Les choses sérieuses commencent en Amérique du Sud avec ce mardi le coup d’envoi de la phase de groupes de la Copa Libertadores 2020. Présentation des forces en présence.

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Sept Brésiliens, cinq argentins, les années se suivent et se ressemblent en Amérique du Sud, les deux superpuissances de la zone font de la Libertadores leur SuperLigue à eux. Mais avant d’en découdre pour le titre, il y a d’abord une phase de groupes de laquelle il faudra sortir vivant. Car aux quatre coins du continent, les ambitieux ne manquent pas, les chasseurs de scalps se font désormais de plus en plus nombreux. Le tour du propriétaire.

Groupe A : Flamengo, Independiente del Valle, Junior, Barcelona

flamengoUn parfum de Recopa, l’équipe la plus emballante des premiers tours et un ancien finaliste de la Sudamericana. S’il n’est sans doute pas le groupe de la mort de l’édition 2020, le Groupe A reste incroyablement dense. Il n’est pas le groupe de la mort car un favori se dégage très clairement : Flamengo. Le champion sortant est toujours aussi puissant toujours aussi impressionnant, a réussi à muscler encore son entrejeu et son potentiel offensif (c’était apparemment possible) et s’il va devoir débuter sa campagne de groupes avec une nouvelle défense (Pablo Marí s’est envolé vers Arsenal, Rafinha et Rodrigo Caio ne seront pas du déplacement en Colombie), reste une incroyable machine capable désormais de souffrir et tuer de manière clinique, Independiente del Valle en ayant fait le douloureux constat en Recopa Sudamericana. Aussi, on voit mal qui pourrait venir priver Flamengo d’une présence en huitièmes de finale d’autant que la dynamique demeure toujours aussi folle : le Mengão n’a perdu qu’un seul match de ses douze matchs disputés en 2020 (dix victoires, un nul par ailleurs), un Fla-Flu en janvier, s’est déjà adjugé la Taça Guanabara du carioca et donc, la Recopa.

juniorLa grande question sera donc de savoir qui va pouvoir se détacher pour la deuxième place. Et c’est ici que ce groupe devient plus intéressant. Pour la quatrième année consécutive, Junior est de retour en Libertadores, une première dans son histoire et surtout le signe d’une série de certitudes acquises au gré des expériences récentes. Des expériences qui font du Tiburón un adversaire désormais redoutable sur le continent : car si 2019 a été un véritable échec, il faut rappeler que le club de Barranquilla restait sur une demi-finale de Sudamericana perdue face à… Flamengo en 2017, suivie d’une finale perdue dans la même épreuve l’année suivante, faute de savoir régler la mire à l’heure de tirer un penalty. Certes les hommes ont changé, même s’il reste des témoins de ces expériences, à commencer par le coach, mais cet ADN est transmis et les ambitions sont réelles. Sur le terrain, l’effectif de Junior est l’un des plus dense du pays, surtout offensivement avec l’arrivée d’un Miguel Borja avide de revanche. Et s’il semble encore chercher son équilibre, son début de tournoi colombien l'attestant, Junior reste un véritable danger. À condition de savoir se déplacer (le Tiburón n’a gagné qu’une seul de ses neuf derniers déplacements en Libertadores).

barcelonaEt se déplacer en Équateur ne sera pas une sinécure. Il y aura en effet le choix entre la chaleur du Monumental de Guayaquil et l’altitude de Quito ou Sangolquí. Le premier est l’antre de l’équipe la plus impressionnantes des tours de barrages : Barcelona. Sorti sur tapis vert l’an passé, les Toreros ont semble-t-il envie de rattraper le temps perdu et écrasent tout sur leur passage. En montrant diverses facettes : de l’équipe protagoniste, dominatrice, à celle qui vous foudroie en contre. Demandez au Cerro Porteño sa dernière victime. L’équipe de Fabián Bustos est un modèle d’équilibre, elle dispose d’une multitude de joueurs capable de déstabiliser une défense adverse par leur talent, du Kitu Díaz à Christian Alemán en passant par Ely Esterilla, mais surtout dispose d’un facteur X, lui aussi un homme au génie retrouvé, l’exceptionnel Fidel Martínez. Et de rappeler qu’en 2017, il avait fallu un Grêmio intouchable pour priver Barcelona d’une place en finale. Le deuxième est tout simplement le tenant du titre en Sudamericana :idv Independiente del Valle. Une équipe à la politique que nous vous avons déjà présenté, une équipe qui est surtout un épouvantail dès lors qu’il s’agit d’accueillir. C’est simple, que ce soit à Quito ou à Sangolquí, les Negriazules restent sur 23 matchs sans défaite en compétition continentale. Mieux, depuis leurs débuts en 2013, une seule formation s’y est imposé comme visiteur : l’Universidad de Chile en août 2013. Cela fait donc près de sept ans que personne ne parvient à gagner au pays d’Independiente del Valle. Pas même le Flamengo de Jorge Jesus, accroché à l’Atahualpa il y a quelques semaines après avoir longtemps souffert. Là encore, l’expérience continentale est là (finale de Libertadores 2016, victoire en Sudamericana 2019), la dynamique est folle, renforcée par le titre des U20 en Libertadores il y a quelques jours (compétition dans laquelle le club était finaliste de l’édition précédente), le style ancré, parfaitement animé par Miguel Ramírez et commandé par quelques anciens sur le terrain comme Cristian Pellerano qui mène les jeunes pousses locales de main de maître. En un mot, une équipe dangereuse.

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Groupe B : Palmeiras, Bolívar, Tigre, Guaraní

palmeirasEncore un groupe promis au Brésilien de l’étape. La raison est identique à la précédente : le Palmeiras de Luxemburgo est un monstre sur le papier. Certes ses cadres ne sont plus de prime jeunesse, mais la bande emmenée par le capitaine Felipe Melo est dense : de Ramires à Luiz Adriano en passant par l’indispensable Dudu. Quand ajouté à cela vous avez de nouvelles incorporations telles que l’excellent Matías Viña et l’utile Rony, ça donne une idée de la richesse de cet effectif taillé pour la première place du groupe après avoir atteint les quarts l’an passé. Nul besoin de véritablement s’attarder sur les forces d’un Verdão qui carbure déjà plutôt bien en paulista (dix-sept points pris sur vingt-quatre possible, seulement trois misérables buts encaissés) et dispose de surcroit d’un groupe sans grand danger.

Car derrière les Brésiliens, on va trouver un géant bolivien, une énigme argentine et peut-être finalement le plus dangereux de tous, l’invité de dernière minute paraguayen. Du côté de Bolívar, les méthodes du bielsista Claudio Vivas commencent à prendre. On en parlait dans la présentation du tournoi bolivien, bolivarle club a changé de capitaine de navire mais n’en garde pas moins de grandes ambitions. Passé en tête du tournoi juste avant de débuter sa campagne de Libertadores, La Acedemia représente l’une des seules chances continentales d’une Bolivie déjà rayée de la carte en Sudamericana. Bolívar possède quelques arguments, peut surfer sur le retour triomphal d’un Marcos Riquelme et sur la nouvelle pépite du football bolivien, Víctor Ábrego pour espérer faire perdurer la belle série de La Paz. La Academia n’a perdu qu’un seul de ses seize derniers matchs à domicile en Libertadores. L’Hernado Siles sera une fois encore la clé des espoirs célestes. D’autant que le premier à s’y présenter sera l’énigme de la compétition, tigreTigre. Non pas que le Matador n’a jamais connu les compétitions continentales (demandez à Lucas Moura), mais la situation des Argentins est particulière : Tigre évolue en deuxième division locale. Et ne domine pas. La bande à Néstor Gorosito avait été la belle sensation de début 2019, mais malgré le titre logique décroché en Copa de la Superliga face à Boca, et une neuvième place en Superliga, Tigre n’avait pu se sauver. La Libertadores a tout de même permis de retenir quelques cadres, des joueurs habitués aux joutes continentales, comme Sebastián Prediger ou el Chino Luna ou encore Marcelo Larrondo. Reste que la situation n’est pas des plus claires, Néstor Gorosito était annoncé partant la semaine dernière (son nom bruisse du côté de San Lorenzo) et la campagne plutôt moyenne de Primera Nacional ne laisse pas augurer d’une folle envie de lâcher beaucoup d’énergie sur la Libertadores.

Reste donc celui qui pourrait être le rival le plus dangereux : guaraniGuaraní. Premièrement, et cela parait simpliste comme argument, mais il a son importance, car Guaraní est un club paraguayen et que croiser un Paraguayen en compétition continentale n’est jamais une sinécure. Deuxièmement, car Guaraní est dirigé par Gustavo Costas. L’homme capable de mettre en place des équipes tellement injouables qu’elle finissent par user. Le Corinthians et Palestino peuvent en témoigner. Attention tout de même à ne pas enfermer Guaraní dans la mauvaise case : car l’Aborigen regorge de talents. De l’infranchissable Gaspar Servio dans les buts, au trio Fernando Fernández - Edgar Benítez – Raúl Bobadilla sans oublier la machine à perforer Rodney Redes, Guaraní dispose du matériel suffisant pour aller chercher la deuxième place du groupe. L’Aborigen n’est pas leader virtuel du tournoi paraguayen pour rien et n’a perdu que deux de ses onze derniers matchs (face à Olimpia sur tapis vert – alors que l’Aborigen avait gagné 4-2 sur le terrain – et face au Corinthians) pour neuf victoires.

Groupe C : Athletico Paranaense, Colo-Colo, Jorge Wilstermann, Peñarol

athlprSi vous cherchez un groupe plus ouvert, le groupe C est le parfait candidat. En premier lieu car le Brésilien de l’étape est en totale reconstruction. Oubliée la belle époque Tiago Nunes, l’Athletico Paranaense débute un nouveau cycle sous les commandes de Dorival Júnior et avec un effectif qui n’a plus grand-chose en commun avec celui qui a décroché la Sudamericana. Certes on retrouvera toujours l’immortel Lucho González, mais les principales forces qui l’entouraient sont toutes parties en deux mercatos (citons Renan Lodi, Bruno Guimarães, Marcelo Cirino, ajoutons Leo Pereira, Rony, ou encore Marco Ruben). Difficile dans ces conditions d’y voir clair même si l’estaduais se passe bien (avec il faut le dire une concurrence peu relevée). Sur le papier, le Furação apparait comme le Brésilien le moins redoutable, ou tout du moins le plus accessible.

colocoloEncore faudrait-il que les autres membres du groupe disposent de quelques certitudes. Des certitudes, Colo-Colo n’en a pas. Là encore l’intersaison a été marqué par le départ de quelques idoles et un renouvellement offensif. Si le Cacique s’est offert la Copa Chile, la suite n’a pas été des plus convaincante et tranquille. Il y a d’abord les résultats sur le terrain (quatre points pris sur dix-huit, déjà quatre défaites en six journées), il y a aussi eu le contexte et les débordements en tribunes. Rien de positif pour jouer au football et la première victime a été Mario Salas, licencié après la défaite face à Curicó Unido. C’est donc un Colo-Colo sans entraîneur qui aborde sa campagne de Libertadores, les rumeurs annonçant l’arrivée prochaine de Luis Felipe Scolari. C’est aussi et surtout un Colo-Colo sans idée ni principes de jeu qui se présente à la porte de cette phase de groupes. Difficile ainsi d’imaginer ce que le futur du Cacique sera dans la compétition qui, en cas d’élimination précoce, serait un échec. Rappelons que lors de sa dernière participation, en 2018, Colo-Colo s’était hissé en quarts de finale sorti par Palmeiras.

penarolAutre géant en reconstruction, Peñarol. La deuxième partie de saison 2019 a été plus que poussive, malgré une nouvelle finale nationale alors du côté des Carboneros, on essaye de partir sur un nouveau cycle en appelant sur le banc une ancienne légende uruguayenne, Diego Forlán. Difficile de voir clair sur les intentions de jeu de Cachavacha qui va s’appuyer sur les cadres habituels (Gargano, Cebolla, Dawson, Formiliano, Estoyanoff…) dont on attend plus de régularité et quelques jeunes qui émergent. Restera donc à chercher à générer quelques émotions, à l’image de celle du Maracanã l’an passé (son héros est depuis parti) et pourquoi pas, surtout avec un groupe aussi ouvert, à espérer enfin briser cette malédiction qui veut que Peñarol ne parvient plus à sortir de son groupe depuis sa finale perdue de 2011.

wolistermannReste donc le dernier larron du groupe : Jorge Wilstermann. Meilleure équipe de première division bolivienne et logique champion en 2019, l’Aviador est probablement celui qui dispose du plus de certitudes dans ce groupe. La bande à Cristian Díaz peine encore un peu à trouver de la régularité après une fin de saison éprouvante, une trêve réduite à la portion congrue et un départ de tournoi au calendrier totalement fou, mais elle a conservé ses qualités, les exposants notamment face à Always Ready ou au Strongest. Autre argument de poids en faveur des rouges de Cochabamba : nombreux sont les géants à y être venus se casser les dents. River Plate en a pris trois, Boca Juniors a été réduit au mutisme, Palmeiras a trébuché. Deux membres du groupe connaissent les lieux, tous deux y sont tombés : l’Athletico-PR s’est incliné au Felix Capriles l’an passé alors que la dernière fois que les Carboneros s’y sont présentés, ils sont rentrés en Uruguay avec six buts dans les valises.

Groupe D : River Plate, São Paulo, Liga de Quito, Binacional

Le dernier finaliste de la compétition se retrouve dans un groupe qui n’est pas aussi facile qu’il pourrait le laisser croire. Certes les Péruviens de Binacional ne sont pas des ogres continentaux, et pour cause, ils feront leurs débuts dans l’épreuve, mais il va falloir bien du courage pour aller chercher un résultat à l’Estadio Guillermo Briceño Rosamedina posé à plus de 3800 mètres d’altitude. binacionalAttention cependant à ne pas résumer le Poderoso à la hauteur de son stade. Car le champion du Pérou 2019 possède un effectif homogène qu’il a intelligemment complété à l’intersaison (avec notamment les arrivées de Reimond Manco et Nery Bareiro). Preuve de cela, son début de championnat 2020, malgré une défaite concédée à la maison face à Melgar, est plutôt bon. Si un déplacement sur les hauteurs du continent est toujours compliqué, River Plate se retrouve devant l’obligation d’en effectuer deux. Car aux côtés des Péruviens de Binacional, le groupe D compte également les Équatoriens de la Liga de Quito. lduUn bon cran au-dessus en terme d’expérience continentale, un cauchemar pour River Plate qui n’y a jamais gagné en Libertadores (cinq défaites, trois nuls). Mais surtout, la LDU est un vrai candidat à la qualification. Vice-champion l’an passé, tombé aux tirs au but face à la sensation Delfín, la bande à Pablo Repetto reste solide malgré quelques départs qui comptent (on pense à la dynamite Anderson Julio, et à l’homme de l’équilibre Jefferson Orejuela), mais s’offre aussi quelques arrivées des plus intéressantes pour compenser comme le retour au pays de Junior Sornoza, l’arrivée de l’excellent Matías Zunino, du très solide Pedro Perlaza ou de la flèche Billy Arce. Avec deux cadres que sont Gabbarini et Valencia pour encadrer le tout, la LDU est un sérieux candidat.

spfcUne fois les deux obstacles équatoriens et péruviens passé, le finaliste devra faire avec son Brésilien de l’étape. Et le tirage lui a réservé du lourd en terme d’importance dans l’histoire de la Copa Libertadores : São Paulo. Fort de ses trois couronnes dans l’épreuve, le Tricolor court tout de même après l’histoire mais reste un candidat pour disputer au minimum les huitièmes de finale après le cuisant échec de l’an passé et la piteuse élimination dès le deuxième tour préliminaire face à Talleres. Pour aborder les groupes cette saison, la formation commandée par Fernando Diniz s’appuie sur un effectif expérimenté : les anciennes stars d’Europe que sont les Dani Alves, Hernanes, Juanfran et autre Alexandre Pato (rien que ça), les habitués sud-américains que sont les Tiago Volpi, Arboleda, Reinaldo et autre Tchê Tchê. Du très sérieux donc pour aborder cette phase de groupes, le début d’année 2020 et un paulista pour l’instant sans véritables accrocs démontrant que l’équipe est déjà prête.

Alors quelle place pour le riverplateRiver de Gallardo ? Si l’on est à peu près certain qu’el Muñeco sera au club le temps de la phase de groupes, il va falloir d’abord gérer une fin de championnat argentin et un titre à aller décrocher avec le début de la Libertadores. En termes d’effectif, il n’y a pas eu de grands chambardements du côté de Nuñez même si le départ du facteur X Exequiel Palacios se ressent dans le jeu des Millonarios. Reste que ce groupe est totalement armé pour affronter une phase de groupes, aussi difficile soit-elle, et devrait parvenir à s’en sortir en faisant appel à son expérience. River n’excluant pas un démarrage tranquille, comme l’an passé. L’objectif est ailleurs pour le finaliste 2019, aller chercher une troisième couronne en cinq ans.

Groupe E : Grêmio, Universidad Católica, América de Cali, Internacional

Si vous êtes allergiques au football brésilien, le groupe E n’est clairement pas pour vous. Dommage pourtant de s’en passer tant il s’annonce totalement fou, pouvant aller chercher le titre de groupe de la mort. Car le groupe E nous offre tout simplement deux Gre-Nal et deux prétendants au jeu déjà solidement affirmé.

gremioTriple champion, le dernier titre il y a trois ans, restant sur deux demi-finales depuis, s’il est un favori tout désigné, c’est bien Grêmio. Le Tricolor n’est pas du genre à bousculer ses effectifs depuis quelques saisons et en récolte les fruits sur le continent. Pour 2020, si Luan a quitté le navire, si le quarantenaire Leo Moura en a terminé de son aventure, le diamant Everton est toujours là, l’incroyable duo axial Geromel – Kanemann aussi. Et Renato Gaúcho est toujours sur le banc pour diriger le tout. Mieux, Grêmio s’est offert quelques jolis coups sur le marché, notamment au milieu avec l’arrivée du magnifique duo de Cruzeiro Lucas Silva - Thiago Neves qui devrait jouer un précieux rôle de chef d’orchestre au milieu, des latéraux plus que sérieux, Victor Ferraz et Caio Henrique et un gardien de plus, Vanderlei. Bref, du très très solide côté Grêmio qui semble encore mieux armé que l’an passé où tout reposait en grande partie sur les magnifiques inspirations d’Everton Cebolinha. De l’autre côté de la ville, du côté rouge donc, la phase de groupes a été acquise après deux tours de qualification. Deux tours passés sans forcément véritablement convaincre dans le jeu, un premier Gre-Nal de l’année perdu en estaduais, la machine Coudet n’est pas encore lancée et pourrait se retrouver rapidement à jouer gros. internacionalReste que le Colorado est extrêmement compétitif, peut compter sur quelques facteurs X Andrés D’Alessandro – Paolo Guerrero qui, même si l’âge avance, sont toujours aussi décisifs quand les supporters de l’AS Monaco y observeront l’évolution d’un Gabriel Boschilia qui s’est déjà parfaitement intégré au milieu.

Une fois les deux géants de Porto Alegre passés, on pourrait se demander s’il reste de la place à quelqu’un d’autre pour briller. Et pourtant, les deux autres membres du groupe ne sont pas du genre à jouer aux victimes expiatoires.americacali Mieux, ils sont tout autant candidats à une qualification. Le premier des deux est le plus poissard des Colombiens : l’América. Finaliste 85, 86 et 87, finaliste 96, six fois demi-finaliste de l’épreuve, la Mecha est enfin de retour dans l’épreuve reine après plus d’une décennie d’attente (dernière participation soldée par une élimination dès la phase de groupes en 2009). Ce retour sur le devant de la scène continentale est la conséquence d’un retour sur le devant de la scène nationale et un retour dans l’élite en 2017. Depuis, l’América de Cali a donc décroché un premier titre depuis onze ans sous la houlette d’Alexandre Guimarães, a conservé l’essentiel de son effectif champion et a musclé son offre en attirant deux gardiens internationaux (Chaux et Graterol) mais surtout en ramenant à la maison un Adrián Ramos auteur d’un très joli parcours européen, notamment en BuLi. Ajoutez à cela la folie du Pascual Guerrero pour porter ses escarlatas et vous obtenez tous les ingrédients du piège parfait pour les autres membres du groupe.catolica

Mais la Colombie ne sera pas le seul piège. Car une fois l’América écartée, il faudra ensuite composer avec l’Universidad Católica soit clairement ce qu’il se fait de mieux au Chili. Même si le championnat 2019 n'est pas allé à son terme, les Cruzados étaient intouchables et malgré le départ de leur coach, Gustavo Quinteros, et de quelques joueurs, rien n’a changé. Car la Católica a attiré Ariel Holan sur son banc, un entraîneur à la forte identité de jeu, vainqueur de la Sudamericana 2017 avec Independiente, a conservé quelques cadres, de Dituro dans les buts au capitaine Fuenzalida en passant par l’excellent Edson Puch, et a renforcé sa ligne d’attaque en recrutant Gastón Lezcano et Fernando Zampedri. La greffe a rapidement pris, la Católica trône déjà seule en tête du championnat chilien, venant tout juste de perdre ses premiers points. Il ne faudra donc pas la prendre à la légère, ce que Grêmio ne devrait pas faire, lui qui était tombé à San Carlos de Apoquindo l’an passé.

Groupe F : Nacional, Racing, Alianza Lima, Estudiantes de Merida

En revanche, si vous êtes allergiques au Brésil, le groupe F est fait pour vous. Il est l’un des seuls à ne compter aucun représentant auriverde (il n’y en a que deux pour être précis). Et s’en retrouve ainsi très ouvert entre des équipes qui, pour trois d’entre-elles vont jouer clairement la qualification.

nacionalLes deux premiers sont ceux qui sont favoris sur le papier : Nacional et Racing. Du côté du Bolso, il a fallu trouver un nouveau coach après le départ quelque peu surprise d’Álvaro Gutiérrez qui avait ramené stabilité et trophée. Nacional a donc rappelé Gustavo Munúa, a misé sur la stabilité d’un effectif dont l’âge risque de commencer à se faire sentir même si les arrivées des deux ex-Defensor Mathías Suárez et Ayrton Cougo a de quoi redonner du dynamisme dans les couloirs. L’an passé, Nacional s’était offert à deux reprises l’Atlético Mineiro dans un groupe qu’il avait remarquablement géré avant de tomber en huitièmes face à l’Inter. L’absence d’auriverde cette saison laisse augurer une qualification encore plus aisée à aller chercher (tout du moins sur le papier), encore faudra-t-il se mettre en marche, ce qui n’est pas encore véritablement le cas en championnat.racing

Il faudra aussi composer avec l’autre favori du groupe, Racing. Pour comprendre à quel point la Academia est une menace dans ce groupe, il ne faut pas se focaliser sur son classement en Superliga (sixième) mais sur ses performances. Racing est tout simplement l’équipe qui a perdu le moins de matchs au pays, devant Boca et River. Mieux, depuis l’arrivée de Sebastián Beccacece, elle a retrouvé une intensité et une folie propre à renverser des montagnes. Le tout avec un effectif qui est un savant mélange d’anciens et de pépites à l’image du secteur offensif où les légendes Lisandro López - Darío Cvitanich peuvent côtoyer des Benjamin Garré, du milieu où le Chelo Díaz retrouve une seconde jeunesse aux côtés de joueurs tels que l’excellent Matías Zaracho. Attention donc à cette Academia, redoutable candidat aux huitièmes voire plus qui a tout pour embraser encore un Cilindro toujours aussi magique.estmerida

Quelle place restera-t-il donc derrière aux deux autres candidats. Celui de jolie découverte pour Estudiantes de Merida. Vice-champion du Venezuela en 2019, les Rojiblancos retrouvent la Libertadores plus de vingt ans après l’incroyable quart de finale disputé face au Cerro Porteño. Difficile d’imaginer les Vénézuéliens s’y hisser de nouveau cette saison, d’autant que leur début de tournoi est plus compliqué. Reste que croiser Estudiantes de Merida sera l’occasion de revoir Alexis Messidoro, passé par Boca et Cruzeiro. alianzalimaCelui d’outsider pour l’Alianza Lima de Pablo Bengoechea. Championne en 2017, finaliste en 2018 et 2019, l’Alianza est redevenue une équipe qui compte au pays et a donc cherché à faire de 2020 une année qui compte. Trois internationaux sont arrivés du côté de la Victoria (Josepmir Ballón, Alberto Rodríguez et Carlos Ascues), Luis Aguiar, l’un des hommes clés du titre de 2017, passé par Nacional, est revenu. De quoi densifier un effectif taillé clairement pour jouer le titre au pays, et les trouble-fêtes sur le continent. Il faudra ainsi ne pas se rater à la maison, là où l’Alianza n’a plus gagné en Libertadores depuis près de huit ans. La dernière fois, c’était face à Nacional

Groupe G : Olimpia, Santos, Delfín, Defensa y Justicia

Deux historiques et deux ambitieux. Ainsi peut-on résumer ce groupe G qui semble promis à se jouer entre les deux géants paraguayens et brésiliens avec un arbitrage par l’Argentin. Champion d’Équateur l’an passé,delfin Delfín pourrait aspirer au statut d’empêcheur de tourner en rond. Seul problème pour le Cetáceo, nombreux sont les joueurs importants à avoir quitté le navire : Pedro Ortiz, l’infranchissable portier, Pedro Perlaza, la tour en défense, la Tuka Ordoñez, la machine à but. Sans oublier l’homme qui a construit ces succès, Fabián Bustos qui dirige désormais Barcelona. Alors il a fallu reconstruire, recomposer un effectif. Quelques belles signatures ont été faites, l’excellent portier vénézuélien Alain Baroja ou encore celui qui a enthousiasmé le pays avant d’aller se perdre aux Pyramids, Jhon Jairo Cifuente. Mais le début de saison, sous la direction d’Ángel López Pérez n’a pas convaincu. Au point que le technicien espagnol a déjà été invité à aller voir ailleurs, Carlos Ischia prenant place désormais sur le banc. Cela pourrait donc coûter quelques points au démarrage à l’une des belles formations équatoriennes et ainsi mettre rapidement en danger dans un groupe dans lequel les trois autres membres débordent d’ambition.

C’est le cas dyjde Defensa y Justicia. La formidable aventure de 2018/19 sous Becaccece qui a conduit à cette première qualification historique à la Libertadores a désormais été parfaitement digérée par le Bragarnik FC. Sous la direction d’Hernán Crespo, el Halcón a déjà montré qu’il était capable de bousculer toute hiérarchie, la démonstration donnée au Monumental face à River Plate en étant la preuve ultime. Il faudra donc se méfier des voyages à Florencio Varela face à une formation qui n’a pas encore perdu en 2020 et va jouer clairement un rôle d’arbitre. Car les deux autres membres du groupe nourrissent des ambitions bien plus grandes. L’année des quarante ans de la première fois, olimpiaOlimpia n’a pas réussi à faire un parcours aussi brillant en Libertadores. Intouchable au pays depuis l’arrivée sur son banc de Daniel Garnero (les quatre derniers tournois sont tombés dans l’escarcelle du Decano), Olimpia a donc frappé fort sur le marché des transferts. Alan Benítez et Diego Polenta derrière, Nico Domingo, Jorge Rojas, Jorge Recalde au milieu et surtout un duo fou, Derlis González - Emmanuel Adebayor en attaque pour venir épauler la légende Roque Santa Cruz : cet Olimpia là a tout de l’épouvantail, de l’équipe à éviter. santosEt pourrait tirer son épingle du jeu dans un groupe que Santos n’aborde pas avec les mêmes certitudes que celles acquises l’an passé. Car Jorge Sampaoli s’en est allé, le Peixe a cédé à la mode portugaise en attirant Jesualdo Ferreira sur son banc, mais peine encore à totalement convaincre même s’il a montré du mieux face à Palmeiras le week-end précédent son entrée en lice dans la compétition reine. L’effectif du Peixe a peu bougé malgré le départ de Sampa, on va encore croise l’immortel Carlos Sánchez et l’intenable Yefferson Soteldo, mais les choses pourraient changer assez rapidement. Jesualdo Ferreira a déjà été mis sur la sellette avant le choc face au Verdão et s’est déjà plaint des critiques. Attention ainsi à la sortie de route.

Groupe H : Boca Juniors, Caracas, Libertad, Independiente Medellín

Finaliste 2018, demi-finaliste 2019,boca Boca reprend donc ses rêves de Libertadores et de conquête d’un huitième titre dans l’épreuve. Si la saison se termine en Argentine, elle ne fait que débuter pour la nouvelle ère chez les Xeneizes. Le duo Ameal – Riquelme pour diriger le tout, Miguel Ángel Russo installé sur le banc, à la triste période Alfaro succède désormais une renaissance totale, à l’image de celle de Carlitos Tévez. Et depuis, Boca écrase tout au pays, au point d’être revenu dans la course au titre qu’il jouera quelques jours après son entrée en lice en Libertadores. Alors oui Boca est favori de son groupe, largement à sa portée et sans aucun brésilien pour venir lui tenir tête. De quoi donc viser une première place et un bon total général qui assurera un parcours plus aisé à base de matchs retour disputés dans sa Bombonera. Mais cela ne suffit pas au peuple Azur y Oro, 2020 doit être l’année du retour de la Libertadores à la maison, l’effectif est taillé pour.libertad

Le principal rival du groupe devrait être Paraguayen. S’il n’a pas l’effectif fou de l’autre blanco y negro du pays, Libertad a de quoi venir contrarier l’ogre Boca, au moins un temps. Avec el Pelado Ramón Díaz aux commandes, le 4-4-2 du Gumarelo s’est installé en tête de la première division paraguayenne (malgré la surprenante défaite concédée le week-end dernier), s’appuie aussi sur son glorieux ancien Paulo Da Silva (quarante ans) et sa légende vivante Óscar Cardozo pour venir bousculer la hiérarchie. Le tout avec un recrutement également intéressant avec les arrivées d’Héctor Tito Villalba, de l’excellent Nicolás Milesi, parti un temps se perdre au Moyen Orient, de l’expérimenté Daniel Bocanegra, vainqueur de l’épreuve en 2016 avec l’Atlético Nacional. Attention donc au piège, même si la deuxième place semble être la place la plus probable pour le club guarani. Pour celle-ci, le principal adversaire devrait être Independiente Medellín. dimSorti des barrages sans véritablement convaincre, le DIM est aussi à la peine en championnat, ayant perdu la moitié de ses matchs. La bande à Aldo Bobadilla aborde ainsi la compétition avec peu de certitudes mais ne manque pas de qualités. Les centraux Cadavid et Murillo montrent une certaine solidité au fil des matchs, André Mosquera Marmolejo est l’une des satisfactions dans les buts, Andrés Ricaurte reste essentiel au milieu et le trio Leonardo Castro, Juan Fernando Caicedo, Javier Reina montre de belles complémentarités devant. Reste à trouver la bonne carburation.caracas

Reste enfin le dernier larron de l’histoire, le Caracas FC. Champions pour la douzième fois de son histoire l’an passé, les hommes de Noel Sanvicente surfent sur la dynamique et réalisent un début de championnat 2020 quasi parfait (quatre victoires, un nul, deux petits buts encaissés, onze inscrits). De là à les imaginer venir jouer la deuxième place, il y a un pas que nous ne franchiront pas même s’il faudra se méfier d’une équipe connue pour l’excellence de sa cantera parfaitement encadrée par des joueurs plus expérimentés tels que Bernardo Añor ou Ricardo Andreutti, deux des rares trentenaires de l’effectif.

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.