La 45e édition de la Copa América ouvre ses portes ce week-end et revêt un caractère particulier puisqu’elle célèbrera le Centenaire de la plus grande épreuve du continent américain. Et pour la première fois, c’est bien l’ensemble du continent qui y prendra part. Guide complet.

Il y a 100 ans, l’Argentine célébrait son indépendance par une compétition de football dont elle ne se doutait alors pas qu’elle prendrait une importance aussi grande. 100 ans plus tard, les yeux du monde vont se tourner bien plus au Nord, vers les Etats-Unis, pour une 45e édition qui symbolise l’évolution de cette compétition et entérine définitivement sa grandeur. Pour la première fois de l’histoire, tout un continent, du Nord au Sud, va s’affronter pendant un mois pour élire sa meilleure nation. Présentation groupe par groupe des forces en présence.

Toute compétition a son « groupe de la mort », la Copa Centenario ne déroge pas à la règle avec le groupe A, celui du pays hôte, celui qui va ouvrir la compétition. Des USA aux ambitieux colombiens avides de revanche en passant par la machine à faire déjouer paraguayenne et la belle surprise de la Gold Cup 2015 Haïti, il pourrait bien y avoir quelques surprises.

Présentation générale. Comment rebondir après une année 2015 totalement ratée. Une Gold Cup terminée à la quatrième place avec une absence totale de jeu, un barrage pour la Coupe des Confédération 2017 perdue face à l’encombrant voisin du Sud, une campagne de qualification à la Coupe du Monde des plus compliquée, la marge de manœuvre de Team USA étant des plus réduites à deux journées de la fin du quatrième tour, le bilan de Klinsi et sa sélection pose plus de question qu’il ne livre des certitudes. Alors que la majorité des américains sont tournés vers les finales NBA, la mission de la sélection est de profiter de la venue des meilleures nations du continent pour booster davantage un sport que sa MLS a ancré dans le paysage. Reste que pour sa quatrième présence en Copa América, le groupe de Klismann suscite beaucoup d’interrogations. Du choix du contesté Brad Guzan dans les buts au forfait de dernière minute de Josy Altidore, seule véritable pointe de la sélection, les USA se retrouvent face à un énorme défi accentué par un groupe des plus relevés. Mais Team USA dispose de suffisamment de qualités individuelles dans toutes ses lignes pour espérer faire mieux que se défendre. Des expérimentés Bradley, Beckermann, Bedoya, Johnson, Zusi, Wondo et Jones en passant par l’homme clé Clint Dempsey, les qualités sont là. Reste à savoir si cette équipe est capable de hausser son niveau de jeu et d’afficher un autre visage après une année 2015 plus que décevante.

Joueurs à suivre. Deux joueurs ont rapidement (et à raison) été placés au rang de grande promesse du football US, la Copa Centenario est l’occasion pour eux de se montrer de nouveau. Ces deux joueurs sont la révélation DeAndre Yedlin et l’imposant Gyasi Zardes. Encore jeunes, 22 ans pour le premier, 24 pour le second, ils doivent confirmer les attentes placés en eux après une année 2015 assez moyenne. Mais s’il est un joueur qui a tout pour être l’une des belles révélations de cette Copa América Centenario, c’est bien Darlington Nagbe. Fils de Joe Nagbe, ancien capitaine de la sélection du Liberia passé par Monaco et Nice dans les années 90, Darlington a fait sa formation aux Etats-Unis, pays qu’il a découvert à 11 ans. Il explose en College Soccer et en USL Development League avant d’être drafté par Portland dont il va finir par devenir le véritable maître à jouer. Joueur complet, décisif par sa technique et sa vision du jeu, pour son coach Caleb Porter « s’il n’en fait pas davantage il deviendra un très bon joueur de MLS, s’il continue de progresser, il deviendra l’un des meilleurs au monde. » L’occasion lui en est donnée.

Pourquoi les USA gagneront la Copa Centenario ? Aucun rêve n’est impossible, encore moins si les USA parviennent à s’attirer le soutien des fans américains. Avec un tel groupe, si les USA parviennent à sortir sans encombre, la confiance alors générée sera capitale. Pour cela, les hommes de Klinsmann devront se souvenir de l’édition 1995 lorsque, placés dans le groupe de l’Argentine et du Chili, ils avaient déjoué les pronostics en terminant premiers du groupe après avoir fait tomber les deux géants sud-américains avant d’échouer en demi-finale, battus par le Brésil d’un tout petit but. Aucun rêve n’est impossible on vous dit.

Pourquoi ils ne la gagneront pas ? La dernière apparition des USA en Copa América remonte à 2007. Placés dans le groupe de la mort avec l’Argentine et, déjà, Colombie et Paraguay, les USA avait alors sombrés pour terminer bon derniers du groupe avec zéro point.

Présentation générale. A l’image des USA, l’année 2015 en Colombie a été celle de toutes les déceptions. Au lendemain d’une Coupe du Monde 2014 au cours de laquelle les Cafeteros ont confirmé les attentes placées en eux, la Copa América chilienne a été totalement ratée. La faute à une équipe arrivée sans idées, un groupe alors amputé de sa star Falcao qui avait laissé le pauvre James bien seul pour animer l’attaque. Alors, il a fallu reconstruire. Un temps discuté, el Profe Pekerman a pris le temps de reconstruire, d’intégrer la nouvelle génération pour apporter son talent à l’expérience d’un groupe qui se connait désormais parfaitement. Si la campagne de qualification a mis du temps à véritablement se lancer, la Colombie aborde 2016 avec une dynamique positive qui semble enfin installée. Pour cela, Pekerman a fait des choix. En sortant les exilés chinois, en s’appuyant sur les talents locaux et faisant de James sont homme clé, lui adjoignant un autre meneur de jeu en la personne d’Edwin Cardona, l’Argentin a remis la Colombie sur les bons rails, au point d’en faire un favori de son groupe. Le système devrait être celui qui a parfaitement fonctionné lors de deux derniers matchs d’éliminatoires. Ospina sera protégé par une muraille de quatre défenseurs qui sera certes amputée par le forfait d’Óscar Murillo mais qui s’appuiera sur le talent de son homonyme Jeison associé au milanais Cristián Zapata, un duo Pérez – Torres au milieu chargé d’alimenter l’offensive dont le chef coordinateur rester James épaulé de Cardona et Cuadrado alors que Bacca devrait jouer le rôle de neuf.

Joueurs à suivre. Si bon nombre des internationaux colombiens sont connus des amateurs de football européen, les stars de la sélection évoluant dans les grands clubs du Vieux Continent, la sélection regorge de talents locaux ou évoluant sur le continent américain dont certains ont tout pour exploser à la face du monde. Si les parisiens suivront avec attention la pépite Marlos Moreno (dont le portrait est à lire Lo Celso – Moreno : les Paris sudams), les regards devraient aussi se porter sur l’excellent latéral de Boca Franck Fabra, le solide Yerry Mina et la merveille Roger Martínez qu’on pourrait bien voir prendre plus de place que prévu devant.

Pourquoi la Colombie gagnera la Copa Centenario ? S’il est un costume que les Cafeteros n’aiment pas porter, c’est bien celui de favori. Ça tombe bien, cette année, personne ne les attend. Si James retrouve la pleine possession de ses moyens, l’équilibre de la formation de Pekerman a tout pour poser bien des problèmes à l’ensemble des autres équipes du continent. Avec un groupe difficile à souhait pour se mettre en jambe, la bande à James se voit donner l’occasion de montrer dès le départ qu’elle sera enfin de retour au niveau auquel on l’attend depuis la magnifique Coupe du Monde 2014.

Pourquoi la Colombie ne gagnera pas la Copa América ? Sortir du groupe va demander énormément d’énergie pour une équipe encore en reconstruction. Avec la perspective de croiser un Brésil ou un Equateur dès les quarts, le chemin vers le titre ressemble à une course d’obstacle bien trop compliquée pour cette Colombie encore en rodage.

Par Grégory Chaboche

Présentation générale. La Sele a hérité d’un groupe à sa portée car faut-il encore le rappeler mais Los Ticos (autre surnom de la sélection) sont sortis du groupe de la mort lors de la Coupe Du Monde 2014 (Angleterre-Italie-Uruguay). L’objectif est clair : les quarts de finale, comme lors de la Copa América 2001 en Colombie et en 2004 au Pérou. Rappelons que lors de sa dernière participation à une Copa América, le Costa Rica n’avais pas réussi à passer le 1er tour c’était alors en 2011 en Argentine. Elle pourra compter cette année sur son sélectionneur, Óscar Ramírez. Ancien joueur professionnel, plus précisément un ancien milieu de terrain qui a comptabilisé 75 sélections entre 84 et 97, il a marqué le football costaricien notamment pour ces 5 championnats remportés à la tête d’Alajuelense (Invierno 2010, Verano et Invierno 2011, Invierno 2012 et Invierno 2013). Une expérience qui a permis à ce coach d’être nommé en août 2015 à la place de Paulo Wanchope, auteur d’une des pires séries de la sélection et viré après avoir frappé un supporteur. Malheureusement pour lui, Ramírez ne pourra pas compter sur sa véritable star, Keylor Navas. L’emblématique gardien du Real Madrid, qui est devenu le 28 mai dernier le 1er costaricain à remporter la Ligue des Champions européenne, a dû abandonner suite à une tendinopathie du tendon d’Achille gauche. C’est un réel coup dur pour la Sele. Outre cette terrible déception la liste des 23 n’a pas fait de polémique, majoritairement composée d’expatriés, seuls 6 des 23 jouent dans le championnat du Costa Rica.

Joueurs à suivre. Si on peut regretter la blessure de dernière minute d’Ariel Rodríguez, un joueur qui avait tout pour être une des belles découvertes de la compétition, nombreux sont les joueurs costaricains à s’être fait un nom depuis l’épopée brésilienne. Du magnifique Bryan Ruiz à la fusée Joel Campbel en passant par les Yeltsin Tejeda, Michael Umaña, Christian Bolaños et autres Álvaro Saborío, la Sele n’est plus une inconnue et s’appuiera cette année sur un groupe expérimenté et désormais habitué aux grands rendez-vous. On suivra avec attention les deux jeunes défenseurs Francisco Calvo et Ronald Matarrita.

Pourquoi La Sele peut gagner la Copa America ? Fort de sa magnifique expérience en 2014 à la Coupe du Monde, ce groupe, quasi inchangé, sait hausser son niveau de jeu et semble prêt pour démarrer la compétition.

Pourquoi la Sele ne gagnera pas ? L’absence de Navas est essentielle pour les Ticos, son remplaçant, Patrick Pemberton n’ayant que l’expérience du championnat local. Le poste de gardien est donc problématique pour le Costa Rica dans un groupe relevé. Pour la Sele, un quart de finale serait déjà synonyme de Copa América Centenario réussie.

Présentation générale. Souvent critiqué pour ne s’être appuyé que sur les anciens lors de la précédente édition Ramón Díaz s’en est sorti par une quatrième place marquée tout de même par l’énorme correction reçue à Concepción face à l’Argentine (lire Ganó el fútbol). Depuis,  l’Argentin s’est enfin mis à reconstruire, à véritablement lancer le projet Coupe du Monde en incorporant la jeune génération pour venir ajouter son talent à l’expérience des anciens. Si l’Albirroja peut toujours s’appuyer sur un Justo Villar toujours aussi efficace du haut de ses 38 ans, l’effectif général est rajeuni, seul Nelson Valdez, local de l’étape, et le capitaine Paulo Da Silva, 36 ans, jouant le rôle du vieux parmi les joueurs de champs. Difficile de se baser sur le seul match de préparation des Guaraníes pour se faire une idée mais le 4-4-2 si efficace sera encore de mise, malgré les absences pour blessure de deux joueurs essentiels, Pablo Aguilar et Néstor Ortigoza. Privé de Roque Santa Cruz, blessé et de Lucas Barrios, qui a préféré rester auprès de son club en accord avec le sélectionneur, le poids de l’attaque devrait être porté par le duo Jorge Benítez – Dario Lezcano, redoutable face à l’Equateur et au Brésil, deux matchs que le Paraguay aurait pu remporter s’il ne s’était pas fait bêtement reprendre en fin de match. Désormais que Ramón Díaz a véritablement posé son empreinte sur son groupe, que la mécanique est parfaitement huilée, le Paraguay s’annonce redoutable.

Joueurs à suivre. Une pluie de talents. Si l’Europe connaît déjà un Derlis González, un Juan Iturbe un Antonio Sanabria ou encore un Dario Lezcano, elle devrait profiter de la Copa Centenario pour découvrir deux merveilles évoluant en Argentine, Miguel Almirón et Óscar Romero. Du haut de ses 22 ans, le premier a été l’un des hommes clés du champion d’Argentine 2016 quand le second, à peine plus vieux, s’est définitivement installé aux commandes du Racing dont il est le chef d’orchestre. A suivre de près également le jeune Gustavo Gómez, ancien capitaine des u20 et récent champion d’Argentine également, pilier de la défense du Granate. Plus ancien et moins connu en Europe malgré son talent, il faudra également suivre l’excellent Miguel Samudio, auteur d’une saison de fou avec América.

Pourquoi ils gagneront la Copa Centenario ? Personne n’attendait véritablement le Paraguay lors de la dernière Copa América, personne ne met le Paraguay dans les possible qualifiés directs à la Coupe du Monde et pourtant. 4e de l’édition chilienne, à hauteur du Brésil dans la course à la Russie, le Paraguay aime à déjouer les pronostics et reste toujours une véritable menace pour quiconque doit l’affronter en phase finale d’une compétition. Finaliste en 2011, demi-finaliste en 2015, les Guaraníes prendront un grand plaisir à bousculer le continent et poursuivre leur série, l'une des plus belle de leur histoire en Copa América. Ils en ont les moyens.

Pourquoi ils ne gagneront pas ? Finaliste en 2011 sans remporter le moindre match, quatrième en 2015 avec une seule victoire, un tout petit but face à la Jamaïque, le Paraguay ne pourra pas continuer d’enchaîner les vols. La sécurité à l’américaine l’en empêchera.

Un historique à la recherche de son lustre d’antan, un ambitieux outsider qui figure dans les équipes du moment en AmSud, un habitué des troisièmes places et une équipe qui n’a rien à perdre, le groupe B s’annonce plus ouvert qu’il n’y parait.

Par Simon Balacheff

Présentation générale. De vraies étoiles, cette Seleção n’en a plus que sur le maillot. Qu’ils soient écartés ou préservés pour les JO, les absents de marques sont nombreux : Thiago Silva, David Luiz, Marcelo, Douglas Costa, Robinho, Roberto Firmino, Oscar et bien entendu, le plus prodigieux de tous, o Menino da Vila, l’illustre Neymar. En réalité il n’y a qu’à l’étranger que cela fait jaser, au Brésil on se fiche pas mal de cette Copa Centenario : le vrai objectif de cet été reste Rio 2016 et l’or olympique, seule breloque manquant à la vitrine de la CBF.  Dans cette ambiance toujours délétère, le peuple n’a pas encore pardonné, Dunga a composé un groupe jeune, 10 joueurs de moins de 25 ans, et sans fard. Un peu à l’image de la défense, au sein de laquelle Filipe Luis, Miranda et Dani Alves couveront la future arrière garde auriverde : Marquinhos, Rodrigo Caio, Douglas Santos et Fabinho. Gil s’est glissé là, soit grâce à son titre de champion du Brésil 2015, soit par une faille dimensionnelle reliant la Chine, Valenciennes et les Etats-Unis. Le milieu sera vraisemblablement animé par Willian et Philipe Coutinho, une paire qui aura à cœur de confirmer sa bonne saison anglaise. En relai et à la récup’, le fétiche de Zizou, Casemiro, ainsi qu’Elias mettra le bleu de chauffe. Enfin, la cinquième roue du carrosse – Dunga devrait évoluer en 4-5-1 – a moult prétendants : deux jeunes loups bourrés de talents, Gabriel et Lucas Lima, un « chinois » dans la force de l’âge, Renato Augusto. Le parigot Lucas, repêché de justesse suite à une blessure de Rafinha, a quant à lui peut être un coup à jouer pour enfin rentrer dans les petits papiers de Dunga. La pointe de l’attaque, c’est là que le bât blesse, manque toujours de fraicheur et de véritables talents. On y trouve un Hulk rédempteur qui tentera de faire oublier les fantômes de 2014, ainsi que Jonas, le 9 de Benfica qui a remplacé au pied levé celui de Santos, Ricardo Oliveira, blessé. Tout cela n’est pas inintéressant, mais bien insuffisant pour dissiper l’ombre imposante de Ronaldo qui plane encore et toujours au-dessus de l’attaque brésilienne.

Pour garder les bois de tout ce petit monde, Dunga a placé sa confiance en la personne d’Alisson, 23 ans, ancien de l’Internacional qui débarquera à la Roma cet été. Il sera secondé par l’expérimenté portier de Valencia, Diego Alves, et celui du rival gaucho Gremio, Marcelo Grohe. 

Joueurs à suivre. Si Dunga semble avoir laissé l’ambition au placard pour cette Copa Centenario, il a en revanche sorti les fioles et les bec-bunsens pour expérimenter la Seleção du futur, avec la Russie 2018 en ligne de mire. C’est donc le comportement et l’efficacité des jeunes qu’il faudra surveiller lors de cette compétition. Pour Marquinhos par exemple, c’est l’occasion ou jamais de devenir in-dis-pen-sable une bonne fois pour toute ! Enfin si Dunga lui donne cette chance, Gil ayant été mystérieusement titularisé en amical contre le Panamá. On va commencer à croire que le marquis est victime d’un complot à la fin… Offensivement, Willian et Philipe Coutinho auront deux missions : comme expliqué plus haut, ils devront donc confirmer le très bon travail effectué cette année, respectivement à Chelsea et Liverpool. Mais plus important, ce sont ces deux-là qui vont devoir montrer que la Seleção n’est pas Neymar-dépendante. Mission impossible ? Ils seront en tout cas épaulés dans leur lourde tâche par les très jeunes pépites, Gabriel et Lucas Lima, qui seront scrutés par bon nombre de recruteurs européens, ainsi que par Lucas donc, enrôlé de dernière minute. Aux cages, Dunga donne à Alisson l’opportunité de s’emparer des clés du camion. A lui de la saisir. Mais ce n’est pas facile de manipuler des clés avec des gants alors bon…

Pourquoi ils vont gagner ? Parce que Neymar n’est pas là ! L’absence du génie de Barcelone pourrait bien libérer un groupe auquel aucune figure vraiment marquante ne semble faire de l’ombre. En d’autres termes, en l’absence de l’imposante vedette, le collectif a peut-être une chance de s’affirmer. De plus, en partant aux states avec un groupe aussi expérimental et peu ambitieux, Dunga rend le résultat final de la Seleção futile aux yeux des brésiliens. Ces derniers sont d’ailleurs encore fâchés par le drame du Minerazo de 2014, et n’attendent plus rien de leur équipe nationale. Libéré de la pression populaire, le Brésil arrive aux US en n’ayant rien à perdre. Libérés, délivrés ?

Pourquoi ils ne vont pas gagner ? Parce que Neymar n’est pas là ! On ne va pas se mentir : Les derniers résultats obtenus par la Seleção sans le futur quintuple ballon d’or (si, si) vont du médiocre au catastrophique. On ne va pas revenir sur la saucisse administrée par la Mannschaft il y a deux ans, mais rien qu’en observant le parcours réalisé en Copa America 2015 après la perte de Neymar contre la Colombie (encore ! Mais sur carton rouge cette fois), il y a de quoi déprimer. Le constat est accablant : Sans lui, le légendaire Brésil devient une équipe banale. Talentueuse certes, mais sans génie. En tout cas une équipe qui ne fait pas le poids face à l’Argentine, le Chili, l’Uruguay voire la Colombie, les USA ou le Mexique.

Présentation générale. Lors de la campagne de qualification pour la Coupe du Monde 2013, l’Equateur a longtemps été la seule formation capable de suivre le rythme de l’Argentine, futur finaliste mondial. Après Copa América 2015 abordée avec ambition mais conclue par une profonde déception suite à un match raté, celui qu’il ne fallait pas perdre face à la Bolivie, l’Equateur s’est remis au travail pour lancer la campagne de qualification de la meilleure des manières, ne perdant sa première place qu’après sa première défaite au bout de six journées. Le groupe de Gustavo Quinteros a désormais pris de la bouteille et se connait parfaitement, le coach argentin dispose désormais de bien des certitudes dans le jeu et devrait une fois encore s’appuyer sur une animation oscillant entre le 4-2-3-1 et le 4-4-2 avec Alexander Domínguez dans les buts, une défense dont l’axe est synonyme de solidité conférée par le duo Erazo – Achilier et les ailes synonymes de vitesse, le duo Paredes – Ayoví se régalant de montées systématique, un duo à la récupération relance Noboa – Quiñonez, le premier s’avérant être l’un des principaux dépositaire du jeu de la Tri et une animation offensive tournant autour des Jefferson Montero, Miller Bolaños, Angel Mena, Juan Cazares sans oublier les « mexicains » Fidel Martínez et Micky Arroyo, le tout pour alimenter l’une des belles découvertes de la Coupe du Monde 2014, Enner Valencia. Qu’on ne s’y trompe pas, même en l’absence de Felipe Caicedo, le potentiel offensif de la Tri est l’un des plus impressionnants du continent.

Joueurs à suivre. De plus en plus présent sur la scène continentale, l’Equateur n’est désormais plus un inconnu, ses joueurs ayant émigrés pour certains dans les meilleures équipes du continent voire dans des championnats majeurs. Ainsi, on attend énormément d’Enner Valencia qui a semblé avoir eu du mal à digérer sa première partie d’année 2014 et qui a une véritable carte à jouer en l’absence de Felipe Caicedo. Mais on suivra toujours avec la même attention le petit Juan Cazares qui n’a pas perdu son talent en signant au Brésil, bien au contraire ou encore l’excellent Arturo Mina, pilier de la défense d’Independiente del Valle, énorme sensation de la Libertadores actuelle.

Pourquoi la Tri va l’emporter ? Il suffit d’un coup d’œil à la liste des 23 pour s’apercevoir que Quinteros n’est pas venu pour faire des tests. Avec un groupe désormais rodé et capable de bousculer les grands du continent (sa victoire au Monumental en octobre dernier l’attestant), l’Equateur a de quoi sortir de son groupe à la première place et ensuite foncer vers le titre. D’autant que la Tri a probablement le plus beau maillot de l’épreuve – argument définitif.

Pourquoi l’Equateur ne remportera pas la Copa Centenario ? Beaucoup d’espoirs, énormément de désillusions. D’une Coupe du Monde abordée avec envie mais quittée sans montrer réellement sa valeur à une Copa América 2015 totalement ratée, l’Equateur aime décevoir.

Présentation générale. 2016, année de la découverte pour les Grenadiers de Patrice Neveu. Après une formidable année 2015 qui a vu Haïti réussir un magnifique parcours en Gold Cup (2e de son groupe derrière les Etats-Unis avec une victoire face au Honduras avant d’être éliminé en quart par le futur finaliste la Jamaïque) et sortir vainqueur d’un barrage disputé au Panamá face à Trinité et Tobago pour décrocher sa place en Copa América, les Grenadiers abordent la compétition sans aucune pression. Le cadeau que représente la présence du Brésil dans son groupe pour un peuple autant passionné de foot n’est finalement que la cerise sur le gâteau. Pourtant sur le terrain, il ne faudra pas trop prendre les Grenadiers de haut. Bien qu’éliminé de la course à la qualification mondiale, le 4-3-3 de Patrice Neveu reste difficile à bouger et peut compter sur quelques joueurs à l’expérience européenne comme Johnny Placide dans les buts ou encore Wilde-Donald Guerrier.

Joueurs à suivre. Dans une sélection aux accents français, six joueurs évoluent actuellement en France, on suivra avec attention la jeune génération déjà entrevue lors de la dernière Gold Cup et symbolisée par le trio Jeff Louis – Duckens Nazon – Kervens Belfort, les trois de devants qui ont tout pour être l’une des belles découvertes de l’édition 2016.

Pourquoi Haïti va remporter la Copa Centenario ? Parce qu’un miracle est toujours possible.

Pourquoi les Grenadiers ne la remporteront pas ? Comment sortir d’un groupe qui offre le Brésil, l’une des meilleures équipes actuelle en AmSud et le troisième des deux dernières éditions ? Le challenge semble insurmontable pour les Grenadiers. Mais si on voit mal Haïti se hisser hors de ce groupe, les hommes de Neveu pourraient bien s’amuser à faire perdre des points aux trois autres membres du groupe et ainsi en décider du sort.

Présentation générale. Troisième en 2011, troisième en 2015, le Pérou pouvait nourrir bien des espoirs pour lancer sa campagne de qualification à la Coupe du Monde, le style Gareca ayant fini par s’installer dans une sélection qui avait produit l’un des plus beaux jeux lors de la dernière édition. Mais voilà que le Pérou a raté son entrée en piste dans les éliminatoires. Conséquence, si rien n’est définitivement perdu, la Blanquirroja a une fois encore perdu bien des espoirs et se retrouve à devoir courir après le temps. Conséquence directe (ou pas), Ricardo Gareca a choisi d’emmener à la Copa América un groupe profondément remanié qui fait la part belle aux jeunes et surtout exclu quelques anciens que l’on pensait indéboulonnables. Le Tigre sort les crocs : Claudio Pizarro, Jefferson Farfán, Juan Vargas, Luis Advíncula, Carlos Ascues, André Carrillo et Carlos Zambrano sont écartés du groupe, certains par manque de temps de jeu, d’autres pour des raisons purement disciplinaires. L’objectif semble clair dans l’esprit du technicien argentin, remettre en ordre de marche une sélection en donnant du temps de jeu et de l’expérience à des joueurs affamés et devrait s’appuyer sur un 4-2-3-1 qui a montré de belles choses lors des deux rencontres amicales disputées avant la compétition.

Joueurs à suivre. L’absence des habituels permet de donner du temps à la génération des formidable u20 du Sudamericano 2013. La Copa Centenario sera donc l’occasion de voir enfin dans une grande compétition des Benavente, Polo, Tapia, Araujo et autres Flores. Il faudra aussi suivre avec attention la Pulga Raúl Ruidíaz qui revit à Universitario (23 buts en 24 matchs) et épaulera la légende Guerrero ainsi que la petite pépite recrutée par le PSV, Beto Da Silva.

Pourquoi le Pérou va remporter la Copa Centenario ? Deux fois troisièmes, c’en est trop. Le Pérou et sa nouvelle génération est prêt à marcher sur les traces de la génération 75. Alors que personne n’attend véritablement la Blanquirroja dans un groupe promis au duo Brésil – Equateur, une qualification pour le tour suivant peut offrir un tableau bien plus ouvert aux hommes de Gareca. Et tout sera alors possible. Rappelons qu’il a fallu un coup de génie d’Edu Vargas pour sortir le Pérou en demi-finale de l’édition chilienne.

Pourquoi le Pérou ne remportera pas le titre ? Dans une lutte avec le Brésil et l’Equateur, un historique et un grand outsider, tout point perdu en chemin s’avèrera fatidique et s’il est bien une nation capable d’en laisser face à Haïti, c’est bien le Pérou. Points perdus, pas de qualif et donc, pas de titre. CQFD.

Quand l’ogre du Nord accueille la nation la plus titrée au monde, difficile d’entrevoir la moindre place pour les deux autres membres du groupe. C’est la mission (impossible) qui s’offre à la Jamaïque et au Venezuela.

Présentation générale. 2015 aura été l’année de tous les paradoxes au Mexique. A l’image de l’équipe bis, qui offrait le plus beau match de la Copa América chilienne face au pays hôte (lire Festival au Nacional) mais sortait dès le premier tour ou encore à l’image des A, indigestes dans le jeu mais qui remportaient la Gold Cup, le Mexique a vécu une période assez étranger ou les résultats n’ont finalement jamais été au niveau du terrain. Exit el Piojo Herrera, après une pige de Tuca Ferretti, le Tri s’est trouvé son Marcelo Bielsa en la personne de Juan Carlos Osorio. Et depuis, après une mise en place, la sélection a trouvé son rythme de croisière, poussant le vice jusqu’à n’avoir pas encore encaissé le moindre but depuis l’arrivée du technicien colombien. Tactiquement, Osorio a innové lors du dernier amical, lançant un 3-3-1-3 des plus séduisants face au Paraguay et montrant ainsi à quel point son groupe lui permet bien des possibilités. Car il ne faut pas s’y tromper, indépendamment du fait d’avoir la garantie de jouer à domicile, le Mexique dispose d’un des groupes les plus impressionnants et les plus complets en termes de qualités individuelles. De l’expérience de l’immortel Rafa Márquez au quatuor de Tigres Dueñas, Aquino, Torres Nilo, en passant par les portugais Layún, Herrera et Tecatito Corona pour finir à la star absolue Chicharito Hernández, le talent transpire à chaque ligne, l’éventail des possibilités est immense. Avec la confiance accumulée depuis la prise de fonction d’Osorio, le Mexique est désormais certain qu’il peut battre tout le monde. Le Tri a tout du grand outsider de la compétition.

Joueurs à suivre. Si le grand retour de Memo Ochoa sera bien évidemment l’un des évènements mexicain de cette Copa América, si les parisiens ne pourront finalement pas voir le jeune Jürgen Damm, qui coince un peu avec Tigres et qui vient de déclarer forfait au dernier moment, la Copa Centenario sera surtout l’occasion de dévoiler à la face du monde le grand espoir Hirving Chucky Lozano. La pépite de Pachuca, vainqueur du Clausura (lire Mexique – Clausura 2016 : Pachuca champion au bout de la folie) va pouvoir enfin montrer son talent à l’échelle du continent. Il sera véritablement l’une des principales attractions chez les jeunes à découvrir cette année.

Pourquoi le Tri gagnera la Copa América ? Autorisé à envoyer ses meilleurs joueurs, évoluant à domicile (préparez-vous à des stades verts et à vivre au son des « puuuutoooo »), on voit mal ce qui pourra résister à l’odyssée victorieuse d’un Mexique qui n’attendait que cette compétition pour enfin s’affirmer sur l’ensemble du continent. En 2015, son champion échouait en finale de la Libertadores, en 2016, sa sélection va prendre sa revanche.

Pourquoi il ne la gagnera pas ? S’il est une grande capacité que possède le football mexicain, c’est celle de se rater dans les grands rendez-vous. Plus la vitrine brille, plus le Mexique s’aveugle dans ses espoirs et rate le match qu’il ne faut pas rater. Une défaite face à l’Uruguay en ouverture pourrait tout de suite mettre le Tri sous pression, chose qu’il ne sait généralement pas gérer.

Par Jérôme Lecigne

Présentation générale. Pays ayant le plus de participation (42) et de victoires (16), l’Uruguay se présente encore cette année comme un adversaire redoutable. Depuis l’arrivée du Maestro Tabárez, la Celeste aligne les bonnes performances avec des qualifications pour chaque coupe du monde, une victoire à la Copa America 2011 contre l’adversaire de toujours argentin, et un quart de finale plus qu’honorable au vu de l’arbitrage maison en 2015 au Chili. En tête du classement des éliminatoires pour la Coupe du monde 2018 en Russie, l’Uruguay est de nouveau dans une phase ascendante avec le retour de l’enfant prodige Luis Suárez. Elément le plus important pour le Maestro, le « processus » se poursuit, c’est-à-dire l’arrivée en sélection de façon mesurée de joueurs jeunes qui s’imposent petit à petit, sans pression. Donc pas de chamboulement dans la sélection des 23, avec les habituels tauliers (Muslera, Godin, Pereira, Arevalo Rios, Cavani et Suárez par exemple), mais aussi quelques jeunes figures comme Matias Vecino et Diego Laxalt, qui jouent en Italie. 

La liste des absents pour blessure n’est pas très longue, avec principalement les défenseurs Martin Caceres et Sebastian Coates, et l’ex milieu du PSG Cristian Rodriguez. A noter que Luis Suárez devrait très rapidement dans la compétition être à la disposition du sélectionneur malgré sa blessure en finale de coupe du roi. Parmi les choix du sélectionneur, on notera que Gargano ne reviendra pas en sélection tant que le Maestro sera en place, au vu de ses propos avant la précédente Copa au Chili. Parmi les choix sportifs, on notera les absences de Jonathan Rodriguez (pas titulaire en club), de De Arrascaeta, et des jeunes jouant en Uruguay Nahitan Nandez, Nico Lopez, Michael Santos ou Diego Polenta. Ils intègrent petit à petit l’effectif, leur heure viendra.

Joueurs à suivre. Parmi les joueurs moins connu en Europe qu’il faudra suivre, on peut en noter deux : Carlos Sánchez et Christian Stuani. Vous ne connaissez pas Carlos Sánchez? Vous ne suivez pas le football sud-américain ? Bon, profitez en bien, voici un joueur typique du cru, qui, à 31 ans, s’est imposé dans tous les clubs dans lesquels il est passé. Ailier/milieu droit, au profil de mobylette (même si son surnom est Canard Sánchez), c’est un joueur véloce et très bon techniquement, dynamiteur de défense. Vous ne le verrez sans doute pas en Europe car il s’est imposé sur le tard en Amérique du sud. Il est resté à Liverpool (Uruguay, hein) son club formateur, jusqu’à ses 25 ans. Il a été appelé pour la première fois à l’âge de 29 ans. Mais il reste sur deux saisons ou, après avoir tout gagné en Argentine avec River, il a mené son club des Rayados de Monterrey en final du championnat mexicain (son club a perdu la finale mais on ne pourra pas le lui reprocher, il était déjà avec la sélection). Malgré sa vitesse, suivez-le du regard. Christian Stuani n’est pas à proprement parler un grand attaquant, il joue d’ailleurs dans un club moyen, qui vient d’obtenir son ascension en première division anglaise, Middlesbrough. Mais depuis sa première apparition sous les couleurs de l’Uruguay en 2012, il n’a jamais déçu. Assumant très bien l’absence de Suarez durant les matchs de la Copa au Chili et des qualifications à la coupe du monde, il s’est imposé dans un poste de deuxième attaquant, pouvant jouer sur tout le front de l’attaque. Il ne sera sans doute pas titulaire, mais sera un atout précieux dans le groupe.

Pourquoi l’Uruguay gagnera cette Copa America ? Par habitude. Plus sérieusement, grâce au processus du sélectionneur, qui a amené une stabilité incroyable dans un pays habitué à changer de sélectionneur tous les six mois. C’est simple, avec lui, ce n’est pas l’argent qui l’emporte, ce ne sont pas les intérêts de joueurs ou de la fédération qui l’emportent, c’est la logique qui gagne toujours. Et il est dur de se battre contre la logique. Alors tous les joueurs se donnent à fonds, avec l’avantage d’avoir quelques-uns des meilleurs joueurs du monde à leur poste, Godin et Suárez.

Pourquoi ils ne la gagneront pas ? Parce que l’armoire à trophée est déjà bien trop rempli, et que vu les millions que les américains ont mis sur la table, ils ont bien pu se payer également les arbitres.

Présentation générale. C’aura été la belle surprise de l’année passée, le tube de l’été 2015. Alors que tout le monde voyait la Jamaïque se faire désosser au Chili, la bande à Schäffer a surpris l’AmSud en proposant un jeu cohérent qui aurait pu, si associé avec une plus grande efficacité, causer bien des dégâts (l’Uruguay et le Paraguay s’en sortant miraculeusement face aux Reggae Boyz). Après une fin d’année plus délicate et les premières critiques se faisant entendre sur la gestion de son groupe, la campagne de qualification en Coupe du Monde (mal embarquée) aidant, le technicien allemand arrive à la Copa Centenario avec un groupe dans les rangs duquel restent les grandes figures de la précédente édition et de la Gold Cup à l’exception de Darren Mattocks, touché au ménisque et donc forfait. La groupe, composé de 7 « anglais » et 7 « américains » reste sur un encourageant succès 2-1 acquis face au champion sud-américain qui lui permet de s’offrir un peu de calme avant la compétition.

Joueurs à suivre. Ceux qui avaient aimé Giles Barnes et Kemar Lawrence lors de la dernière Gold Cup seront donc ravis de les retrouver. Avec un taulier de la défense récent champion d’Angleterre Wes Morgan, qui sera à n’en point douter l’une des grandes attractions de l’épreuve. A suivre également Garath McCleary, l’un des hommes importants de la sélection qui a le mérite de tenir un journal de bord sur le site 5mag comme il l’avait fait l’an dernier.

Pourquoi la Jamaïque gagnera la Copa Centenario ? On aimerait croire à un nouvel exploit. Très sincèrement, voir la Jamaïque se qualifier pour les quarts en serait déjà un, alors le titre...

Pourquoi elle ne la gagnera pas ? Si le destin n’avait pas placé le Mexique et l’Uruguay sur le chemin de la Jamaïque, on aurait pu croire à l’exploit d’une qualification. Les Reggae Boyz ont découvert l’ambiance d’une Copa América l’an passé mais se retrouve cette année devant deux Everest à escalader en peu de temps. Un défi qui parait insurmontable.

Présentation générale. Rare formation sud-américaine (avec l’Equateur) à n’avoir jamais remporté l’épreuve, le Venezuela arrive aux Etats-Unis en pleine tempête. Entre un pays en train de mourir, noyé dans une crise politique/économique/sociale sans précédent et des relations des plus tendues avec la fédération depuis le lendemain de la dernière Copa América, la Vinotinto a totalement raté son début de campagne qualificative et a décidé de reconstruire en nommant Rafael Dudamel à la tête de la sélection. Reste qu’avec une seule victoire en 15 rencontres et quatre amicaux placés avant la compétition pour essayer de mettre un groupe en place, le Venezuela arrive aux States sans aucune certitude. Dudamel semble encore hésiter avec un 4-4-2 et un 4-2-3-1 au sein duquel Juan Manuel Seijas jouerait le rôle du 10 axial, position qui ne semble pas forcément lui convenir. Reste que sur le plan individuel, le Venezuela a largement de matériel sur lequel s’appuyer. Salomon Rondón, Tomás Rincón ou Oswaldo Vizcarrondo sont autant de piliers d’un groupe qui compte bon nombre d’Européens, plusieurs d’entre eux évoluant en Espagne. Rafael Dudamel est un bâtisseur, ancien gardien de but devenu entraîneur en charge des u17 vénézuélien, il emmène avec lui bon nombre de jeunes qui vont ainsi acquérir une expérience nécessaire pour bâtir le nouveau Venezuela.

Joueurs à suivre. Avec 11 joueurs de moins de 25 ans, le Venezuela fait la part belle à la jeunesse et prend le pari de sa génération future. Si certains sont déjà en Europe comme Josef Martínez ou la dernière sensation Adalberto Peñaranda, d’autres se voient donner une occasion d’exposer leur talent. On suivra ainsi avec attention le formidable Rómulo Otero, auteur d’une saison de folie avec Huachipato, on attendra la confirmation du talent de Wilker Ángel, s’il parvient à gratter du temps de jeu dans l’axe et on prie pour voir la nouvelle merveille de Caracas, Wuilker Faríñez, jeune gardien de 18 ans qui a déjà montré l’étendue de son talent en Libertadores. Oui, il y a vraiment du talent au Venezuela.

Pourquoi le Venezuela gagnera la Copa Centenario ? Franchement, on ne voit pas comment.

Pourquoi le Venezuela ne gagnera pas ? Le contexte politique, social, la rupture entre les joueurs et la fédération, comment aborder une compétition avec l’esprit tourné uniquement sur le football ? Alors que le pays est plongé dans le chaos et meurt à petits feux, la sélection nationale, déjà hors course dans la campagne de qualification à la Coupe du Monde, a bien d’autres chats à fouetter.

Quand les deux derniers finalistes croisent le troisième du Nord, la place laissée au quatrième membre du groupe s’annonce plus que réduite. Mais si l’Argentine peut s’appuyer sur certaines certitudes, le chantier chilien pourrait finalement rendre un groupe qui paraissait joué d’avance bien plus ouvert que prévu.

Présentation générale. Est-il encore nécessaire de présenter l’Argentine ? Finaliste de la dernière Coupe du Monde, finaliste de la dernière Copa América, le nouveau Poulidor du football mondial reste plus que jamais une valeur sûre du continent, un favori logique au titre suprême. Bousculée en début d’éliminatoires après s’être fait piéger par l’Equateur au Monumental, l’Albiceleste de Martino s’est depuis remise tranquillement en marche, sans pour autant briller, mais en alignant les bons résultats. Le souci de l’Argentine est le niveau d’exigence que l’incroyable niveau de son groupe génère. Avec des joueurs de classe mondiale à quasiment chaque ligne, l’attente du peuple argentin n’est pas simplement une victoire mais surtout une démonstration du talent collectif. Et c’est justement là où le bât blesse. Car l’Argentine est encore loin d’être brillante, si ce n’est pas à-coups, la demi-finale face au Paraguay s’avérant finalement n’être qu’un instant de grâce qui a marqué tous les amoureux de foot (qui désormais n’attendent que de le revoir). Sur le papier, il ne devrait pas y avoir de grandes surprises quant à l’organisation choisie par Tata Martino. Fidèle à son 4-3-3, le technicien finaliste des deux dernières Copa América, s’appuie sur Romero dans les buts, protégé par une défense Mercado – Otamendi – Ramiro – Rojo devant laquelle le trio orchestré par Mascherano sera à alimenter le trio offensif dans lequel prend place le duo Messi - di María. Il reste cependant quelques interrogations. Qui sera le numéro 9 choisi par Tata qui a le luxe d’hésiter entre Higuaín, l’homme aux 36 buts en Serie A, et Kun Agüero, l’homme aux 24 buts en Premier League ? Qui prendra place aux côtés de Mascherano dans le premier rideau du milieu ? Le forfait de Biglia ayant ouvert une porte. Des questions de riche certes mais dont la réponse prendra toute son importance à l’heure du sprint final.

Joueurs à suivre. Inutile de faire l’inventaire des forces argentines, la majorité de ses joueurs évoluent déjà dans les meilleures équipes du monde, ont déjà convaincu la planète de leur talent. Pourtant, dans l’ombre des Messi et autres Agüero, la Copa Centenario pourrait être l’occasion donnée à Matías Kranevitter de montrer l’étendue d’un talent que tout un pays sait immense. Ce pourrait aussi être l’occasion pour Guido Pizarro, magnifique homme clé des Tigres de Gignac, de profiter de la blessure de Biglia pour prendre une place dans un milieu de terrain qui semble tellement fait pour lui.

Pourquoi l’Argentine va remporter la Copa Centenario ? Deux finales perdues en deux ans, l’heure est venue de mettre fin à cette douloureuse série qui touche non seulement la sélection mais aussi son entraîneur qui a perdu les deux dernières Copa América. Quoi de mieux qu’une Copa Centenario pour y mettre fin ? Et puis ce sera surtout l’occasion pour Messi d’enfin mener sa sélection vers un titre international, seule ombre au tableau de l’astre argentin. La Pulga n’attend que ça.

Pourquoi l’Argentine ne s’imposera pas ? Deux finales perdues en deux ans, jamais deux sans trois. La malédiction, quand elle vous tient, elle ne vous lâche plus. Doublé à la possibilité de croiser le Mexique ou l’Uruguay dès les quarts de finale, la probabilité d’une mauvaise surprise n’est finalement pas si élevée. Elle serait probablement fatale à Tata.

Présentation générale. Champion d’Amérique du Sud pour la première fois de son histoire, le Chili se croyait alors partie pour surfer sur la vague d’une génération libérée de la pression d’un palmarès encore vierge. Les plus grands amateurs de football chilien voyaient déjà la Roja s’installer durablement dans les grandes nations du continent. Les choses pourraient être bien plus compliquées que prévues. Il y aura eu la tourmente du FIFAgate qui est venue bousculer le calme apparent de Santiago et totalement faire exploser la fédération. Il y aura eu, comme conséquence, le départ avec pertes et fracas de Jorge Sampaoli qui a préféré déguerpir. Et dans cette roue, il y aura finalement eu une campagne de qualification idéalement partie (victoire face au Brésil et victoire au Pérou) avant que tout explose en même temps que les affaires. Bilan, le Chili aborde sa défense de titre avec un nouveau sélectionneur, l’excellent Juan Antonio Pizzi, mais avec un vaste chantier, celui de tout reconstruire. Car Pizzi n’est pas Sampa, son Chili sera forcément différent même si il gardera des traits communs. Le Chili de Pizzi devrait principalement s’organiser en 4-2-3-1 avec une défense assez classique Isla – Medel – Jara – Mena, un duo à la récupération/relance Aránguiz – Silva (ou Díaz) derrière trois offensifs Sánchez et Vargas dans les couloirs, un meneur de jeu dans l’axe, la blessure de Matías Fernández ouvrant une porte, et avec une pointe, vraisemblablement Mauricio Pinilla. Pas de grands bouleversements dans l’effectif donc, si ce n’est l’absence du Mago Valdivia. Reste à ce groupe à retrouver son efficacité, pêché mignon d’une formation qui joue bien mais ne gagne plus.

Joueurs à suivre. Difficile de ne pas connaître un onze qui a remporté la Copa América il y a moins d’un an et qui arrive en grande partie à l’identique. On regardera cependant avec intérêt l’arrivée de Nicolás Castillo, dont les qualités de buteur retrouvé à la Católica pourraient aider à combler ce déficit d’efficacité. A suivre avec intérêt également l’arrivée du jeune Erick Pulgar, autre ancien de la Católica aujourd’hui en Italie. Pour le reste, du classique, beaucoup d’attente autour d’un Alexis toujours aussi exaspérant en sélection par sa fâcheuse tendance à toujours en faire trop.

Pourquoi le Chili va conserver son titre ? Le départ de Sampa a, un temps, ébranlé le groupe touché par les affaires et autres règlements de compte qui s’en sont suivis. Reste que sur le terrain, le Chili joue toujours aussi bien, a conservé son intensité, sa justesse collective qui le rend toujours aussi redoutable. S’il retrouve son efficacité, il pourrait être quasi injouable.

Pourquoi le Chili ne conservera pas sa couronne ? Un quart possible face à l’Uruguay et le destin se chargera de remettre les pendules à l’heure après le quart de l’an passé. Le Chili doit se qualifier pour les quarts mais sa grande maladresse du moment pourrait aussi lui coûter des points voire la deuxième place. L’ouverture face à l’Argentine sera déterminante.

Présentation générale. La bande à Hernán Darío Gómez aura été l’autre belle surprise de l’année 2015. Privée d’une finale de Gold Cup par un arbitre américain désireux de fausser une compétition, Panamá avait ensuite pris sa revanche en allant chercher la troisième place de la compétition face au pays organisateur. Bien placé dans la course aux qualifications pour la Coupe du Monde, les Canaleros ont confirmé leur Gold Cup et continuent de s’appuyer sur un groupe cohérent, une fluidité collective et une touche de technique qui en font une surprise potentielle pour tous ceux qui les auraient enterré bien avant l’épreuve. Car Hernán Darío Gómez a forgé un groupe qui allie solidité défensive, symbolisée l’an passé par la légende Román Torres malheureusement absent pour cette Copa América, blessé, et les qualités de justesse technique des Valentin Pimentel, Anibal Godoy et autres Armando Cooper. On devrait ainsi retrouver le 4-4-2 classique de Bolillo Gómez avec Luis Tejada comme seule pointe autour de laquelle devrait tourner soit l’autre légende Blas Pérez, soit Ricardo Buitrago.

Joueurs à suivre. Ceux qui n’ont pas suivi la dernière Gold Cup devraient donc découvrir les joueurs cités ci-dessus, les milieux Pimentel – Godoy – Cooper étant tous plus intéressants les uns que les autres. Si on regrettera le forfait de dernière minute du pibe Ismael Diaz, blessé en préparation, on suivra de près Gabriel Torres qui avait fait ses débuts en sélection à 16 ans et qui sort d’un énorme tournoi au Venezuela avec Zamora. A suivre de près également l’excellent Harold Cummings, futur grand de la défense des Canaleros.

Pourquoi ils remporteront la Copa América ? Il semble improbable de voir Panamá décrocher la Copa Centenario. La chance des Canaleros est de débuter leur compétition par un adversaire à leur portée, la Bolivie et ainsi se voir donnée la possibilité de faire douter le duo Argentine – Chili qui s’entre-déchirera alors. Une présence en quart de finale serait déjà synonyme de coupe de tonnerre sur le continent. Mais les Canaleros ont montré l’an passé que rien n’était impossible pour eux.

Pourquoi ils échoueront ? Autant jouer la Bolivie semble largement à la portée du Panamá, autant les deux duels face à l’Argentine et au Chili s’annoncent des plus difficiles. Voir les Canaleros en quart relève de l’exploit et signifierait qu’un des candidats au titre ne passe pas le premier tour.

Présentation générale. A l’image du Venezuela, le contexte social en moins, la Bolivie aborde la compétition dans un climat quelque peu délétère. Après avoir réussi l’exploit de se qualifier pour les quarts de finale de la dernière édition, le football bolivien a été rattrapé par le FIFAgate et, quelque semaines après avoir vu son président de fédé mis en prison, s’est retrouvé sans sélectionneur, Mauricio Soria décidant de claquer la porte par manque de soutien. La fédération s’est retrouvée alors embarquée dans une série de règlements de comptes, sous la menace d’une désaffiliation Carlos Chávez, le président taulard, étant un temps encore soutenu par la CONMEBOL, et s’est retrouvée à nommer Julio César Baldivieso à une semaine d’un amical face à l’Argentine (perdu 7-0). Difficile alors de travailler sereinement d’autant que les conflits demeurent, Marcelo Moreno, principal atout offensif de la sélection ayant depuis décidé de ne plus venir défendre la Verde. Pas le meilleur des climats donc. Au point qu’à l’heure actuelle, il n’y a guère que le Venezuela pour réussir à faire pire que la Bolivie sur le continent, la Vinotinto étant d’ailleurs la seule victoire de la Verde sur les 8 matchs dirigés par Baldivieso. Ajouté à la blessure de l’une des valeurs sûre de l’équipe, Alejandro Chumacero, on comprend mieux l’immensité de la tâche qui se présente à la Bolivie dans cette Copa Centenario.

Joueurs à suivre. Si les Européens suivront avec attention leur représentant Martin Smedberg-Dalence, il faudra avant tout s’intéresser au duo offensif Yasmani Duk – Jhasmani Campos, principal générateur de danger. Le grand avant-centre passé par Sport Boys et aujourd’hui au New-York Cosmos est un véritable pivot capable de perturber bien des défenses quand le numéro 10 de la sélection, l’un des rares expatriés (Campos est aujourd’hui au Koweït) formé dans la prestigieuse Académie Tahuichi, sera le maître du jeu bolivien. A surveiller également le jeune Bruno Miranda (18 ans), lui aussi issu de l’Académie Tahuichi et qui commence à apparaître avec l’Unversidad de Chile, club qu’il a rejoint l’an passé.

Pourquoi la Bolivie va remporter la Copa Centenario ? Autant le dire clairement, c’est impossible.

Pourquoi la Bolivie ne gagnera pas la Copa América ? Dans un tel contexte, après des mois et des mois d’errance sur le terrain et en coulisses, on voit mal comment la Bolivie peut venir bousculer les deux autres sud-américains du groupe, pire, elle devrait même souffrir face au Panamá. Le risque de score fleuve face à l’Argentine et au Chili est grand. On craint vraiment le pire pour la pauvre Verde.

A vous de jouer ! 

Photo une : GUILLERMO LEGARIA/AFP/Getty Images

Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.