Vingt-neuvième saison de l’histoire, l’édition 2024 de la MLS débute cette semaine avec de nombreux appétits à assouvir et quelques grands à la recherche d’une revanche.

Plus de deux mois ont passé depuis le titre du Crew, les premières formations engagées en compétition continentale ont pu déjà goûter de nouveau aux terrains, mais l’heure est désormais venue pour la vingt-neuvième édition de MLS de l’histoire de se lancer. Sur le format, rien ne change par rapport à 2023 puisque pour la première fois depuis 2016, il n’y aura pas d’expansion team cette année, San Diego arrivant l’an prochain.

Ils seront donc de nouveau vingt-neuf, répartis en deux conférences à prendre part à une saison régulière qui s’étend jusqu’au 19 octobre et sera, comme l’an passé, entrecoupée de la Leagues Cup, organisée du 26 juillet au 25 août prochain alors qu’elle se poursuivra durant la Copa América, elle aussi organisée sur le territoire US entre juin et juillet. La phase régulière voit les formations s’affronter en aller-retour au sein de leur conférence et disputer six ou sept matchs contre une formation de l’autre conférence. Comme désormais de tradition, les neuf premiers des conférences se qualifient pour les play-offs, les vainqueurs s’offrant une place en CONCAChampions et au premier tour des play-offs, les huitième et neuvième devant passer par un barrage pour participer à ces derniers.

Rude concurrence à l’Est

Sans aucun doute la conférence la plus relevée l’an passé, la conférence Est ne perd pas en qualité cette saison. Le champion sortant, Columbus, conserve son guide, Wilfried Nancy, et procède à quelques petites retouches, seul le départ de Julian Gressel, finalement peu utilisé, pouvant éventuellement être considéré comme notable. Nicholas Hagen vient garnir la concurrence au poste de gardien même si Patrick Schulte demeure indiscutable et on suivra avec attention de jeune Taha Habroune, dix-sept ans, qui a signé son premier contrat professionnel après avoir démontré son talent en MLS Next Pro avec l’équipe réserve, finaliste de l’épreuve. Pour le reste, le onze-type ne devrait pas bouger, on retrouvera donc Cucho Hernández, Diego Rossi, Aidan Morris. Du côté de la meilleure équipe de la phase régulière l’an passé, Cincinnati, les retouches sont plus importantes, le départ de Brandon Vazquez pour le Mexique étant un vrai coup à l’armada offensive des hommes de Pat Noonan. Ajoutez à cela le départ du supersub Dominique Badji, et on comprend mieux qu’il va falloir trouver de nouvelles associations à l’immense Lucho Acosta, fort heureusement toujours à la baguette. La pression sera importante pour Corey Baird, venu donc pallier le départ de Vazquez et proposant surtout un autre registre devant. À noter cependant que les Orange and Blue, ont pour l’instance conservé l’excellent Álvaro Barreal et réussi un joli coup en attirant Miles Robinson en défense et en signant le prometteur Luca Orellano pour muscler l’aile droite. Pour le reste, bien que le potentiel offensif semble un peu moindre, Cincy mise également sur la continuité et devrait rester compétitif.

Il le faudra car la concurrence reste solide à l’Est. Deuxième de la phase régulière l’an passé, Orlando a musclé son recrutement et se présente avec une armada offensive assez folle : Iván Angulo, Luis Muriel et Nico Lodeiro viennent compenser le départ notable de Mauricio Pereyra et s’ajoutent donc à une ligne d’attaque dans laquelle Facu Torres, Dagur Dan Þórhallsson ou encore Martin Ojeda figurent encore. Les Lions floridiens attirent également David Brekalo pour muscler la ligne arrière et Wilder Cartagena pour densifier l’offre au milieu. Nul doute qu’Óscar Pareja dispose de suffisamment de munitions pour laisser Orlando aux premiers postes et pourquoi pas gagner en ambition.

Dans la course également l’an passé, le duo PhiladelphieNew England demeure redoutable. L’Union n’est pas véritablement l’objet de grand remue-ménage et conserve finalement le même groupe que l’an passé, son onze-type ne devant pas être bien différent. Les Revs ont quant à eux digéré les remous d’une saison 2023 difficile en dehors du terrain avec l’affaire Bruce Arena, et nomment surtout Caleb Porter sur leur banc, lui qui fut l’hommes des titres de Portland en 2015 et Columbus en 2020 et dont la philosophie offensive pourrait faire du bien à New England. Les Revs ont toujours leur chef d’orchestre Carles Gil à la baguette, remplacent le vieillissant Gustavo Bou, rentré au pays, par un autre profil argentin, Tomás Chancalay dont l’option est définitivement levée après quelques mois d’une adaptation encourageante (trois buts en six matchs), et peuvent prétendre à jouer les premières places.

La concurrence pourrait cependant venir de quatre équipes qui vont, pour certaines viser les play-offs, pour d’autre ont pour mission d’aller chercher le titre. Première de la liste, le traditionnel épouvantail Nashville. Meilleure défense de la ligue l’an passé, finaliste malheureux de la Leagues Cup, la bande à Gary Smith a perdu sa légende, Dax McCarty, que l’on pensait voir prendre une retraite méritée avant de le retrouver à Atlanta, et laisse partir Fafá Picault, l’un de ses détonateurs offensifs. Mais l’effectif ne bouge finalement pas beaucoup. La défense, force principale, reste la même et les retouches sont plus que cosmétiques à l’image d’Amar Sejdić, qui renforce le milieu, ou encore Tyler Boyd vient apporter une touche de créativité offensive. Reste aussi le MVP des Boys in Gold, l’immense Hany Mukhtar, toujours présent. Une fois encore, Nashville devrait jouer les play-offs, devrait empêcher tout ce beau monde à l’Est de vivre tranquillement.

Autre habitué, Atlanta United. S’il est difficile de trouver beaucoup de positif dans la saison 2023 de l’équipe de Gonzalo Pineda, avec une présence en play-offs certes, mais une année finalement assez anonyme, il est tout aussi difficile de bien mesurer les ambitions des Five Stripes. Sur le papier, Pineda dispose d’un effectif taillé pour jouer les premiers rôles : Xande Silva est conservé, Stian Gregersen apportera de la solidité supplémentaire en défense, Josh Cohen arrive dans les buts pour préparer l’après Guzan qui semble approcher, Dax McCarty permet d’apporter expérience et profondeur d’effectif. Il reste aussi les valeurs sûres : Thiago Almada reste encore le chef d’orchestre (même si on l’imagine mal aller au bout de la saison), Giorgos Giakoumakis demeure la principale force de frappe devant, l’excellent Caleb Wiley sera toujours dans son couloir. Reste donc à savoir si Gonzalo Pineda parviendra enfin à donner une véritable forme et idée à cette équipe, seule condition pour viser mieux qu’une saison qui se résume en quelques coups d’éclats mais surtout un profond anonymat.

L’anonymat est une chose impossible pour l’Inter Miami. Reste désormais à le convertir en ambition. Car si l’arrivée de Lionel Messi a véritablement eu un impact sur l’ensemble de l’effectif, la victoire en Leagues Cup a finalement été sans lendemain. La fin de saison n’a pas débouché sur un potentiel miracle qu’eût été une qualification pour les play-offs (un miracle mathématiquement possible cela dit), avec désormais une saison complète qui s’annonce pour Leo et sa bande, les objectifs ne peuvent être une vingt-septième place sur vingt-neuf. Pour les remplir, Tata Martino peut cependant compter sur un effectif une fois encore remanié, la notion de continuité n’étant pas encore arrivée chez les Hérons. Kamal Miller s’est envolé à Portland après une deuxième partie de saison plutôt impressionnante, Josef Martínez a été prié d’aller trouver un contrat ailleurs, Gregore a été sacrifié sur l’autel du contrat de DP à libérer, Dixon Arroyo est retourné au pays. Le tout pour des arrivées toujours plus clinquante : Luis Suárez a signé ce qu’il appelle son dernier contrat, Julian Gressel vient chercher du temps de jeu, Nicolás Freire est prêté par les Pumas et la pépite Federico Redondo débarque dans les derniers instants. Sur le papier, des coups intéressants, mais dans les faits, un manque d’équilibre tant la défense parait encore toujours aussi fragile. L’Inter devrait cependant pouvoir viser les play-offs, pour le titre, tout sera une question de patience.

D’autant qu’une autre formation s’annonce bien plus solide que l’an passé : le CF Montréal. Bouté hors play-offs sur le fil la saison dernière, Montréal a décidé de changer la donne cette saison. D’abord en nommant un coach qui a largement fait ses preuves et méritait l’élite : Laurent Courtois. Auteur d’un superbe travail avec la réserve du Crew l’an passé, qu’il a menée en finale du MLS Next Pro après avoir remporté la première édition au terme d’une saison marquée notamment par un bilan à domicile totalement fou (onze victoires et une défaite en douze matchs), Laurent Courtois se retrouve à la tête d’un groupe déjà fortement intéressant l’an passé, mais très sérieusement renforcé cette année : la pile Raheem Edwards sur le côté, le duo Matias Cóccaro – Josef Martínez pour s’adjoindre à l’excellent Kwadwo Opoku devant, le retour de Sebastian Breza pour suppléer un excellent Jonathan Sirois dans les buts, les talents Rida Zouhir et Nathan Saliba au milieu sont autant de noms dans lesquels le technicien français pourra piocher. Sur le papier, ce Montréal est extrêmement excitant, si la sauce Courtois prend, il a tout ce qu’il faut pour bousculer la hiérarchie.

Reste ensuite six équipes pour lesquelles les ambitions sont encore bien délicates à cerner. Pire équipe de MLS l’an passé, Toronto a joué la carte de la surprise à l’intersaison en ne bousculant pas son effectif. Victor Vázquez a certes quitté les Reds pour l’Inde, mais pour le reste, la carte de la continuité a été jouée et John Herdman, arrivé début octobre sur le gong de la saison dernière a donc pu travailler avec le même groupe, lui adjoignant Kevin Long, pour muscler l’axe défensif, Deiby Flores pour densifier le milieu et attirant une jolie promesse venue de Trinidad y Tobago, Tyrese Spicer. Sur le papier, Toronto reste une équipe assez équilibrée, peut s’appuyer sur des cadres de qualité, de Sean Johnson dans les buts au duo italien Federico Bernardeschi – Lorenzo Insigne en passant par le capitaine Jonathan Osorio, mais comme toujours, la grande question est de savoir si Herdman parviendra à maintenir son effectif concerné toute la saison. À cette condition, le TFC pourrait viser les play-offs.

Un stade que Charlotte a découvert la saison passée en réalisant une saison quasi-identique à la précédente, sa première en MLS. Jamais deux sans trois pour The Crown ? Charlotte change de staff, Dean Smith se posant sur le banc, mais ne bouscule pas véritablement son effectif, apportant quelques touches d’expérience, avec notamment l’arrivée de Júnior Urso, près de cent matchs de MLS avec Orlando, David Bingham, près de 200 matchs de MLS, pour compléter le pool de gardiens derrière Kahlina et Marks. Reste que le club se sépare de son meilleur buteur des deux dernières saisons, Karol Świderski, prêté à Vérone, et va devoir reconstruire son animation offensive autour de Brecht Dejaegere et Enzo Copetti pour espérer viser de nouveaux les play-offs à l’heure où la concurrence s’est renforcée. Ce devrait ainsi être la seule ambition de Charlotte cette saison.

L’ambition n’est pas un mot inscrit au lexique de New York City, présent ici uniquement pour porter les couleurs du City Group aux USA. Le champion qui n’avait pas demandé à l’être en 2021 est gentiment rentré dans le rang avec une troisième place et une finale de conférence l’année suivante puis une onzième place et un anonymat total l’an passé. La machine à faire transiter les joueurs au sein de la filiale a donc attiré une promesse de Racing, Agustín Ojeda et conserve Andrés Perea, déjà au club l’an passé. Côté départs, la liste est assez longue, certains se contentant de naviguer au sein des différentes filiales du groupe, seul véritable objectif sportif de tout City qui n’est pas précédé du nom de Manchester. Ainsi peut-on imaginer NYCFC venir lutter pour les play-offs, mais il ne serait pas surprenant de voir les pensionnaires d’un stade de base-ball nous offrir une nouvelle saison d’anonymat. Sportivement, l’autre club filiale de la Ligue, également à New York, semble être mieux armé, ou un peu plus ambitieux. Apanage de l’histoire sans aucun doute. Du côté des Red Bulls donc, la notion d’appartenance au groupe permet cependant de faire venir quelques transferts intéressants et l’arrivée d’Emil Forsberg l’est forcément. Le club a certes connu son lot de départs, mais à l’exception de Luquinhas, l’impact ne devrait pas être si important. Les arrivées sonnent plus comme des retouches que des renforts – on suivra tout de même avec attention le centre suédois Noah Elie, mais pour le reste, le grand intérêt sera de voir ce que Sandro Schwarz, qui reste sur un bel échec au Hertha, pourra faire d’un effectif tout de même très intéressant sur le papier et qui semble capable de produire de belles choses.

Reste enfin les deux historiques qui dépriment tous les nostalgiques de la MLS : DC United et Chicago Fire. Le premier est un monstre : quadruple champion MLS entre 1996 et 2004, vainqueur de la CONCAChampions et de l’Interamericana 1998, triple vainqueur de l’US Open Cup, DC United a tout du géant. Mais tel Alice buvant la potion, DC n’a depuis cessé de rapetisser. Au point d’être la pire équipe de l’édition 2022. L’honneur fut cependant sauvé l’an passé, Wayne Rooney ayant finalement réussi à ramener l’espoir à l’Audi Field en ratant les play-offs d’un rien. Sans lendemain. L’ancienne star de Man United partie, DC a nommé sur son banc Troy Lesesne, ancien intérimaire finalement conforté l’an passé à New York, guidant les Red Bulls jusqu’aux play-offs avant d’être viré en même temps que le directeur sportif, la direction du taureau rouge semblant préférer un nouveau cycle. Il faudra pour cela trouver rapidement la formule, d’autant que l’effectif composé n’est pas le plus dense de la ligue, loin de là. Quelques coups ont été tentés, comme le duo de St. Louis Lucas Bartlett – Jared Stroud, le maintien de Gabriel Pirani ou encore le jeune finlandais Matti Peltola, mais si les Benteke et autre Dájome sont toujours présents, l’ensemble parait tout de même bien léger pour espérer viser très haut dans une conférence toujours aussi relevée.

Champion MLS en 1998, quadruple vainqueur de l’US Open Cup, Chicago Fire est censé être bien plus qu’un figurant dans la ligue, bien plus que « l’équipe de Shaqiri ». Pourtant, les jeunes générations auront du mal à le croire. Huitième de conférence en 2019, dix-septième sur vingt-quatre, le club n’a cessé de chuter ces dernières saisons, terminant 2022 et 2023 à la vingt-quatrième place, soit antépénultième de sa conférence l’an passé. Pour la troisième fois, Frank Klopas a repris les rênes de l’équipe l’an passé, après un passage entre 2011 et 2013 puis un autre de deux mois en 2021, mais il semble improbable d’envisager une saison comme fut celle de 1998, celle du doublé. L’effectif du Fire subit peu de départs, seul Kacper Przybyłko, longue déception, étant véritablement notable. Mais il voit plusieurs arrivées très intéressantes sur le papier : Andrew Gutman pour dynamiter l’aile gauche, Kellyn Acosta pour apporter stabilité et expérience au milieu, et deux nouveaux éléments offensifs, Tom Barlow, ex-NYRB, mais surtout Hugo Cuypers, croisé un temps en Ligue 2 avec Ajaccio, mais qui sort de deux belles saisons à Gent. Il faudra bien cela pour que le Fire retrouve le chemin des buts. Et si on suivra évidemment avec grande attention le diamant Brian Gutiérrez, on a tout de même du mal à imaginer la bande à Frank Klopas venir se mêler à la lutte pour jouer les premiers rôles.

Moins dense à l’Ouest

Après son incroyable première saison de l’histoire en MLS, St. Louis peut-il remettre le couvert ? À l’heure de lancer la saison, la question mérite d’être posée, sa réponse par l’affirmative parait plus difficile. Sur le papier, le groupe mis à disposition de Bradley Carnell a très peu évolué. Quelques départs, loin d’être majeurs, même si celui de Nicholas Gioacchini compte tout de même, compensés par de petites retouches, parmi lesquelles Chris Durkin semble intéressant. Pour le reste, on devrait retrouver les mêmes recettes avec notamment une grande capacité à cumuler les points à la maison et des éléments clés : Roman Bürki dans les buts, le duo Eduard Löwen – João Klauss comme principale menace offensive, et la pépite Aziel Jackson dont on attend encore beaucoup. L’une des chances de St. Louis l’an passé était que la conférence n’était pas non plus la plus relevée. Pour 2024, même si l’Ouest semble encore un cran inférieur à l’Est, certaines formations ont clairement haussé le niveau et affichent de réelles ambitions.

Ce sera le cas de Seattle, qui, s’il dit adieu à sa légende Nicolás Lodeiro, s’offre un diamant brut nommé Pedro de la Vega et qui a tout pour devenir l’un des joueurs frissons de la prochaine saison, ajoute quelques valeurs sûres de la Ligue, Danny Musovski et Nathan. Le reste de l’effectif ne bouge pas, Brian Schmetzer reste aux commandes et les Sounders, qui fêtent leur cinquantième anniversaire, s’annoncent comme l’un des grands favoris de la conférence. Autre ambitieux, le champion 2022 et finaliste 2023, Los Angeles FC reste une formation destinée à viser le titre suprême. Seul souci cette saison, si le club est parvenu – un temps ? – à retenir Denis Bouanga, mais il est pour l’instant le seul DP de l’effectif alors que la légende du club Carlos Vela n’a pas signé de nouveau contrat – les supporters des Chivas croyant même qu’il allait rejoindre Chicharito au Mexique – et pour l’instant ne figure pas dans l’effectif, une première dans l’histoire de la franchise. L’absence de Vela n’est pas le seul point d’interrogation qui s’ajoute à la notion d’ambition des Black and Gold. Certes Hugo Lloris est venu terminer sa carrière – et l’on peut justement s’interroger sur le choix de remplacer Crépeau par Lloris – mais dans l’ensemble, le groupe à disposition de Steve Cherundolo semble tout de même moins relevé que les années passées. LAFC perd Diego Palacios, Kellyn Acosta, Maxime Crépeau, Stipe Biuk et mise sur des paris pour les remplacer : Eduard Atuesta, prêté par Palmeiras, Tomás Ángel, dont le poids du nom semble pour l’instant trop important, et le diamant vénézuélien, David Martínez. Cela peut donc être intéressant sur le papier, mais le temps de la construction et l’adaptation pourrait coûter quelques points et quelques places à un LAFC qui semble surtout en train d’initier un nouveau cycle et qui pourrait aussi manquer de profondeur de banc en cours de saison. Surtout si Denis Bouanga s’envolait sous d’autre cieux l’été venu.

Derrière, la concurrence semble également entre deux eaux. Du côté du Real Salt Lake, cinquième de conférence l’an passé, l’intersaison a été celle des retouches, Alexandros Katanis arrivant dans le couloir gauche, Matt Crooks, habitué aux divisions inférieures en Angleterre vient chercher une place au milieu. Le souci est que les départs sont importants, que ce soit par leur qualité ou la profondeur qu’ils offrent : Jefferson Savarino file au Brésil, Rubio Rubin au Mexique, Danny Musovski à Seattle, Damir Kreilach à Vancouver. Pablo Mastroeni peut compter sur le retour du chef d’orchestre Pablo Ruiz, dont la blessure a forcément impacté la fin de saison, mais doit reconstruire une animation offensive derrière Chicho Arango. Du côté de Houston, le vainqueur de l’US Open Cup, on a aussi joué la carte des retouches, très légères, même si le départ de Corey Baird n’a pas été comblé. Le souci est tel que les Oranges sont frappés par une cascade de blessures et d’absences qui va donner bien des maux de tête à Ben Olsen à l’heure de démarrer la saison : Franco Escobar derrière, Héctor Herrera au milieu, Nelson Quiñónes, Amine Bassi et Sebastián Ferreira devant vont donc manquer à l’appel. Difficile dans ces conditions d’imaginer un départ en fanfare, la seule bonne nouvelle de l’intersaison pour les supporters du Dynamo restant tout de même le fait que le club ait gardé Coco Carrasquilla.

Aussi se met-on à chercher quelques surprises potentielles qui pourraient rebattre les cartes de l’Ouest. Et les regards se tournent vers le Texas et plus précisément du côté de Dallas. Réputé pour sa politique de formation, le FC Dallas n’avait pas réussi à retourner les Sounders en play-offs l’an passé, tombant lors du match 3, mais peut nourrir bien des ambitions cette saison. D’une part car le travail de Nico Estévez n’est plus à démontrer, d’autre part car l’effectif à disposition, qui a subi quelques retouches, n’est clairement pas amoindri. Les départs de Facundo Quignon ou surtout Jáder Obrian sont en effet largement compensés par de très belles arrivées : la promesse équatorienne Patrickson Delgado au milieu, l’expérimenté Omar Gonzalez en défense centrale et deux énormes coups : Eres Sali, jeune pépite roumaine au milieu et surtout Petar Musa devant. Ces arrivées complètent un effectif déjà bien dense, notamment devant où le duo Jesús Ferreira – Alan Velasco reste l’un des plus beau de la ligue et donnent quelques belles raisons d’espérer voir Dallas jouer les premiers rôles dans la conférence. L’espoir est en tout cas bien présent au coup d’envoi de la saison.

Présent en play-offs l’an passé, le Peter Vermes FC – le Sporting Kansas pour les deux du fond – peut-il venir également jouer le rôle de la surprise ? Sur le papier, cela parait tout de même peu évident. Le groupe a finalement peu évolué, même si le départ de Gadi Kinda peut finir par peser. Sur le papier, le SKC conserve tout de même son duo Dániel Sallói – Alan Pulido et dispose d’un effectif taillé pour jouer les play-offs, sans plus. Sans plus aussi pour San José qui procède à un sacré ménage dans son effectif, laissant partir Ayo Akinola, Jonathan Mensah, Nathan, Jamiro Monteiro, Miguel Trauco et autre Cade Cowell, et signe quelques arrivées intéressantes, en particulier Amahl Pellegrino, la machine à but de Bodø/Glimt (soixante-seize en cent-vingt matchs toutes compétitions confondues). Luchi Gonzalez dispose d’un effectif intéressant sur le papier même s’il parait tout de même en deçà de celui des prétendants aux premières places. Il pourrait cependant suffire à ne pas rester dans l’anonymat cette saison.

L’anonymat, ils sont quelques-uns à vouloir également l’éviter. Certains en ont clairement les moyens, à l’image du duo de la Cascadia Cup, Portland et Vancouver. Du côté des Timbers, on a procédé à quelques réajustements dans l’effectif : Sebastián Blanco et Yimmi Chará, près de quatre cents matchs à eux deux avec le club, sont partis, le recrutement a semble-t-il été lié à un passeport canadien avec deux gardiens, le confirmé Maxime Crépeau et le prometteur James Pantemis, dont la progression a été freinée par une blessure et un Jonathan Sirois qui s’était installé à Montréal, et un défenseur totalement transformé par l’arrivée de Lionel Messi l’an passé à Miami, Kamal Miller. Suffisant pour jouer les premiers rôles ? Phil Neville va devoir d’abord gérer sa concurrence dans les cages – Aljaž Ivačič et son désir de partir du club restant un gros caillou dans la chaussure – et trouver une animation autour d’Evander, seul facteur X sur le plan offensif. Cela reste tout de même suffisant pour accrocher des play-offs manqués d’un point l’an passé, mais léger pour voir plus haut. Du côté des Whitecaps, 2023 fut une saison réussie avec le Canadian Championship conservé, une présence en play-offs où l’on se souvient encore du pétage de plombs de l’excellent Vanni Sartini lors du match 2 face au LAFC. Et sur le papier, 2024 s’annonce plus qu’intéressant. Car Vancouver a attiré Fafá Picault et Damir Kreilach pour renforcer un potentiel offensif déjà intéressant et compenser quelques départs et s’adjoint l’expérience de Bjørn Inge Utvik en défense, Joe Bendik venant apporter de la profondeur et de l’expérience dans les cages où Yohei Takaoka est bien évidemment totalement intouchable. Si Sartii parvient à entretenir la belle dynamique montrée la saison passée, ces Whitecaps ont moyen de faire quelque chose cette saison et pourquoi pas venir se mêler aux premiers rôles.

Les premiers rôles, le LA Galaxy ne les joue plus depuis la cinquième étoile de 2014. Dix ans déjà pour le deuxième club le plus titré de l’histoire de la MLS (douze trophées, un de moins que DC United). Une hérésie. Avant-dernier de la conférence l’an passé, le Galaxy n’a pourtant pas bousculé ses rangs. Greg Vanney reste à la tête d’une formation avec laquelle il a plus perdu de matchs qu’il n’en a gagné depuis son arrivée en 2021, mais qu’il avait conduite à son meilleur classement depuis 2016 lors de la saison 2022. Pour vivre une meilleure année 2024, Vanney peut compter sur quelques arrivées intéressantes comme Joseph Paintsil, Gabriel Pec ou Miki Yamane, mais les départs sont très nombreux et de poids, même si parfois (souvent) inconstants : Douglas Costa, Raheem Edwards, Michael Barrios, Chicharito, Tyler Boyd. Il reste de la qualité dans l’effectif, le duo Riqui Puig – Diego Fagúndez pouvant créer du danger, le Galaxy s’offre également un gardien, venu de chez le rival de la ville, John McCarthy qui entre en concurrence avec le jeune Novak Mićović, mais tout cela semble quand même bien léger pour espérer redonner à ce club le lustre d’antan. Viser les play-offs semble même une délicate mission.

Les play-offs, le duo Minnesota UnitedAustin aimerait les retrouver. Les Loons les ont manqués l’an passé pour la première fois depuis 2018 et abordent la saison avec sans doute le trophée du plus beau maillot, mais avec bien des incertitudes. D’abord sur le banc puisque le club réussit le tour de force de démarrer le championnat avec un entraîneur intérimaire, Cameron Knowles, qui a donc assuré la présaison après que Sean McAuley, intérimaire de fin d’année dernière s’en est allé diriger Indy Eleven en USL et que le directeur sportif, Khaled El-Ahmad, nommé en novembre, ne prenne son poste qu’en janvier, le temps de finir sa mission à Barnsley, en D3 anglaise… Il y aura donc du retard à l’allumage, le nouveau coach étant Eric Ramsey, ancien adjoint à Man United et nommé à la veille du premier match de la saison. Ce retard s’est aussi manifesté dans le recrutement. Les départs ont été confirmés début décembre, les arrivées n’étant que des petites retouches faites pour compléter le groupe durant le mois de janvier. Sur le papier, Minnesota dispose d’un onze assez solide, du portier Dayne St. Clair à un joli potentiel offensif Franco Fragapane – Robin Lod – Jeong Sang-bin – Teemu Pukki – Bebelo Reynoso, mais devrait lancer sa saison sans son facteur X, encore blessé. Évoquer les Loons permet aussi de parler du cas Caden Clark, dont l’éclosion longtemps annoncée a surtout été ralentie par le fait qu’il appartenait au groupe Red Bulls depuis son arrivée dans la maison-mère à Leipzig en 2021. Depuis la fin de saison 2021/22, Clark n’a disputé que trois rencontres : un amical en sélection face au Pérou U20 en septembre 2022 et deux apparitions, pour un total d’une cinquantaine de minutes, avec Vendsyssel en première division danoise où il fut prêté en septembre dernier, quelques jours avant de signer son contrat avec Minnesota

Du côté d’Austin, premier adversaire des Loons cette saison, les belles promesses de 2022 ont rapidement été enterrée en 2023, les Verdes ayant retrouvé les bas-fonds du classement comme lors de leur saison inaugurale. Comment Josh Wolff peut-il les en sortir ? En tentant un joli coup sur le marché, en attirant Jáder Obrian, très intéressant à Dallas et pouvant apporter la folie offensive qu’il manquait à la franchise texane, et lui adjoignant Diego Rubio. On citera également le Brésilien, Guilherme Biro, qui n’est que l’homonyme du diamant du Corinthians et Stefan Cleveland, qui arrive en provenance de Seattle pour relancer la concurrence dans les buts. Reste que le club texan conserve son facteur X, Sebastián Driussi, qui a en plus obtenu la green card, et quelques autres éléments offensifs de poids. Reste que tout demeure fragile sur le plan défensif et pourrait coûter cher aux Verdes s’ils veulent se mêler à la lutte pour les play-offs.

Reste enfin le cas Colorado. Avant-derniers la saison dernière, les Rapids ont décidé de tout changer. Chris Armas retrouve un poste de numéro 1 trois ans après l’échec à Toronto et décide de reconstruire chaque ligne : Zack Steffen prend place dans les buts, Omir Fernandez en défense, Jasper Löffelsend et Djordje Mihailovic au milieu. Sur le papier, les Rapids restent quand même bien fragiles, privés de facteur X, et risquent donc de vivre une saison compliquée, bien loin du titre de 2010 ou de la victoire de conférence en 2021, dernière embellie vécue par les supporters de la franchise de Denver. Un lointain souvenir aujourd’hui.

 

 

 

Photo une : Maddie Meyer/Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.