Une sélection qui attend encore avant de lancer sa nouvelle génération, ses clubs qui restent les épouvantails du continent et un championnat dominé par le duel des géants Olimpia et Cerro Porteño, retour sur la saison 2015 au Paraguay.

Sélection : la reconstruction attendra

On aurait pu penser que 2015 allait être une année de transition, un sorte de mise en place du futur Paraguay, celui qui se lancerait à l’assaut de la campagne qualificative pour la Coupe du Monde. Il faut dire que lors du passage de Victor Genes, on avait vu arriver quelques membres de la nouvelle génération que l’on imaginait alors participer à la Copa América histoire de prendre de l’expérience. Il n’en fut rien. Avec Ramón Díaz, le culte du résultat immédiat a pris le dessus. C’est donc une bande d’habitués, composée d’anciens, qui a réussi, sans jamais montrer quoi que ce soit, à se hisser à la quatrième place de la Copa América (lire Un final, des finales) avec un parcours marqué notamment par une fessée reçue face à l’Argentine en demi-finale (lire Ganó el fútbol). La reconstruction, elle se fait et se poursuivra donc lors de la campagne de qualification à la Coupe du Monde. Cela se traduit au niveau des résultats même si pour l’instant, le fait d’avoir affronté un Venezuela en plein chaos et qui lui a offert une victoire miraculeuse en ouverte, et une Bolivie qui s’est relâché 10 minutes, offre une quatrième place en trompe l’œil aux Guaranies. Mais une quatrième place qui permet tout de même de s’appuyer sur des résultats qui permettent de poursuivre la reconstruction.

Coupes continentales : la spécialité maison

Après Olimpia en 2013 (lire L'année du Galo) et le Nacional en 2014 (lire Enfin parmi les grands), le Paraguay a encore envoyé un représentant dans le dernier carré de la Libertadores. Si l’obstacle River s’est avéré infranchissable pour l’Aborigen (lire Guaraní 1- 1 River Plate), le parcours de Guaraní a non seulement récompensé ce qui se fait de mieux au pays mais surtout souligné une chose : rencontrer un paraguayen dans une compétition continental n’est en aucun cas gage de facilité (demandez au Corinthians ou au Racing).

Et pour les derniers qui en doutaient, le Sportivo Luqueño est venu apporter une nouvelle illustration. Pour sa première en Sudamericana, le Chanchón au jeu parfois stéréotypé mais diablement efficace s’est hissé lui aussi dans le dernier carré, tombant sans perdre (et en se demandant encore comment il est possible de ne pas avoir gagné) face au futur vainqueur Santa Fe (lire Copa Sudamericana 2015 : Santa Fe et Huracán pour l’histoire). Il restera donc l’une des formations à éviter en 2016.

Championnat : les quarantièmes rugissants

Dans un championnat réservé aux géants, la palme du beau jeu n’est malheureusement pas récompensée par un titre. Toujours placé, jamais gagnant (2e lors de l’Apertura, 3e lors du Clausura),  Guaraní a donc dû, une fois encore, se contenter d’observer le Cerro Porteño et Olimpia à se battre pour le titre. Si le Ciclón a écrasé l’Apertura (lire Paraguay – Apertura 2015 : Le Cerro Porteño Champion !) avant de mal gérer son intersaison, laissant notamment partir Diego Barreto et se voir devoir lutter contre un Decano composé d’anciens de la maison avides de revanche. Alors certes Olimpia est allé chercher son 40e titre dans la douleur d’un match d’appui concédé face au Cerro à l’ultime journée (lire Paraguay – Clausura 2015 : Olimpia, la quarantième rugissante), mais il faut reconnaître que tout autre résultat qu’un titre du Decano aurait été tout de même une vraie déception tant le groupe d’Arce a été souvent convaincant dans le jeu. Ce n’était pas le cas de Libertad qui aura finalement vécu une année 2015 bien discrète tout comme le Nacional, avant-dernier de la temporada. Rayon bonne surprise, Sol de América vient prendre place dans le top 6 et gagne le droit de découvrir la Sudamericana l’année prochaine. Et se prend à rêver d’une histoire à la Luqueño cette saison.

Les joueurs

Le Clausura 2015 aura donc été celui d’Olimpia qui aura tout de même réussi à se faire peur mais, à l’heure du tableau d’honneur, plusieurs joueurs du Decano méritent les éloges. A commencer par Miguel Paniagua, l’un des hommes clés dans le milieu mis en place par Francisco Arce ou encore le buteur Pablo Zeballos qui aura eu à subir de violentes critiques avant de répondre de la meilleure des manières, en alignant les buts. Ailleurs, on a aimé la saison de Richard Ortiz, l’une des satisfactions au sein du Guma, le talent confirmé de Cecilio Dominguez au Cerro ou d’Alberto Contrera à Guaraní aux côtés du toujours excellent Julián Benítez.

Mais à l’heure du choix, il ne fallait en conserve que onze. Dans les buts, Diego Barreto est indiscutable tant il aura été décisif tout au long du tournoi jusqu’au match d’appui. Viré du Cerro Porteño, le portier d’Olimpia a pris la plus belle des revanches. Devant lui, un coéquipier, Salustiano Candia, un axe José Leguizamón, parfait en championnat et essentiel dans la belle campagne continentale de Luqueño, Bruno Valdez qui a aussi tenu la baraque aux côtés de Diego Lugano, Raúl Cáceres, l’un des plus régulier du tournoi complétant cette défense. Devant eux, un milieu à 4 avec l’indispensable Jorge Mendoza, le toujours décisif Wiliam Mendieta et Rodrigo Rojas, autre belle satisfaction du Cerro. Devant eux, Blas Díaz, qui malgré un superbe Clausura à tenir Santaní, n’a pas pu sauver le Santa et s’envole vers Sol de América où il retrouvera le buteur Santiago Salcedo que nous alignons dans notre onze du tournoi aux côtés de la machine à but Fernando Fernández. Pour diriger le tout, si Francisco Arce méritait aussi l’honneur, nous choisirons Fernando Jubero, histoire de rendre un dernier hommage à l’homme qui a fait de Guaraní la plus belle équipe du pays.

2016 : continuité et reconstruction

Après son retour au premier plan, Olimpia cherchera à poursuivre sur sa lancée en 2016. Il sera bien évidemment suivi par le Cerro Porteño qui a eu à gérer le départ de Lugano et se renforce en vue du début de la Libertadores qui le place dans un groupe qui lui verra croiser Corinthians, Cobresal et, sauf accident, le vainqueur de la Sudamericana Santa Fe. Pour le reste, 2016 sera l’année de la reconstruction. Le fin de l’ère Jubero à Guaraní s’accompagne de nombreux départs et forcent l’Aborigen a tout rebâtir des fondations au toit. Même son de cloche côté Libertad et Nacional qui ne peuvent se permettre une deuxième saison dans l’anonymat. Quant à la sélection, les rendez-vous de mars s’annoncent périlleux avec l’Equateur et le Brésil, la Copa América pourrait être enfin celle qui permettra à Ramón Díaz de donner de l’expérience aux jeunes talents du pays.

Les buts du champion Olimpia lors du Clausura

 
Nicolas Cougot
Nicolas Cougot
Créateur et rédacteur en chef de Lucarne Opposée.