Alors que le pays traverse sa deuxième semaine de protestations et d’affrontements entre police et manifestant, le tout dans un contexte de grave crise sanitaire et sociale, les instances du football ont choisi de ne faire comme si de rien n’était. Les joueurs ont décidé d’agir.

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La Copa América en grand danger

Nous avons refusé d’évoquer les honteux matchs de Libertadores organisés cette semaine en Colombie. Honteux car se déroulant, comme si de rien n’était, alors que les rues s’embrasent. Une situation dramatique, où l’on compte les blessés et les morts, qui ne fait pas réagir les instances locales et continentales dès lors qu’il s’agit d’organiser des événements sportifs. On a déjà évoqué le silence de la CONMEBOL et son maintien de la Copa América en Colombie après avoir invité le peuple à venir danser sur l’hymne officiel qui va les « infectés par sa joie et son rythme », le son de cloche est identique du côté de la DIMAYOR qui reste sourde aux événements se déroulant dans son pays. C’est ainsi que par un communiqué, les joueurs colombiens, rassemblés derrière leur syndicat, ont choisi de prendre position, autour de trois points précis.

« 1. En tant que citoyens avant d’être footballeurs, nous souhaitons exprimer notre soutien au peuple colombien dans ses protestations et nous nous unissions à ces voix qui réclament un pays plus juste, égalitaire et inclusif qui garantirait à tout le monde, sans distinction, les conditions minimales pour vivre avec dignité.

2. Nous soutenons les pétitions et demandons au gouvernement de les traiter sans délai en promouvant les mécanismes qui garantissent un véritable dialogue social afin que des accords puissent être conclus qui permettent la construction d’une société dans laquelle nous avons tous un espace et les meilleures opportunités pour progresser et vivre dans la paix et l’équité.

3. Nous demandons à la FCF (Federación Colombiana de Fútbol), à la DIMAYOR et aux clubs professionnels que tant que la situation qui affecte tout le pays et met en danger notre intégrité n’est pas résolue, aucun match comptant pour le tournoi local ne soit programmé ».

La semaine continentale a laissé des traces dans l’ensemble de la zone CONMEBOL, les indignations des acteurs et suiveurs se succédant, notamment après le paroxysme qu’a représenté la rencontre entre l’América et l’Atlético Mineiro ce jeudi (match interrompu à huit reprises en première période par les gaz lacrymogènes et se déroulant au son des affrontements dans les rues adjacentes). Mais à une époque où nombreux pensent encore que le peuple seul peut influer sur les décisions des instances, une telle prise de position pourrait compter. À la condition qu’elle soit suivie d’actes par les acteurs du sport-spectacle. Car pour l’instant, selon le syndicat des joueurs colombiens, les clubs et la DIMAYOR auraient demandé au Deportivo Cali et à Tolima, dont le match a officiellement été reporté, de se rendre à Envigado…

[MISE À JOUR 17h46]

Les actes n'ont pas tardé ! Après la confirmation qu'il a bien été demandé aux joueurs du Deportivo Cali et de Tolima de se rendre à Envigado pour disputer leur match, ceux-ci viennent de publier un nouveau communiqué via le syndicat. 

« En accord avec les circonstances relative à l’ordre public que traverse le pays, nous considérons qu’il n’est pas pertinent de disputer ce match et réitérons notre volonté que l’ensemble des matchs prévus en Colombie soient suspendus jusqu’à que la situation que nous traversons soit résolue.

Nous comprenons la nécessité de respecter les calendriers établis, mais dans les conditions actuelles, c’est impossible, et nous ne mettrons pas en danger non seulement nous les footballeurs mais aussi les personnes qui dépendent de notre activité.

En conséquence, nous avons pris la décision de solliciter formellement la DIMAYOR, à travers ce communiqué, de reporter le match et de ne pas nous présenter à celui-ci au cas où notre demande n’était pas prise en compte ».

Affaire à suivre...

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.