La belle réussite de Júnior Negão à Ulsan, de Cesinha à Daegu démontre le goût prononcé des clubs sud-coréens pour les joueurs auriverde. Une tendance active depuis de nombreuses saisons. Nous vous proposons donc de revenir sur les meilleurs Brésiliens à avoir enthousiasmé la K League.

bandeaubielsa

Reprise de la K League : le guide de la saison

adilsonAdilson (dos Santos)

FC Seoul (2006/13)

Adilson dos Santos, plus connu sous le nom de Adi, a débuté sa carrière en 1997 au Brésil, son pays d’origine. Joueur polyvalent dans le secteur défensif (milieu de terrain, latéral ou bien défenseur central), il dispute ses premiers matchs avec Apucarana Atlético Clube avant de rejoindre rapidement Paraná Clube. Ses prestations attirent les regards de clubs européens et il s’engage avec l'Étoile rouge de Belgrade pour la saison 1998/99. Onze matchs disputés plus tard, Adi fait déjà le grand saut pour l’Espagne et le Real Betis en 2000. Une marche sans doute trop haute pour lui puisqu’il ne dispute pas la moindre minute avec ses nouvelles couleurs. La même année, le club rival, le Séville FC s’y intéresse et décide le faire venir. Après un transfert rocambolesque, Adi est définitivement un joueur sévillan mais ne fait là aussi pas la moindre apparition avec l’équipe première. Après l’Amérique du Sud et l’Europe, Adi découvre alors l’Asie et plus particulièrement la Chine puisqu’il est envoyé à Dalian Shide, d’abord en prêt puis définitivement.

Pendant six saisons, il s’impose comme l’un des meilleurs joueurs du pays, remporte quatre fois le championnat national (2000, 2001, 2002 et 2005) et deux fois la coupe de Chine (2001 et 2005). Forcément, les regards venus des meilleures ligues asiatiques se tournent vers lui et c’est le FC Seoul qui remporte le gros lot en 2006. Avec les Rouge et Noir, Adi ne faiblit pas. Il s’impose comme le meilleur défenseur de la ligue et est adoré des supporters. La K League reconnait son talent puisqu’il est nommé cinq fois dans le XI de l’année en 2007, 2008, 2010, 2012 et 2013. En huit saisons, il ne remporte que deux fois la K League (2010 et 2012) mais est considéré comme le meilleur défenseur n’ayant jamais joué en Corée du Sud. Il fait également partie du grand FC Seoul de 2012, l’une des meilleures équipes de l’histoire de la K League, aux côtés de Dejan Damjanović, Mauricio Molina ou encore Ha Dae-sung. Raccrochant les crampons en 2013, Adi s’est reconverti comme recruteur et assistant des différents entraîneurs du club jusqu’en 2019, date à laquelle il décide de rentrer au pays.

andreAndré (Luíz Alves Santos)

Anyang LG Cheetahs (2000/02)

Après avoir fait ses débuts au Brésil avec Santos en 1992, André poursuit son parcours à Portuguesa Santista puis à Marilia avant de débarquer en Corée du Sud en 2000 du côté des Anyang LG Cheetahs (actuel FC Seoul). Le meneur de jeu brésilien se fait très vite une place dans le système de jeu de Cho Kwang-rae. Son association avec Choi Yong-soo en fait un des duos les plus dangereux de la K League de l'époque. Dès sa première année, André remporte le titre de champion de Corée du Sud en inscrivant cinq buts et délivrant dix passes décisives. Il est naturellement nommé dans le onze de la saison. L'année suivante est moins brillante pour lui malgré une seconde place des Anyang LG Cheetahs au classement. C'est en 2002 qu'André retrouve des couleurs et le onze type de l'année. Le club termine certes quatrième du championnat mais André retrouve son rayonnement et guide son équipe jusqu'en finale de l'Asian Champions League, perdue face aux Suwon Bluewings après les tirs au but.

2002 représente également sa dernière année en Corée du Sud. Après avoir blessé Kim Nam-il, membre de la sélection nationale ayant terminée quatrième de la Coupe du Monde 2002, lors d'une rencontre face à Jeonnam, il s'attire les foudres des Sud-coréens qui n'hésitent pas à le prendre en grippe. André quitte donc la K League pour poursuivre sa carrière en Chine. Il revient finalement en Corée du Sud en tant qu'entraîneur de Daegu en 2017. Il s'impose très vite comme l'un des meilleurs techniciens du pays avec une équipe tournée vers l'offensive. Il permet à Daegu de remporter son premier trophée, la FA Cup en 2018 et de se qualifier pour l'Asian Champions League. Mais son aventure s'arrête brutalement à quelques jours du début de la saison 2020, faute d'accord de prolongation de contrat avec les Sky Blues.

cesinhaCesinha (César Fernando Silva Dos Santos)

Daegu FC (depuis 2016)

Originaire de la ville de São José do Rio Preto, située dans l'État de São Paulo, le jeune César Fernando Silva Dos Santos commence sa carrière avec les équipes de jeunes du prestigieux club paulista, le Corinthians. Cependant, il ne débute pas en pro avec le Timão et part en prêt à Osvaldo Cruz. Toujours indésirable dans son club formateur, il joue successivement pour l'União Barbarense, Pão de Açúcar (dénommé maintenant Grêmio Osasco Audax) et Bragantino. À Bragança Paulista, Cesinha joue avec parcimonie et enchaîne plus les prêts notamment dans des équipes de l'élite comme l'Atlético Mineiro et la Ponte Preta. En février 2016, il quitte sa terre natale pour tenter l'aventure à l'étranger. Il s'envole vers la Corée du Sud et atterrit à Daegu, cité entourée de montagnes et de collines, au sud-est de la péninsule. Son nouveau club appartient à la mairie de la ville (le maire en est le Président) et évolue alors en K League 2. Son impact est immédiat. Avec onze réalisations et huit passes décisives, le Brésilien participe activement à la montée de ses nouvelles couleurs au plus haut niveau national. En K League 1, le promu obtient aisément son maintien (huitième) grâce aux passes de Cesinha (sept) et Kim Sun-min (huit) et aux buts de Júnior Negão (douze).

Lors de la saison suivante, le Brésilien et Daegu montent en puissance. Septième du championnat où le Brésilien décroche le titre de meilleur passeur (onze), le club remporte sa première coupe nationale (face à Ulsan 2-1 / 3-0). Cesinha est élu MVP de la finale avec un but à l'aller et au retour et remporte le titre de meilleur buteur de la compétition (cinq). En 2018, le Sud-américain poursuit sur sa lancée et collectionne un nouveau titre de meilleur passeur (dix) partagé avec Moon Seon-min et atteint également le podium des meilleurs buteurs (troisième avec quinze buts). Et même si Daegu se hisse encore un peu dans la hiérarchie, l'équipe reste loin du duo de tête (cinquième avec cinquante-cinq points) échouant à un point du dernier qualifié pour l'Asian Champion's League. N°10 à la technique fine et à la frappe puissante, le Sud-américain illumine encore une fois la K League lors de l'édition 2020. Électron libre placé le plus souvent sur la gauche de l'attaque, il est le fer de lance de l'attaque avec dix-huit buts. Malgré la réussite de son étincelle créatrice, Daegu ne parvient pas à lutter pour le titre mais se qualifie pour l'ACL et affrontera l'équipe thaïlandaise de Chiangrai United en préliminaire de la compétition continentale. Valeur sûre de K League, Cesinha s'est imposé en Corée du Sud et va sûrement continuer à faire progresser le club de Daegu sur l'échiquier national en 2021.

eninhoEninho (Ênio Oliveira Júnior)

Suwon (2002/03), Daegu (2007/08) et Jeonbuk (2009/13 et 2015)

Après un début de carrière au Brésil à Mogi Mirim et São Caetano, Eninho (vingt-et-un ans) débarque dans la péninsule asiatique en 2002. Et cette première expérience avec les Bluewings de Suwon ne reste pas dans les mémoires pour le milieu offensif. Incapable de s'adapter à la K League, il rentre au pays au bout d'une petite saison. Quatre ans plus tard, l'Auriverde retrouve le « pays du Matin calme ». Cette fois, il s'engage avec le Daegu FC. Plus expérimenté, Eninho s'affirme comme l'un des leaders offensifs de l'équipe avec Lee Geun-ho et Ha Dae-sung. Ses performances (onze buts en trente-neuf matchs) séduisent Jeonbuk et il signe avec les Green Warriors. À Jeonju, Eninho enrichit son palmarès de deux titres nationaux dont celui de 2009, le tout premier pour ses nouvelles couleurs. Pendant trois saisons consécutives, l'apport du Brésilien est indéniable et il s'installe dans le Best XI de K League.

En 2011, Eninho et ses coéquipiers sont tout proche d'un doublé historique mais ils s'inclinent de justesse en finale de l'AFC Champion's League face à Al-Saad (2-2 / 2-4 tab) malgré une réalisation du milieu offensif. Quand Choi Kang-hee (son coach à Jeonbuk de 2009 à 2011) prend la direction de la sélection, la presse relaie l'intention du Sud-américain de prendre la nationalité coréenne mais le processus ne va pas à son terme. En 2013, Eninho quitte Jeonbuk pour la Chine. Après une pige d'une saison à Changchun, il revient chez les Warriors. Mais ce second passage n'est pas une réussite. Âgé de trente-quatre ans, Eninho n'a plus ses jambes de feu. Au bout d'une demi-saison, il rompt son contrat et quitte définitivement la K League pour rentrer au pays. Son aventure asiatique reste une totale réussite et le natif de Murici a laissé une belle image en Corée du Sud en général et dans la province de Jeolla du Nord en particulier.

leonardoLeonardo (Leonardo Rodriguez Pereira)

Jeonbuk (2012/16)

Après de brefs passages à Paranaense et au Desportiva Ferroviária, clubs de sa région natale aux alentours de Vitória dans l’État de l'Espírito Santo, Leonardo quitte rapidement le Brésil pour rejoindre l'Europe. Dès ses dix-neuf ans, il prend la direction de la Grèce et débute en seconde division sous les couleurs de Thrasyvoulos FC. Au bout de deux saisons réussies dans l'antichambre de l'élite, le Brésilien rejoint la Super League et Levadiakos. Malgré deux ans mitigés pour son nouveau club, ses bonnes performances lui permettent de signer avec l'un des poids lourds du championnat : l'AEK Athènes. Avec les Kitrinómavri, il découvre l'Europa League et dispute plutôt le haut du tableau que le maintien. En 2011, il inaugure son palmarès avec un succès en Coupe (3-0) contre Atromitos. En 2012, son parcours grec se clôture et il s'engage avec Jeonbuk. Aligné comme ailier avec les Green Warriors, Leonardo s'intègre bien dans sa nouvelle équipe avec notamment cinq buts et deux passes décisives en dix-sept matchs lors de la seconde partie de la saison. Son influence va monter crescendo.

Pour sa seconde année en Corée, il termine en tête du classement des passeurs à égalité avec Mauricio Molina du FC Séoul (treize) et obtient sa place dans le K League Best XI. En 2014, le club du Jeolla du Nord remporte son troisième titre de K League à la suite d'un exercice sans suspens. Encore une fois, le Sud-américain joue un rôle important dans la bonne saison de son équipe avec un nouveau titre de meilleur passeur, partagé cette fois avec son coéquipier Lee Seung-gi (dix). L'année suivante, Jeonbuk conserve sa couronne nationale dans un championnat plus disputé que le précédent et l'ailier de poche (1M73 pour 65 kg) se transforme en finisseur avec un total de dix buts. En 2016, malgré les douze réalisations de Leonardo, les Green Warriors abandonnent le titre au profit de Séoul. Mais cette déception est atténuée par leur seconde victoire en AFC Champions League (après celle de 2006) où le Brésilien s'illustre avec un doublé lors de la finale aller contre Al-Ain. Une performance récompensée par sa nomination dans l'équipe All Star de la compétition continentale. À la suite de ce succès, Leonardo répond favorablement aux avances de Al-Jazira et quitte la péninsule asiatique. En quatre saisons et demie, Leonardo a imposé son talent en Corée du Sud où il reste l'un des joueurs préférés des supporters de Jeonbuk.

macielMaciel (Luiz Franco)

Chunnam Dragons (1997/03)

Le petit défenseur central brésilien (1m77) a débuté sa carrière en 1991 avec Rio Branco de Andradas avant d’être transféré en 1993 à l’União São João. En 1997, l’entraîneur assistant de Jeonnam, Jung Hae-sung est envoyé au Brésil avec pour mission de trouver un défenseur en mesure de remplacer Kim Tae-young, occupé par la sélection nationale qui cherche à se qualifier pour la Coupe du Monde 1998 en France. C’est le jeune Maciel qui tape dans l’œil de Jung Hae-sung. Ce dernier parvient à le faire venir avec lui en Corée du Sud. Très vite, celui qui peut également jouer sur une aile, s’impose dans l’axe de la défense des Dragons et permet à son équipe de se hisser au deuxième rang du classement à la fin du championnat et remporte la Coupe de Corée du Sud. Symbole de la solidité de l’équipe dans les bases arrières, Jeonnam termine deuxième meilleure défense du pays, derrière le champion Pohang.

Maciel reçoit d’emblée les louanges de la K League puisqu’il figure dans le onze de l’année. Une performance qu’il réalise lors des trois saisons suivantes continuant de démontrer ses qualités défensives. Pas le plus grand, Maciel reste néanmoins très solide physiquement et surtout très intelligent dans son placement et doué techniquement ce qui en fait le meilleur défenseur étranger de la K League des années 1990. Au début des années 2000, il souhaite se faire naturaliser pour participer à la Coupe du Monde 2002 organisée sur le sol sud-coréen. Sa demande n’aboutit pas et fait même l’objet d’une polémique en Corée du Sud puisque le Brésilien ne parle pas la langue et ne souhaitait pas abandonner la nationalité brésilienne. En 2003, après une grave blessure survenue au cours de la saison, il décide de prendre sa retraite prématurément. Il reste comme l’un des tout meilleurs défenseurs que la K League ait connus et a notamment réussi l’exploit de ne jamais se faire expulser.

 

 Par Baptiste Mourigal et Nicolas Wagner

Nicolas Wagner
Nicolas Wagner
Rédacteur Europe pour Lucarne Opposée