Match terne au Gran Parque Central ou Nacional s'impose 2 à 0 contre Defensor. Peñarol bat Boston River grâce à Canobbio et Cebolla. Avec les défaites de Progreso et Danubio, cela laisse les deux grands s'échapper devant, tranquillement. L'Uruguay vers un nouveau duel à mains nues Peñarol / Nacional ?

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Nacional 2 – 0 Defensor

Ce samedi soir de fin d'été était l'occasion de se souvenir d'Abdon Porte, le joueur s'étant donné la mort dans le rond central de ce stade, ce même Gran Parque Central, il y a tout juste cent ans (lire son histoire). Même si l'on ne se sait jamais ce qui pousse un homme à de tels extrémités, la légende veut que le joueur n'ait pas supporté le recrutement d'un autre joueur à son poste, alors même que le club était toute sa vie, sa plus grande passion. C'était il y a cent ans, et sa légende reste intact, une tribune porte toujours son nom. Si les tifos sont souvent fait pour les caméras, pour le spectacle, celui était vraiment tourné vers le ciel.

Medina, entraîneur de Nacional, aligne pour la première fois une équipe type avec des joueurs ayant déjà joué en championnat et en Libertadores. Le match démarre sur un faux rythme avec très peu d'offensives allant à leur terme, pas de frappes. Les joueurs clefs durant la première mi-temps sont Oliva d'un côté et Cardacio de l'autre. Les deux sont milieux, plutôt bas sur le terrain, et marquent le début du match par leur capacité de destruction du jeu adverse. Côté Defensor, vraiment aucune frappe. Les seules offensives sont sur des ballons balancés à Rivero, mais à ce jeu-là, Polenta est imbattable. Pas d'offensives sur les côtés (Cougo ou Suárez) car Medina a réussi à bloquer les couloirs avec une forte présence, De Pena et Espino à gauche, Fucile, Zunino à droite (sachant que De Pena et Zunino vont souvent alterner). L'équipe du frère Acevedo (Eduardo étant suspendu deux matchs) est, chose rare, dominée au milieu. Nacional, dans ce schéma, a également du mal à générer du jeu, le milieu étant concentré à des tâches défensives et les attaquants étant difficiles à trouver. Une action va changer la donne et le match juste avant la demi-heure de jeu. Sur le premier ballon bien travaillé par Nacional, plusieurs échanges au milieu aboutissent à une bonne passe d'Oliva dans la profondeur à De Pena qui transmet dans le couloir à Fucile. L'ancien international, excellent encore durant tout le match, effectue un amour de centre pour Bergessio qui trompe Reyes. Maulella défendant sur Bergessio, est en retard. Hormis deux centres sur Rivero passant de peu à côté et beaucoup de cartons jaunes, la mi-temps se termine sur ce score de 1-0. Au retour des vestiaires, Nacional domine encore plus le match, grâce à un positionnement plus offensif du Defensor, passant à trois attaquants avec Cougo devant à gauche. Ce positionnement fait que le Defensor ne peut rien construire et c'est Nacional qui attaque avec notamment Bueno qui touche la barre sur un bon débordement côté gauche. Reyes prend un jaune qui aurait pu être rouge en venant tacler à quarante mètres de son but. Une des seules occasions du Defensor, presque la seule du match, vient à la 70ème quand sur un coup-franc le jeune Milan se retrouve seul à 18 mètres mais sa frappe est bien trop molle pour tromper Conde. Gonzalo Bueno profite alors d'un nouveau contre pour tromper Reyes sur un ballon mal renvoyé. Cougo prendra un rouge sévère en fin de match, venant couronner 90 minutes ou les joueurs de Defensor n'ont pas toujours maîtrisé leurs gestes. Victoire finale de Nacional 2 à 0, victoire logique.

Côté Defensor, les bons éléments se nomment Rivero, Goñi, un peu Caradacio. Beaucoup de déceptions comme Correa qui a pensé à se battre plus qu'à jouer au foot. Un peu comme Suárez d'ailleurs. Au milieu, Benavidez a été mauvais, beaucoup d'erreurs dans le jeu, et il n'a effectué le travail au marquage... gênant. Cabrera a été transparent, difficile de le juger donc. La palme du mauvais reste pour Castro en attaque. Et dire que son agent lui avait promis la première division italienne.. Côté Nacional, très bon match de la défense, qui commence à ressembler à une « défense type » pour le bolso : Fucile, Corujo, Polenta et Espino. Conde n'a, grâce à eux, presque pas eu à toucher le ballon. Au milieu, le Ngolo Kante uruguayen s'appelle donc Christian Oliva. Courant beaucoup, détruisant le jeu de l'adversaire, il a aussi été capable de bonnes passes, courtes et précises comme un scalpel, pour déséquilibrer l'adversaire. Zunino et Romero ont aussi fait le travail, Bergessio a encore marqué, sans être extraordinaire, son septième but en six matchs.

Joueur du match : Christian Oliva

Chaque début de saison est l'occasion de découvrir les jeunes. L'Uruguay respecte encore un peu ce mouvement qui veut que les jeunes soient inclus dans l'effectif en début d'année et commencent à apparaître petit à petit. En ce début d'année, on voit donc des joueurs magnifiques commencer comme Leo Fernández de Fénix, et donc Corujo et Oliva côté Nacional. Oliva était un inconnu chez les grands côté Nacional, mais la nomination de Medina, entraîneur de la réserve l'année dernière à la tête de l'équipe première, lui a permis d'avoir sa chance. Il l'a bien saisi avec d'excellents matchs joués en Libertadores, puis en championnat depuis ce week-end, pour sa première titularisation, ou il a été partout, courant beaucoup au milieu dans sa zone, touchant beaucoup la balle. À confirmer, il n'a que 21 ans.

Peñarol 2 – 1 Boston River

Peñarol rejouait finalement après deux semaines de pause suite au retrait d'El Tanque. Cebolla faisait son retour dans le onze après sa suspension. Rojo faisait aussi son apparition dans le onze suite à la suspension d'Hernandez, et Gonzalez remplace Estoyanoff. Dans un Campeon del Siglo bien rempli, c'est Peñarol qui prend rapidement les choses en main. Sur un excellent débordement de Canobbio, le jeune trouve dans l'intervalle Cebolla Rodriguez qui fusille le gardien dans un angle fermé, sous la barre. But dès la 6ème, le match devrait être simplifié, mais il ne l'est pas tant que ça. Ce n'est pas tant à cause de Boston River, assez inoffensif offensivement avec les limités Callorda et Mastriani, mais à cause du manque de réalisme dans la dernière passe côté Peñarol. A cause de l'absence du deuxième but, Boston finit par se procurer quelques occasions faisant courir un petit frisson dans le dos de Léo Ramos. Dawson est heureusement ferme sur ses quelques interventions, dont une balle enlevée de justesse de la lucarne. Cebolla double la marque à la 74ème sur un ballon contré par la défense du Boston, il reprend le ballon de volée en allongeant bien son corps. Heureusement que ce but a été marqué car, sur un manque de concentration patent de la défense, Boston River va réduire la marque quelques minutes plus tard. Sur un corner bien négocié par Gallego, Diego Scotti (frère d'Andrés) reprend le ballon de l'entrée de la surface et trompe Dawson. Malgré une fin de match débridée avec des occasions des deux côtés, aucun autre but ne sera marqué.

Côté Boston River, l'équipe est décevante par rapport à l'année dernière. Comme l'a dit Apud en fin de match, l'équipe est en reconstruction. Reste que Valdez a souvent été en retard, que l'attaque n'a réussi qu'en contre, que contrairement à l'année dernière, le milieu ne construit plus. Côté Peñarol, l'équipe a continué à séduire dans le jeu malgré quelques changements. Fidel Martinez continue de ne pas marquer, cela risque de commencer à poser problème. Les grosses satisfactions sont Cebolla, qui prépare tranquillement son voyage en Russie, et Canobbio, que l'on avait déjà vu avec les U20, mais qui est vraiment d'un niveau excellent depuis le début de la saison, que ce soit défensivement ou offensivement. On le reverra.

Joueur du match : Maxi Rodriguez

Fénix 0 – 1 Racing

Clásico de l'Est de Montevideo, dans ce joli stade qu'est le Capurro, à côté du port, et donc ouvert aux vents. Cela a eu un impact étrangement important dans ce match ou Fénix a naturellement dominé la première manche et Racing la deuxième. Fénix commence bien, dans la lignée de ce que l'équipe avait montré contre le Defensor. Leo Fernández est toujours aussi précis au milieu mais le tir d'Urruti suite à sa passe ne trouve pas le cadre. Le premier quart d'heure est marqué par un événement étrange avec la brève perte de connaissance de Currais, qui s'assoie, se relève, et indique à son entraîneur ne pas se souvenir de comment il est venu au stade... Il est finalement évacué, remplacé par Gianni Rodriguez, ancien latéral gauche de Peñarol notamment. Au final, plus de peur que de mal. Fénix ne trouve pas le cadre, même si Acuña ou Urruti sont très remuants, et finit petit à petit par perdre pied au milieu. Le Racing joue les trente dernières minutes dans la surface de Fénix jusqu'à ce que Sosa profite d'une erreur demain de Denis pour reprendre un centre dans la surface et ouvrir le score à la 84ème. Victoire du Racing 1 à 0, grâce à la domination de son milieu, notamment Nicolini revenu au club après un passage en Albanie, mais aussi grâce à Alvite, sur la fin, et Estol. Côté Fénix, l'argentin Maxi Perez n'est plus que l'ombre de lui-même, c'est bien dommage, Juan Alvez n'en peut plus en défense, et c'est donc tout le côté droit qui a souffert. Les offensives de Fénix, qui auraient pu être mieux payées, sont venues du jeune Leo Fernández et de Luis Urruti, sur le retour après avoir été un peu placardisé du côté de Peñarol.

Pour le reste

Ça y est, le débat commence. Doit-on prendre des joueurs locaux ou pas, et quel est leur niveau réel ? Plusieurs internationaux présents ou anciens ont en effet des performances exceptionnelles en championnat. On parle de Fucile, de Gargano, de Cebolla Rodriguez notamment. Rodriguez n'a jamais quitté la sélection, et devrait donc y être. Fucile peut jouer à droite et à gauche, et est donc précieux dans une liste de 23. Gargano n'a pas joué en sélection depuis longtemps, mais quel poids a-t-il face à un Torreira, crack en Italie qui n'a jamais joué en Uruguay ? Dans tous les cas, Tabárez ne pourra faire sa liste qu'avec des jeunes, qu'avec un milieu Bentancur/Vecino/Valverde/De Arrascaeta. Il y aura donc des surprises. Lavoixdujeu regroupe tous les codes avantage Betclic et vous aide à parier sur la Coupe du Monde.

Torque continue son calvaire alors que Plaza commence à gagner en deuxième division. Y aurait-il une justice ?

Sinon Cavani va bien pouvoir se reposer jusqu'à juin, paisiblement, sans stress, sans amateur à jouer en Coupe de France (quoi que...). Espérons que Suárez puisse faire de même très bientôt.

Les buts

Résulats

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Classement

uruj6c

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba