sans enjeu pour les Guerriers Taeguk qui devaient impérativement s'imposer pour éviter le Japon ou l'Iran lors du troisième tour. Pour un observateur extérieur, il était compliqué de percevoir que la Chine venait chercher sa qualification tant elle n'a rien proposé, sauf essayer de gagner le maximum de temps pour assurer le nul. Face à un bloc très bas, les Sud-Coréens ont manqué d'initiative pour tirer au but, de vitesse pour faire courir leurs adversaires et de présence devant le but, la faute à la titularisation de Hwang Hee-chan en pointe en lieu et place de Joo Min-kyu. À l'heure de jeu, Kim Do-hoon faisait enfin entrer l'avant-centre d'Ulsan et repositionnait Lee Kang-in dans l'axe. Dès la première action, le milieu du Paris Saint-Germain alertait Son Heung-min à gauche qui centrait fort devant le but. Si Hanwg In-beom manquait le ballon, Lee Kang-in suivait et envoyait le ballon au fond. Dans un stade en feu, les Sud-Coréens venaient de sécuriser la victoire et leur place dans le premier chapeau lors du tirage au sort. Pour la Chine, la qualification était suspendue au résultat de la Thaïlande. La Thaïlande devait donc s’imposer par trois buts d’écart. Dans un Rajamangala rempli et chauffé à blanc, Mueanta ouvrait le score en première période. Les Thaïs dominaient copieusement mais manquaient de précision dans le dernier geste. Et ce qui devait arriver arriva. Ikhsan Fandi, le local de l’équipe, envoyait une mine hors de la surface que le gardien ne pouvait qu’effleurer. 1-1, tout était à refaire à une demi-heure de la fin. Les occasions se multipliaient mais peu se concrétisaient. Poramet réveillait le stade d’un superbe enroulé et Jaroensak offrait un espoir fou à la 86e, mais rien n’y faisait. Pour un petit but pas inscrit, la Thaïlande est éliminée. Elle pourra regretter amèrement cette double confrontation contre une Chine pas folichonne mais plus efficace. Des Chinois qui se retrouvent au troisième tour avec des lacunes criantes et qui peuvent remercier la maladresse des attaquants thaïlandais.

Dans le groupe D, la Malaisie n’avait pas le choix. Un succès probant contre Taïwan conjugué à une large défaite du Kirghizistan en terres omanaises pourraient leur garantir la qualif. Si la première partie fut réalisée (3-1) malgré avoir été mené au score toute la première mi-temps, il fallait espérer une défaite kirghize par sept buts d’écart. Il n’en fut rien. Zarypbekov ouvrait la marque sur corner et, même si Al-Shamousi remettait les deux équipes à égalité, ce sont bien les Centrasiatiques qui accompagnent Oman au troisième tour, une première pour eux !

Plus rien à jouer dans le groupe E, si ce n’est le classement final. Les deux matchs (TurkménistanHong Kong et IranOuzbékistan) accouchent de deux scores nuls et vierges, ce qui fait que les Perses prennent la première place du groupe, à égalité avec les Ouzbeks mais devant à la différence de buts.

Dans le groupe F, l’Indonésie avait l’occasion de valider définitivement son passage au troisième tour, du jamais fait dans leur histoire. Pour cela, il suffisait de vaincre les Philippines à la maison, chose faite avec un pétard de Tom Haye et une tête de Ridho. Le Vietnam se déplaçait donc en Irak sans rien à jouer et s’incline 3-1 sur un missile de Hussein Ali et des réalisations d’Ali Jasim et Ayman Hussein. Phạm Tuấn Hải sauve l’honneur grâce aux genoux en surimi de Jalal Hassan. Les Irakiens s’offrent un impressionnant dix-huit points sur dix-huit et seront l’un des gros outsiders au tour suivant.

Le groupe G avait également rendu son verdict la journée précédente. Le Tadjikistan affrontait donc le Pakistan pour du beurre et s’offre une belle victoire 3-0 devant son public. La Jordanie se déplaçait quant à elle en Arabie saoudite et s’offre une improbable victoire à Ryadh ! La montée en puissance sauce Ammouta se poursuit et la Jordanie pourrait bien faire partie des mondialistes à ce rythme-là !

Dans le groupe H, rien à signaler. Émiratis et Bahreïnis se neutralisent 1-1, tandis que Yéménites et Népalais se séparent sur le score de 2-2. Les deux pays du Golfe se retrouvent au tour suivant.

Dans le groupe I, là aussi les dés étaient jetés. Hassan Maatouk est désormais seul meilleur buteur du Liban après son triplé contre le Bangladesh, pour une probante victoire 4-0. Le chant du cygne pour une grosse partie des joueurs libanais, plus proches de la fin que du début. De son côté, la balade australienne s’est poursuivie. Toujours sans encaisser le moindre but, les ‘Roos écrasent la Palestine 5 à 0. Il s'agit du sixième match sans encaisser de but de la nation vert et or dans ce tour de qualification, ce qui lui permet de terminer en tête du groupe avec dix-huit points et vingt-deux buts en six matchs. Deux buts de Kusini Yengi et un chacun d'Adam Taggart, Martin Boyle et Nestory Irankunda ont scellé les trois points. Graham Arnold avait largement fait tourner son groupe australien en sortant huit titulaires sans compromettre la qualité collective. 

Le tirage au sort du troisième tour aura lieu le 27 juin. Quant aux équipes classées troisièmes et quatrièmes, elles se retrouveront en mars 2025 pour les qualifications pour la Coupe d’Asie.

Résultats

Classements

 

Avec Antoine Blanchet-Quérin (Australie) et Baptiste Mourigal (Corée du Sud). Photo une : FAYEZ NURELDINE/AFP via Getty Images

 

Boris Ghanem
Boris Ghanem
Chroniques d'un ballon rond au Moyen-Orient, de Beyrouth à Baghdad, de Manama à Sanaa, football sous 40 degrés à l'ombre d'un palmier.