Mercredi 06 février 2013

Sudamericano u20 2013

Un mois de compétition, 35 matchs, 100 buts : le Sudamericano u20 2013 a fermé ses portes. L’heure de dresser un bilan.

Avec la victoire finale de la Colombie, ce Sudamericano u20 n’a cessé de démontrer ce que les suiveurs du football sud-américain ne cessent de répéter depuis plusieurs mois/années : le paysage footballistique a changé, la domination ArgentineBrésil n’est que de l’histoire ancienne. Seulement, là où ces dernières années les autres pays du continent ne parvenaient à les chasser, cette saison, ce fut le cas : pour la première fois de l’histoire ni l’Argentine (pourtant chez elle), ni le Brésil ne participe au tournoi final et ainsi ne termine à l’une des quatre premières places. Pour le Brésil, le choc est rude, triple tenant du titre, la Seleção ne termine pas dans le carré final pour la seconde fois de l’histoire, la première depuis 1971.

La force des collectifs et le résultat d’un long travail

Comment expliquer un tel évènement ? Les raisons sont multiples.

Il y a forcément la fin des complexes. Chez les A, le Chili de Bielsa, l’Uruguay de Tabarez (qui a remporté la dernière Copa America) ou le Paraguay de Tata Martino ont lancé ce mouvement. Chez les jeunes, avec notamment le développement de la Libertadores chez les moins de 20 ans, l’expérience engrangée par les jeune aura servi et permis également cette prise de confiance (rappelons qu’Universitario a remporté la première édition de 2011 et que de nombreux joueurs participant à ce Sudamericano ont également participé à cette épreuve).

Mais l’élément le plus important reste que la plupart des pays voisins des deux géants ont mis en place une importante politique de développement permettant une meilleure détection et un meilleur encadrement de ses jeunes talents. Meilleur exemple : le Pérou. Nous en discutions déjà lors de notre dossier consacré à la Blanquirroja, le football local a changé. L’un de nos témoins privilégié du football péruvien nous disait alors l’implication des clubs professionnels dans l’encadrement des jeunes talents et annonçait même que son pays allait faire son retard sur les autres d’ici 5-10 ans. Ce Sudamericano 2013 n’est qu’une première étape.

Prise de conscience, de confiance et meilleur travail sur le développement des jeunes talents, ne restait alors qu’un élément essentiel à la réussite : la discipline. C’est finalement ce qui aura fait défaut aux brésiliens et argentins : s’il y a des talents dans ces deux équipes, aucune n’a joué de manière aussi organisé et avec une rigueur tactique aussi grande que des sélections telles que la Colombie et le Paraguay (notez que cette remarque s’applique également aux A). Même la sélection péruvienne est apparu plus rigoureuse et moins dispersée que l’Albiceleste argentine ou la Seleção qu’elle a éliminé sans jamais réellement trembler. Là encore, l’empreinte des techniciens est évidente. L’héritage Martino semble toucher les sélections de jeunes paraguayens alors que les disciples de Bielsa n’en finissent plus de répandre la bonne parole sur le continent (citons encore Daniel Ahmed à la tête du Pérou ou le fait que la sélection chilienne s’appuie sur plusieurs joueurs formé à la ‘U’ en plein héritage Sampaoli, auto-proclamé disciple du maître).

Dernier élément à prendre en compte : l’exil. Outre l’excellent travail réalisé par les clubs locaux, désormais de plus en plus de jeunes sud-américains quittent rapidement le continent pour poursuivre leur développement en Europe. Benavente au Real, Nico López à la Roma ne sont que quelques exemples : désormais, les grands clubs européens piochent ailleurs qu’au Brésil et en Argentine. L’impact est forcément important pour les sélections nationales.

Révélation péruvienne, pluie de talents

S’il ne faut retenir qu’une seule chose de ce Sudamericano, c’est réellement la grande explosion de la sélection péruvienne. Les amoureux de football sud-américain (et les autres) auront probablement assisté à l’éclosion des Yordi Reyna, Jean Deza, Cristian Benavente, Edison Flores et autres Rafael Guarderas. Il ne s’en sera fallu qu’à un fil (une épaule) pour que l’émerveillement suscité par le jeu développé par cette formidable Blanquirroja ne se retrouve au prochain mondial. Mais la concurrence fut rude : si l’Equateur de la future star José Cevallos a déçu lors de l’Hexagonal, on aura apprécié la solidité colombienne symbolisé par l’excellent Jherson Vergara ou paraguayenne (notamment du duo de Libertad Diego Morel / Gustavo Gómez), deux nations qui n’ont cessé de monter en puissance lors du tournoi, faisant ainsi preuve d’une maturité assez remarquable pour cette catégorie d’âge. Au tableau d’honneur final, on trouvera également le Chili emmené par sa base 100% Universidad de Chile Huerta – Lichnovsky – Martínez – Maturana et son superbe duo offensif Rabello - Castillo et enfin, la Celeste uruguayenne du prometteur trio Laxalt – Rolán – López.

L’Amérique Latine est promise à un bel avenir (les sélections A font partie des favoris de L-O pour la prochaine Coupe du Monde – nous y reviendrons), ce Sudamericano aura marqué dans le marbre que désormais le football sud-américain est l’un des plus homogène au monde. Si vous souhaitez revivre la compétition, cliquez ici.

Pour conclure cette édition 2013, le bonus de L-O : l’ensemble des buts inscrits lors de l’Hexagonal. Bonne dégustation.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.