Vavá est l’un des plus grands attaquants de l’histoire du football brésilien, une légende de Vasco et de Palmeiras et est encore aujourd’hui le troisième meilleur buteur brésilien en Coupe du Monde, n’étant dépassé que par Ronaldo et Pelé.

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Edvaldo Ezídio Neto naît à Recife le 12 novembre 1934. Dans son livre Os dez mais do Vasco, Rodrigo Taves écrit : « Edvaldo Ezídio Neto n’était pas un esthète, mais il a donné beaucoup de valeur au ballon. Opportuniste, excellent finisseur, il avait la tâche de compléter le service créé par les génies qui l’ont accompagné dans les années dorées de notre football ». Dans le même livre, l’ancien joueur Jair Rosa Pinto complète : « Il était bien meilleur que les attaquants d’aujourd’hui. Il savait dominer le ballon, entrer dans la surface et marquer des buts décisifs. S’il jouait aujourd’hui, il serait consacré et millionnaire. Même s’il était l’un des meilleurs attaquants du football brésilien, Vavá n’avait pas de vanité ». Avant de devenir une légende du Vasco, Vavá, appelé ainsi par sa famille, joue des peladas sur les plages et terrains secs de Recife, dans le Nordeste du Brésil. Il passe par l’América et Íbis, puis rejoint l’équipe juvenil de Sport, avec qui il remporte le championnat pernambucano de la catégorie. Vavá ne joue jamais avec les professionnels de Sport Recife. En 1951, grâce à l’action d’Ademir, attaquant de Vasco et passé par Sport, Vavá rejoint Rio de Janeiro et Vasco peu avant de fêter ses dix-sept ans.

Titré dès son premier match en carrière

Pour Manchete Esportiva, Vavá se souvenait en 1978 de ses débuts au club carioca : « J’étais double champion des juvenis avec Sport et j’ai été invité pour jouer dans la même catégorie au São Januário. Après beaucoup de faux départs, parce que mon père ne voulait pas me laisser partir, j’ai fini par voyager. Et un jour, Otto Glória, l’entraîneur principal, a dû choisir quelqu’un lors d’un entraînement pour remplacer Maneca, qui s’était blessé. Il est passé devant l’un, puis devant l’autre et s’est arrêté devant moi : “Tu entres !”. Je suis entré, sans même avoir le temps d’avoir peur, aux côtés de Chico, Friaça, Barbosa, Pinga et les supercracks de l’époque. J’ai bien joué, et le lendemain, j’avais une augmentation de salaire ». Vavá est convoqué pour les Jeux Olympiques de 1952 à Helsinki. vascoAux côtés notamment de Larry et Zózimo, Vavá marque un but lors du premier match, une victoire 5-1 face aux Pays-Bas. Le Brésil bat ensuite le Luxembourg avant de s’incliner en quart de finale contre l’Allemagne de l’Ouest. Gentil Cardoso lance Vavá en équipe première lors de l’avant-dernière journée du championnat carioca 1952, où Vasco a besoin d’une victoire pour remporter le titre. Au Maracanã, Ipojucan ouvre le score avant l’égalisation deux minutes plus tard de Zizinho, la star de Bangu. En seconde période, Vavá trompe le gardien Fernando d’un pointu, marque son premier but en carrière et offre déjà un titre au Vasco. Ce titre du championnat carioca est le dernier de la génération connue sous le nom de l’Expresso da Vitória, les joueurs laissant la place à d’autres plus jeunes, à l’image d’Ademir avec Vavá.

Le nouveau Vasco, avec des joueurs comme Orlando, Sabará, Bellini, ou encore Válter Marciano, peine à gagner des titres. En 1955, Vasco est l’équipe qui inscrit le plus de points sur la somme des trois tours, mais ne remporte aucun de ces tours et rate donc la finale. Le succès revient enfin en 1956, quand Vasco remporte le championnat carioca. Le match du titre a lieu face à Bangu, comme lors du premier titre de la carrière de Vavá, remporté quatre ans plus tôt. Au Maracanã, Bangu ouvre le score, mais Vavá est une nouvelle fois le héros du match, son doublé permettant au Vasco de décrocher le onzième championnat carioca de son histoire. Vasco termine meilleure attaque du championnat, avec notamment quatorze buts de Válter et treize réalisations de Vavá.

À la conquête de l’Europe et du monde

Grâce à ce succès, le club cruzmaltino est invité en Europe pour une tournée, dont nous vous racontions l’histoire dans le neuvième numéro de notre magazine. Dans le prestigieux Tournoi de Paris, Vavá est buteur en demi-finale face au Racing Paris, permettant au Vasco d’affronter en finale le double vainqueur de la Coupe des clubs des champions, le grand Real Madrid. Au Parc des Princes, le Real ouvre le score grâce à Alfredo Di Stéfano, l’un des modèles de Vavá : « J’ai beaucoup appris avec Pirilo, Di Stéfano et d’autres attaquants dans son style apuré. Pirilo était parfait dans la surface, même entouré de défenseurs. Di Stéfano a été un exemple magnifique d’un football compétitif : il cherchait les ballons sur tout le terrain, se démarquant pour faciliter le mouvement des coéquipiers. Je n’ai pas réussi à les égaler, mais j’ai été un “ponta de lança” qui bougeait beaucoup sur le terrain, toujours attentif au partenaire qui venait avec le ballon », explique Vavá pour Jornal do Brasil, qui passe en début de carrière du milieu de terrain à l’attaque. Vavá marque le but du 2-2 et Vasco s’impose finalement 4-3, remportant l’un des titres les plus prestigieux de l’époque. Vasco s’offre un autre tournoi prestigieux de fin de saison européenne, le Troféu Teresa Herrera, Vavá et Válter Marciano réalisant chacun un doublé pour une victoire 4-2 sur l’Athletic Bilbao. Vavá marque également un doublé lors de la large victoire 7-2 sur le FC Barcelone pour l’un des derniers matchs du stade Les Corts, l’ancien stade du Barça. Vavá est ensuite muet face au champion portugais en titre, Benfica, sèchement battu 5-2 par Vasco, qui s’impose comme l’un des plus grands clubs du monde.

De retour au Brésil, Vasco s’incline en ouverture du tournoi Rio – São Paulo face à Palmeiras malgré un but de Vavá. Ce sera la seule défaite de Vasco lors du tournoi, le club cruzmaltino battant notamment Fluminense 6-1 avec un quadruplé de Vavá, qui est encore aujourd’hui le seul joueur à avoir inscrit un quadruplé lors du Clássico dos Gigantes. Le match décisif a lieu au Pacaembu contre la Portuguesa. Vavá s’offre un doublé, Almir complète la goleada avec un triplé et Vasco décroche un nouveau titre. Ces performances permettent à Vavá d’être appelé en sélection nationale qui se prépare pour la Coupe du Monde 1958. Le Brésil dispute la Taça Oswaldo Cruz face au Paraguay, Vavá est titulaire pour un match qui marque également les débuts en Seleção de Zagallo et Dida, joueurs de Flamengo. Dans le livre Os 11 maiores centroavantes do futebol brasileiro de Milton Leite, Mário Zagallo explique : « Comme j’étais un joueur qui jouait plus bas, qui venait de derrière avec le ballon, il m’a beaucoup aidé. Parce que si l’avant-centre reste immobile devant, tu n’as qu’une seule possibilité. Mais il dézonait, il ouvrait un côté, donnait des alternatives pour des ouvertures. Souvent, il ouvrait sur le côté gauche, il laissait l’espace au milieu pour que je m’approche et donnait une option sur le côté. Dida, je le connaissais de Flamengo, mais la complicité avec Vavá s’est faite rapidement ».

Vavá débute pourtant la Coupe du Monde sur le banc, où le trio de Flamengo, Joel – Dida – Zagallo, est aligné en attaque aux côtés de Mazzola, la star de Palmeiras. Vavá profite de la blessure au pied de Dida pour faire ses débuts en Coupe du Monde lors du deuxième match, face à l’Angleterre. « Quand je suis arrivé dans l’équipe, j’étais en si bonne forme physique qu’il semblait que je volais plutôt que de courir. Cela m’a aidé à marquer des buts, certains décisifs. En sélection nationale, ce qui est tout pour un joueur, il faut avoir du football, mais aussi du cœur et du courage », explique Vavá dans le livre Os dez mais do Vasco de Rodrigo Taves. Malgré le 0-0 final, Vavá effectue un bon match, étant combatif dans les duels et trouvant même le poteau de Colin McDonald. Le match contre la redoutable Union soviétique est décisif.

vavaurssPhoto : Avalon / Icon Sport

Le Peito de Aço

Pour le match contre l’URSS, le sélectionneur Vicente Feola procède à trois changements. Zito, plus combatif au milieu de terrain, prend la place du technicien Dino Sani, ce qui donne plus de liberté à Didi. Surtout, Pelé et Garrincha font leurs débuts en Coupe du Monde et brillent d’entrée, Garrincha trouvant le poteau puis Pelé la barre transversale de Lev Yashin dès les premières minutes de jeu. À la troisième minute, Didi alerte Vavá d’une sublime ouverture de l’extérieur du pied, l’attaquant du Vasco ne se fait pas prier et marque son premier but en Coupe du Monde. En seconde période, à la suite d’un une-deux avec Pelé, Vavá double la mise et s’offre un doublé malgré un contact avec Vorinin, qui lui laissera une marque au pied droit pendant plusieurs années. Vavá reçoit six points de suture et est forfait pour le match contre le Pays de Galles, remporté 1-0 grâce au premier but en Coupe du Monde de Pelé.

En demi-finale, le Brésil, qui n’a toujours pas encaissé le moindre but, affronte la meilleure attaque du tournoi, la France, emmenée par le redoutable Just Fontaine. Dès la deuxième minute, Vavá contrôle de la poitrine une ouverture de Didi et ne laisse aucune chance à Claude Abbes. Just Fontaine égalise et Vavá a ensuite le malheur de briser la jambe de Robert Jonquet. Le Brésil profite de la supériorité numérique, Didi remet la Seleção devant juste avant la mi-temps avant le fabuleux triplé de Pelé en seconde période, forçant Just Fontaine à s’incliner : « Ils sont infernaux. Personne ne peut les contrer. Si vous marquez Pelé, Garrincha est libre et vice-versa. Si vous marquez les deux, Vavá entre en scène et va marquer un but. Ils sont diaboliques ». La finale oppose le Brésil au pays hôte, la Suède. Le Brésil se fait surprendre dès la quatrième minute avec un but de Nils Liedholm. Pour la première fois du tournoi, le Brésil est mené, les fantômes du Maracanaço planent, mais le Brésil ne tremble que cinq minutes. Garrincha déborde et centre, Vavá est à la réception et égalise. Le deuxième but brésilien est une copie conforme, le centre de Garrincha est repris par Vavá, qui devient le quatrième joueur après Gino Colaussi et Silvio Piola en 1938 et Helmut Rahn en 1954 à marquer un doublé en finale de Coupe du Monde. Le cinquième joueur n’est autre que Pelé, qui inscrit son deuxième but du match à la dernière minute, offrant au Brésil son premier titre de champion du monde. Au cours du tournoi, Vavá est surnommé « Peito de Aço » par le commentateur Geraldo José de Almeida en raison de sa combativité.

pelevavaPhoto : Agence Ferguson / Icon Sport

Passage en Europe et retour au Brésil

L’année 1958 est une année de rêve pour Vavá, puisqu’après le tournoi Rio – São Paulo et la Coupe du Monde, il remporte avec Vasco le championnat carioca, surnommé cette année-là le supersupercampeonato, deux phases supplémentaires étant nécessaires pour départager Vasco, Flamengo et Botafogo. Vavá ne prend part qu’aux quatre premiers matchs du championnat puisqu’il rejoint ensuite l’Atlético de Madrid. Pour son dernier match avec Vasco, Vavá s’offre un triplé lors de la victoire 4-0 contre São Cristóvão au Maracanã, portant son bilan à cent-quatre-vingt-onze buts pour le club cruzmaltino, de quoi être encore aujourd’hui le septième meilleur buteur de l’histoire de Vasco. Le « Peito de Aço » s’impose dès son arrivée en Espagne et marque seize buts dans le championnat, terminant cinquième au classement des buteurs derrières les légendes Alfredo Di Stéfano, Evaristo Macedo, Ferenc Puskás et Justo Tejada. Avec l’Atlético de Madrid, Vavá remporte deux fois la Coupe du Roi, battant à chaque fois en finale au Bernabéu le grand rival, le Real Madrid de Di Stéfano et Puskás. Grâce à ce succès, l’Atlético de Madrid dispute la Coupe des coupes, que le club remporte en 1962, mais Vavá est déjà retourné au Brésil.vavaatletico

Palmeiras est le seul club à rivaliser avec Santos sur la scène pauliste et grâce à la vente de Mazzola en Italie, peut recruter de nombreux joueurs. Vavá rejoint ainsi le Verdão, qui compte également sur Djalma Santos, Julinho Botelho ou encore Chinesinho. Dans le championnat paulista, Santos, porté par les quarante-six buts en vingt-sept matchs de Pelé, est trop fort et Palmeiras doit se contenter de la deuxième place. Vavá termine lui cinquième du classement des buteurs avec dix-neuf buts, un de moins que Coutinho, l’avant-centre de Santos. Le « Peito de Aço » retrouve la Seleção après près de quatre ans d’absence, les joueurs qui évoluent à l’étranger n’étant en effet pas sélectionnables. En avril 1962, le Brésil affronte le Paraguay lors de la Taça Oswaldo Cruz. Au Maracanã, Vavá est remplaçant, mais entre en cours de jeu à la place de Coutinho et marque un but lors de la large victoire 6-0 du Brésil. Au retour au Pacaembu, Vavá est à nouveau remplaçant, entre une nouvelle fois en jeu à la place de Coutinho et marque un nouveau but, permettant au Brésil de s’imposer 4-0. Vavá s’apprête donc à être remplaçant pour la Coupe du Monde, mais Coutinho se blesse au genou droit et assiste à la compétition depuis les tribunes.

Après la blessure de Dida en 1958, Vavá est titulaire en 1962 grâce à une autre blessure, celle de Coutinho, et retrouve son partenaire Zagallo, qui profite de son côté du forfait d’un autre joueur de Santos, Pepe, pour assurer sa place dans le onze de départ. « Coutinho avait un autre style. C’était un joueur rapide, mais qui restait plus devant, cherchant le une-deux avec Pelé. Par ma façon de jouer, avoir Vavá me facilitait la vie », explique Zagallo dans le livre Os 11 maiores centroavantes do futebol brasileiro de Milton Leite. Après Pepe et Coutinho, un troisième attaquant de Santos doit déclarer forfait pour le Mondial, et non des moindres, puisque Pelé se blesse lors du deuxième match du tournoi, un 0-0 contre la Tchécoslovaquie. Le Brésil doit absolument battre l’Espagne lors du troisième match pour se qualifier alors que Nilton Santos se renseigne auprès de Vavá : « J’avais joué en Espagne et Nilton Santos voulait connaître les caractéristiques de Collar, qui jouait dans mon équipe, l’Atlético de Madrid. Je lui ai expliqué que c’était un ailier gaucher qui jouait à droite. Très rapide, avec une bonne frappe du gauche. Il était dangereux, mais personne n’est suffisamment dangereux pour Nilton ». Nilton Santos parvient à contenir Collar, sauf lors d’une action où il est pris dans le dribble et commet une faute à l’entrée de la surface. « Instinctivement, j’ai avancé de deux pas et je suis sorti de la surface. L’arbitre était loin, il n’a pas vu et a sifflé un coup franc, pas un penalty », se souvenait Nilton Santos pour Folha de S. Paulo. L’Espagne, qui menait 1-0, n’en profite pas et s’incline finalement sur un doublé d’Amarildo, le remplaçant de Pelé. Le Brésil file en quarts de finale.

vavacdmPhoto : Avalon / Icon Sport

À nouveau champion du monde

La suite de la compétition appartient à Garrincha, mais le « gênio das pernas tortas » reste très bien entouré puisqu’après le forfait de Pelé, Amarildo est le seul titulaire de l’équipe à ne pas avoir été champion du monde en 1958, avec même huit joueurs qui avaient été titulaires quatre ans plus tôt lors de la finale en Suède. En quarts de finale, le score est de 1-1 entre le Brésil et l’Angleterre lorsque Garrincha tire un coup franc en force. Ron Springett capte mal le ballon, Vavá suit et marque de la tête. Après un nouveau but de Garrincha, le Brésil se qualifie en demi-finale, face au pays hôte, le Chili. Comme contre l’Angleterre, Garrincha inscrit un doublé et est cette fois imité par Vavá. L’attaquant de Palmeiras marque deux fois de la tête, sur un corner côté droit de Garrincha puis sur un centre côté gauche de Zagallo. La combativité de Vavá lui offre un nouveau surnom au Chili, le « Peito de Aço » devenant le « Leão da Copa ». Interrogé par Milton Leite sur ces surnoms et le style combatif de Vavá, Mário Zagallo répond : « Il avait ces caractéristiques, mais il était bien plus que cela. C’était un joueur très intelligent, il se déplaçait bien, il ouvrait l’espace pour les autres joueurs, il était doué avec le ballon ». La Seleção se qualifie pour une nouvelle finale et retrouve la Tchécoslovaquie, déjà affrontée lors du premier tour, match où se blesse Pelé.

Comme en 1958, le Brésil se retrouve mené en finale, mais réagit rapidement, Amarildo égalisant seulement deux minutes après l’ouverture du score de Josef Masopust. En fin de match, alors que Zito a déjà mis le Brésil en tête au tableau d’affichage, le Leão da Copa marque le dernier but de la compétition. « Cela a été un but de pur opportunisme, où il n’a pas abandonné l’action même en sachant que le ballon était bien plus pour le gardien Schrojf. Le Tchécoslovaque a laissé le ballon lui échapper, et Vavá était là, attendant l’erreur, comme toujours », écrit Rodrigo Taves dans son livre Os dez mais do Vasco. Avec ce quatrième but dans le tournoi, Vavá est l’un des six meilleurs buteurs à égalité de la Coupe du Monde 1962, la seule compétition de sa carrière où il termine artilheiro. Il devient également le premier joueur de l’histoire à marquer lors de deux finales de Coupe du Monde, n’étant depuis rejoint que par Pelé, Paul Breitner et Zinédine Zidane. Vavá est encore aujourd’hui le seul de l’histoire à avoir marqué lors de deux finales consécutives et présente le bilan incroyable en Coupe du Monde de neuf buts en dix matchs. « En 1962, Vavá a été un joueur fondamental pour remporter le titre. Il a maintenu la même façon de jouer, en se déplaçant, ouvrant l’espace et concluant mes ouvertures, les centres de Garrincha. Un ballon dans la surface était toujours une occasion de but quand Vavá était sur le terrain », poursuit Zagallo. « Sans lui, l’histoire en 1958 et 1962 aurait été différente. Vavá a été fondamental », ajoute Zito. Toujours dans le livre Os dez mais do Vasco, Vavá rend l’hommage à Zito : « En 1962, on a été de nouveau champions du monde grâce à la qualité de l’équipe. Un crack comme Zito ne se trouve pas tous les jours, il était parfait au milieu de terrain ».

À la fin de l’année 1962, Palmeiras vend Chinesinho en Italie, ce qui permet de recruter plusieurs joueurs, notamment Djalma Dias et Servílio. Le jeune Ademir da Guia a la lourde tâche de remplacer Chinesinho au milieu de terrain alors que Vavá retrouve son ancien poste, ponta de lança, où il joue en soutien de Servílio. La Primeira Academia est née, Palmeiras parvient à maîtriser Santos, qui visait un quatrième titre consécutif dans le championnat paulista. Vavá marque sept buts au cours du championnat, dont un doublé lors d’une victoire 5-2 sur le Corinthians, et Palmeiras termine avec six points d’avance sur Santos, ne concédant que deux défaites en trente matchs. Au cours de l’année, Palmeiras dispute également le tournoi de Florence en Italie. En demi-finale, Palmeiras affronte le Botafogo et ses quatre champions du monde, Nilton Santos, Garrincha, Zagallo et Amarildo alors que le jeune Jairzinho fait ses débuts dans l’équipe. Palmeiras s’impose 2-1 grâce à un doublé de Vavá et affronte en finale la Fiorentina, match qui marque les retrouvailles de Julinho avec son ancien club italien. Le Verdão s’impose 3-1 et remporte un nouveau titre.

Une légende du football brésilien

Palmeiras termine troisième du tournoi Rio – São Paulo 1964, puis deuxième du championnat paulista, derrière Santos. vavapalmeirasVavá marque dix buts au cours du tournoi et quitte Palmeiras à la fin de l’année après soixante-et-onze buts en cent-quarante-deux matchs. Cette année-là, il dispute également ses deux derniers matchs avec la Seleção, une victoire 5-1 contre l’Angleterre puis une défaite 3-0 contre l’Argentine, la seule défaite de sa carrière sous le maillot auriverde. En vingt-quatre sélections, Vavá marque quinze buts, dont neuf en Coupe du Monde. Le « Leão da Copa » passe ensuite par le Mexique, à l’América et Toros Neza, retourne en Espagne à Elche, joue aux États-Unis pour San Diego Toros puis termine sa carrière au Brésil dans le petit club de la Portuguesa d’Ilha do Governador. Vavá se dirige ensuite vers une carrière d’entraîneur, passant par des clubs modestes de Rio de Janeiro, mais aussi le Portugal, l’Arabie saoudite et l’Espagne où il entraîne en deuxième division. Cette expérience européenne est vue comme un avantage pour Telê Santana, qui fait de Vavá son adjoint de la mythique Seleção de 1982.

Vavá prend sa retraite peu après et s’il dépose ses empreintes de pieds à la Calçada da Fama du Maracanã en 2000, il connaît une fin de vie difficile avec de l’arthrose au genou puis un accident vasculaire cérébral. « La CBF n’a pas aidé Vavá. Je ne supporte pas tant d’ingratitude. Au Brésil, les hommes du sport ne donnent pas de valeur au passé, ils s’en préoccupent seulement quand les joueurs meurent », regrette l’ancien joueur Jair Rosa Pinto. En difficulté financière, Vavá reçoit finalement l’aide de son ancien club du Vasco, qui met à disposition une voiture pour venir le chercher à son domicile et lui offrir des séances de physiothérapie au siège du club. En 2002, deux mois avant d’être désigné par Sports Illustrated parmi les cent plus grands joueurs de la Coupe du Monde, Vavá meurt d’insuffisance respiratoire à soixante-sept ans. Un an plus tard, sa femme met en vente aux enchères le maillot de la finale de la Coupe du Monde 1958 où il inscrit un doublé. « Ce que je ne reçois pas de mon pays, je le recevrai peut-être de Londres. Je survis, parce que Vavá a laissé des biens », déclare-t-elle à l’époque. Carlos Alberto Parreira, le sélectionneur du Brésil à ce moment, offre 14 100 livres pour remporter l’objet, qu’il cède à la CBF, le maillot passant entre-temps entre les mains de l’ancien coéquipier et ami de Vavá, Mário Zagallo. Depuis, le maillot de Vavá est exposé au musée de la CBF.

Marcelin Chamoin
Marcelin Chamoin
Passionné par le foot brésilien depuis mes six ans. Mon cœur est rouge et noir, ma raison est jaune et verte.