Surnommé l’étoile solitaire ou le Glorioso, Botafogo a marqué l’histoire du football de Rio de Janeiro, du Brésil et du monde, mais court encore après sa première Copa Libertadores.

Le football arrive à Rio de Janeiro en 1897 par l’intermédiaire d’Oscar Cox, qui devient cinq ans plus tard l’un des fondateurs du Fluminense Football Club. L’élite de Rio de Janeiro adopte rapidement le nouveau sport et plusieurs clubs voient le jour. Lors d’un cours d’algèbre au collège Alfredo Gomes, le jeune Flávio Ramos propose à son camarade Emmanuel Sodré de fonder un nouveau club. Le 12 août 1904, des jeunes de quatorze à quinze ans créent ainsi un nouveau club, Electro Club, renommé un mois plus tard Botafogo Football Club, du nom du quartier de Rio d’où sont originaires les joueurs. Le premier match a lieu le 2 octobre 1904 face à Football and Athletic Club et se solde sur une défaite 3-0. Il faut attendre le deuxième match pour voir une victoire, 1-0 sur Petropolitano, Flávio Ramos marquant le premier but de l’histoire du club.

O Glorioso

Dès sa fondation, Botafogo adopte son maillot traditionnel à rayures verticales blanches et noires, conformément au souhait du fondateur Itamar Tavares, qui s’est passionné pour la Juventus lors de ses études en Italie. Botafogo participe au premier championnat carioca de l’histoire en 1906 et termine quatrième. L’année suivante, le club termine en tête à égalité avec Fluminense, sans que la Ligue ne désigne un vainqueur. Ce n’est qu’en 1996 que la fédération carioca déclare les deux clubs co-vainqueurs du championnat. En 1909, Botafogo bat Mangueira 24-0, plus large victoire de l’histoire du football brésilien, avec notamment un nonuplé de Gilbert Hime et un septuplé de Flávio Ramos. Un an plus tard, le club remporte ce qui est alors son premier championnat carioca en marquant soixante-six buts en dix matchs, et hérite du surnom du Glorioso.

Vainqueur du championnat carioca 1912 alors que le football de Rio est divisé en deux championnats distincts, Botafogo entre ensuite dans une période de disette de vingt ans. Avec des joueurs comme Nilo et Carvalho Leite, Botafogo remporte ensuite le tetracampeonato carioca entre 1932 et 1935, années marquées par les conflits du professionnalisme, Botafogo fournissant à la sélection nationale la plupart des joueurs pour disputer la Coupe du Monde 1934. Il reste à l’heure actuelle le seul club à avoir remporté quatre fois consécutivement le championnat de Rio de Janeiro alors que Carvalho Leite sera pendant longtemps le meilleur buteur de l’histoire du club, avec deux-cent-quatre-vingt-quinze buts en trois-cent-vingt-six matchs.

Nouveau club, nouvelles mœurs

En 1942, le Botafogo Futebol Clube et le Clube de Regatas Botafogo s’affrontent lors d’un match du championnat carioca de basket-ball. Au cours du match, la star du Botafogo FC, Armando Albano, meurt sur le terrain d’un arrêt cardiaque. Les présidents des clubs s’entendent pour fusionner les deux clubs afin de ne plus s’affronter, le Botafogo de Futebol e Regatas naît ainsi le 8 décembre 1942. Les années quarante marquent pourtant une nouvelle période de disette pour le club. Le Glorioso s’appuie sur son avant-centre vedette Heleno de Freitas, aussi élégant et instruit en dehors des terrains que caractériel et problématique une fois un maillot enfilé. Malgré les deux-cent-quatre buts en deux-cent-trente-trois matchs d’Heleno, Botafogo reste systématiquement derrière ses rivaux de Fluminense, Flamengo ou Vasco et ne remporte plus le championnat carioca.

Heleno de Freitas, le premier craque problema du Brésil

Le président est depuis 1945 Carlito Rocha, vainqueur du championnat carioca avec Botafogo en tant que joueur en 1912 et en tant qu’entraîneur en 1935. Afin de conjurer le mauvais sort, Carlito Rocha lance de nombreuses superstitions, comme attacher les rideaux au siège du club de General Severiano les jours de matchs. Le président du club adopte également un chien, Biriba, qui entre sur le terrain lors d’une victoire 10-2 sur Mangueira et qui ne rate ensuite plus un match du Glorioso. En 1948, Heleno de Freitas quitte le club et la nouvelle star est l’arrière-gauche Nílton Santos, encore aujourd’hui plus grande idole du club et joueur le plus capé avec sept-cent-vingt trois matchs. Après un succès 3-1 sur Vasco au General Severiano, Botafogo remporte enfin le championnat carioca, une première depuis 1935 ! Encore aujourd’hui, les tics de Carlito Rocha passés à la postérité valent au Botafogo la réputation d’être le club des superstitieux.

Le Botafogo de Garrincha

Après le titre de 1948, Botafogo passe une nouvelle fois de longues années sans trophées. Il connaît ensuite son âge d’or entre les années cinquante et soixante, qui vont faire du Glorioso l’un des plus grands clubs du monde. Emmené par Didi, Paulo Valentim, auteur d’un quintuplé lors du match décisif, et surtout Garrincha, Botafogo bat Fluminense 6-2 pour remporter le championnat carioca 1957, après neuf ans de jejum. Le premier titre de la Seleção lors de la Coupe du Monde 1958 change l’image du football brésilien. Grâce aux dribbles de Garrincha ou l’élégance de Didi et Nílton Santos, Botafogo est l’un des clubs à en profiter le plus, réalisant de lucratives tournées en Europe et dans le monde, à l’image du Tournoi de Paris remporté en 1963. Botafogo décroche le bicampeonato carioca 1961-1962 et fournit cinq joueurs à la Seleção qui conserve la Coupe du Monde en 1962. Preuve de la qualité de l’équipe et du réservoir du football brésilien, Quarentinha, toujours meilleur buteur de l’histoire de Botafogo avec trois-cent-treize buts en quatre-cent-quarante-deux matchs, n’est pas convoqué. Le club remporte également le tournoi Rio – São Paulo en 1962, mais bute deux fois sur le Santos de Pelé, en finale de la Taça Brasil 1962 et en demi-finale de la Copa Libertadores 1963.

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Malgré le départ de sa star déclinante Garrincha, Botafogo reste au sommet du football carioca grâce à une nouvelle génération de joueurs exceptionnels, emmenée par un jeune technicien qui a brillé comme joueur au club, Mário Zagallo. Jairzinho remplace Garrincha sur l’aile-droite, Paulo César Caju brille à gauche, Roberto Miranda est un buteur redoutable et le milieu Gérson est le chef d’orchestre de l’équipe. Botafogo remporte le championnat carioca en 1967 et 1968 et devient le premier club carioca à remporter la Taça Brasil, qui connaît sa dernière édition en 1968. Il remporte également la Pequena Taça do Mundo organisée à Caracas à trois reprises, ce qui permet au club de se considérer depuis 2020 comme « triple champion mondial ». Les deux décennies suivantes sont nettement plus difficiles, Botafogo est en retrait par rapport aux trois autres géants de Rio et perd même à cause de dettes son historique terrain du General Severiano, démoli en 1977.

La renaissance du Fogão

Botafogo met enfin fin à la disette de titres en 1989, en battant Flamengo pour remporter le championnat carioca après vingt-et-un ans sans trophée ! Le Fogão rachète son terrain du General Severiano l’année suivante et atteint en 1992 la finale du Brasileirão, cette fois perdue face à Flamengo. Un an plus tard, le club succède à l’Atlético Mineiro et remporte la deuxième Copa CONMEBOL, premier titre international officiel de l’histoire du club. En 1995, emmené par son nouveau numéro 7, l’avant-centre Túlio Maravilha, Botafogo atteint une nouvelle fois la finale du Brasileirão. Grâce à un but de Túlio au Pacaembu, le Fogão vient à bout de Santos et remporte un premier titre national depuis 1968.

L’histoire de Botafogo est faite de périodes glorieuses et de phases difficiles. En 2002, le club est relégué en Série B pour la première fois de son histoire et s’il remonte en première division dès l’année suivante, la saison du centenaire du club en 2004 est également un échec. L’équipe déçoit dans le championnat carioca et en Coupe du Brésil et n’assure son maintien en championnat qu’à la dernière journée. En 2007, Botafogo inaugure son stade olympique João Havelange, renommé stade Nílton Santos en 2015, mais s’incline trois consécutivement en finale du championnat carioca contre Flamengo entre 2007 et 2009.. L’année 2010 est finalement la bonne, le Glorioso remporte le titre sur une panenka d’El Loco Abreu. Il décroche également l’édition de 2013 grâce aux exploits d’un autre gringo, Clarence Seedorf, qui termine brillamment sa carrière au Brésil.

Botafogo remporte ensuite le championnat carioca 2018, mais connaît deux nouvelles relégations en Série B, en 2014 et 2020. Il remporte la Série B en 2021 et se transforme l’année suivante en SAF, le club étant repris par le milliardaire américain John Textor. Avec des investissements plus malins que réellement conséquents, le Fogão brille dans le Brasileirão 2023 et compte jusqu’à treize points d’avance sur son dauphin. Mais le club s’écroule complètement au cours de la phase retour et laisse finalement le titre à Palmeiras. Malgré la déception, Botafogo se relève et joue à nouveaux les premiers rôles dans le Brasileirão 2024 et se qualifie en plus pour la première finale de Copa Libertadores de son histoire, rêvant d’un doublé qui n’a été réalisé que par Santos en 1962 et 1963 et Flamengo en 2019.

Marcelin Chamoin
Marcelin Chamoin
Passionné par le foot brésilien depuis mes six ans. Mon cœur est rouge et noir, ma raison est jaune et verte.