Les matchs se sont succédés cette semaine avec les huitièmes de finales joués sur trois journées avant d’être suivis par une journée avec un seul match, le départage de Suisse – Tchécoslovaquie. Jamais Paris n’avait connu telle agitation autour du football.
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Après le premier tour et les huitièmes, presque toute la presse parisienne s’enthousiasme. Presque, car L’Humanité continue de se refuser pour un temps à ce tournoi bourgeois et le critique encore pour le moment. Avec le succès, le ton changera. À une époque où toute la presse à une teinte politique, même l’extrême droite qui était pourtant récalcitrante au football s’y met. L’Action Française s’enthousiasme le 2 juin : « Le tournoi de ballon ovale a été manqué. Le tournoi de ballon rond a réussi au-delà de toute espérance. C'est, à n'en pas douter, la plus belle épreuve sportive qui ait jamais été organisée. C'est le véritable championnat du monde de la balle ronde, le premier qui ait pu réunir, dans un sport par équipe, les représentants de tout l'univers. Seule la Grande-Bretagne a voulu bouder, tant pis pour elle. Depuis huit jours, Paris voit se dérouler le plus beau spectacle sportif qu'on ait jamais vu. Nous n'avons jamais ménagé les critiques quand c'était nécessaire. Nous n'en sommes que plus à l'aise pour déclarer que l'organisation des Jeux est remarquable. Au début, il a pu se produire quelques flottements. Maintenant tout est prêt et tout fonctionne. Il faut le dire. On a assez répété que les Français improvisaient et n'organisaient pas. [...] Chaque soir, depuis une semaine, nous allons suivre une des parties du tournoi, sur l'un des Stades de la région parisienne. Au verdoyant Colombes, dans la banlieue poudreuse de Saint-Ouen, ou à cet admirable Stade Bergeyre, si beau, où l'on est si bien aux dernières heures de la journée, sous les caresses finissantes du soleil printanier. Le décor est composé comme un paysage classique, par grandes masses équilibrées. À droite, les masses de verdure des Buttes-Chaumont, à gauche une perspective ouverte sur la plaine Saint-Denis, avec la tour unique de la basilique, tout au fond, au milieu des fumées. Regardez, journalistes venus de tous les coins du monde. Vous êtes dans un des lieux Saints de l'univers. C'est notre Paris dans sa gloire et son activité ».
L’Auto, qui n’a cessé de défendre le tournoi, écrit extatique : « Sorti de la longue léthargie où des dirigeants omnisports qui l'ignoraient l'avaient maintenu, le magnifique jeu de la balle ronde s'est réveillé doucement grâce au dévouement des “pontifes” de la rue de Londres et de tous leurs actifs collaborateurs des Ligues régionales, et maintenant le “Lazare, lève-toi et marche” prononcé par le Tournoi Olympique, voici le sport universel, notre véritable sport national - qui est aussi celui de la plupart des nations dans toutes les parties du monde, - voici le football, immense et superbe, dressé, qui éblouit la foule, la séduit, la conquiert définitivement. Il faudrait, pour parachever l’œuvre, que nos internationaux olympiques puissent nous donner encore au moins un succès. Que nous réserve le tirage au sort des quarts de finale ? Nous saurons ensuite si nous pouvons prétendre franchir cette nouvelle étape ».
Les rencontres
Pays-Bas 6 – 0 Roumanie
Stade Olympique de Colombes
Arbitrage du Suisse Felix Herren
Pays-Bas - Gardien : van der Meulen ; Arrières : Dénis, Tezner ; Demi : Le Fèvre, van Linge, Krom ; Avants : Snocuk Hurgronje, Groosjohan, Pijl, Visser et de Natris.
Roumanie - Gardien : Ströck ; Arrières : Barta, Molnar ; Demis : Zimmermann, Honigsber, Kozovitz ; Avants : Tanzer, Guga, Wetzer, Vonciocat et Strock.
Le match a réuni assez peu de personne à Colombes car il commençait à 16 heures et la majorité des supporters français étaient à Saint-Ouen pour assister au match de l’équipe de France qui ne commençait qu’une heure plus tard. Les deux équipes faisaient leur début dans la compétition et les Néerlandais ont facilement battus les Roumains six buts à rien. Le Ballon Rond écrit sur le match : « On sait, pour l'avoir vu opérer déjà chez nous, que l'équipe hollandaise est rapide. Ses avants nous firent une belle démonstration de leurs qualités, qui leurs ont valu la victoire par ailleurs. La ligne, qui a coutume d'opérer à sous la même formation, combine heureusement et tous les buts ont été amenés sur des offensives où la science était loin de faire défaut. L'équipe roumaine plus athlétique que celle de ce pays qui représente le rugby, n'est pas sans valeur, mais elle manque de coordination. »
France 7 – 0 Lettonie
Au stade de Saint Ouen
Arbitrage du Belge Henri Christophe
France - Gardien : Chayriguès ; Arrières : Gravier, Baumann ; Demi : Parachini, Domergue, Bonnardel; Avants : Devaquez, Boyer, Nicolas, Crut et Dubly.
Lettonie - Gardien : Jurgens ; Arrières : Roga, Asmanis ; Demi : Stanciks, Bone (cap.), Sokolovs; Avants : Pavlovs, Plade, E. Barda, A. Barda, R. Barda.
Le stade était plein pour assister à l’entrée en lice des Français. Il ne faut attendre que dix-sept minutes pour que Crut ouvre le score sur une passe de Domergue. La suite n’est qu’une longue succession d’actions et de buts, sept pour les Français (trois de Crut, deux de Nicolas, deux de Boyer). Malgré tout, pour la presse de l’époque, le match est décevant. L’Auto écrit : « Hélas ! le football est bien mauvais. Alors que devant un adversaire notoirement inférieur le “onze” tricolore devait chercher à améliorer sa forme et son homogénéité, il ne produisit qu'une partie médiocre pour une équipe nationale. Je veux croire que nos joueurs, sûrs de la victoire, n'ont pas voulu aller au-devant de la fatigue inutile. Mais il n’en reste pas moins que, sauf quelques bonnes combinaisons de la ligne d’avants notre “team” ne produisit pas de belles phases de jeu ». Concernant l’adversaire du jour, Le Ballon Rond écrit : « Les Lettoniens [sic] ne fournirent qu’un jeu médiocre. Ils pratiquent un football fort rudimentaire, joué lentement par des hommes peu adroits en général ». Les yeux sont déjà rivés sur le choc des huitièmes, le lendemain, opposant la Suisse et la Tchécoslovaquie, une rencontre comme « nous n'aurons pas de sitôt l'occasion de revoir à Paris ».
Irlande 1 – 0 Bulgarie
Stade Olympique de Colombes
Arbitrage du Français Henriot
Irlande - Gardien : O'Reilly ; Arrières : McCarthy, Kerr ; Demis : Muldoon, Dykes, McKay ; Avants : Murray, Kendrick, Duncan, Hannon, Farrell.
Bulgarie - Gardien : Ivanov ; Arrières : Hristov, Yankov ; Demis : Radoev, Byanov, Mateev ; Avants : D. Mutafchiev, N. Mutafchiev, Vladimirov, Maznikov, Yovovich.
Très officiellement, c’est l’État Libre d’Irlande qui s’impose contre la Bulgarie. L’Irlande signifie encore l’île et c’est bien le territoire indépendant excluant l’Ulster qui vient à Paris pour ce qui est son premier match officiel, son deuxième match en tant que fédération indépendante après avoir joué le Celtic Glasgow quelques mois plus tôt pour récolter des fonds pour financer la participation aux Jeux. On imagine donc l’émotion des quelques centaines de supporters dont de nombreux Irlandais et Bulgares avant la rencontre. La Bulgarie est dans des circonstances identiques, le pays jouant son premier match « officiel » même si le terme n’existe pas à l’époque. Même s’il s’agit de nations européennes, les deux pays sont des nouveaux venus dans le monde du football. Le score est toujours de 0-0 à la mi-temps, après une première mi-temps heurtée et désordonnée. En deuxième mi-temps, « l'ardeur des Irlandais a raison des Bulgares, qui sont un moment refoulés dans leurs buts. Le gardien bulgare arrête plusieurs shots dangereux, mais dégage mal. Il fait pénaliser son équipe deux fois de suite de coups francs dans ses mètres, pour avoir fait au moins cinq pas avec le ballon. Il en paraît tout surpris. Plusieurs shots irlandais frappent les poteaux, les Bulgares ont de la chance à ce moment. À la 30e minute, l'avant-centre irlandais Duncan, manifestement off-side, reprend une passe et place un bon shot qui rentre ». L’Irlande se qualifie donc pour les quarts.
Suisse 1 – 1 Tchécoslovaquie
Stade de Bergeyre
Arbitrage du Norvégien Peder Andersen
Suisse - Gardien : Pulver ; Arrières : Reymond, Ramseyer ; Demis : Oberhauser, Schmiedlin, Pollitz ; Avants : Ehrenbolger, Sturzenegger, Dietrich, Abegglen et Bédourett.
Tchécoslovaquie - Gardien : Sloup ; Arrières : Hojer, Seifert; Demis : Kolenaty, Pesek, Cerveny; Avants : Sedlacek, Sloup, Capek, Vlcek et Jelinek.
Quinze mille spectateurs se sont retrouvés à Bergeyre pour ce qui est le deuxième choc du tournoi selon les observateurs. L’Auto commence à parler de chiffre : le match a rapporté 75 000 francs de recette, les quatre premiers jours cumulent 500 000 francs. Sur cet aspect aussi, la compétition est un grand succès. Il s’agit du dixième match de la compétition et premier match nul. Les Tchécoslovaques ouvrent le score grâce à un penalty obtenu sur une main de Ramseyer. Les Suisses dominent et Dietrich égalise en fin de seconde période. Alors que la Tchécoslovaquie est à dix, les Suisses tentent le tout pour marquer en fin de match mais n’y arrive pas. Le match se poursuit donc pour deux quarts d’heure supplémentaires mais, réduite à dix, la Tchécoslovaquie « adopte la formation à un seul arrière. [...] Les Suisses se laissent fréquemment surprendre par le hors-jeu difficile à éviter ». Le score de parité après cent vingt minutes entraîne la nécessité pour l’organisateur de préparer un match de départage. Ce sera le 30 mai entre les huitièmes et les quarts.
Suède 8 – 1 Belgique
Stade Olympique de Colombes
Arbitrage de l’Autrichien Heinrich Retschury
Suède - Gardien : Lindberg ; Arrières : Alfredsson, Hillén ; Demis : Sundberg, Friberg, Brommesson,; Avants : Kaufeldt, Keller, Kock, Carlson, Rydell.
Belgique - Gardien : De Bie ; Arrières : Swartenbroeks, Verbeeck ; Pelsmaecker, Fierens, Schelstraete ; Avants : Van Hege, Coppée, Larnoe, Gillis, Bastin.
« LE DESASTRE BELGE ». Encore une surprise pour la presse française, qui pensait que « le brio supérieur des joueurs de Swartenbroeckx leur vaudra d'acquérir la victoire et de se qualifier pour le tour suivant ». À défaut d’être dépassée techniquement, l’équipe de Belgique est balayée physiquement par une équipe bien plus en forme et bien plus véloce. Le score est déjà de 4-0 à la demi-heure de jeu. L’Auto complimente l’équipe suédoise : « Il faudrait complimenter tous les Suédois, qui firent sans exception une partie magnifique. Cependant, de ce lot remarquable on peut détacher Kock, extrême-gauche, que l'on peut seulement comparer à Tulstall, le fameux pro anglais. Citons également Rydell, shooteur redoutable et inter extrêmement scientifique ; Sundberg, demi-gauche d'une grande précision, joueur d'attaque aussi bien que de défense ; Alfredsson, arrière droit qui ne fut battu qu'une fois, quand Larnoë marqua un but, et dont on put apprécier les qualités extraordinaires dans ses nombreux duels avec Bastin, qui fut, nous l'avons dit, absolument remarquable. Enfin, Lindberg- fut hors de pair. On peut le comparer aux plus grands gardiens de but. Sa science de la place à occuper n'est jamais en défaut, il sait à merveille cueillir la balle et la conserver, ses dégagements sont puissants et bien dirigés, il est enfin audacieux dans les moments critique et n'hésite pas à utiliser de belles qualités de sprinter pour aller chercher le ballon assez loin de ses buts. Il évita de cette manière un but que Bastin allait marquer. En résumé, belle, très belle équipe, et, ce qui ne gâte rien, équipe de joueurs corrects, de gentlemen ».
Italie 2 – 0 Luxembourg
Stade Pershing
Arbitrage du Français Jean Richard
Italie - Gardien : De Pra ; Arrières : De Vecchi, Rosetta ; Demis : Aliberti, Baldi, Barbieri ; Avants : Levratto, Magnozzi, Della VaIle, Baloncieri et Conti.
Luxembourg - Gardien : Bausch ; Arrières : Kirsch, Kolb ; Demis : Schumann, Koetz, Feierstein ; Avants : Massard, Langers, Kieffer, Weisgerber, Weber.
Après avoir battu les Espagnols, les Italiens retrouvent les Luxembourgeois à Pershing et se rendent la partie assez simple avec une ouverture du score dès la 17e minute par Baloncieri. Selon la presse, Baloncieri était au moins à trente-cinq mètres lors de sa frappe mais Bausch ne peut qu’effleurer le ballon. Avant la mi-temps Della Valle marque le deuxième sur un ballon renvoyé par ce même Bausch. Les Italiens gèrent la fin du match, sur un rythme assez lent.
Égypte 3 – 0 Hongrie
Stade de Paris, Saint-Ouen
Arbitrage de l’espagnol Colina Álvarez
Égypte - Gardien : Taha ; Arrières : A. Salem, El Gamil; Demis : Shawki, El Hassani, Hamdi ; Avants : M. Houda, Reyadh, Hegazi, Yakan et E. Houda.
Hongrie - Gardien : Biri ; Arrières : Fogl, Mandi ; Demis : Orth, Guttmann, Obitz ; Avants : Braun, Eisenhoffer, Opata, Hirzer et Jeny.
La Hongrie et l’Égypte se retrouvent donc au Stade de Paris (aujourd’hui stade Bauer), devant cinq mille spectateurs. La Hongrie est favorite, plus parce que les spectateurs connaissent un peu son jeu et mais aussi suite à sa large victoire contre la Pologne. Mais dès la deuxième minute, l’Égypte marque par Ibrahim Yaghen (ou Yakan ou Yaken selon l’écriture). Selon Le Petit Journal, « le jeu de l’Égypte, joli et serré par deux arrières de grande classe, n’empêchait pas cependant celui de la Hongrie d’être supérieur ». Juste avant la mi-temps, la Hongrie obtient un penalty. Opata le tire sur la barre. Le ballon lui revient mais Taha arrête la frappe. C’est le tournant du match. Au retour des vestiaires, Hussein Hegazi marque un second but, avant que Yaghen n’en marque un troisième. Selon le Miroir Des Sports, la victoire de l’Égypte provoque une stupéfaction générale. Selon L’Auto, le seul Hongrois remarquable est le demi-centre Béla Gutmman. Côté Egyptien, toujours selon L’Auto, il y a « un homme, un as : Ahmed Salem, le splendide arrière égyptien, par son jeu magnifique et son courage hors de pair, fut le principal artisan de la victoire : il médusa littéralement les forwards hongrois. Hassani, demi-centre, fut après lui le meilleur de son équipe. En avants : Yakan, Hegazi et Reyadh se distinguèrent particulièrement. Le gardien fut bon et heureux ». C’est un exploit pour l’Égypte, qui rejoint les quarts de finale. La Hongrie s’en va quant à elle jouer un amical contre le FC Rouen, équipe qu’avait joué les Égyptiens en préparation.
Uruguay 3 – 0 États-Unis
Stade Bergeyre
Arbitrage du Belge Charles Barette
Uruguay - Gardien : Mazali ; Arrières : Nasazzi, Arispe ; demis : Andrade, Vidal et Tomassina; avants : Naya, Scarone, Pétrone, Céa, Romano.
Etats-Unis - Gardien : Douglas ; Arrières : Davis, O'Connor ; Demis : Johnson, Hornberger et Jones ; Avants : Findlay, Wells, Straden, Farrell et Dalrymple.
L’Uruguay prend ses habitudes et, avant ses matchs, salue le public d’un triple hourra devant chaque tribune. Il faut dire que l’équipe sud-américaine fait recette et commence à avoir une belle réputation. Cela a suffi pour remplir le stade de Bergeyre. Le score final aurait pu être beaucoup plus lourd car les Uruguayens dominaient déjà 3 à 0 à la mi-temps. L’Auto écrit à la fin du match les considérations suivantes : « L'Uruguay possède une équipe en tous point transcendante. Tous les joueurs possèdent une technique excellente et le “onze” exécute toutes les combinaisons possibles et imaginables avec une aisance et une sûreté incomparables. C'est du bel et bon football. Les États-Unis présentèrent au tournoi olympique une équipe aux qualités physiques merveilleuses. Les joueurs sont grands, forts et souples, mais ignorent les principes les plus élémentaires du football. Les Américains ne savent pas capter une balle, leur dribbling est enfantin et leur imprécision est grande. Cette équipe ne s'en laisse pourtant pas imposer et joue sa chance avec les moyens formidables que la nature a donnés à ses joueurs. C'est ce qui explique la faiblesse du score obtenu par leurs vainqueurs d'aujourd'hui ».
Après ces huitièmes, le tirage au sort est effectué pour les quarts. Les bulletins France et Uruguay sortent en derniers de l’urne. L’Auto, toujours : « Nous comptons sur vous, joueurs tricolores, pour vous recueillir d'ici dimanche, pour faire provision d'énergie, de courage, de volonté de vaincre. C’est justement à la grandeur de la tâche qui vous est dévolue que nous jugerons de vos qualités réelles. J'ai cité pour vous, voici deux jours : “À vaincre sans péril... ”. Je vous dis aujourd'hui qu’à lutter avec un adversaire extrêmement redoutable, non seulement pour vous mais pour les meilleurs, vous aurez l'occasion de nous montrer la limite de vos forces, de nous prouver que le maillot aux trois couleurs que vous avez l'honneur de porter recouvre des cœurs qui ignorent la crainte ».
Tchécoslovaquie 0 – 1 Suisse
Stade Bergeyre
Arbitrage du Français Marcel Slawick
Suisse - Gardien : Pulver ; Arrières : Reymond, Ramseyer ; Demis : Oberhauser, Mengotti, Pollitz ; Avants : Kramer, Sturzenegger, Pache, Abegglen et Fassler.
Tchécoslovaquie - Gardien : Hochmann ; Arrières : A. Hojer, F. Hojer; Demis : Kolenaty, Pesek, Mahrer; Avants : Sedlacek, J. Novak, J. Novak, O. Novak et Jelinek.
Avec des effectifs grandement renouvelés, les deux équipes se départagent à Pershing deux jours après leur première rencontre. Les Tchécoslovaques jouent un football plus défensif alors que les Suisses tentent d’attaquer avec virtuosité et vitesse. « Et c'est après 87 minutes de cette offensive classique, pressante, entêtée des Tchécoslovaques, coupée de percées désespérées des Suisses que Pache obtint le but vainqueur, après un bombardement en règle du but tchécoslovaque. Kramer shoota fort, de l'aile droite, Hochmann arrêta au poing, mettant en corner, Fessier reprit, passa à Abbeglen qui, quoique chargé par Hojer, shoota fort et avec précision, Hochmann stoppa, mais ne put garder la balle, qui roula devant lui, tandis qu’il trébuchait, en rupture d'équilibre, pour essayer de la ressaisir, et Pache alors, d'un petit coup de pied, remarquable de sang-froid en cet instant décisif, envoya la sphère dans les filets. De folles acclamations montèrent des gradins, grondèrent sous les tribunes et les Tchécoslovaques, gladiateurs malheureux, partirent furieusement à l'assaut des buts de Pulver ; Novak, l'inter-droit, arriva aussitôt seul devant Pulver et shoota très fort quelques centimètres au-dessus de la barre. Nous avions frisé le nouveau match nul. C'était la dernière, vague, le dernier souffle du moribond qu'était à ce moment le onze tchécoslovaque anéanti, et c'était aussi le dernier soupir de soulagement du onze suisse, littéralement sur les boulets, fini, usé par cette lutte sans répit. Et ce fut la fin d'un match comme on en voit peu, d'un match remarquable parmi la série de matches exceptionnels que nous réserve ce tournoi sans précédent dans les annales d'aucun sport. Et, dans leur vestiaire, les Suisses, ruisselants de sueur, les yeux brillants de fièvre, se saoulaient de limonade et des compliments que leurs supporters, un peu stupides de la victoire, leur prodiguaient en phrases banales et touchantes, tandis que le président de leur Comité de sélection pleurait d'émotion dans un coin... ».
Programme des quarts de finale
France – Uruguay
Suède – Égypte
Suisse – Italie
Pays-Bas – Irlande