Avec le temps, va, tout s’en va. Même ce petit sentiment d’être un peu gavé en fin de saison par la succession de matchs. Deux mois de pause et un Fénix – Danubio de première journée vous paraît excitant comme une première fois, une autre première fois. La magie du temps. Voici un petit guide de la cent-vingt-et-unième saison du glorieux championnat uruguayen de football.

Le championnat uruguayen se joue sur deux tournois dans lequel tout le monde joue tout le monde, Apertura et Clausura, entrecoupés d'un tournoi dit Intermedio composé de deux groupes de huit, le tout permettant également d’établir un classement annuel. En fin d'année, le vainqueur de l'Apertura affronte le vainqueur du Clausura (sur un match), puis le vainqueur de ce match joue le leader du classement annuel (sur deux matchs), tout en gardant à l'esprit que le vainqueur du classement annuel a aussi souvent déjà gagné l’un des deux tournois, comme ce fut le cas avec Liverpool la saison dernière. En cas d’égalité pour la première place (tournois courts et classement annuel), un match de départage est organisé. Ce n'est pas le cas départager les accessits continentaux, la différence de but étant alors utilisée. Le champion d’Uruguay décroche sa place en phase de groupes de la Libertadores, accompagné du vice-champion. Les deux autres places échoient aux mieux classés de la table annuelle derrière ces deux équipes. Ils jouent les premiers tours de Libertadores (et perdent assez rapidement, en général). Un vainqueur de tournoi court qui ne serait ni champion, ni vice-champion, ni dans les deux meilleures équipes de la table annuelle en excluant champion et vice-champion, est qualifié pour la Copa Sudamericana. Il en est de même pour le vainqueur de l’Intermedio. Ces cas restent rares, les critères de qualification à la Sudamericana restent principalement la table annuelle et concernent quatre équipes hors zone de Libertadores. Enfin, les trois derniers sur seize descendent, ils sont déterminés par un autre classement, celui de la moyenne sur deux saisons. C'est parfois assez injuste, mais cela fait qu'il n'y a souvent pas de ventre mou, une équipe pouvant parfois descendre et prétendre à la Sudamericana la même année. Depuis l’année dernière, une Coupe d’Uruguay a été rajouté au calendrier, incluant toutes les équipes professionnelles mais aussi des équipes du football de l’intérieur, l’OFI. L’édition 2023 de cette coupe se joue en ce début 2024, l’AUF ayant sacrifié la coupe en fin de saison dernière pour pouvoir terminer le championnat dans les temps après une grève en septembre. Dans la série des incongruités, le dernier ticket pour la première division a été pour Rampla Juniors, vainqueur du dernier tour du tournoi d’ascension contre Juventud de las Piedras fin janvier 2024. Rampla voit ainsi ses premiers matchs être reportés pour pouvoir se préparer un petit peu quand même.

Une fois le format compris, place donc au tour des équipes.

Le champion : Liverpool

Nom complet : Liverpool Fútbol Club
Surnoms : Negriazules, el negro de la cuchilla
Stade du Belvedere : Même si avec les sous des transferts, Palma voudrait construire un nouveau stade en lieu et place du Belvedere qui pourrait s’appeler modestement Temple de Liverpool. C’est au Belvedere qu’est né le football uruguayen un 15 août 1910.
Entraîneur : Emiliano Alfaro
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Le club vient d’enchaîner cinq années extraordinaires durant lesquelles le club s’est construit un palmarès : trois tournois courts, deux Intermedios, deux super-coupes et donc le premier titre de champion d’Uruguay de son histoire à l’issue d’une finale dominée comme un grand contre le grand Peñarol. Le vrai accomplissement de 2023 est d’avoir réussi à jouer et le championnat et la première phase de groupes de Libertadores de son histoire. Le club est donc habitué et devrait encore jouer les premiers rôles en 2024. Sauf que, encore plus que d’habitude, le club a perdu la quasi-intégralité de l’effectif durant l’inter-saison. On parle quand même de dix-sept des vingt joueurs ayant le plus joué pour le club en 2023. Emiliano Alfaro, nouvel entraîneur (car évidemment Jorge Bava est aussi parti), va avoir une tâche monumentale devant lui pour tout reconstruire en deux mois. Il semble bien parti avec une bonne présaison (victoire en super-coupe contre le Defensor, victoire en huitièmes de coupe contre Nacional), mais le plus dure reste sans doute à faire avec le début du championnat puis, dans quelques semaines, de la Libertadores.

Il pourra compter sur quelques joueurs de 2023 dont celui qui est la star de l’équipe depuis le départ de Fabricio Díaz en Asie : Luciano Rodríguez. Le jeune attaquant, formé à Progreso et acheté adéquatement par Liverpool quand le gaúcho est descendu, reste pour six mois encore éclairer le championnat et la Libertadores. Il devra se remettre de la désillusion de la non-qualification aux Jeux, la désillusion d’une illusion car le club européen ou américain qui mettra les dix millions sur lui en juin ou juillet ne l’aurait sans doute pas laisser participer au tournoi en tant que tel, de toute façon. Profitons du temps présent. Alfaro pourra aussi compter sur le paraguayen Miguel Samudio qui est resté au club malgré sa bonne saison à cause de ses trente-sept, bientôt trente-huit ans et sur Sebastián Lentinelly, gardien remplaçant, formé au club, qui passe son temps à faire des demi-saisons avant de voir quelqu’un d’autre arriver et de repasser sur le banc. Pour le reste, le club en a profité pour faire monter beaucoup de jeunes en équipe première. Un sacré défi.

Objectif de la saison : construire un onze assez rapidement, pour être un digne « Champion Uruguayen en titre ». Et dépasser les dix millions pour Luciano Rodríguez.

Les deux grands

Nacional

Nom complet : Club Nacional de Football
Surnoms : Bolso, Tricolores, Albos
Stade : Gran Parque Central. Premier stade d'un match en Coupe du Monde de la FIFA, « à égalité » avec le stade de Pocitos qui a été détruit depuis. Donc officiellement dernier premier stade d’un match de Coupe du Monde.
Entraîneur : Álvaro Recoba
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Quand un grand termine troisième, c’est forcément une saison ratée. Mais les saisons après un titre sont toujours très compliquées en Uruguay avec des formations décimées et des entraîneurs qui doivent reconstruire en n’ayant pas le temps de le faire. L’absence de temps a été clairement démontré avec trois entraîneurs en cours de saison, de Zielinski à Recoba en passant par Gutiérrez. Le club a décidé de confirmer Recoba malgré de mauvais matchs en fin de saison, pour ne pas « griller » l’idole du club. Il aura fort à faire avec deux tours préliminaires à passer en Libertadores à cause de cette troisième place, avec un effectif ayant encore beaucoup bougé. Exit Salvador Ichazo, qui n’a pas convaincu dans les cages, mais aussi le meilleur buteur Juan Ignacio Ramírez parti enquiller les buts en Argentine ou encore Franco Fagúndez. Côtés arrivés, le club a repris le panaméen Mejía, mais aussi Christian Oliva ou Mauricio Pereyra. Le club a aussi recruté à Colonia le Nigérian Ebere et à Liverpool l’excellent Ruben Bentancourt. De quoi avoir une très bonne attaque mais encore quelques doutes sur la défense, avec ce brave Polenta qui rempile dans l’axe.

Objectif de la saison : Faire honneur à Recoba, que l’on détesterait voir partir benoîtement après quelques journées, viré comme un malpropre.

Peñarol

Nom complet : Club Atlético Peñarol
Surnoms : Manyas, Carboneros, Aurinegros…
Stade Campéon Del Siglo : Très joli stade pouvant accueillir 40 000 personnes en tassant bien, situé dans les limbes de Montevideo. Plutôt que la voiture, privilégiez le bus ou le taxi depuis Tres Cruces, s'y garer est toujours très compliqué et très onéreux puisque le stationnement est géré par une véritable mafia qui vous griffe le capot si vous ne payez pas les dix balles de « stationnement ». Le vent entre par les tribunes et il peut y faire très froid, expérience commune à de très nombreux stades uruguayens. On ne le répétera jamais assez : l’Uruguay n’est pas un pays tropical.
Entraîneur : Diego Aguirre, l’homme d’un cri à la 120e en 1987, à l’époque où il n’y avait pas que des Brésiliens en Libertadores.
Pour plus de détails sur l'histoire du club, c'est par ici.

Quel poids à un parcours international dans la saison d’un club ? Nacional a terminé troisième du championnat et a raté sa saison, mais s’est glissé en huitièmes de Libertadores, tombant avec les honneurs (sans perdre) contre Boca. Peñarol est passé à côté de sa saison dans les grandes largeurs, car elle restera dans l’histoire comme celle de la honte en Copa Sudamericana, avec six défaites en six matchs et un total de dix-huit buts encaissés. Une honte. Malgré la victoire durant l’Apertura en championnat, quatre entraîneurs se sont succédé avec Alfredo Arias, Juan Manuel Olivera en intérim, Dario Rodríguez puis Diego Aguirre en toute fin de saison. Le « coup » Aguirre a failli marcher avec une victoire en « demi-finale » contre Liverpool, mais l’entraîneur n’a pas pu faire de miracle en aller-retour. Il a malgré tout, comme Recoba, une chance supplémentaire de faire une nouvelle saison, avec un crédit déjà très limité malgré son histoire, immense, au club, grâce à son parcours en tant que joueur puis en tant qu’entraîneur avec le dernier très gros frisson en finale de Libertadores en 2011.

Comme à chaque mercato, tous les six mois, l’effectif a été retourné avec quantités de départs et quelques arrivés. Les deux qui font le plus impression sont celles de Gaston Ramírez et de Léo Fernández. Ramírez fait partie de ces joueurs très identifiés à un club et qui y sont annoncés tous les six mois. Cela montre un certain attachement, mais le joueur a fait quelques que clubs et a quand même signé en Série C italienne avant de revenir à Peñarol. L’attachement est donc relatif. Dans sa grande période (Peñarol, Bologne, Sampdoria), il reste un excellent joueur doté d’une très belle frappe. L’arrivée de Léo Fernández est plus surprenante car le joueur n’a que vingt-cinq ans. Mais après avoir éclairé le championnat uruguayen avec Fénix, il est parti errer au Mexique avant d’atterrir à Fluminense et de gagner, sur le banc, par inadvertance, la Copa Libertadores. Il a préféré revenir en Uruguay et il a bien fait, il pourra apporter du bonheur avec également une très bonne qualité de frappe et un sens du jeu très appréciable. On notera parmi les autres recrues l’Équatorien Byron Castillo ou encore Maxi Silvera, meilleur buteur il y a de cela quelques saisons avec Cerrito, qui a été bon pendant la préparation. Si la défense se met au diapason et que la sauce prend, l’effectif est de qualité.

Objectif de la saison : prendre un point en Copa Libertadores. Minimum.

Les autres

Boston River

Nom complet : Club Atlético Boston River
Surnoms : Verdirrojo, el Boston, el Sastre
Stade : Pas vraiment de stade fixe, peuvent jouer un peu partout à Las Piedras ou dans le département de Flores. C'est l'avantage de ne pas avoir de supporter non plus (à l’exception du Président de la République Luis Lacalle Pou).
Entraîneur : Jadson Viera

Surprise de la saison 2022, l’équipe est rentrée dans le rang en 2023 avec une treizième place qui sent toujours un peu mauvais car, avec l’histoire de classement sur deux saisons, le club n’a pas été inquiété pour la relégation en 2023, mais le sera immédiatement en 2024 si les résultats continuent sur le même rythme. Club sans histoire, SAD récente, il est plutôt normal que le Boston soit une équipe devant se battre pour le maintien. Elle joue cela dit leur huitième saison dans l’élite, huit de rang depuis la montée. Le club a recruté quelques défenseurs d’expériences comme les ex-Peñarol Juan Acosta ou Juan Manuel Ramos. En attaque, il s’est vu prêter un jeune plein de talent de Nacional, Bruno Damiani, qui aura l’occasion de se montrer sur une saison complète.

Objectif de la saison : se maintenir et se fixer sur un stade.

Cerro

Nom complet : Club Atlético Cerro
Surnoms : Albicelestes, Villeros
Stade Tróccoli : Capacité normale de 25 000 places, accueillant en général quelques centaines de personne. Connu pour son environnement peu favorable à l’extérieur du stade et pour sa pelouse d’un genre nouveau, laissant découvrir toutes les palettes de couleur du jaune sable au marron terre en passant par le vert trèfle.
Entraîneur : Ignacio Pallas
Son histoire est disponible ici.

Club de la banlieue populaire de Montevideo, au pied du Cerro, le Fort de Montevideo. Son rival traditionnel est Rampla Juniors, club du même quartier. Il y aura cette année un nouveau clásico de la Villa de première division avec le retour de l’adversaire de toujours en première division. Cerro un historique, presque toujours présent en première division, finaliste du championnat en 1960, ayant déjà participé à la Libertadores, que l’on a appelé un temps le troisième grand, mais qui est en grande difficulté depuis quelques années, faisant régulièrement l’ascenseur. Le club s’est sauvé in-extremis la saison dernière et risquait un temps de ne pas débuter le championnat en raison d’une dette de salaire envers les joueurs d’environ un demi-million de dollar, somme colossale dans le football uruguayen. Le club a perdu ses meilleurs joueurs de l’année dernière comme Nahuel Acosta parti du côté de Peñarol ou Dylan Nandín parti du côté du Racing. Le club va donc tenter de se sauver une nouvelle fois avec des jeunes et quelques moins jeunes sur le retour comme le gardien Mathias Cubero, ex-gant d’or de la Coupe du Monde U17 2011, qui ne s’est jamais vraiment imposé nul part.

Objectif de la saison : Prier le Seigneur (also known as Paco Casal) pour qu’il paie les dettes avant le début du championnat.

Cerro Largo

Nom complet : Cerro Largo Fútbol Club
Surnom : Arachanes
Stade de l’architecte Ubilla : Quelques milliers de personnes peuvent y entrer et ses tribunes sont toujours bien garnies, quel que soit l'adversaire.
Entraîneur : Bruno Silva

Petit club du nord-est du pays et ça fait du bien comme on ne voit plus Tacuarembó ou Rivera en première division depuis quelques temps déjà. Cerro Largo est le département, la ville du club étant sa capitale, Melo, charmante bourgade de 50 000 habitants, centre agricole au milieu de terres et de vaches. Beaucoup de vaches. Contrairement à Las Piedras, situé à quelques encablures de Montevideo, ou Colonia, ville connectée à Montevideo et Buenos Aires, Melo est une vraie ville de l'intérieur, plus proche du Brésil que de la capitale, suivant plus le championnat brésilien que l'argentin. Tout y est différent, un peu plus sauvage. Le club est récent, issu d'une vague à la fin des années quatre-vingt-dix durant lesquelles l'AUF a voulu créer des clubs par département de l'intérieur. Le club est un peu rentré dans le rang après deux ou trois saisons ou Cerro Largo est allé jusqu'à jouer les premiers rôles et a participé à un premier tour de Libertadores, mais reste sur une bonne saison avec une septième place qui lui permet de participer au premier tour de Sudamericana.

La saison commence déjà avec un psychodrame puisque le club va recevoir Peñarol au Centenario, pour des raisons financières puisqu’il est toujours intéressant de recevoir un grand à Montevideo, surtout en été. Cela fait rentrer des sous dans la caisse, mais n’est pas un symbole d’équité puisque Fénix devra bien se déplacer à Melo quelques jours plus tard et faire la magnifique Ruta 8 presque de bout en bout peut fatiguer (il faut compter sur six-sept heures de bus aller, puis retour).

Côté recrutement, le club a pris Rodrigo Formento, bon gardien qui était remplaçant à River. En attaque, le club a recruté Sebastián Sosa, qui du haut de ses vingt-neuf ans a déjà joué à Cerro Largo mais aussi en Italie, en Albanie, en Slovaquie, en Argentine, au Mexique, au Chili et qui revient donc au pays dans son club formateur. Heureux qui comme Ulysse.

Objectif de la saison : Recevoir à domicile pour avoir peut-être l’avantage à la maison de jouer à domicile.

Danubio

Nom complet : Danubio Futbol Club
Surnom : La Franja
Stade Jardines del Hipodromo : Un palmier en haut de la tribune latérale. Cependant, le club n’a toujours pas de système d’illumination et continue donc de ne recevoir qu’en journée.
Entraîneur : Mario Saralegui
Pour l'histoire du club, c'est par ici.

Déjà quatre fois champion d'Uruguay, Danubio est un historique, de ceux qui peuvent espérer logiquement faire quelque chose en championnat de temps en temps comme ce fut le cas lors du titre de 2014. Le club a connu une année 2023 complexe avec un début d’année compliquée, le licenciement du Coco Conde, puis l’arrivée de Saralegui qui a réussi à hisser l’équipe jusqu’à la huitième place qualificative en Sudamericana. Il a donc été maintenu à son poste.

Le club perd quelques joueurs (dont Mauro Zárate, passé tel un bolide dans le ciel de Jardines), mais a recruté intelligent avec Cristhian Tizón ou encore Manuel Monzeglio de Nacional. Avec le reste de l’effectif présent, le club a un onze assez complet et expérimenté.

Objectif de la saison : Convaincre Saralegui d’arrêter de fumer sur le banc parce que sa technique de cacher la cigarette dans la pomme de sa main ne trompe personne. Ceci était un message du comité national de lutte contre le tabagisme.

Defensor

Nom complet : Defensor Sporting Club
Surnoms : Viola ou Violeta
Stade Franzini : Avec une magnifique vue sur la Rambla et sur la plage Ramírez (aucun lien avec le buteur, qui n’est pas fils unique, mais dont le frère est également footballeur), idéal en été mais avec un vent meurtrier en hiver. Stade le plus « accessible » après le Centenario si vous n'avez qu'une ou deux journées à Montevideo, situé dans le quartier huppé et très central du Parque Rodó.
Entraîneur : Martín Varini
Pour l'histoire du club, c'est par ici.

Également un historique du championnat avec quatre titres, dont le premier du football professionnel d’une équipe hors-Peñarol et Nacional en 1976 et dont on vous raconte l'histoire ici. Il a formé de grands joueurs comme Martín Caceres, mais a perdu ces dernières années ce modjo de club formateur qu’il avait dans les années 2010. Les joueurs partent désormais trop jeune pour laisser une empreinte et l’on est donc heureux de voir Anderson Duarte rester a priori pour un semestre de plus. Le club a réussi une bonne saison 2023 dans l’ensemble avec une quatrième place et surtout un nombre de point assez élevé le plaçant dans les équipes de tête. Le club a décidé de ne pas s’embêter avec la Copa Libertadores puisque de toute façon il n’y avait aucune chance de se qualifier et a donc décidé de laisser Nacional se rendre au Venezuela au deuxième tour pour embêter un adversaire direct. Choix judicieux. Anderson Duarte est le petit facteur de X de cette équipe, qui est sinon assez typique du championnat uruguayen avec désormais Kevin Dawson dans les cages et Octavio Rivero en attaque.

Objectif de la saison : Confirmer l’exercice 2023 malgré le changement d’entraîneur.

Deportivo Maldonado 

Nom complet : Club Deportivo Maldonado
Surnom : El Depor
Stade Domingo Burgueño, Maldonado: Stade étrange, trop propre pour un stade uruguayen.
Entraîneur : Joaquin Boghossian

Équipe de l'intérieur comme Plaza ou Cerro Largo, mais proche de Montevideo et surtout de la station balnéaire de la jet-set sud-américaine, Punta del Este, dont le béton est financé par un mélange savoureux de cocaïne d’Amérique centrale et de blanchiment de dollars d’agriculteurs argentins. Cela a d’une certaine façon influencée l’histoire du club, j’imagine. L’épisode Fabian Coito est déjà interrompu par les mauvais résultats puisque l’équipe n’a terminé qu’à la douzième place, loin de ses standards des dernières années. À la place est arrivée Boghossian, historique attaquant notamment du côté de Cerro.

L’équipe a perdu de nombreux joueurs des dernières saisons dont Danilo Lerda, sans doute parti à la retraite, mais surtout Cotugno, Piriz, Darias… Le tout a été remplacé par quelques anciens Peñarol comme Menosse ou Petryk, mais surtout par le retour de Maxi Cantera, qui aura profité de ses six mois en Colombie pour marquer un doublé en Copa Libertadores contre Racing, excusez du peu. Un très bon joueur dans ce type d’équipe.

Objectif de la saison : Gagner rapidement quelques matchs pour ne pas avoir la tête au maintien toute la saison.

Fénix

Nom Complet : Centro Atlético Fénix
Surnom : Albivioletas
Stade du Parque Capurro, vu sur la baie et le port. Malheureusement, avec l’aménagement du port de la plage Capurro, les épaves de bateau que l’on voyait au deuxième plan des matchs ont été enlevées. Dommage.
Entraîneur : Leonel Rocco
Pour l'histoire du club, c'est ici.

Fénix ne doit son maintien en première division qu’à la magie du classement sur deux saisons puisque Torque termine la saison avec huit points de plus mais descend. On ne va pas franchement pleurer sur Torque cela dit. Grosse opportunité pour Fénix qui obtient donc une deuxième chance, chance que le club Qui ne descend pas selon Jaime Roos devra jouer à fond en démarrant avec un lourd handicap. Pour se faire, l’équipe a fait appel à plein d’anciens comme Maxi Perg, Andrés Schetino ou encore Mathías Acuña. Leonel Rocco ne va sans doute pas afficher un football champagne mais il n’est pas là pour ça, il est pour le maintien.

Objectif pour cette année : Comme le dit l'antienne, el Fénix no baja.

Miramar Misiones

Nom complet : Club Sportivo Miramar Misiones
Surnoms : Les Monos (singes), les Cebritas (zébres)
Stade du Luis Méndez Piana logiquement mais joue au Palermo depuis que le petit stade à côté du Centenario a été refait. C’est pourtant le stade de son adversaire de toujours Central Español, puisque le Méndez Piana et le Palermo partagent un mur commun qui a longtemps donné le clásico du mur quand les deux étaient en première division il y a longtemps.
Entraîneur : Leonardo Medina

C’était la grosse côte de l’année dernière en deuxième division, mais le club est monté haut la main en étant champion avec notamment le latéral Mathias Rodriguez passé par le Real Madrid ou encore Guzmán Pereira, ex-Peñarol. Le club s’est bien renforcé avec quelques noms expérimentés comme Matias Aguirregaray, qui n’a pas été conservé par Peñarol, ou encore Maicol Cabrera ou Steve Makuka, quelques noms connus de première division.

Objectif pour cette année : En rouge et noir, ils vont vouloir éviter la peur et la douleur d’une descente.

Progreso

Nom complet : Club Atlético Progreso
Surnom : Los Gauchos
Stade  Parque Paladino, dans l’ouest de Montevideo, avec une raffinerie en arrière-plan.
Entraîneur : Carlos Canobbio

Le club de l’ancien président Tabaré Vázquez ! Car oui, comme cela arrive aussi de temps en temps en Argentine, le regretté Tabaré Vázquez a été président de club. La comparaison s’arrête là, car en Uruguay, le président l’a été dans un club de quartier populaire, que son grand-père avait aidé à fonder il y a de cela cent ans, sans trop de moyen, tourné vers les jeunes et la formation. Sous la présidence de Vázquez, le club a été champion en 1989 durant le quinquenio des petits clubs. Depuis, il fait l’ascenseur.

En Uruguay, les joueurs vont et viennent. Et, parfois, ils disparaissent. En deuxième division chilienne par exemple. Ils tombent dans l’oubli. Et puis, un jour, ils en ont marre du Chili et ils reviennent. Cinq ans après. C’est le cas d’Ignacio Lemmo, joueur que l’auteur de ces lignes a beaucoup apprécié avant de le voir partir et de l’oublier. Le voir revenir est un plaisir, une curiosité. Pour le reste, le club s’appuie sur la base de deuxième division et beaucoup de jeunes formés au club.

Objectif de la saison : Garder le prochain Luciano Rodríguez, qui était parti un peu triste vers Liverpool alors qu’il a fait ses premières armes avec Progreso.

Wanderers

Nom complet: Montevideo Wanderers Fútbol Club
Surnom : Bohemios
Stade Parque Alfredo Víctor Viera. L’une des plus belles « canchas chicas » de l’Uruguay avec le Saroldi, les deux étant dans le même parc du Prado.
Entraîneur : Alejandro Capuccio
Pour l’histoire du club, c’est ici !

L'équipe a aussi formé son lot de stars et, même si elle n’est pas descendue, elle est passé par le même type de crise que Danubio ou le Defensor au tournant des années 2020. Les Wanderers sortent d’une année 2023 ambivalente avec de belles promesses et de nombreux échecs, mais une cinquième place trompeuse avec dix points de retard sur le Defensor quatrième. Ils ont recruté Capuccio, entraîneur de Rentistas vainqueur de l’Apertura en 2020. Gonzalo Vega s’est donc évidemment joint sur le terrain, ils se sont suivis entre Rentistas puis Nacional à l’époque. Son également arrivés José Alberti ou encore Leandro Otromin. Capuccio va pouvoir construire l’équipe à sa main, même si les meilleurs joueurs de la saison précédente sont partis comme Nicolás Fonseca, désormais chez le River argentin.

Objectif de la saison : Reconstruire quelque chose de cohérent sur et en dehors du terrain.

Racing

Nom complet : Racing Club de Montevideo
Surnom : Cervezeros
Stade Osvaldo Roberto : Drôle de stade un peu coincé dans la ville avec des murs en lieu et place de tribunes latérales.
Entraîneur: Eduardo Espinel
Son histoire est par ici.

Club historique, fondé en 1919, dont le surnom est « les brasseurs », et rien que pour ça, il mérite tout notre soutien. Club du quartier de Sayago, dont le « classique » se joue contre Fénix, il est remonté il y a deux ans après notamment la reprise du club par un groupe d’investisseurs argentins venus y faire du business. Le directeur sportif est désormais un certain Fernando Cavenaghi, ex-Girondins. La saison 2023 a été positive pour le club avec une sixième place prometteuse et quelques très bons moments comme cette victoire 3-2 contre Liverpool durant le Clausura.

L’équipe a perdu Mejía, mais maintient un effectif stable avec quelques renforts de qualité comme Guillermo Cotugno ou le très apprécié Dylan Nandín. Attention avec ce type de club d’investisseur, car il n’y a pas énormément de supporters et tout semble rouler, mais les choses peuvent rapidement partir comme un grain de maïs dans un micro-onde, comme le démontrent les exemples Torque ou encore Atenas.

Objectif de la saison : Confirmer et viser le podium ou s’écraser et tenter d’éviter la descente

Rampla Juniors

Nom complet : Rampla Juniors Fútbol Club
Surnom: Picapiedras
Stade Olimpico, : Avec une magnifique vue sur la baie du Cerro, quartier emblématique de Montevideo. Stade avec deux tribunes, les deux autres côtés étant monopolisés par la baie, avec de nombreux ballons qui s’y perdent quand des joueurs veulent faire gagner du temps à leur équipe (jurisprudence Diego Polenta).
Entraîneur : le Tato Martín García

La surprise de cette année puisque son ascension remonte à fin janvier. Rampla ne va pas disputer de rencontre tout de suite pour pouvoir se préparer ayant changés d’entraîneur malgré la montée (pauvre Vigneri). Le club a déjà recruté un peu à tout va avec du Gonzalo Camargo (ex-Plaza), du Sebastián Gorga (ex-Nacional) ou encore du Nicolás Dibble (ex-Plaza et Peñarol). Cela ne fait pas une équipe, mais devrait leur permettre d’être un peu compétitif. Il faudra que la mayonnaise prenne vite.

Objectif de la saison : Survivre à cette saison qui démarre d’une drôle de façon avec une promotion récente.

River Plate

Nom complet : Club Atlético River Plate
Surnom: Darseneros
Stade Parque Saroldi : Stade de 5700 places, qui tire son nom du premier gardien de River, mort en 1932 des suites d'un coup reçu sur ce terrain. À part cette triste histoire, joli petit stade au milieu du parc du Prado, ou, durant l’automne, on peut voir les feuilles mortes sur le terrain. Il y a souvent plus d’arbres qui regardent le match que de spectateurs et les arbres ne paient pas leur entrée, un véritable scandale. Le combo match au Saroldi – Repas au resto Don Andrés vous fera entrer en extase.
Entraîneur : Ignacio Ithurralde
Pour l’histoire des River, c’est ici et pour l’histoire du vieux River, c’est ici.

River a connu une mauvaise saison 2023 terminant neuvième, avec de nombreux points perdus bêtement en fin de saison (par exemple contre Torque) qui coutent une qualification continentale au club. L’effectif est jeune avec quelques très belles promesses comme De Los Santos ou le fils Barone, mais l’expérience a manqué et le pauvre Walter Gargano n’a pas été suffisant, il a d’ailleurs quitté le club.

Le club a décidé de recruter quelques joueurs ayant des kilomètres au compteur comme ce brave Christian Kike Almeida ou Tiago Galletto au milieu, et va pouvoir se concentrer dès le départ sur le championnat avec comme objectif de retrouver de la stabilité et un buteur pour remplacer la fabuleuse série d’attaquant qu’il a formés entre Schiappacasse, Santos, Arezo, Borbas…

Objectif de la saison : Se qualifier en Libertadores pour que les Argentins soient obligés de remettre RIVER PLATE (AR).

 

 

Jérôme Lecigne
Jérôme Lecigne
Spécialiste du football uruguayen, Suisse de l'Amérique du Sud, Patrie des poètes Jules Supervielle, Juan Carlos Onetti et Alvaro Recoba